đâđš Scott Ritter - G7 vs BRICS : Les jeux sont faits
Un Ă©conomiste enquĂȘtant sur les dessous d'un rapport du FMI provoque une onde de choc sur le bloc occidental & lui faire perdre toute croyance en sa puissance Ă©conomique mondiale "inĂ©galĂ©e".

đâđš G7 vs BRICS - Les jeux sont faits
Les BRICS dépassent le G7 en termes de PIB mondial ajusté aux PPA.
Par Scott Ritter, Spécial Consortium News, le 22 mars 2023
L'été dernier, le Groupe des 7 (G7), un forum autoproclamé de nations qui se considÚrent comme les économies les plus influentes du monde, s'est réuni à Schloss Elmau, prÚs de Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne, pour tenir sa réunion annuelle. Leur objectif était de punir la Russie par des sanctions supplémentaires, d'armer davantage l'Ukraine et d'endiguer la Chine.
Au mĂȘme moment, la Chine a accueilli, par vidĂ©oconfĂ©rence, une rĂ©union du forum Ă©conomique des BRICS. ComposĂ© du BrĂ©sil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud, ce groupe de nations relĂ©guĂ©es au statut d'Ă©conomies dites en dĂ©veloppement s'est concentrĂ© sur le renforcement des liens Ă©conomiques, le dĂ©veloppement Ă©conomique international et la maniĂšre de remĂ©dier Ă ce qu'ils considĂšrent collectivement comme les politiques contre-productives du G7.
Au début de l'année 2020, le vice-ministre russe des affaires étrangÚres, Sergei Ryabkov, avait prédit que, sur la base des calculs de parité de pouvoir d'achat (PPA) projetés par le Fonds monétaire international, les BRICS dépasseraient le G7 dans le courant de l'année en termes de pourcentage du total mondial.
(Le produit intĂ©rieur brut d'un pays Ă paritĂ© de pouvoir d'achat, ou PPA, est la somme de tous les biens et services produits dans le pays, Ă©valuĂ©s aux cours en vigueur aux Ătats-Unis, et constitue un reflet plus prĂ©cis de la puissance Ă©conomique comparĂ©e que le simple calcul du PIB).
Puis la pandémie a frappé et le redémarrage de l'économie mondiale qui s'en est suivi a rendu les projections du FMI sans objet. Le monde s'est concentré sur le rétablissement de la pandémie et, plus tard, sur la gestion des retombées des sanctions massives prises par l'Occident à l'encontre de la Russie à la suite de l'invasion de l'Ukraine par ce pays en février 2022.
Le G7 n'a pas tenu compte du défi économique lancé par les BRICS et s'est plutÎt attaché à renforcer sa défense de "l'ordre international fondé sur des rÚgles", devenu le mantra de l'administration du président américain Joe Biden.
Un mauvais calcul

Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, une fracture idéologique s'est emparée du monde, avec d'un cÎté le G7 qui condamne l'invasion et cherche à punir économiquement la Russie, et de l'autre les BRICS qui adoptent une position plus nuancée en ne soutenant pas l'action russe mais en ne s'associant pas non plus aux sanctions. Cette situation a créé un vide intellectuel lorsqu'il s'agit d'évaluer la situation réelle des affaires économiques mondiales.
Il est dĂ©sormais largement admis que les Ătats-Unis et leurs partenaires du G7 ont mal calculĂ© l'impact que les sanctions auraient sur l'Ă©conomie russe, ainsi que le contrecoup qui frapperait l'Occident.
Angus King, sénateur indépendant du Maine, a récemment fait remarquer qu'il se souvenait
"lorsque tout cela a commencĂ© il y a un an, tout le monde disait que les sanctions allaient paralyser la Russie. Les sanctions allaient paralyser la Russie, l'acculer Ă la faillite et provoquer des Ă©meutes dans les rues, mais cela n'a absolument pas fonctionnĂ©... Les sanctions n'Ă©taient-elles pas les bonnes ? Ont-elles Ă©tĂ© mal appliquĂ©es ? Avons-nous sous-estimĂ© la capacitĂ© des Russes Ă les contourner ? Pourquoi le rĂ©gime de sanctions n'a-t-il pas jouĂ© un rĂŽle plus important dans ce conflit?â
Il convient de noter que le FMI avait calculé que l'économie russe se contracterait d'au moins 8 % à la suite de ces sanctions. Le chiffre réel était de 2 % et l'économie russe, malgré les sanctions, devrait progresser en 2023 et au-delà .
Ce type d'erreur de calcul a imprégné la pensée occidentale sur l'économie mondiale et les rÎles respectifs joués par le G7 et les BRICS. En octobre 2022, le FMI a publié ses Perspectives de l'économie mondiale (PEM) annuelles, en mettant l'accent sur les calculs traditionnels du PIB. Les analystes économiques traditionnels ont donc été rassurés par le fait que, malgré le défi politique lancé par les BRICS au cours de l'été 2022, le FMI calculait que le G7 restait solidement ancré en tant que principal bloc économique mondial.
En janvier 2023, le FMI a publié une mise à jour de Perspectives de l'économie mondiale d'octobre 2022, renforçant la position de force du G7. Selon Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, "la balance des risques qui pÚsent sur les perspectives reste orientée à la baisse, mais elle est moins orientée vers des résultats défavorables que dans le rapport d'octobre".
Cette indication positive a empĂȘchĂ© les principaux analystes Ă©conomiques occidentaux d'approfondir les donnĂ©es contenues dans la mise Ă jour. Je peux personnellement tĂ©moigner de la rĂ©ticence des rĂ©dacteurs conservateurs qui tentent de tirer des informations actuelles dââanciennes donnĂ©es".
Heureusement, il existe d'autres analystes Ă©conomiques, comme Richard Dias, d'Acorn Macro Consulting, qui se dĂ©crit lui-mĂȘme comme un "cabinet de recherche macroĂ©conomique qui utilise une approche descendante pour l'analyse de l'Ă©conomie mondiale et des marchĂ©s financiers". PlutĂŽt que d'accepter les perspectives optimistes du FMI comme parole d'Ă©vangile, M. Dias a fait ce que les analystes sont censĂ©s faire : creuser les donnĂ©es et en tirer des conclusions pertinentes.
AprÚs avoir fouillé dans la base de données des Perspectives de l'économie mondiale du FMI, M. Dias a effectué une analyse comparative du pourcentage du PIB mondial ajusté à la parité des pouvoirs d'achat (PPA) entre le G7 et les BRICS, et a fait une découverte surprenante : les BRICS ont dépassé le G7.
Il ne s'agissait pas d'une projection, mais plutÎt d'une constatation : les BRICS étaient responsables de 31,5 % du PIB mondial corrigé des PPA, tandis que le G7 en représentait 30,7 %. Pire encore pour le G7, les tendances projetées montraient que l'écart entre les deux blocs économiques ne ferait que se creuser à l'avenir.
Les raisons de cette accumulation accĂ©lĂ©rĂ©e de pouvoir Ă©conomique mondial de la part des BRICS peuvent ĂȘtre liĂ©es Ă trois facteurs principaux :
les retombées résiduelles de la pandémie de grippe aviaire de 19 ans,
le contrecoup des sanctions imposées à la Russie par les pays du G7 à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine et le ressentiment croissant des économies en développement du monde à l'égard des politiques et des priorités économiques du G7, qui sont perçues comme étant enracinées dans l'économie mondiale et
les priorités du G7 perçues comme étant plus enracinées dans l'arrogance post-coloniale que dans un véritable désir d'aider les nations à développer leur propre potentiel économique.
Des disparités de croissance
Il est vrai que le poids Ă©conomique des BRICS et du G7 est fortement influencĂ© par les Ă©conomies respectives de la Chine et des Ătats-Unis. Mais il ne faut pas nĂ©gliger les trajectoires Ă©conomiques respectives des autres Ătats membres de ces forums Ă©conomiques. Alors que les perspectives Ă©conomiques de la plupart des pays du BRICS laissent prĂ©sager une forte croissance dans les annĂ©es Ă venir, les pays du G7, en grande partie Ă cause de la blessure auto-infligĂ©e que constitue la sanction actuelle de la Russie, connaissent une croissance ralentie ou, dans le cas du Royaume-Uni, une croissance nĂ©gative, avec peu de perspectives d'inversion de cette tendance.
En outre, alors que le nombre de membres du G7 stagne, les BRICS se dĂ©veloppent, l'Argentine et l'Iran ayant dĂ©posĂ© leur candidature ainsi que d'autres grandes puissances Ă©conomiques rĂ©gionales, telles que l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Ăgypte, qui ont manifestĂ© leur intĂ©rĂȘt pour l'adhĂ©sion. Le rĂ©cent succĂšs diplomatique de la Chine, qui a normalisĂ© les relations entre l'Iran et l'Arabie saoudite, rend cette expansion potentielle encore plus explosive.
La perte de vitesse de la domination mondiale du dollar américain, combinée au potentiel économique de l'union économique transeurasienne promue par la Russie et la Chine, place le G7 et les BRICS sur des trajectoires opposées. Les BRICS devraient dépasser le G7 en termes de PIB réel, et pas seulement de PPA, dans les années à venir.
Mais ne retenez pas votre souffle en attendant que les analystes économiques traditionnels parviennent à cette conclusion. Heureusement, il y a des personnalités comme Richard Dias et Acorn Macro Consulting qui cherchent à donner un nouveau sens à d'anciennes données.
* Scott Ritter est un ancien officier de renseignement du corps des Marines amĂ©ricains qui a servi dans l'ex-Union soviĂ©tique pour mettre en Ćuvre les traitĂ©s de contrĂŽle des armements, dans le golfe Persique pendant l'opĂ©ration TempĂȘte du dĂ©sert et en Irak pour superviser le dĂ©sarmement des armes de destruction massive. Son dernier ouvrage est Disarmament in the Time of Perestroika, publiĂ© par Clarity Press.
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https://consortiumnews.com/2023/03/22/scott-ritter-g7-vs-brics-off-to-the-races/