👁🗨 Seule une résistance forte aboutira au cessez-le-feu à Gaza
Si le régime israélien a l'air d'être aux commandes, ce n'est pas Tel-Aviv qui tire les ficelles, mais bien Washington.
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👁🗨 Seule une résistance forte aboutira au cessez-le-feu à Gaza
Par Robert Inlakesh, Source : Al Mayadeen English, le 22 mars 2024 à 01:06
La situation actuelle dans la bande de Gaza assiégée est insoutenable et entache l'histoire collective de l'humanité. Ceci étant dit, la seule issue à cette situation critique sera une guerre régionale de grande ampleur ou un cessez-le-feu. Toutefois, pour qu'un cessez-le-feu soit possible, une série d'événements majeurs doit intervenir afin d'aboutir à une cessation durable des hostilités.
Malheureusement, nous en sommes au stade où, dans la guerre entre Gaza et l'alliance américano-israélienne, les envahisseurs ont clairement adopté une stratégie d'anéantissement total de la population de Gaza, à moins d'un revirement majeur. Ce que la résistance palestinienne a réussi à imposer à l'armée israélienne, au cours de l'offensive initiale du 7 octobre et maintenant de l'offensive terrestre dans Gaza, a infligé à la machine de guerre américano-israélienne un tel camouflet qu'elle est incapable de le surmonter.
Comme le dit depuis longtemps le chef du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah, Israël n'est qu'une toile d'araignée. Bien que ce soit clairement le cas, l'entité sioniste et ses alliés américains ne veulent pas accepter leur défaite, et cherchent maintenant à poursuivre une campagne génocidaire dont est issue la résistance, à savoir la population de Gaza. La rage meurtrière des Israéliens, combinée à la crainte du Premier ministre Benjamin Netanyahou d'être politiquement affaibli dans un contexte d'après-guerre et au refus des États-Unis et d'Israël d'accepter l'effondrement complet de leur image prestigieuse en Asie occidentale, sont autant de facteurs déterminants pour la poursuite de cette guerre. Le complexe militaro-industriel et la supériorité de l'Occident sont tous deux en jeu, et Washington est manifestement prêt à cautionner le nettoyage ethnique et le génocide de la population de Gaza, afin d'en sortir victorieux.
Le régime sioniste, mandaté par les États-Unis, n'ayant enregistré aucun résultat tangible dans sa guerre contre le territoire palestinien assiégé qu'il continue de bombarder, estime que le seul recours pour s'assurer un semblant de victoire serait d'obtenir un cessez-le-feu. Ils espèrent y parvenir en exerçant une pression si forte sur la population civile de Gaza que la résistance renoncerait à ses principales exigences en matière de cessez-le-feu et libérerait les prisonniers de guerre israéliens en échange de maigres contreparties. Cependant, la résistance palestinienne reste inébranlable et refuse de se plier aux diktats des régimes américain et israélien.
Bien que Washington ait récemment revu sa rhétorique, utilisant désormais le terme de “cessez-le-feu” pour décrire sa prétendue politique de longue date en faveur d'une pause temporaire, ce revirement ne semble être que la volonté de satisfaire les exigences des électeurs, dans le contexte des prochaines élections présidentielles. L'entité sioniste, quant à elle, tant que la coalition de Benjamin Netanyahou restera au pouvoir et bénéficiera du soutien du gouvernement américain, ne modifiera pas sa position et les déclarations extrémistes, souvent contradictoires, de ses représentants élus ne cesseront de se multiplier.
Bien que le régime israélien soit apparemment aux commandes, ce n'est pas à Tel Aviv que se trouvent les responsables, mais bien à Washington. Par conséquent, au cours de ce mois de Ramadan, l'unique façon de parvenir à un résultat tangible susceptible de déboucher sur un accord de cessez-le-feu durable à Gaza est l'escalade sur plusieurs fronts.
Le premier point susceptible de déclencher un changement majeur dans la stratégie américaine concerne les zones restantes de la Palestine occupée, à savoir la partie orientale de la ville de Jérusalem occupée, la Cisjordanie et les territoires de 1948. À l'heure actuelle, les soldats d'occupation israéliens déployés en Cisjordanie sont plus nombreux que sur le territoire de Gaza. Le renforcement de la présence des troupes israéliennes est significatif car, dans l'éventualité d'une Intifada (soulèvement) dans les territoires occupés, les contraintes économiques et sécuritaires qui pèseront sur le régime d'occupation auront un impact considérable sur la situation globale sur le terrain. Si cela s'accompagne d'affrontements fréquents et à grande échelle dans et autour de la vieille ville de Jérusalem occupée, cela portera un coup dur à l'entité sioniste et exercera une pression considérable sur le gouvernement américain pour le pousser à mettre rapidement fin aux hostilités en concluant un accord de cessez-le-feu avec la résistance à Gaza.
Une révolte des citoyens palestiniens d'Israël pourrait finir par ébranler sérieusement le régime d'occupation et le rendre totalement inopérant. Une réédition du soulèvement de mai 2021 représenterait l'ultime scénario cauchemardesque pour l'entité sioniste et, à supposer qu'un tel soulèvement puisse perdurer, il pourrait bien sonner le glas du régime tel que nous le connaissons. Toutefois, la probabilité d'un tel scénario semble faible à ce jour.
Par ailleurs, la bataille qui se déroule entre les factions de la résistance - principalement le Hezbollah - et l'armée israélienne commence à prendre une tournure dangereuse. Le régime sioniste semble hésiter à prendre des mesures radicales dans de nombreux domaines, mais il pense maintenant qu'il peut s'en tirer en intensifiant ses frappes à l'intérieur du territoire libanais. En définitive, si le régime sioniste réussit à mener à bien sa mission de nettoyage ethnique et de génocide contre la population de Gaza, il est évident que l'étape suivante serait un assaut sans précédent contre le Liban. Jusqu'à présent, la résistance libanaise a gardé le contrôle des combats le long de sa frontière sud et a consacré ses opérations au soutien de la résistance palestinienne. Toutefois, une escalade du conflit au Liban pourrait contraindre les États-Unis à prendre des mesures menant au cessez-le-feu.
Si le Liban et le régime sioniste venaient à s'affronter, le seuil entre l'intensification des combats et la guerre totale serait bien mince, et il serait donc délicat aujourd'hui de franchir des caps décisifs. Toutefois, une escalade stratégique débouchant sur l'éventualité d'une guerre totale, où les deux camps s'engageraient dans des attaques entraînant un tel scénario, pourrait amener Washington à intervenir pour mettre un terme aux combats à Gaza et, par extension, à clore le conflit libanais. Les États-Unis semblent vouloir isoler Gaza et remporter une forme de victoire en laissant la situation perdurer aussi longtemps qu'il le faudra pour affaiblir la résistance. Par conséquent, si une guerre entre Israël et le Liban se révélait imminente, les États-Unis pourraient être contraints de revoir leur stratégie.
Il se peut également que l'entité sioniste lance l'assaut qu'elle préconise sur Rafah, entraînant ainsi une crise humanitaire sans précédent et un massacre de civils. Les coups portés à l'armée israélienne par la résistance et l'ampleur de la catastrophe humanitaire pourraient également entraîner une réorientation de la pensée stratégique américaine. Les États-Unis redoutent très probablement ce qui pourrait se produire après un assaut aussi mal planifié et irresponsable sur Rafah, soit le type d'incursion terrestre que nous observons dans l'ensemble de la bande de Gaza.
Le mois saint du Ramadan attise manifestement les craintes de l'administration américaine de M. Biden, en raison des risques accrus d'actions inattendues contre l'occupant. Les attaques contre les fidèles à l'intérieur et autour de la mosquée al-Aqsa déclenchent notamment la colère, et des affrontements fréquents ont lieu dans les territoires occupés. Pour la coalition dirigée par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le sort du gouvernement actuel pourrait tomber entre les mains d'extrémistes comme Itamar Ben-Gvir, si ceux-ci sont prêts à faire éclater le gouvernement du fait de leur intention de lancer des incursions et des attaques contre la mosquée al-Aqsa.
Sans un changement radical du statu quo, la situation dans la bande de Gaza assiégée ne fera qu'empirer pendant et après le Ramadan, raison pour laquelle la dynamique actuelle doit impérativement connaître une escalade, sous une forme ou une autre. En l'absence de nouvelles évolutions sur le terrain, ce Ramadan sera particulièrement tragique et éprouvant, et l'Aïd privé de sa gaieté habituelle. Nous sommes en présence d'un génocide et ceux qui commettent le Crime entre les Crimes ne s'arrêteront pas d'eux-mêmes.