👁🗨 Robert F. Kennedy Jr, l'idiot utile du lobby israélien
Kennedy, dépourvu de tout sens moral et d'un système de croyance ancré dans des faits tangibles, n'a pas seulement manqué à son devoir envers les Palestiniens. Il nous a déçus.
👁🗨 Robert F. Kennedy Jr, l'idiot utile du lobby israélien
Par Chris Hedges, le 12 août 2023
Le cauchemar sans fin de l'oppression des Palestiniens n'est pas une question tangentielle. Il s'agit d'une question noire et blanche, celle d'un État colonial qui impose une occupation militaire à la population autochtone de la Palestine, une violence horrible et un apartheid, soutenus par des milliards de dollars américains. C'est le tout-puissant contre le sans-pouvoir.
Israël utilise son armement moderne contre une population captive qui n'a ni armée, ni marine, ni armée de l'air, ni unités militaires mécanisées, ni commandement ni contrôle, ni artillerie lourde, tout en prétendant que les actes intermittents de massacre en masse sont des guerres. Les roquettes artisanales tirées sur Israël par le Hamas et d'autres organisations de résistance palestinienne - qui constituent un crime de guerre parce qu'elles visent des civils - ne sont en rien comparables aux bombes Mark-84 de 2 000 livres, dites "bunker-buster" [bombe conçue pour pénétrer des cibles fortifiées ou des cibles enterrées en profondeur], qui ont un "rayon d'action" de plus de 30 mètres, et “diffusent une onde de pression supersonique lorsqu'elles explosent”, larguées par Israël sur des quartiers palestiniens surpeuplés, aux milliers de Palestiniens tués et blessés et à la destruction ciblée des infrastructures de base, y compris les réseaux électriques et les stations d'épuration des eaux.
Les Palestiniens de Gaza survivent dans une prison à ciel ouvert, l'un des endroits les plus densément peuplés de la planète. Ils sont privés de passeports et de documents de voyage.
La malnutrition est endémique dans les territoires occupés. Selon un rapport de la Banque mondiale datant de 2022, "de fortes proportions" de la population palestinienne sont "carencées en vitamines A, D et E, qui jouent un rôle clé pour la vision, la solidité osseuse et le système immunitaire". Le rapport note également que plus de 50 % des personnes âgées de 6 à 23 ans à Gaza et plus de la moitié des femmes enceintes sont anémiées, et "plus d'un quart des femmes enceintes et plus d'un quart des enfants âgés de 6 à 23 mois [en Cisjordanie] le sont aussi".
Quatre-vingt-huit pour cent des enfants de Gaza souffrent de dépression, suite à 15 ans de blocus israélien, selon un rapport de Save the Children datant de 2022, et plus de 51 % des enfants ont été diagnostiqués avec le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) suite à la troisième grande guerre sur Gaza en 2014. Seuls 4,3 % de l'eau de Gaza sont considérés comme propres à la consommation humaine. Les Palestiniens de Gaza sont entassés dans des taudis insalubres et surpeuplés. Ils manquent souvent de soins médicaux de base. Le taux de chômage est l'un des plus élevés au monde (46,6 %).
L'objectif du sionisme, avant même la création d'Israël, a été de chasser les Palestiniens de leurs terres, et de réduire ceux qui sont restés à une lutte pour la subsistance, comme le note l'historien israélien, le professeur Ilan Pappe :
“Le 10 mars 1948, un groupe de onze hommes, des dirigeants sionistes chevronnés et de jeunes officiers militaires juifs, mettent la dernière main à un plan de nettoyage ethnique de la Palestine. Le soir même, des ordres sont envoyés aux unités sur le terrain pour préparer l'expulsion systématique des Palestiniens de vastes régions du pays. Les ordres sont accompagnés d'une description détaillée des méthodes à utiliser pour expulser la population par la force : intimidation à grande échelle, blocus et bombardement des villages et des centres de population, incendie de maisons, de propriétés et de biens, expulsion des résidents, démolition des maisons et, enfin, implantation de mines dans les décombres afin d'empêcher le retour des habitants expulsés. Chaque unité a reçu sa propre liste de villages et de quartiers à cibler conformément au plan global. Sous le nom de code Plan D [pour Dalet en hébreu : la porte]...
Une fois le plan finalisé, il a fallu six mois pour mener à bien la mission. A la fin de celle-ci, plus de la moitié de la population autochtone de Palestine, soit plus de 750 000 personnes, avait été déracinée, 531 villages avaient été dévastés et 11 quartiers urbains vidés de leurs habitants.”
Ces faits politiques et historiques, que je rapporte en tant qu'arabophone depuis sept ans, dont quatre en tant que chef du bureau du Moyen-Orient pour le New York Times, sont difficiles à ignorer. Même à distance.
J'ai vu des soldats israéliens narguer des garçons en arabe dans les haut-parleurs de leur jeep blindée dans le camp de réfugiés de Khan Younis à Gaza. Les garçons, âgés d'une dizaine d'années, ont ensuite jeté des pierres sur un véhicule israélien. Les soldats ont ouvert le feu, tuant certains d'entre eux et en blessant d'autres. Dans le jargon israélien, cela se traduit par "des enfants pris entre deux feux". J'étais à Gaza lorsque des avions d'attaque F-16 ont largué des bombes à fragmentation en fer de 500 kg sur des quartiers densément peuplés. J'ai vu les cadavres des victimes, y compris des enfants, alignés en rangs serrés. Il s'agissait d'une frappe chirurgicale sur une usine de fabrication de bombes. J'ai vu Israël démolir des maisons et des immeubles pour créer des zones tampons entre les Palestiniens et les troupes israéliennes. J'ai interviewé des familles démunies qui campaient dans les décombres de leurs maisons. Les destructions se transforment en “ciblage de maisons de terroristes”. J'ai visité les ruines d'écoles, de cliniques et de mosquées bombardées. J'ai entendu Israël prétendre que des roquettes ou des tirs de mortier intempestifs de la part des Palestiniens étaient à l'origine de ces morts, ou que les sites attaqués servaient de dépôts d'armes ou de sites de lancement. À l'instar de tous les autres journalistes que je connais et qui ont travaillé à Gaza, je n'ai jamais vu la moindre preuve que le Hamas utilise des civils comme "boucliers humains". Par contre, il existe des preuves que l'armée israélienne utilise des Palestiniens comme boucliers humains, ce que la Haute Cour d'Israël a jugé illégal en 2005.
L'utilisation par Israël du grand mensonge [die Große Lüge] relève d'une logique pervertie. Le grand mensonge alimente les deux réactions qu'Israël cherche à susciter : le racisme chez ses partisans, et la terreur chez ses victimes.
Le prix politique à payer quand on défie Israël, dont l'ingérence manifeste dans notre processus politique réduit les protestations les plus tièdes contre la politique israélienne au rang de vœu de mort politique, est très lourd. Les Palestiniens sont pauvres, oubliés et livrés à eux-mêmes. C'est pourquoi la défiance à l'égard du traitement infligé par Israël aux Palestiniens est la question centrale à laquelle est confronté tout homme politique prétendant s'exprimer au nom des personnes vulnérables et marginalisées. S'opposer à Israël a un coût politique que peu de gens, y compris Robert F. Kennedy Jr, sont prêts à payer. Mais si vous tenez bon, vous vous démarquerez comme quelqu'un qui place les principes avant l'opportunisme, quelqu'un disposé à se battre pour les déshérités de la terre et, si nécessaire, qui sacrifiera son avenir politique pour préserver son intégrité. Kennedy échoue à ce test crucial de courage politique et moral.
Par contre, Kennedy régurgite tous les mensonges, tous les clichés racistes, toutes les déformations de l'histoire et tous les commentaires dévalorisants sur la faiblesse du peuple palestinien colportés par les éléments les plus rétrogrades et d'extrême-droite de la société israélienne. Il colporte le mythe de ce que Pappe appelle "l'Israël imaginaire". Ce seul fait le discrédite en tant que candidat progressiste. Cela remet en question son discernement et sa sincérité. Il s'agit d'un énième politicien du parti démocrate qui danse sur l'air macabre joué par le gouvernement israélien.
Kennedy s'est engagé à défendre moralement Israël, ce qui équivaut à défendre moralement l'Afrique du Sud de l'apartheid. Il répète, presque mot pour mot, les points de discussion du manuel de propagande israélienne élaboré par le pollueur et stratège politique républicain Frank Luntz. L'étude de 112 pages, portant la mention "ne pas distribuer ou publier", divulguée à Newsweek, a été commanditée par The Israel Project. Elle a été rédigée au lendemain de l'opération "Cast Lead", en décembre 2008 et janvier 2009, au cours de laquelle 1 387 Palestiniens et neuf Israéliens ont été tués.
Ce document stratégique est le schéma directeur de la manière dont les politiciens et les lobbyistes israéliens veulent promouvoir Israël. Il expose au grand jour le décalage entre ce que les politiciens israéliens disent et ce qu'ils savent être la vérité. Il est conçu pour transmettre à la communauté internationale, et en particulier aux Américains, ce qu'ils ont envie d'entendre. Le rapport est une lecture indispensable à quiconque tente de faire face à la machine de propagande israélienne.
Le document, par exemple, recommande de dire au monde extérieur qu'Israël “ est en droit de se doter de frontières défendables”, mais conseille aux Israéliens de refuser de définir ce que devraient être ces frontières. Il suggère aux politiciens israéliens de justifier le refus d'Israël de permettre à 750 000 Palestiniens et à leurs descendants, chassés de leur pays pendant la guerre de 1948, de rentrer chez eux, bien que le droit au retour soit garanti par le droit international, en qualifiant ce droit de "revendication". Il recommande également d'affirmer que les Palestiniens cherchent à migrer massivement pour s'emparer de terres à l'intérieur d'Israël. Il suggère de mentionner les centaines de milliers de réfugiés juifs d'Irak, de Syrie et d'Égypte, qui ont fui l'antisémitisme et la violence dans le monde arabe après la création de l'État juif. Le document encourage à dire que ces réfugiés ont également "laissé des biens derrière eux", justifiant ainsi le pogrom israélien par le pogrom que les États arabes ont perpétré après 1948. Il recommande d'imputer la pauvreté des Palestiniens aux "nations arabes" qui n'ont pas offert "une vie meilleure aux Palestiniens".
Mais le plus cynique dans ce rapport, c'est la tactique qui consiste à exprimer une fausse sympathie pour les Palestiniens, qui sont tenus pour responsables de leur propre oppression.
"Montrez de l'empathie pour les DEUX camps", peut-on lire dans le document. "L'objectif de la communication pro-israélienne n'est pas simplement de faire en sorte que les personnes qui aiment déjà Israël se sentent confortées dans leur penchant. L'objectif est de gagner de nouveaux cœurs et de nouveaux esprits pour Israël sans perdre le soutien déjà acquis à Israël". Il est dit que cette tactique "désarmera" le public.
Je doute que Kennedy ait lu ou entendu parler du rapport de Luntz. Mais il a été nourri de son discours, et le recrache naïvement. Israël ne veut que la paix. Israël ne pratique pas la torture. Israël n'est pas un État d'apartheid. Israël accorde aux Arabes israéliens des droits politiques et civiques qu'ils n'ont pas dans d'autres régions du Moyen-Orient. Les Palestiniens ne sont pas délibérément pris pour cible par les forces de défense israéliennes (FDI). Israël respecte les libertés civiles, les droits des femmes et du mariage. Israël possède "le meilleur système judiciaire du monde".
Kennedy se livre à d'autres affirmations, comme cette déclaration bizarre selon laquelle l'Autorité palestinienne paie les Palestiniens pour qu'ils tuent des Juifs n'importe où dans le monde, ainsi que des falsifications de l'histoire élémentaire du Moyen-Orient, qui sont tellement absurdes que je vais les ignorer. Mais j'énumère ci-dessous des exemples puisés dans les quantités de preuves qui font imploser les points de discussion inspirés par Luntz que Kennedy répète au nom du lobby israélien, bien qu'aucune preuve ne puisse probablement briser son attachement intéressé à un "Israël fantasmé".
Apartheid
Le rapport 2017 de l'ONU : “Les pratiques israéliennes envers le peuple palestinien et la question de l'apartheid” conclut qu'Israël a mis en place un régime d'apartheid qui domine le peuple palestinien dans son ensemble. Depuis 1967, les Palestiniens en tant que peuple ont vécu dans ce que le rapport nomme les “quatre domaines”, dans lesquels les différentes catégories de la population palestinienne sont ostensiblement traitées différemment mais se rejoignent dans l'oppression raciale qui résulte du régime d'apartheid.
Ces domaines sont les suivants
Le droit civil, avec des restrictions spéciales, régissant les Palestiniens qui vivent en tant que citoyens d'Israël
La loi sur la résidence permanente régissant les Palestiniens vivant dans la ville de Jérusalem
Le droit militaire régissant les Palestiniens, y compris ceux des camps de réfugiés, vivant depuis 1967 dans des conditions d'occupation militaire en Cisjordanie et dans la bande de Gaza
Une politique visant à empêcher le retour des Palestiniens, qu'il s'agisse de réfugiés ou d'exilés, vivant en dehors du territoire sous le contrôle d'Israël.
Le 19 juillet 2018, la Knesset israélienne a voté "pour approuver la loi fondamentale de l'État-nation juif, consacrant constitutionnellement la suprématie juive et l'identité de l'État d'Israël en tant qu'État-nation du peuple juif", a expliqué le groupe de défense des libertés civiles Adalah, basé à Haïfa. Il s'agit de la loi suprême d'Israël "capable de supplanter toute législation ordinaire".
En 2021, le groupe israélien de défense des droits de l'homme B'Tselem a publié un rapport intitulé "Un régime de suprématie juive du Jourdain à la mer Méditerranée : voici l'apartheid".
Le rapport indique que :
“Dans l'ensemble de la zone située entre la mer Méditerranée et le Jourdain, le régime israélien met en œuvre des lois, des pratiques et une violence d'État destinées à cimenter la suprématie d'un groupe - les Juifs - sur un autre - les Palestiniens. Une méthode essentielle pour atteindre cet objectif consiste à aménager l'espace en fonction de chaque groupe.
“Les citoyens juifs vivent comme si toute la région était un espace unique (à l'exclusion de la bande de Gaza). La Green Line ne signifie pratiquement rien pour eux : qu'ils vivent à l'ouest de cette ligne, dans le territoire souverain d'Israël, ou à l'est, dans des colonies non officiellement annexées à Israël, n'a aucune incidence sur leurs droits ou leur statut.
“En revanche, l'endroit où vivent les Palestiniens est déterminant. Le régime israélien a divisé la zone en plusieurs secteurs qu'il définit et gouverne séparément, en accordant aux Palestiniens des droits différents dans chacun d'entre eux. Cette répartition ne concerne que les Palestiniens... Israël accorde aux Palestiniens un ensemble de droits différents dans chacune de ces unités - tous inférieurs aux droits accordés aux citoyens juifs.
“Depuis 1948, poursuit le rapport, Israël a accaparé plus de 90 % des terres situées sur son territoire souverain et a construit des centaines de communautés juives, mais pas une seule pour les Palestiniens (à l'exception de plusieurs communautés construites pour concentrer la population bédouine, après les avoir dépossédés de la plupart de leurs droits de propriété)".
“Depuis 1967, Israël a également mis en œuvre cette politique dans les territoires occupés, dépossédant les Palestiniens de plus de 2 000 km2 sous divers prétextes. En violation du droit international, Israël a implanté plus de 280 colonies en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) pour plus de 600 000 citoyens juifs. Il a conçu un système de planification distinct pour les Palestiniens, destiné principalement à empêcher la construction et le développement, et n'a pas fondé une seule nouvelle communauté palestinienne”.
Cibler les civils
Contrairement aux affirmations de Kennedy selon lesquelles "la politique de l'armée israélienne est de toujours attaquer uniquement des cibles militaires", le ciblage délibéré de civils et d'infrastructures civiles par l'armée israélienne et d'autres branches de l'appareil de sécurité israélien a été largement documenté par des organisations israéliennes et internationales.
Le rapport Goldstone de 2010, qui compte plus de 500 pages, a enquêté sur l'attaque aérienne et terrestre israélienne de 22 jours contre Gaza, qui s'est déroulée du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies et le Parlement européen ont approuvé le rapport.
Selon le Palestinian Center for Human Rights, l'attaque israélienne a fait 1 434 morts, dont 960 civils. Plus de 6 000 maisons ont été détruites ou détériorées, laissant derrière elles quelque 3 milliards de dollars de dégâts dans l'une des régions les plus pauvres de la planète. Trois civils israéliens ont été tués par des roquettes tirées sur Israël pendant l'assaut.
Les principales conclusions du rapport sont les suivantes :
Les forces israéliennes ont utilisé des civils palestiniens comme boucliers humains et ces tactiques n'avaient pas d'objectif militaire défendable.
Les forces israéliennes ont délibérément tué, torturé et infligé d'autres traitements inhumains à des civils, et ont délibérément causé d'importantes destructions de biens, en dehors de toute nécessité militaire, sans raison et de manière illégale.
Israël a violé son obligation de respecter le droit de la population de Gaza à un niveau de vie décent, y compris l'accès à la nourriture, à l'eau et au logement.
Le 14 juin de cette année, B'Tselem a rapporté que “de hauts responsables israéliens” sont “pénalement responsables d'avoir sciemment” ordonné des frappes aériennes “destinées à blesser des civils, y compris des enfants, dans la bande de Gaza”.
Contrairement au mythe propagé par Kennedy, les rapports et les enquêtes, aussi bien de l'ONU que des groupes de défense des droits, tant nationaux qu'internationaux, couvrent systématiquement les violations suspectées ou confirmées par les militants palestiniens lorsqu'ils enquêtent sur des crimes de guerre présumés. Comme le note B'Tselem dans le même rapport de 2019, au total, quatre Israéliens ont été tués et 123 blessés.
Le mois dernier, l'experte de l'ONU sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, l'avocate internationale et universitaire italienne Francesca Albanese, a présenté son rapport au Conseil des droits de l'homme de l'ONU. La lecture de ce rapport est particulièrement sinistre.
“La privation de liberté est un élément central de l'occupation israélienne, et ce dès le départ. Entre 1967 et 2006, Israël a ainsi incarcéré plus de 800 000 Palestiniens sur les territoires occupés. Bien qu'elle ait connu un pic lors des soulèvements palestiniens, l'incarcération est devenue une réalité quotidienne. Plus de 100 000 Palestiniens ont été détenus pendant la première Intifada (1987-1993), 70 000 pendant la deuxième Intifada (2000-2006) et plus de 6 000 pendant l'"Intifada de l'unité" (2021). Environ 7 000 Palestiniens, dont 882 enfants, ont été arrêtés en 2022. Actuellement, près de 5 000 Palestiniens, dont 155 enfants, sont détenus par Israël, dont 1 014 sans inculpation ni jugement.”
La torture
Environ 1 200 plaintes "alléguant de violences lors d'interrogatoires du Shin Bet [l'Agence de sécurité israélienne]" ont été déposées entre 2001 et 2019, selon le Comité public contre la torture en Israël.
“Aucune inculpation n'a été prononcée”, rapporte le comité. “Voilà un nouvel exemple de l'impunité systémique totale dont jouissent les agents du Shin Bet qui procèdent aux interrogatoires.”
Les méthodes coercitives comprennent le harcèlement sexuel et l'humiliation, les coups, les positions de stress imposées pendant des heures et des interrogatoires pouvant durer jusqu'à 19 heures, ainsi que les menaces de violence à l'encontre des membres de la famille.
"Ils ont dit qu'ils tueraient ma femme et mes enfants. Ils ont dit qu'ils supprimeraient les autorisations de traitement médical de ma mère et de ma sœur", a déclaré un survivant en 2016. “Je ne pouvais pas dormir parce que même lorsque j'étais dans ma cellule, ils me réveillaient toutes les quarts d'heure... Je n'arrivais plus à distinguer le jour de la nuit... Je crie encore dans mon sommeil", a déclaré un autre survivant en 2017.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, a exprimé “sa plus vive inquiétude” après un jugement rendu en décembre 2017 par la Cour suprême d'Israël exemptant les agents de sécurité de toute enquête criminelle malgré leur utilisation incontestée de “techniques de pression” coercitives à l'encontre d'un détenu palestinien, Assad Abu Gosh. Il a qualifié cet arrêt de “permis de torturer”.
M. Abu Gosh “aurait été soumis à des mauvais traitements, notamment des passages à tabac, des chocs contre les murs, des flexions du corps et des doigts attachés dans des positions douloureuses, des privations de sommeil, ainsi que des menaces, des insultes et des humiliations. Les examens médicaux confirment que M. Abu Gosh souffre de diverses lésions neurologiques résultant des tortures qu'il a endurées”.
Libertés civiques
Lors des élections de novembre 2022 en Israël, une coalition d'extrême droite théocratique, nationaliste et ouvertement raciste a pris le pouvoir. Itamar Ben-Gvir, du parti ultranationaliste Otzma Yehudit, “Puissance juive”, est ministre de la sécurité nationale. Otzma Yehudit est composé d'anciens membres du parti Kach du rabbin Meir Kahane, qui s'est vu interdire de se présenter à la Knesset en 1988 pour avoir épousé une “idéologie de type nazi”, qui prônait notamment le nettoyage ethnique de tous les citoyens palestiniens d'Israël, ainsi que de tous les Palestiniens vivant sous occupation militaire israélienne. Sa nomination, ainsi que celle d'autres idéologues d'extrême droite, dont Bezalel Smotrich, le ministre des finances, met fin aux vieilles rengaines utilisées par les sionistes libéraux pour défendre Israël, à savoir que le pays est la seule démocratie du Moyen-Orient, qu'il aspire à une solution pacifique avec les Palestiniens dans un cadre à deux États, que l'extrémisme et le racisme n'ont pas leur place dans la société israélienne, et qu'Israël se doit d'imposer des formes draconiennes de contrôle aux Palestiniens afin de prévenir le terrorisme.
Le nouveau gouvernement de coalition serait en train de préparer une législation permettant d'interdire à presque tous les membres palestiniens/arabes de la Knesset de siéger au parlement israélien, ainsi qu'à leurs partis de se présenter aux élections. Les récentes "réformes" judiciaires réduisent à néant l'indépendance et le contrôle des tribunaux israéliens. Le gouvernement a également proposé de fermer Kan, le réseau de radiodiffusion public, bien que cette proposition ait été modifiée pour remédier à ses “failles”. M. Smotrich, qui s'oppose aux droits des LGBTQ et se qualifie lui-même d'“homophobe fasciste”, a déclaré mardi qu'il gèlerait tous les fonds destinés aux communautés palestiniennes d'Israël et à Jérusalem-Est.
Israël a promulgué une série de lois visant à restreindre les libertés publiques, à qualifier de terrorisme toute forme de résistance palestinienne et à traiter d'antisémites les partisans des droits des Palestiniens, même s'ils sont juifs. La révision de l'une des principales lois israéliennes sur l'apartheid, la “loi sur les comités de village” de 2010, accorde aux quartiers comptant jusqu'à 700 ménages le droit de refuser l'installation de personnes afin de “préserver la cohésion” de la communauté. Israël dispose de plus de 65 lois servant à discriminer directement ou indirectement les citoyens palestiniens d'Israël et des territoires occupés.
La loi israélienne sur la citoyenneté et l'entrée en Israël interdit aux citoyens palestiniens d'Israël d'épouser des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza.
Les mariages interreligieux sont également interdits en Israël.
Comme l'explique Jacob N. Simon, ancien président de la Jewish Legal Society à la Michigan State University College of Law :
“La combinaison des exigences relatives aux liens du sang pour être considéré comme juif par le tribunal rabbinique orthodoxe, et la restriction du mariage exigeant des cérémonies religieuses démontrent l'intention de maintenir la pureté de la race. Au fond, ce n'est pas très différent du désir d'avoir des Aryens au sang pur dans l'Allemagne nazie, ou des Blancs au sang pur dans le sud des États-Unis de l'époque de Jim Crow.”
Ceux qui soutiennent ces lois discriminatoires et adhèrent à l'apartheid israélien sont frappés d'ignorance délibérée, de racisme ou de cynisme. Leur objectif est de déshumaniser les Palestiniens, de promouvoir un chauvinisme juif intolérant, et d'inciter les naïfs et les crédules à justifier l'injustifiable. Kennedy, dépourvu de tout sens moral et d'un système de croyance ancré dans des faits tangibles, n'a pas seulement manqué à son devoir envers les Palestiniens. Il nous a déçus.