👁‍🗨 Ray McGovern: Poutine brocarde l'incompétence des États-Unis

L'Occident est incapable de diriger l'humanité à lui seul, et une majorité de nations ne veut plus s'en accommoder. C'est la principale contradiction de cette nouvelle ère.

👁‍🗨 Poutine brocarde l'incompétence des États-Unis

📰 Par Ray McGovern, le 1er novembre 2022

S'exprimant le 27 octobre au Valdai International Discussion Club, le président russe Vladimir Poutine a mis en doute le bon sens de ceux qui "gâchent les relations avec la Chine alors qu'ils fournissent des milliards d'armes à l'Ukraine pour lutter contre la Russie".

En réponse à une question sur "les tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis au sujet de Taïwan", M. Poutine a qualifié de "provocation" les visites de hauts responsables américains à Taïwan. Poutine a ajouté:

"Franchement, je ne sais pas pourquoi ils font cela. ... Sont-ils sains d'esprit ? Il semble que cela aille complètement à l'encontre du bon sens et de la logique... C'est tout simplement fou.

"Il se peut qu'il y ait un complot subtil et profond derrière tout cela. Mais je pense qu'il n'y a rien là, aucune pensée subtile. C'est juste de l'absurdité et de l'arrogance, rien d'autre. ... De telles actions irrationnelles sont enracinées dans l'arrogance et le sentiment d'impunité."

▪️ Une élite, et des citoyens d’exception

Quel genre de personnes se cache derrière ce que décrit Poutine ? Il semblerait qu'ils soient issus de la même lignée de "meilleurs et plus brillants" blancs, privilégiés, extraordinaires et dotés du blason de l'"Ivy" qui nous ont valu le Vietnam. Cette fois, c'est le président Joe Biden qui les a introduits. En accordant à Biden le bénéfice du doute, je crois qu'il n'était/est pas assez intelligent pour comprendre la pagaille que cela a engendré.

Ces étudiants de deuxième année, totalement ignorants de l'évolution de la relation entre la Russie et la Chine, ont déclaré à Biden, lors du sommet de Genève du 16 juin 2021, que "la Russie se trouve dans une situation très, très difficile en ce moment... elle est acculée par la Chine". ...", ce que Biden a répété à envi à bord de son avion en quittant Genève.

Dans son discours de Valdaï, Poutine a cité un extrait du discours de remise des diplômes de Harvard prononcé par Alexandre Soljenitsyne :

"Un aveuglement perpétuel lié à la notion de supériorité est typique de l'Occident ; il entretient la croyance que de vastes régions partout sur notre planète devraient se développer et mûrir au rythme des systèmes occidentaux actuels."

Poutine ajoute:

"Soljenitsyne a dit cela en 1978. Rien n'a changé. ... La foi en sa propre infaillibilité est extrêmement dangereuse ; elle n'est qu'à un pas du désir des infaillibles de détruire ceux qu'ils n'aiment pas. ... "Ils ont rejeté avec arrogance toutes les autres variantes et formes de gouvernance par le peuple et, je tiens à le souligner, ils l'ont fait avec beaucoup de mépris et de dédain... comme si tous les autres n'étaient que des citoyens de seconde zone, alors qu'ils sont eux-mêmes exceptionnels."

Le lendemain du discours de Poutine, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, interrogé pour un commentaire, a déclaré : "Nous apprécions hautement les remarques positives du président Poutine sur les relations Chine-Russie. Elles ont maintenu l'élan d'un développement solide." Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a ajouté que le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait passé un coup de fil au ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, le jour où Poutine s'est exprimé à Valdai, et que les deux diplomates avaient "échangé des points de vue sur la crise ukrainienne."

▪️ Un "ordre international fondé sur des règles".

Poutine s'est moqué de la concoction Antony Blinken/Jake Sullivan de "l'ordre fondé sur des règles". Quant à l'idée de "substituer des 'règles' au droit international", Poutine a plaisanté, alors qu'il commençait ses remarques préparées à Valdai :

"J'ai été tenté de dire 'Nous savons clairement qui a établi ces règles', mais ce ne serait peut-être pas une déclaration exacte. Nous n'avons aucune idée de qui a élaboré ces règles, de ce sur quoi elles sont fondées ou de ce qu'elles contiennent.

"Il semble que nous soyons témoins d'une tentative visant à ne faire respecter qu'une seule règle, où les détenteurs du pouvoir ... pourraient vivre sans suivre la moindre règle et s'en tirer à bon compte."

Plus tard, lors de la séance de questions-réponses, Poutine a émis quelques changements quant au concept "fondé sur des règles":

"Ils parlent de règles - mais quelles règles ? Où sont-elles inscrites, et qui les a validées ? C'est un non-sens... rien de plus que des inepties. Et pourtant, ils continuent indéfiniment à les faire entrer dans la tête des gens. Et ceux qui ne respectent pas ces règles font l'objet de restrictions et de sanctions.”

▪️ Détendu, enjoué, maître de lui

Pendant les trois heures et demie consacrées à son intervention sur la scène de Valdai, M. Poutine a paru plein d'entrain, tout à fait alerte et doué d'un sens prodigieux du détail. Il a même raconté quelques blagues... dont une sur le fait que l'on reproche tout à la Russie, y compris les toilettes défectueuses. À ce propos, les lecteurs apprécieront peut-être cette courte vidéo montrant qui est à blâmer pour le sabotage des pipelines Nord Stream. (Peut-être même que l'une des raisons de la bonne humeur de Poutine est qu'il l’avait déjà vue).

Néanmoins, M. Poutine a abordé avec beaucoup de sérieux, dans son discours, ce qu'il a qualifié, à plusieurs reprises, de "changement tectonique" dans la répartition mondiale des forces.

"Cette période historique de domination sans limite de l'Occident sur les affaires mondiales touche à sa fin. Le monde unipolaire est en voie d'être relégué aux oubliettes. Nous nous trouvons à un carrefour historique. Nous allons probablement vivre la décennie la plus dangereuse, la plus imprévisible et en même temps la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'Occident est incapable de diriger l'humanité à lui seul, et une majorité de nations ne veut plus s'en accommoder. C'est la principale contradiction de cette nouvelle ère. Pour citer un classique, il s'agit d'une situation en quelque sorte révolutionnaire - les élites ne peuvent pas, et le peuple ne veut plus, vivre ainsi."

* Ray McGovern travaille avec Tell the Word, un organe d'édition de l'église œcuménique du Sauveur dans le centre-ville de Washington. Au cours de ses 27 années de carrière en tant qu'analyste de la CIA, il a notamment été chef de la branche de la politique étrangère soviétique et préparateur/briefer du President's Daily Brief. Il est cofondateur de Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS).

https://original.antiwar.com/mcgovern/2022/10/31/putin-skewers-us-ineptitude/