đâđš Sergei Glazyev : Le chemin de la dĂ©dollarisation est semĂ© d'embĂ»ches
âLes rĂ©gulateurs formatĂ©s par le FMI & la corruption ne prĂ©occupent pas les gens, pas plus que la volatilitĂ© des monnaies. C'est une sorte de secte, et les sectes ne favorisent pas l'innovationâ.
đâđš Sergei Glazyev : Le chemin de la dĂ©dollarisation est semĂ© d'embĂ»ches
Par Pepe Escobar, le 29 février 2024
Rares sont ceux, en Russie et dans le Sud global, Ă ĂȘtre aussi qualifiĂ©s que Sergei Glazyev, le ministre de l'intĂ©gration et de la MacroĂ©conomie de la Commission Ă©conomique eurasienne (CEE), l'organe politique de l'Union Ă©conomique eurasienne (EAEU), pour parler de l'Ă©lan, des dĂ©fis et des piĂšges sur le chemin de la dĂ©dollarisation.
Alors que les pays du Sud lancent de nombreux appels en faveur d'une véritable stabilité financiÚre, que l'Inde, au sein des BRICS10 , indique clairement que tout le monde doit sérieusement réfléchir aux effets toxiques des sanctions unilatérales, et que le professeur Michael Hudson ne cesse de répéter que les politiques actuelles ne sont plus viables, M. Glazyev m'a gracieusement reçu dans son bureau à la Commission économique eurasienne pour une conversation exclusive et approfondie, incluant des anecdotes fascinantes jamais publiées.
En voici les grandes lignes, alors que les idées de Glazyev sont en cours de réexamen et que l'on attend avec impatience le feu vert du gouvernement russe pour un nouveau modÚle de rÚglement des différends commerciaux, actuellement en phase finale de peaufinage.
M. Glazyev explique que son idĂ©e principale âa Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e depuis longtempsâ. L'idĂ©e de base est qu'une nouvelle monnaie devra d'abord ĂȘtre introduite sur la base d'une rĂ©glementation internationale, signĂ©e par les pays intĂ©ressĂ©s par cette nouvelle monnaie. Pas par le biais d'une forme de confĂ©rence, comme la confĂ©rence de Bretton Woods (1944), qui n'a aucune lĂ©gitimitĂ©. Dans un premier temps, cette monnaie ne concernera pas tous les pays. Les BRICS suffiront - plus les pays de l'Organisation de coopĂ©ration de Shanghai (OCS). La Russie possĂšde dĂ©jĂ son propre systĂšme SWIFT, le SPFS [Le SystĂšme de transfert de messages financiers (en russe : ĐĄĐžŃŃĐ”ĐŒĐ° пДŃДЎаŃĐž ŃĐžĐœĐ°ĐœŃĐŸĐČŃŃ ŃĐŸĐŸĐ±ŃĐ”ĐœĐžĐč) ou SPFS est un Ă©quivalent russe du systĂšme de transfert financier SWIFT, dĂ©veloppĂ© par la Banque centrale de Russie]. Les Ă©changes de devises, la correspondance entre banques, les consultations entre banques centrales, tout cela est absolument suffisant.
Tout cela conduit Ă l'adoption d'une nouvelle monnaie internationale :
âNous n'avons pas vraiment besoin nous Ă©tendre Ă grande Ă©chelle. Les BRICS suffisent. L'idĂ©e de la monnaie est qu'il y a deux paniers : un panier de monnaies nationales de tous les pays impliquĂ©s dans le processus, comme le DTS [Les Droits de tirage spĂ©ciaux, instrument monĂ©taire international crĂ©Ă© par le FMI en 1969 pour complĂ©ter les rĂ©serves officielles existantes des pays membres], mais avec des critĂšres plus clairs et plus comprĂ©hensibles. Le deuxiĂšme panier est celui des matiĂšres premiĂšres. Si nous disposons de deux paniers et que nous crĂ©ons la nouvelle monnaie sous la forme d'un indice des matiĂšres premiĂšres et des monnaies nationales, et que nous disposons d'un mĂ©canisme de rĂ©serve, selon le modĂšle mathĂ©matique, la monnaie sera trĂšs stable. Stable et pratiqueâ.
Ensuite, c'est la faisabilité qui compte :
âL'introduction de cette monnaie en tant qu'instrument de transaction ne serait pas trĂšs compliquĂ©e. Avec une bonne infrastructure et l'approbation de toutes les banques centrales, c'est aux entreprises de se servir de cette monnaie. Elle devra ĂȘtre numĂ©rique, ce qui veut dire qu'elle pourra ĂȘtre utilisĂ©e sans le systĂšme bancaire et qu'elle sera au moins dix fois moins chĂšre que les transactions actuelles effectuĂ©es par l'intermĂ©diaire des banques et des bureaux de change.â
L'Ă©pineuse question des banques centrales
âAvez-vous prĂ©sentĂ© cette idĂ©e aux Chinois ?â
âNous l'avons prĂ©sentĂ©e Ă des experts chinois, Ă nos partenaires de l'universitĂ© Renmin. Nous avons obtenu de bons Ă©chos, mais je n'ai pas eu l'occasion de la prĂ©senter au niveau politique. Ici, en Russie, nous encourageons la discussion par le biais d'articles, de confĂ©rences, de sĂ©minaires, mais il n'y a toujours pas de dĂ©cision politique sur l'introduction de ce mĂ©canisme, mĂȘme Ă l'ordre du jour des BRICS. Notre Ă©quipe d'experts propose de l'inscrire Ă l'ordre du jour du sommet des BRICS qui se en octobre prochain Ă Kazan. Le problĂšme est que la Banque centrale russe n'est pas enthousiaste. Les BRICS ont simplement dĂ©cidĂ© d'un schĂ©ma opĂ©rationnel pour l'utilisation des monnaies nationales - ce qui est plutĂŽt une bonne idĂ©e, car les monnaies nationales sont dĂ©jĂ utilisĂ©es dans nos Ă©changes commerciaux. Le rouble russe est la principale monnaie de la EAEU, les Ă©changes avec la Chine se font en roubles et en renminbi, les Ă©changes avec l'Inde, l'Iran et la Turquie sont Ă©galement passĂ©s aux monnaies nationales. Chaque pays dispose de l'infrastructure nĂ©cessaire. Si les banques centrales introduisent des monnaies nationales numĂ©riques et autorisent leur utilisation dans le cadre du commerce international, il s'agit Ă©galement d'un modĂšle intĂ©ressant. Dans ce cas, les bourses de crypto-monnaies peuvent facilement Ă©quilibrer les paiements - et c'est un mĂ©canisme trĂšs bon marchĂ©. Ce qu'il faut, c'est un accord des banques centrales pour permettre Ă un certain nombre de monnaies nationales sous forme numĂ©rique de participer aux transactions internationales.â
âSerait-ce faisable dĂšs 2024, si la volontĂ© politique est lĂ ?â
âIl y a dĂ©jĂ des start-ups. D'ailleurs, elles se trouvent en Occident, et la numĂ©risation est menĂ©e par des entreprises privĂ©es, pas par les banques centrales. La demande existe donc. Notre banque centrale doit Ă©laborer une proposition pour le sommet de Kazan. Mais ce n'est qu'une partie de l'histoire. Le deuxiĂšme volet est celui du prix. Pour l'instant, le prix est dĂ©terminĂ© par la spĂ©culation occidentale. Nous produisons ces marchandises, nous les consommons, mais nous ne disposons pas de notre propre mĂ©canisme d'Ă©tablissement des prix, qui permettrait d'Ă©quilibrer l'offre et la demande. Lors de la panique provoquĂ©e par la crise du covid, le prix du pĂ©trole est presque descendu Ă zĂ©ro. Il est impossible de faire une planification stratĂ©gique du dĂ©veloppement Ă©conomique si l'on ne contrĂŽle pas les prix des produits de base. La dĂ©termination des prix avec cette nouvelle monnaie devrait permettre de s'affranchir des Ă©changes occidentaux de matiĂšres premiĂšres. Mon idĂ©e est basĂ©e sur un mĂ©canisme qui existait en Union soviĂ©tique, au Comecon. Ă cette Ă©poque, nous avions des accords Ă long terme non seulement avec les pays socialistes, mais aussi avec l'Autriche et d'autres pays occidentaux, pour fournir en gaz pendant 10 ou 20 ans, la base de cette tarification Ă©tant le prix du pĂ©trole et le prix du gaz.
âCe qui ressort donc, c'est l'efficacitĂ© des politiques Ă long terme : nous avons crĂ©Ă© un modĂšle Ă long terme. Ici, dans la CEE, nous Ă©tudions l'idĂ©e d'un marchĂ© commun des changes. Nous avons dĂ©jĂ prĂ©parĂ© un projet, avec quelques expĂ©rimentations. La premiĂšre Ă©tape est la crĂ©ation d'un rĂ©seau d'information, d'Ă©changes dans diffĂ©rents pays. Cette expĂ©rience a Ă©tĂ© plutĂŽt rĂ©ussie. La deuxiĂšme Ă©tape consistera Ă mettre en place une communication en ligne entre les bourses, et enfin nous passerons Ă un mĂ©canisme commun de dĂ©termination des prix, et nous ouvrirons ce mĂ©canisme Ă tous les autres pays. Le principal problĂšme est que les principaux producteurs de matiĂšres premiĂšres, en premier lieu les compagnies pĂ©troliĂšres, n'aiment pas passer par les bourses. Il faut donc une dĂ©cision politique pour s'assurer qu'au moins la moitiĂ© de la production de matiĂšres premiĂšres passe par les bourses. Un mĂ©canisme oĂč l'offre et la demande s'Ă©quilibrent. Pour l'instant, le prix du pĂ©trole sur les marchĂ©s Ă©trangers est âsecretâ, une sorte de logique de l'Ă©poque coloniale. Comment en venir Ă bout ? Nous devons crĂ©er une lĂ©gislation pour ouvrir toutes ces informations au publicâ.
Réorganiser la Nouvelle Banque de développement
M. Glazyev a présenté une analyse approfondie de l'univers des BRICS, basée sur la façon dont le Conseil des affaires des BRICS a tenu sa premiÚre réunion sur les services financiers au début du mois de février. Ils se sont mis d'accord sur un plan de travail. Une premiÚre session d'experts en technologie de la finance a eu lieu, et dans le courant de la semaine, une réunion décisive pourrait déboucher sur une nouvelle formulation - pour l'instant non rendue publique - à inscrire à l'ordre du jour des BRICS pour le sommet d'octobre.
âQuels sont les principaux dĂ©fis au sein de la structure des BRICS dans cette prochaine Ă©tape de contournement du dollar amĂ©ricain ?â
âLes BRICS sont en fait une sorte de club sans secrĂ©tariat. Je peux le dire, en tant que quelqu'un qui a une certaine expĂ©rience de l'intĂ©gration. Nous avons discutĂ© de l'idĂ©e d'une union douaniĂšre ici, sur le territoire post-soviĂ©tique, immĂ©diatement aprĂšs l'effondrement. Nous avons entendu de nombreuses dĂ©clarations, et mĂȘme signĂ© des accords entre chefs d'Ătat, au sujet d'un espace Ă©conomique commun. Mais ce n'est qu'aprĂšs la crĂ©ation d'une commission que le vĂ©ritable travail a commencĂ©, en 2008. AprĂšs 20 ans de publications, de confĂ©rences, rien n'a Ă©tĂ© fait. Il faut quelqu'un de responsable. Les BRICS disposent d'une telle organisation - la NDB [Nouvelle Banque de DĂ©veloppement]. Si les chefs d'Ătat dĂ©cident de nommer la NDB comme institution chargĂ©e d'Ă©laborer le nouveau modĂšle, la nouvelle monnaie, de prĂ©parer une confĂ©rence internationale avec l'Ă©bauche d'un traitĂ© international, cela peut fonctionner. Le problĂšme est que la NDB fonctionne selon la charte du dollar. Il faut rĂ©organiser cette institution pour la rendre opĂ©rationnelle. Aujourd'hui, elle fonctionne comme une banque de dĂ©veloppement internationale ordinaire dans le cadre amĂ©ricain. La deuxiĂšme option serait de se passer de cette banque, mais ce serait beaucoup plus compliquĂ©. Cette banque a suffisamment d'expertise.
âLa prĂ©sidence russe des BRICS pourrait-elle proposer un remaniement interne de la NDB cette annĂ©e ?â
âNous faisons de notre mieux. Je ne suis pas sĂ»r que le ministĂšre des finances comprenne la gravitĂ© de la situation. Le prĂ©sident, lui, comprend. J'ai personnellement dĂ©fendu cette idĂ©e auprĂšs de lui. Mais le prĂ©sident de la Banque centrale et les ministres pensent encore selon l'ancien paradigme du FMI.â
Les sectes ne sont pas sources d'innovation
M. Glazyev a abordé sérieusement la question des sanctions avec la NDB
âJ'ai abordĂ© cette question avec Mme Rousseff (l'ancienne prĂ©sidente brĂ©silienne, qui prĂ©side actuellement la NDB) lors du Forum de Saint-PĂ©tersbourg. Je lui ai remis un document Ă ce sujet. Elle s'est montrĂ©e plutĂŽt enthousiaste et nous a invitĂ©s Ă venir Ă la NDB. Mais ensuite, il n'y a eu aucun suivi. L'annĂ©e derniĂšre, tout a Ă©tĂ© trĂšs difficile.
Concernant les BRICS, âle groupe de travail sur les services financiers discute des rĂ©assurances, des cotations de crĂ©dit, des nouvelles monnaies dans la technologie de la finance. C'est ce qui devrait figurer Ă l'ordre du jour de la NDB. La meilleure solution consisterait Ă organiser une rĂ©union Ă Moscou en mars ou en avril, afin de discuter en profondeur de l'ensemble des questions relatives au mĂ©canisme de rĂšglement des BRICS, du plus sophistiquĂ© au plus restreint. Il serait formidable que la NDB y adhĂšre, mais en l'Ă©tat actuel des choses, il existe un fossĂ© de facto entre les BRICS et la NDB.â
L'essentiel, insiste M. Glazyev, est que âDilma trouve le temps d'organiser ces discussions au plus haut niveau. Une dĂ©cision politique est indispensableâ.
âMais cette dĂ©cision ne devrait-elle pas venir de Poutine lui-mĂȘme ?â
âCe n'est pas si simple. Nous avons entendu les dĂ©clarations d'au moins trois chefs d'Ătat : la Russie, l'Afrique du Sud et le BrĂ©sil. Ils ont dit publiquement 'c'est une bonne idĂ©e'. Le problĂšme, une fois de plus, c'est que ce groupe de travail n'existe pas encore. Mon idĂ©e, que nous avons proposĂ©e avant le sommet des BRICS Ă Johannesburg, est de crĂ©er un groupe de travail international pour prĂ©parer, lors des prochaines sessions, le modĂšle ou le projet de traitĂ©. Comment passer aux monnaies nationales ? C'est l'ordre du jour officiel. Ils doivent en rendre compte Ă Kazan [lors du sommet annuel des BRICS]. Des consultations ont lieu entre les banques centrales et les ministres des finances.
M. Glazyev est allĂ© droit au but concernant l'inertie du systĂšme : âLe principal problĂšme des bureaucrates et des experts est de savoir pourquoi ils n'ont pas d'idĂ©es. Parce qu'ils partent du principe que le statu quo actuel est le meilleur. S'il n'y a pas de sanctions, tout ira bien. L'architecture financiĂšre internationale crĂ©Ă©e par les Ătats-Unis et l'Europe est pratique. Tout le monde sait comment travailler dans le systĂšme. Il n'est donc pas envisageable de passer d'un systĂšme Ă l'autre. Pour les entreprises, ce sera trĂšs difficile. Pour les banques, ce sera difficile. Les gens ont Ă©tĂ© Ă©duquĂ©s dans le paradigme des Ă©quilibres financiers, un paradigme totalement libertarien. Ils ne se soucient pas que les prix soient manipulĂ©s par les spĂ©culateurs, ils ne se soucient pas de la volatilitĂ© des monnaies nationales, ils pensent que c'est naturel (...) C'est une sorte de secte religieuse. Et les sectes ne favorisent pas l'innovationâ.
Maintenant, Ă vos bicyclettes hypersoniques !
Revenons Ă la question cruciale des monnaies nationales : âIl y a cinq ans encore, quand je parlais de monnaies nationales dans le commerce, tout le monde disait que c'Ă©tait totalement impossible. Nous avons des contrats Ă long terme en dollars et en euros. Nous avons une culture de transaction bien rodĂ©e. Lorsque j'Ă©tais ministre du Commerce extĂ©rieur, il y a 30 ans, j'ai essayĂ© de faire passer tous nos Ă©changes de produits de base en roubles. J'ai soutenu avec Eltsine et d'autres que nous devions commercer en roubles et non en dollars. Cela ferait automatiquement du rouble une monnaie de rĂ©serve. Lorsque l'Europe est passĂ©e Ă l'euro, j'ai rencontrĂ© M. Prodi et nous avons convenu que l'euro serait votre monnaie et que vous utiliseriez le rouble. Puis M. Prodi est venu me voir aprĂšs les consultations et m'a dit : âJ'ai parlĂ© Ă M. Kudrin [ancien ministre russe des Finances, 2000-2011], il ne m'a pas demandĂ© de faire du rouble une monnaie de rĂ©serveâ. Ăa, c'Ă©tait du sabotage. C'Ă©tait un acte de sabotage et d'une grande bĂȘtise".
En rĂ©alitĂ©, les problĂšmes sont plus profonds et ne cessent de s'aggraver : âLa premiĂšre difficultĂ© vient de nos rĂ©gulateurs, formatĂ©s par le FMI, et la seconde de la corruption. Si vous nĂ©gociez le pĂ©trole et le gaz en dollars, une grande partie des bĂ©nĂ©fices est dĂ©tournĂ©e, car beaucoup d'entreprises intermĂ©diaires manipulent les marchĂ©s. Les prix ne sont que la premiĂšre Ă©tape. Le prix du gaz naturel lors de la premiĂšre transaction est environ 10 fois infĂ©rieur Ă la demande rĂ©elle. Il existe des entraves institutionnelles. La majoritĂ© des pays n'autorisent pas nos entreprises Ă vendre du pĂ©trole et du gaz au client final. Par exemple, il n'est pas possible de vendre du gaz aux mĂ©nages. NĂ©anmoins, mĂȘme sur le marchĂ© public, trĂšs compĂ©titif, il y a des intermĂ©diaires entre le producteur et le consommateur - au moins la moitiĂ© des revenus sont soustraits au contrĂŽle du gouvernement. Ils ne sont pas taxĂ©sâ.
Pourtant, des solutions efficaces existent : âLorsque nous avons Ă©tĂ© sanctionnĂ©s il y a deux ans, le transfert du dollar amĂ©ricain et de l'euro vers les monnaies nationales n'a pris que quelques mois. Ăa a Ă©tĂ© trĂšs rapide.â
En ce qui concerne les investissements, M. Glazyev souligne le succĂšs du commerce local, mais les flux de capitaux ne sont toujours pas au rendez-vous :
âLes banques centrales ne font pas leur travail. Le taux de change entre le rouble et le renminbi fonctionne bien. Mais l'Ă©change rouble-roupie ne fonctionne pas. Les banques qui conservent les roupies, qui ont beaucoup d'argent, accumulent des taux d'intĂ©rĂȘt avec ces roupies et peuvent en jouer. Je ne sais pas qui est responsable de cette situation, notre banque centrale ou la banque centrale indienne.â
La principale conclusion des sĂ©rieux avertissements de M. Glazyev est qu'il appartiendra Ă la NDB - sous l'impulsion des dirigeants des BRICS - d'organiser une confĂ©rence d'experts mondiaux et de l'ouvrir au dĂ©bat public. M. Glazyev a Ă©voquĂ© la mĂ©taphore d'une bicyclette qui ne cesse de rouler - alors pourquoi en inventer une nouvelle ? Ou alors, le temps - multipolaire - est venu dâenfourcher la nouvelle bicyclette hypersonique.
https://www.unz.com/pescobar/rocky-road-to-dedollarization-sergei-glazyev-interview/