đâđš Ronald Ăngel: Assange chaque jour plus innocent, et les Ătats-Unis chaque jour plus coupables.
"L'arrestation & l'exĂ©cution sociale d'Assange, preuve de l'inexistence du droit d'ĂȘtre informĂ© dĂ©montre que dans les dĂ©mocraties occidentales, on peut parler de tout... sauf des dĂ©mocraties".
đâđš Assange chaque jour plus innocent, et les Ătats-Unis chaque jour plus coupables.
ET QUE VIENT FAIRE L'ESPAGNE DANS TOUT ĂA ?
đ° Par Ronald Ăngel pour Il Ciudadano, 12 novembre 2022
Le cas de Julian Assange est semblable à une notice nécrologique publiée de temps à autre dans les médias occidentaux. Un homme mort, dans une société morte, dit l'analyste politique Luis Gonzalo Segura.
Assange n'est pas seulement une victime exécutée dans les allées sombres du pouvoir, pendu sur la place médiatique comme un avertissement, et enterré dans une tombe virtuelle comme ultime punition, il est aussi l'instantané le plus précis et révélateur de la nécrose qui ronge actuellement l'Occident, et du processus de survie que subit tout divulgateur de corruption ou de malversation dans les soi-disant démocraties occidentales, ajoute Segura dans un article d'opinion.
âȘïž ASSANGE, CHAQUE JOUR PLUS INNOCENT...
Un examen sommaire de l'affaire Julian Assange montre que l'innocence d'Assange devient chaque jour plus flagrante, et la culpabilitĂ© des EtatsUnis plus insupportable, ce qui n'empĂȘche pas Assange d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© et les EtatsUnis de le persĂ©cuter. Ce n'est pas le monde Ă l'envers, c'est l'Occident.
D'une part, la procureure en chef de SuÚde, Eva-Marie Persson, qui a rouvert le dossier de viol contre Assange instruit en 2010, par pur hasard aprÚs les révé*lations de WikiLeaks, a décidé de le clore en novembre 2019. Mais la pertinence ne réside pas dans le quoi, plutÎt dans le comment : l'affaire a été classée en raison d'un affaissement des preuves, et de l'absence de base pour une mise en accusation.
"Comment est-il possible qu'une agence amer*icaine envisage l'enlĂšve*ment d'un citoyen d'une ambassade bri*tannique et que cela soit pris comme un problĂšme mineur ?".
Un argument aussi surprenant que délirant, puisque le procureur principal Persson affirme que
"la plaignant a prĂ©sentĂ© un rĂ©cit crĂ©dible et fiable, ses explications sont claires, longues et dĂ©taillĂ©es. Mais il a estimĂ© que les preuves se sont tellement amenuisĂ©es qu'il n'y a plus de raison de poursuivre l'enquĂȘte"
â quelqu'un peut-il expliquer comment une plainte peut ĂȘtre juridiquement "crĂ©dible et fiable", et en mĂȘme temps s'amenuiser avec le temps, ou pourquoi, alors qu'ils avaient la possibilitĂ© de demander l'ex*tradition d'Assange, au bout de presque dix ans, ils ne le font pas ?
L'affaire, pour le moins, reflĂšte des contradictions insurmontables, voire condamnables : un procureur peut-il cesser de poursuivre l'auteur d'un crime dont le "rĂ©cit est crĂ©dible et fiable" avec des "explications claires, longues et dĂ©taillĂ©es" ? Pourquoi le plaignant n'a-t-il pas intentĂ© une action en justice contre le procureur principal Eva-Marie Persson ayant omis d'enq*uĂȘter sur l'auteur d'une plainte "crĂ©dible et fiable" ? Pardonnez-moi, mais c'est une absurditĂ© que personne n'arrive Ă croire, et juridiquement parlant, c'est un non-sens total.
âȘïž ET LES ĂTATS-UNIS, CHAQUE JOUR PLUS COUPABLES
D'autre part, en Espagne, le juge Santiago Pedraz, l'un de ces magistrats espagnols en qui l'on peut encore croire, a adressĂ© une commission rogatoire aux Etats-Unis pour que soient transmises les informations dĂ©tenues par la Commission permanente du renseignement de la Chambre des reprĂ©sentants des EtatsUnis concernant l'enquĂȘte sur l'espionnage dont Julian Assange a Ă©tĂ© victime de la part d'une sociĂ©tĂ© espagnole pendant son sĂ©jour Ă l'ambassade d'Ăquateur Ă Londres. Plusieurs agences sont impliquĂ©es, dont, bien sĂ»r, la CIA.
Quiconque connaßt un tant soit peu le fonctionnement des agences occidentales, leur niveau de surveillance et la qualité de la démocratie occidentale n'a guÚre de doute sur l'espionnage dont Julian Assange a fait l'objet. Car il n'est en aucun cas une affaire isolée, comme en témoigne le récent scandale Pegasus - qui a touché plus de cinquante Catalans en Espagne, d'autres étant espionnés dans le monde entier. Mais, suite à la publication d'un rapport de Yahoo News, dans lequel des agents de la CIA ont reconnu non seulement qu'il avait été espionné, mais que, en 2017, on a évoqué la possibilité de le kidnapper, Adam Schiff, président de la commission du Renseignement, a demandé il y a un an, en octobre 2021, que les services d'espionnage fassent un rapport sur la question. Et, bien sûr, le juge Pedraz veut savoir ce que ces gens ont conclu. Ce ne sera pas chose facile. Et avant d'aller plus loin comment est-il possible qu'une agence americaine envisage l'enlÚvement d'un citoyen dans une ambassade britannique, et que cela soit considéré comme un problÚme mineur ?
La raison pour laquelle l'affaire fait l'objet d'une enquĂȘte en Espagne est que la sociĂ©tĂ© impliquĂ©e, UCE Global SL, est espagnole - son siĂšge se trouve dans le sud de l'Espagne (Jerez de la Frontera, Cadix). De plus, elle est dirigĂ©e par l'ancien off*icier mil*itaire espagnol David Morales. Comme l'a rĂ©vĂ©lĂ© El PaĂs, cette sociĂ©tĂ© espagnole a enregistrĂ© pendant des mois les conversations privĂ©es d'Assange avec ses avocats, mĂ©decins, visiteurs, membres du CongrĂšs, journalistes et autres personnalitĂ©s. Par la suite, David Morales a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, bien qu'il soit actuellement en probation pour des accusations d'atteinte Ă la vie privĂ©e et au secret des communications entre un avocat et son client, de dĂ©tournement de fonds, de corruption et de blanc*himent d'argent. Mais sera-t-il condamnĂ© ?
Pedraz a pris l'affaire au sĂ©rieux, trĂšs au sĂ©rieux, puisqu'il a non seulement prĂ©cisĂ© que parmi les personnes espionnĂ©es se trouvaient le dĂ©putĂ© rĂ©publicain Dana Rohrabacher, l'ancien prĂ©sident Ă©quatorien Rafael Correa et mĂȘme l'ancien chef des services de renseignement de ce pays, Rommy Vallejo, mais il a Ă©galement demandĂ© les dĂ©clarations, par commission rogatoire, de l'ancien directeur de la CIA et ancien secrĂ©taire d'Ătat, Mike Pompeo, et de l'ancien chef du contre-espionnage ame*icain, William Evanina. Cependant, tout laisse Ă penser que le dossier aura de sĂ©rieuses difficultĂ©s Ă avancer: le scandale est connu depuis trois ans, en 2019; les avancĂ©es semblent, rares, malgrĂ© la volontĂ© du juge; et les mĂ©dias espagnols relatent l'affaire comme s'il s'agissait de la promotion de produits d'occasion.
"L'arrestation et l'exĂ©cution sociale d'Assange est la preuve la plus Ă©vidente de l'inexistence du droit d'ĂȘtre informĂ© et de la libertĂ© d'expression en Occident. Parce que dans les dĂ©mocraties occidentales, on peut parler de tout... sauf des dĂ©mocraties occidentales".
Peu importe que les indices juridictionnels soient aussi sĂ©rieux, puisque l'ancien juge JosĂ© de la Mata, ancien chef du tribunal numĂ©ro 5 de l'Audiencia Nacional, a dĂ©jĂ tentĂ© en vain d'obtenir la coopĂ©ration des EtatsUnis. Le bureau du procureur fĂ©dĂ©ral americain a demandĂ© Ă connaĂźtre les sources et Ă obtenir plus d'informations pour pouvoir accĂ©der aux informations demandĂ©es -adresses IP Ă partir desquelles les serveurs d'UC Global SL ont Ă©tĂ© consultĂ©s, oĂč toutes les informations sur l'espionnage de Julian Assange Ă©taient stockĂ©es-. Pourquoi veulent-ils connaĂźtre les sources ? Je ne sais pas, mais fournir les sources d'une plainte Ă un pays qui exĂ©cute toute personne qu'il juge coupable n'importe oĂč sur la planĂšte sans aucune forme de procĂšs. et qui aborde l'enlĂšvement de citoyens avec une normalitĂ© qui fait froid dans le dos ne semble pas trĂšs souhaitable.
âȘïž MANIFESTATIONS AU MEXIQUE
Pendant ce temps, des militants de la "CoaliciĂłn Vida y Libertad #24F" ont rĂ©clamĂ© la libĂ©ration de Julian Assange au chef du Bureau des droits de l'homme de l'ONU, Volker TĂŒrk, et ont manifestĂ© devant les ambassades des EtatsUnis et du RoyaumeUni Ă Mexico. Edith Cabrera a appelĂ© au "respect des droits de l'homme, de la libertĂ© d'expression et Ă la dĂ©fense du nom d'Assange, tant dĂ©criĂ©", car la dĂ©tention d'Assange, emprisonnĂ© depuis quatre ans, porte atteinte au "droit d'ĂȘtre informĂ© et Ă la libertĂ© d'expression".
Malheureusement, ils ont tout faux: la dĂ©tention de Julian Assange, son exĂ©cution sociale, ne viole pas le droit d'ĂȘtre informĂ© et la libertĂ© d'expression de tous, car pour qu'une action viole un droit, il faut qu'il existe. L'arrestation et l'exĂ©cution sociale de Julian Assange est la preuve la plus Ă©vidente de l'inexistence du droit d'ĂȘtre informĂ© et de la libertĂ© d'expression en Occident. Parce que dans les dĂ©mocraties occidentales, on peut parler de tout... sauf des dĂ©mocraties occidentales. Sinon, le cas de Julian Assange ne serait pas une petite nĂ©crologie publiĂ©e de temps Ă autre dans les espaces les plus marginaux, mais ferait la une des journaux, de la radio et de la tĂ©lĂ©vision.
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