đâđš Russiagate & Gaza
Pelosi qualifie les manifestants pro-palestiniens d'agents de Poutine et demande au FBI d'enquĂȘter sur eux, tant elle semble dĂ©sireuse de continuer Ă soutenir l'agenda gĂ©nocidaire d'IsraĂ«l.

đâđš Russiagate & Gaza
Par Elizabeth Vos, Spécial Consortium News, le 31 janvier 2024
Au lieu de critiquer un gouvernement accusĂ© Ă juste titre de gĂ©nocide, une dĂ©mocrate de premier plan applique une calomnie partisane non vĂ©rifiĂ©e aux manifestants pro-palestiniens, et veut que le F.B.I. enquĂȘte sur eux.
Il y a quelques années à peine, le récit du Russiagate dominait la sphÚre de l'information : quiconque remettait en question le statu quo était qualifié de marionnette de Poutine ou de robot russe, y compris les journalistes américains.
Ces derniers mois, les responsables israĂ©liens ont de la mĂȘme maniĂšre qualifiĂ© d'antisĂ©mites ou de sympathisants du Hamas toute personne ou organisation sâopposant Ă eux, allant mĂȘme jusqu'Ă qualifier la Cour internationale de justice d'antisĂ©mite.
L'ancienne prĂ©sidente de la Chambre des reprĂ©sentants, Nancy Pelosi, a poussĂ© plus loin ces deux discours au cours du week-end, en demandant au FBI d'enquĂȘter sur les manifestations pro-palestiniennes en raison de liens financiers prĂ©sumĂ©s avec la Russie.
Ses dĂ©clarations font suite Ă l'arrĂȘtĂ© de la Cour internationale de justice (CIJ), qui a dĂ©clarĂ© que des preuves prima facie attestaient qu'IsraĂ«l commettait un gĂ©nocide Ă Gaza, bien que cette dĂ©cision n'ait pas ordonnĂ© la cessation des actions militaires d'IsraĂ«l dans la bande de Gaza.
Au lieu de prendre ses distances avec IsraĂ«l, comme on pourrait s'y attendre lorsqu'un pays est accusĂ© de maniĂšre irrĂ©futable de gĂ©nocide, Mme Pelosi a tentĂ© de dĂ©tourner l'attention de la culpabilitĂ© d'IsraĂ«l et de sa perte de soutien au sein de l'opinion publique amĂ©ricaine en accusant la Russie, et plus prĂ©cisĂ©ment le prĂ©sident russe Vladimir Poutine, d'ĂȘtre Ă l'origine des manifestations pro-palestiniennes.
Lors de l'Ă©mission âState of the Unionâ diffusĂ©e sur CNN dimanche, Mme Pelosi a dĂ©clarĂ© :
â... leur appel au cessez-le-feu est le message de M. Poutine. Ne vous y trompez pas, c'est directement liĂ© Ă ce qu'il aimerait obtenir. MĂȘme chose avec l'Ukraine. Il s'agit du message de Poutine. Je pense que certains de ces manifestants sont spontanĂ©s, authentiques et sincĂšres. D'autres, je pense, sont liĂ©s Ă la Russieâ.
Pelosi a poursuivi :
âCertaines de ces manifestations sont des graines plantĂ©es par les Russes... Je pense que certains financements devraient faire l'objet d'une enquĂȘte. Et je veux demander au FBI d'enquĂȘter sur ce pointâ.
Les dĂ©clarations de Mme Pelosi ont Ă©tĂ© rapidement suivies dâarticles de mĂ©dias mainstream faisant Ă©cho Ă la logique de Mme Pelosi, Rolling Stone ravivant le rĂ©cit du Russiagate, dĂ©menti par les faits, en Ă©crivant ce qui suit :
âLa Russie et Poutine ont soutenu un cessez-le-feu et ont utilisĂ© l'agression d'IsraĂ«l Ă Gaza pour critiquer les Ătats-Unis pour leur rĂŽle dans le conflit. La Russie a Ă©galement tentĂ© d'interfĂ©rer dans les deux derniĂšres Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricainesâ.
La Russie ne fait que se joindre à la majorité des nations qui ont voté à l'Assemblée générale des Nations unies en faveur d'un cessez-le-feu immédiat. La condamnation mondiale de la poursuite du massacre n'a rien de spécifiquement russe.
La convergence de l'ancien Russiagate et des rĂ©cits pro-israĂ©liens actuels dans l'appel de Pelosi au F.B.I. pour qu'il enquĂȘte sur les manifestants pro-palestiniens en les accusant d'ĂȘtre des âgraines russesâ est d'une audace sidĂ©rante, mais tout Ă fait dans l'air du temps.
Dans le sillage de la décision de la CIJ, les démocrates - ainsi que leurs homologues républicains - manquent d'arguments moraux pour justifier leur complicité dans les atrocités commises par Israël.
[Cf : âUS Congress:âWe Stand With Genocideâ [CongrĂšs amĂ©ricain : Nous soutenons le gĂ©nocide]
Ils n'ont aucune réponse à apporter aux électeurs qu'ils ignorent - tout comme ils les ont ignorés lors des élections précédentes.
En 2016, le Parti démocrate a affaibli la démocratie lors de ses primaires, puis a fait circuler de fausses allégations d'ingérence électorale russe pendant des années aprÚs que la favorite de l'establishment, Hillary Clinton, a perdu la présidence face à Donald Trump.
Quiconque pointait du doigt les failles évidentes du récit du Russiagate était qualifié de pourvoyeur d'arguments russes, y compris le rédacteur en chef de Consortium News.
Des milliers de jeunes, dont beaucoup n'étaient pas politiquement engagés à l'époque du Russiagate, voient maintenant plus clair dans la propagande pro-israélienne.
Le président américain Joe Biden est en difficulté dans les sondages, en particulier parmi les jeunes démocrates et les Arabo-Américains, en raison de la complicité de son administration dans un génocide, quelles que soient les tentatives de diversion de l'ancienne présidente de la Chambre des représentants, Mme Pelosi.
Biden perd en outre le soutien des Ă©lecteurs afro-amĂ©ricains. Le New York Times rapporte qu'une âcoalition de plus de 1 000 pasteurs noirs reprĂ©sentant des centaines de milliers de fidĂšles dans tout le paysâ a demandĂ© Ă l'administration Biden de faire avancer le processus de cessez-le-feu.
Les propos de Mme Pelosi mettent en évidence la réalité d'un systÚme politique défaillant : si les Américains vivaient dans une société démocratique viable, les hommes politiques, de Pelosi à Biden en passant par Trump, se précipiteraient pour tirer parti du nombre croissant d'électeurs opposés aux actions d'Israël dans la bande de Gaza.
Les politiciens courtiseraient avec empressement ce nouvel Ă©lectorat qui combine tant de donnĂ©es dĂ©mographiques, en promettant de mettre immĂ©diatement fin au soutien des Ătats-Unis Ă IsraĂ«l.
Au lieu de cela, l'administration Biden confirme son soutien à Israël malgré la possibilité bien réelle de perdre les élections présidentielles de cette année. Il semble que conserver la présidence passe aprÚs le soutien permanent à Israël.
Il est important de souligner que la caractérisation caricaturale par Pelosi des manifestants pro-palestiniens comme des porteurs d'eau pour Poutine fait suite à la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle il existe des preuves prima facie qu'Israël commet un génocide à l'encontre des Palestiniens de Gaza.

Craig Murray était le seul journaliste présent dans la salle d'audience pendant la procédure préliminaire de la CIJ.
Il a déclaré vendredi à l'émission CN Live ! de Consortium News que, compte tenu de son expérience de la Cour, il n'était pas surpris par l'ordonnance de mesures conservatoires, mais qu'il était
âĂ©tonnĂ© par la virulence de la dĂ©cision qui l'a prĂ©cĂ©dĂ©e. En dĂ©clarant qu'il existait des motifs de gĂ©nocide plausibles, la prĂ©sidente de la Cour n'a pas eu besoin d'entrer dans le dĂ©tail des motifs de gĂ©nocide constatĂ©s par les juges.
âLa prĂ©sidente de la Cour n'a pas eu besoin de faire lecture de quatre dĂ©clarations diffĂ©rentes de ministres israĂ©liens, y compris de l'ancien prĂ©sident d'IsraĂ«l, qui dĂ©montrent de maniĂšre dĂ©taillĂ©e l'incitation au gĂ©nocide.
âNon seulement la Cour estime que la thĂšse du gĂ©nocide est justifiĂ©e, mais elle estime que cette thĂšse est assez solide et cela m'a surpris... toutes les explications prĂ©cĂ©dentes montrent trĂšs clairement que la Cour estime qu'il s'agit d'un gĂ©nocide.â [soulignĂ© par l'auteur]
Dans les jours qui ont suivi la dĂ©cision de la CJI, il a Ă©tĂ© signalĂ© que l'UNRWA, l'une des rares organisations humanitaires encore prĂ©sentes Ă Gaza, menait une enquĂȘte interne aprĂšs qu'IsraĂ«l a fourni des informations selon lesquelles certains de ses employĂ©s Ă©taient membres du Hamas.
Ă la suite de ces informations et sans aucune hĂ©sitation, de nombreux pays occidentaux, dont les Ătats-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, l'Italie et le Canada, ont suspendu leur financement de l'UNRWA. Cette suspension menace la capacitĂ© de l'UNRWA Ă poursuivre ses activitĂ©s Ă Gaza.
Comme l'a soulignĂ© Francesca Albanese, rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens, la suspension de l'aide humanitaire pourrait ĂȘtre lourde de consĂ©quences sur le plan juridique. Francesca Albanese a Ă©crit sur les rĂ©seaux sociaux :
âLe lendemain du jour oĂč la CIJ a conclu qu'IsraĂ«l commettait de maniĂšre crĂ©dible un gĂ©nocide Ă Gaza, certains Ătats ont dĂ©cidĂ© de suspendre le financement de l'UNRWA, punissant collectivement des millions de Palestiniens Ă un moment des plus critiques, et violant trĂšs probablement leurs obligations en vertu de la Convention sur le gĂ©nocide.â
En d'autres termes, les pays occidentaux augmentent leur participation active Ă ce qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ© juridiquement comme un gĂ©nocide, sur la base de la seule parole d'IsraĂ«l et sans la moindre hĂ©sitation, plutĂŽt que de retirer leur soutien Ă IsraĂ«l Ă la suite de la dĂ©cision de la CIJ selon laquelle il existe des preuves plausibles qu'IsraĂ«l est en train de commettre un gĂ©nocide.
Aucune rĂ©percussion juridique, morale ou politique ne semble suffisamment grave pour attĂ©nuer le soutien des Ătats-Unis et de l'Occident Ă IsraĂ«l.
C'est dans ce contexte effroyable que Pelosi a fait ses dĂ©clarations, qualifiant les manifestants pro-palestiniens d'agents de Poutine et demandant au FBI d'enquĂȘter sur eux, tant elle semble dĂ©sireuse de continuer Ă soutenir l'agenda gĂ©nocidaire d'IsraĂ«l.
* Elizabeth Vos est journaliste indépendante, co-animatrice de CN Live ! et collaboratrice réguliÚre de Consortium News.
https://consortiumnews.com/2024/01/22/patrick-lawrence-russias-turn-from-the-west/