👁🗨 Quittez votre domicile, sinon...
Ils ont menacé de «nous égorger et nous ont mis en joue, y compris nos enfants», a raconté plus tard l'une des victimes. «J'ai dit à ma femme de prendre les enfants et de s'enfuir.»
👁🗨 Quittez votre domicile, sinon...
Par Andrew Stroehlein, Directeur des relations médias pour Human Rights Watch en Europe, le 17 avril 2024
Ils étaient dix ou douze, tous en civil. Ils étaient armés de couteaux, d'armes de poing et de fusils d'assaut. Ils sont arrivés dans la petite communauté rurale d'environ 40 personnes et ont commencé à empiler des pierres sur la route, bloquant la seule sortie.
Le troisième jour, des dizaines d'autres sont arrivés, tous armés. Certains sont allés dans les champs avec des chiens pour voler des centaines de moutons. D'autres ont fait du porte-à-porte, demandant aux gens de quitter leur maison dans l'heure, sinon...
Ils ont menacé de « nous égorger et nous ont mis en joue, y compris nos enfants », a raconté plus tard l'une des victimes.
« J'ai dit à ma femme de prendre les enfants et de s'enfuir. »
Les habitants ont fui pour sauver leur vie. Aucun d'entre eux n'a pu retourner chez lui à Al-Qanub, près d'Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.
Ce type d'attaques de colons israéliens contre des Palestiniens en Cisjordanie se multiplie depuis octobre.
Au cours des six derniers mois, l’attention internationale s’est concentrée sur les événements horribles qui se sont déroulés à Gaza et dans ses environs. C'est compréhensible, étant donné l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre et les punitions collectives massives infligées par l'armée israélienne au peuple palestinien de Gaza en réponse à ces attaques depuis six mois.
Mais l'aggravation de la situation en Cisjordanie mérite également l'attention du monde. Des colons israéliens ont agressé, torturé et commis des violences sexuelles contre des Palestiniens. Ils ont volé leurs téléphones, leurs voitures et leur bétail, ont menacés de les tuer s'ils ne quittaient pas définitivement les lieux, et ont détruit leurs maisons et leurs écoles.
Les forces de sécurité israéliennes devraient mettre fin à ces violences et maîtriser les colons. Elles ne le font pas.
La police israélienne, qui a compétence sur les colons, a apparemment reçu l'ordre de ne pas appliquer la loi contre les colons violents. L'armée, qui a compétence sur les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, reste les bras croisés ou participe activement aux attaques.
Sur les plus de 700 attaques de colons que les Nations unies ont recensées entre le 7 octobre et le 3 avril, des soldats en uniforme étaient présents dans près de la moitié d'entre elles.
Les autorités israéliennes sont en fin de compte responsables de la montée de la violence des colons à l'encontre des communautés palestiniennes. Il leur incombe de maintenir la sécurité, de protéger les vies humaines et les biens, ce qu'elles ne font manifestement pas. Qui plus est, les autorités n'ont rien fait pour aider les gens à rentrer chez eux en toute sécurité.
La communauté internationale - en particulier les amis d'Israël - a des outils à sa disposition pour tenter d'endiguer cette campagne de violence.
Le Royaume-Uni, les États-Unis et la France ont annoncé des politiques de visa qui interdisent l'entrée à certains colons violents. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont également imposé des sanctions financières à huit colons et à deux avant-postes de colons. L'UE n'a pas encore imposé de sanctions, en raison de la forte réticence de ses États membres, la Hongrie et la République tchèque
Mais qu'en est-il des pressions extérieures exercées sur le gouvernement israélien lui-même, compte tenu de sa responsabilité ultime ? Les gouvernements pourraient suspendre leur soutien militaire à Israël. Ils pourraient revoir ou suspendre les accords bilatéraux. Ils pourraient intensifier leurs efforts pour que les personnes soupçonnées de crimes de guerre rendent compte de leurs actes.
C'est ce type de pression extérieure qui serait probablement le plus à même d'endiguer les attaques des colons.
https://www.hrw.org/fr/news/2024/04/17/quittez-votre-domicile-sinon