đâđš Selon le patron de la CIA, lâaction en justice contre l'espionnage des visiteurs d'Assange pourrait nuire Ă la sĂ©curitĂ© des Ătats-Unis
M. Burns voudrait nous faire croire que des âinformations confidentielles vitalesâ sont en danger, mais les mensonges rĂ©currents de la CIA trahissent une nouvelle tentative d'entraver la justice.
đâđš Selon le patron de la CIA, lâaction en justice contre l'espionnage des visiteurs d'Assange pourrait nuire Ă la sĂ©curitĂ© des Ătats-Unis
Par Kevin Gosztola, le 17 avril 2024
En décembre, un juge américain a estimé que quatre Américains pouvaient poursuivre la CIA pour violation de leur droit à la vie privée en vertu de la Constitution américaine.
Le directeur de la CIA, William Burns, a dĂ©clarĂ© qu'un procĂšs portant sur l'espionnage prĂ©sumĂ© d'AmĂ©ricains ayant rendu visite au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, devait ĂȘtre rejetĂ©, faute de quoi la âsĂ©curitĂ© nationale des Ătats-Unisâ pourrait subir des prĂ©judices âsĂ©rieuxâ et âexceptionnellement gravesâ.
Dans une dĂ©claration[PDF] invoquant le âsecret d'Ătatâ, M. Burns a Ă©galement affirmĂ© que la CIA n'Ă©tait pas en mesure d'expliquer en audience publique les raisons pour lesquelles l'agence estime que des dommages pourraient ĂȘtre causĂ©s si l'action en justice Ă©tait intentĂ©e.
âLes bases factuelles complĂštes de mes affirmations de privilĂšge ne peuvent pas ĂȘtre exposĂ©es publiquement sans confirmer ou infirmer que la CIA dispose d'informations relatives Ă cette affaire, ce qui risquerait de porter atteinte Ă la sĂ©curitĂ© nationale des Ătats-Unis que je cherche Ă protĂ©gerâ, a ajoutĂ© M. Burns.
Quatre Américains, deux avocats et deux journalistes, affirment que la CIA et son directeur Mike Pompeo ont ordonné à UC Global, une société de sécurité espagnole, de mener une opération d'espionnage contre M. Assange en violation de leur vie privée. UC Global aurait copié le contenu de leurs appareils électroniques et fourni les données à la CIA.
En dĂ©cembre, le juge amĂ©ricain John Koeltl a rejetĂ© plusieurs plaintes dĂ©posĂ©es contre la CIA. Mais il a Ă©galement estimĂ© que les AmĂ©ricains Ă©taient fondĂ©s Ă poursuivre la CIA pour violation de leur âattente raisonnable de respect de la vie privĂ©eâ au titre du QuatriĂšme Amendement de la Constitution des Ătats-Unis.
Une dĂ©cision antĂ©rieure dans l'affaire Amnesty v. Clapper, qui contestait la âlĂ©galitĂ© du programme de collecte massive de mĂ©tadonnĂ©es tĂ©lĂ©phoniquesâ mis en Ćuvre par la NSA, a aidĂ© M. Koeltl Ă dĂ©terminer que les AmĂ©ricains prĂ©tendument ciblĂ©s avaient qualitĂ© pour poursuivre la CIA.
âSi la perquisition (de leurs conversations et de leurs appareils Ă©lectroniques) et la saisie (du contenu de leurs appareils Ă©lectroniques) effectuĂ©es par le gouvernement Ă©taient illĂ©gales, les plaignants ont subi un prĂ©judice concret et particulier qui peut ĂȘtre attribuĂ© au programme contestĂ© et qui peut ĂȘtre rĂ©parĂ© par une dĂ©cision favorableâ, a dĂ©clarĂ© M. Koeltl.
Peu de temps aprĂšs que le juge a dĂ©terminĂ© que les AmĂ©ricains avaient qualitĂ© pour poursuivre la CIA, le procureur Damian Williams et le procureur adjoint Jean-David Barnea ont informĂ© le tribunal que la CIA invoquerait le privilĂšge des secrets d'Ătat pour bloquer l'action en justice.
Burns a soumis une âdĂ©claration classifiĂ©eâ dont seul le juge peut prendre connaissance. Comme l'a dĂ©clarĂ© Burns,
cette dĂ©claration âdĂ©finit pleinement la portĂ©e des informationsâ en cause et âexplique le prĂ©judice qui pourrait raisonnablement rĂ©sulter de la divulgation non autorisĂ©e d'informations classifiĂ©esâ.
MalgrĂ© des procĂ©dures rigoureuses qui prendraient indubitablement en compte les intĂ©rĂȘts de la sĂ©curitĂ© nationale, M. Burns a essentiellement assimilĂ© le partage de documents dans le cadre de la procĂ©dure de communication prĂ©alable Ă une fuite de donnĂ©es relatives Ă la sĂ©curitĂ© nationale. (Remarque : la loi sur les procĂ©dures relatives aux informations classifiĂ©es est une loi qui s'applique aux poursuites pĂ©nales. Toutefois, cela ne signifie pas que les tribunaux ne peuvent pas adopter leurs propres procĂ©dures dans le cadre d'un procĂšs civil).
Le privilĂšge du secret d'Ătat trouve son origine dans une affaire de 1953, United States v. Reynolds, dans laquelle le gouvernement amĂ©ricain a refusĂ© de dire aux familles des victimes comment leurs proches Ă©taient morts dans l'accident d'un avion militaire, au motif que des âsecretsâ seraient rĂ©vĂ©lĂ©s.
Des décennies plus tard, des documents déclassifiés de l'armée de l'air ont conduit les familles des victimes à poursuivre le gouvernement américain. Le gouvernement a dissimulé sa fraude pendant des décennies, conservant les rapports d'accident et les déclarations des témoins
en tant que âdocuments classifiĂ©s jusqu'aux annĂ©es 1990, alors qu'ils ne contenaient aucun secret et n'avaient aucune autre utilitĂ© concevableâ, affirment les familles. âEn fait, c'Ă©tait l'objectif de l'armĂ©e de l'air en les classant : les enterrer si profondĂ©ment et si longtemps que personne nâen prendrait connaissance.â
La Cour suprĂȘme des Ătats-Unis a statuĂ© en 2005 que le gouvernement n'avait pas commis de fraude, mĂȘme si elle a reconnu l'absence âd'informations sensibles dans le rapport d'enquĂȘte sur l'accident et les dĂ©clarations des tĂ©moinsâ.
En particulier, dans le cadre de la âguerre mondiale contre le terrorismeâ, le ministĂšre amĂ©ricain de la justice a permis Ă des agences, comme la CIA, d'invoquer le privilĂšge afin que des affaires impliquant des violations des droits de l'homme et des libertĂ©s civiles puissent ĂȘtre rejetĂ©es.
âDe notre point de vue, nous ne pouvons pas imaginer qu'il existe un quelconque privilĂšge liĂ© Ă des informations confidentielles concernant des citoyens amĂ©ricains qui ont rendu visite Ă Assange Ă l'ambassade d'Ăquateurâ,
a déclaré Richard Roth, un avocat des Américains, à The Dissenter en février.
En outre, Burns a soutenu que la loi sur la CIA exempte la CIA de publier ou de divulguer
âl'organisation, les fonctions, les noms, les titres officiels, les salaires ou les effectifs du personnel employĂ© par la CIAâ.
La loi sur la CIA, adoptĂ©e en 1949, a Ă©tĂ© utilisĂ©e par l'agence pour empĂȘcher la divulgation de documents en vertu de la loi sur la libertĂ© de l'information (FOIA). Il semblerait que Burns ait fait valoir ce âprivilĂšge statutaireâ si Koeltl ne conclut pas que les informations relatives Ă la copie d'appareils Ă©lectroniques amĂ©ricains relĂšvent du âsecret d'Ătatâ.
En vertu de la loi sur la CIA, les informations ne sont censĂ©es ĂȘtre tenues secrĂštes que si elles rĂ©vĂšlent que la CIA exerce une fonction impliquant du âpersonnel employĂ© par l'Agenceâ qui n'a pas Ă©tĂ© confirmĂ©e publiquement par le gouvernement.
La CIA copie-t-elle systématiquement le contenu des appareils électroniques des Américains lorsqu'ils se rendent dans des ambassades étrangÚres ? Si ce n'est pas le cas, il est difficile de comprendre comment les allégations dans ce procÚs ne constitueraient pas un abus de pouvoir dans le contexte d'une opération d'espionnage typique contre un individu - Assange - désigné comme cible.
Si le privilĂšge des secrets d'Ătat et la loi sur la CIA ne parviennent pas Ă mettre fin Ă l'action en justice, M. Burns invoquera Ă©galement la loi sur la sĂ©curitĂ© nationale. Cette loi peut empĂȘcher la divulgation de documents contenant des âsources et mĂ©thodes de renseignementâ.
La CIA a utilisĂ© Ă plusieurs reprises le privilĂšge des secrets d'Ătat et des lois telles que la loi sur la CIA ou sur la SĂ©curitĂ© nationale pour Ă©viter d'avoir Ă rĂ©pondre de ses actes rĂ©prĂ©hensibles. M. Burns voudrait faire croire au public que des âinformations confidentielles vitalesâ sont en danger, mais la quantitĂ© de mensonges dispensĂ©s par la CIA pour cacher des dĂ©tails liĂ©s au programme de torture montre que cette affaire est une nouvelle tentative Ă©hontĂ©e de faire Ă©chec Ă la justice.
La CIA est la plus grande fabrique planétaire de crimes, qu'elle s'arrange ensuite pour maquiller par des mensonges