👁🗨 Scott Ritter: Merkel expose la duplicité de l'Occident
La guerre, semble-t-il, était la solution recherchée par "l'Occident collectif", et la guerre est aujourd'hui la solution recherchée par la Russie. Qui sème le vent récolte la tempête.
👁🗨 Merkel expose la duplicité de l'Occident
📰 Par Scott Ritter, spécial Consortium News, le 5 décembre 2022.
La guerre, semble-t-il, était la seule option envisagée par les adversaires de la Russie.
Les récents commentaires de l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel mettent en lumière le jeu de dupes joué par l'Allemagne, la France, l'Ukraine et les États-Unis avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février.
Alors que le soi-disant "Occident collectif" (les États-Unis, l'OTAN, l'UE et le G7) continue de prétendre que l'invasion de l'Ukraine par la Russie était un acte d'"agression non provoquée", la réalité est bien différente: la Russie avait été dupée en croyant qu'il existait une solution diplomatique à la violence qui avait éclaté dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, à la suite du coup d'État de Maidan à Kiev en 2014, soutenu par les États-Unis.
Au lieu de cela, l'Ukraine et ses partenaires occidentaux ne faisaient que gagner du temps jusqu'à ce que l'OTAN puisse construire une armée ukrainienne capable de capturer le Donbass dans son intégralité, ainsi que d'évincer la Russie de Crimée.
Dans une interview accordée la semaine dernière à Der Spiegel, Mme Merkel a fait allusion aux accords de Munich de 1938 [Les accords de Munich sont signés entre l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie représentés respectivement par Adolf Hitler, Édouard Daladier, Neville Chamberlain et Benito Mussolini à l'issue de la conférence de Munich du 29 au 30 septembre 1938]. Elle a comparé les choix que l'ancien Premier ministre britannique Neville Chamberlain a dû faire face à l'Allemagne nazie avec sa décision de s'opposer à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, lorsque la question a été soulevée lors du sommet de l'OTAN à Bucarest en 2008.
En s'abstenant sur l'adhésion à l'OTAN, puis en faisant pression en faveur des accords de Minsk, Mme Merkel pensait gagner du temps pour que l'Ukraine puisse mieux résister à une attaque russe, tout comme M. Chamberlain pensait gagner du temps pour que le Royaume-Uni et la France puissent rassembler leurs forces contre l'Allemagne hitlérienne.
Le résultat de cette observation rétrospective est stupéfiant. Oubliez, pour un instant, que Mme Merkel comparait la menace posée par le régime nazi d'Hitler à celle de la Russie de Vladimir Poutine, et concentrez-vous plutôt sur sa conscience de la menace que représentait l'invitation de l'Ukraine à rejoindre l'OTAN pour déclencher une réponse militaire russe.
Plutôt que rejeter complètement cette possibilité, Mme Merkel a mené une politique visant à rendre l'Ukraine apte à résister à une telle attaque.
La guerre, semble-t-il, était la seule option envisagée par les adversaires de la Russie.
(Voir : Biden confirme pourquoi les États-Unis avaient besoin de cette guerre, Consortium News).
Poutine : Minsk était une erreur
Les commentaires de Merkel sont à rapprocher de ceux faits en juin par l'ancien président ukrainien Petro Porochenko à plusieurs médias occidentaux. "Notre objectif", a déclaré Porochenko, "était d'abord de mettre fin à la menace, ou du moins de retarder la guerre - afin de garantir huit ans pour rétablir la croissance économique et créer des forces armées puissantes." Porochenko a clairement indiqué que l'Ukraine n'était pas venue négocier en toute bonne foi à la table des négociations sur les accords de Minsk.
Poutine a lui aussi fait ce constat. Lors d'une récente réunion avec les épouses et mères des troupes russes combattant en Ukraine, y compris quelques veuves de soldats tombés au combat, Poutine a reconnu qu'accepter les accords de Minsk avait été une erreur et que le problème du Donbass aurait dû être résolu par les armes à ce moment-là, en particulier compte tenu du mandat que lui avait confié la Douma russe concernant l'autorisation d'utiliser les forces militaires russes en "Ukraine", et pas seulement en Crimée.
La prise de conscience tardive de Poutine devrait donner des frissons à tous ceux qui, à l'Ouest, croient à tort qu'il est possible de parvenir à un règlement négocié du conflit russo-ukrainien.
Aucun des interlocuteurs diplomatiques de la Russie n'a fait preuve d'un minimum d'intégrité lorsqu'il s'agit de manifester un véritable engagement en faveur d'une résolution pacifique des violences ethniques qui ont émané des événements sanglants du Maïdan en février 2014, qui ont renversé un président ukrainien démocratiquement élu et certifié par l'OSCE.
La réponse aux manifestations de résistance
Lorsque les russophones du Donbass ont résisté au coup d'État et défendu cette élection démocratique, ils ont déclaré leur indépendance de l'Ukraine. La réponse du régime du coup d'État de Kiev a été de lancer une attaque militaire vicieuse de huit ans contre eux, qui a tué des milliers de civils. Poutine a attendu huit ans pour reconnaître leur indépendance, puis a lancé une invasion à grande échelle du Donbass en février.
Il avait attendu dans l'espoir que les accords de Minsk, garantis par l'Allemagne et la France et approuvés à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU (y compris par les États-Unis), résoudraient la crise en accordant au Donbass une autonomie tout en continuant à faire partie de l'Ukraine. Mais Kiev n'a jamais appliqué les accords, et n'a pas été suffisamment incité par l'Occident à le faire.
Le détachement dont a fait preuve l'Occident, alors que chaque pilier de la légitimité perçue s'effritait - allant des observateurs de l'OSCE (dont certains, selon la Russie, fournissaient à l'armée ukrainienne des renseignements sur les forces séparatistes russes) aux États-Unis, dont l'assistance militaire "défensive" autoproclamée à l'Ukraine de 2015 à 2022 n'était guère plus qu'un loup déguisé en mouton, en passant par le format Normandie [Le format Normandie est la configuration de la rencontre diplomatique à quatre pays adoptée pendant la guerre du Donbass. Elle rassemble les quatre pays suivants : les oblasts de Donetsk et Lougansk et l'Ukraine, l'Allemagne, la France et la Russie] réunissant l'Allemagne et la France, censé garantir la mise en œuvre des accords de Minsk, tout cela a mis en évidence la dure réalité: il n'y aurait jamais eu de règlement pacifique des problèmes qui sous-tendent le conflit russo-ukrainien.
Et il n'y en aura jamais.
La guerre, semble-t-il, était la solution recherchée par "l'Occident collectif", et la guerre est la solution recherchée par la Russie aujourd'hui.
Qui sème le vent récolte la tempête.
Après mûre réflexion, Mme Merkel n'avait pas tort de citer les accords de Munich de 1938. À cette différence près qu'il ne s'agissait pas là que de nobles Allemands cherchant à repousser les brutes Russes, mais bien d'Allemands hypocrites (et autres Occidentaux) désireux de duper des Russes crédules.
Ceci risque de mal finir pour l'Allemagne, l'Ukraine, ou tous ceux qui se sont drapés dans le manteau de la diplomatie, dissimulant l'épée prête à servir dans leur dos.
* Scott Ritter est un ancien officier de renseignement du corps des Marines des États-Unis qui a servi dans l'ancienne Union soviétique pour mettre en œuvre les traités de contrôle des armements, dans le golfe Persique pendant l'opération Tempête du désert et en Irak pour superviser le désarmement des armes de destruction massive. Son dernier livre est Disarmament in the Time of Perestroika, publié par Clarity Press.
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https://consortiumnews.com/2022/12/05/scott-ritter-merkel-reveals-wests-duplicity/