👁🗨 Seymour Hersh : Un an de mensonges sur les gazoducs Nord Stream
L'administration Biden a fait sauter Nord Stream sans lien avec la guerre en Ukraine, par crainte de voir l'Allemagne se tourner vers le gaz russe, et de perdre sa suprématie de longue date en Europe.
👁🗨 Un an de mensonges sur les gazoducs Nord Stream
L'administration Biden n'a reconnu ni sa responsabilité dans l'attentat à la bombe contre le gazoduc, ni les objectifs du sabotage.
Par Seymour Hersh, le 26 septembre 2023
L'administration Biden a fait sauter les gazoducs, sans lien avec la guerre en Ukraine. Elle résulte de la crainte de voir l'Allemagne se tourner vers le gaz russe, et de perdre sa suprématie de longue date en Europe de l'Ouest.
Je ne suis pas un grand connaisseur des opérations secrètes de la CIA - aucun étranger à leurs services ne peut le savoir - mais je sais qu’un élément essentiel de toutes les missions réussies est le déni total de la réalité. Les hommes et femmes américains qui se sont déplacés, sous couverture, à l'intérieur et à l'extérieur de la Norvège pendant les mois qu'ont duré la planification et l'exécution de la destruction de trois des quatre gazoducs Nord Stream en mer Baltique, il y a un an, n'ont laissé aucune trace - pas le moindre indice de l'existence de l'équipe - si ce n'est le succès de leur mission.
Pour le président Joe Biden et ses conseillers en politique étrangère, il était primordial de pouvoir nier l'existence de cette mission. Aucune information importante n'a été enregistrée sur ordinateur, mais tapée sur une machine à écrire Royal ou peut-être Smith Corona avec une ou deux copies carbone, comme si internet et le reste du monde en ligne n'avaient pas encore été inventés. La Maison Blanche a été tenue officiellement à l’écart de ce qui se passait près d'Oslo ; les divers rapports et mises à jour sur le terrain ont été directement transmis au directeur de la CIA, Bill Burns, seul lien entre les planificateurs et le président qui a autorisé la mission à se dérouler le 26 septembre 2022. Une fois la mission achevée, les documents dactylographiés et les carbones ont été détruits, ne laissant ainsi aucune trace physique - aucune preuve à déterrer plus tard par un procureur spécial ou un historien officiel. On peut dire que c'est le crime parfait.
Mais il y a eu une faille : le manque de clarté entre ceux qui ont exécuté la mission et le président Biden, et les raisons qui l'ont poussé à ordonner la destruction des oléoducs à ce moment précis. Mon article initial de 5 200 mots, publié au début du mois de février, se terminait de manière énigmatique par la citation d'un fonctionnaire au courant de la mission : “Ce fut une belle opération de camouflage”. Le fonctionnaire a ajouté : “La seule faille a été la décision d'entreprendre cette mission”.
Voici le premier compte rendu de cette faille, à l'occasion du premier anniversaire des explosions, et le président Biden et son équipe de sécurité nationale ne l'apprécieront pas.
Inévitablement, mon premier article a fait sensation, mais les grands médias ont mis l'accent sur les dénégations de la Maison Blanche et se sont appuyés sur un vieux bobard - le fait que je fasse référence à une source anonyme - pour se rallier à l'administration et réfuter l'idée que Joe Biden ait pu avoir quoi que ce soit à voir avec un tel sabotage. Je dois préciser qu'au cours de ma carrière, j'ai remporté des dizaines de prix pour des articles publiés dans le New York Times et le New Yorker qui ne s'appuyaient sur aucune source nommée. Au cours de l'année écoulée, nous avons assisté à une série d'articles de presse mensongers, sans nommer les sources directes, affirmant qu'un groupe ukrainien dissident avait mené cette opération de plongée en mer Baltique à l'aide d'un yacht de location de 15 mètres appelé l'Andromeda.
Je suis maintenant en mesure d'écrire sur la faille non explicitée citée par le fonctionnaire anonyme. Elle renvoie une fois de plus à la question classique de la raison d'être de la Central Intelligence Agency : une question soulevée par Richard Helms, qui a dirigé l'agence pendant les années tumultueuses de la guerre du Viêt Nam et de l'espionnage secret des Américains par la CIA, ordonné par le président Lyndon Johnson et soutenu par Richard Nixon. En décembre 1974, j'ai publié dans le Times un article consacré à cet espionnage, qui a donné lieu à des auditions sans précédent au Sénat sur le rôle de l'agence dans ses tentatives infructueuses, autorisées par le président John F. Kennedy, d'assassiner le Cubain Fidel Castro. Helms a expliqué aux sénateurs que la question était de savoir, en tant que directeur de la CIA, s’il travaillait pour la Constitution ou pour le gouvernement, en la personne des présidents Johnson et Nixon. La commission Church a laissé la question en suspens, mais Helms a clairement indiqué que lui et son agence travaillaient pour l'homme le plus haut placé à la Maison Blanche.
Mais revenons aux gazoducs Nord Stream : il faut bien comprendre qu'aucun gaz russe n’était censé circuler vers l'Allemagne par les gazoducs Nord Stream lorsque Joe Biden a ordonné leur dynamitage le 26 septembre dernier. Nord Stream 1 fournissait de grandes quantités de gaz naturel à bas prix à l'Allemagne depuis 2011 et contribuait à renforcer le statut de l'Allemagne en tant que colosse industriel et manufacturier. Mais le gazoduc a été coupé par Poutine à la fin du mois d'août 2022, alors que la guerre en Ukraine était, tout au mieux, dans l'impasse. Nord Stream 2 a été achevé en septembre 2021, mais le gouvernement allemand dirigé par le chancelier Olaf Scholz a bloqué la livraison du gaz deux jours avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Étant donné les vastes réserves de gaz naturel et de pétrole de la Russie, les présidents américains, depuis John F. Kennedy, ont été attentifs à l'utilisation potentielle de ces ressources naturelles à des fins politiques. Ce point de vue reste dominant chez Joe Biden et ses conseillers en politique étrangère, le secrétaire d'État Antony Blinken, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et Victoria Nuland, aujourd'hui adjointe intérimaire de M. Blinken.
Jake Sullivan a convoqué une série de réunions au plus haut niveau sur la sécurité nationale à la fin de l'année 2021, alors que la Russie renforçait ses effectifs le long de la frontière ukrainienne, et qu'une invasion était perçue comme presque inévitable. Les participants, parmi lesquels des représentants de la CIA, ont été invités à formuler une proposition d'action susceptible d'avoir un effet dissuasif sur M. Poutine. La mission de destruction des gazoducs était motivée par la volonté de la Maison Blanche de soutenir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L'objectif de Sullivan semblait clair. “La politique de la Maison-Blanche consistait à dissuader la Russie d'attaquer”, m'a dit le fonctionnaire. “Le défi qu'elle a lancé à la communauté du renseignement était de trouver un moyen suffisamment puissant pour y parvenir et d'affirmer avec fermeté le potentiel des États-Unis”.
Je sais maintenant ce que j'ignorais à l'époque : la véritable raison pour laquelle l'administration Biden “a évoqué la suppression du gazoduc Nord Stream”. Le fonctionnaire m'a récemment expliqué qu'à l'époque, la Russie fournissait du gaz et du pétrole dans le monde entier grâce à plus d'une douzaine de gazoducs, mais que Nord Stream 1 et 2 reliaient directement la Russie à l'Allemagne en passant par la mer Baltique. “L'administration a mis Nord Stream en avant parce que c'était là le seul gazoduc auquel nous pouvions avoir accès, et que ce serait totalement réfutable”, a déclaré le fonctionnaire.
“Nous avons résolu le problème en quelques semaines, début janvier, et en avons informé la Maison Blanche. Nous avons pensé que le président utiliserait la menace contre Nord Stream comme moyen de dissuasion pour éviter la guerre”.
Le groupe de planification secret de l'agence n'a pas été surpris lorsque, le 27 janvier 2022, Mme Nuland, alors sous-secrétaire d'État aux affaires politiques, confiante et pleine d'assurance, a averti Poutine avec insistance que s'il envahissait l'Ukraine, comme il en avait manifestement l'intention, “d'une manière ou d'une autre, Nord Stream 2 ne se fera pas”. Cette phrase a suscité une grande curiosité, mais pas les mots qui l'ont précédée. La transcription officielle du département d'État montre que, avant de proférer sa menace, elle a déclaré ce qui suit à propos du gazoduc : “Nous continuons à maintenir des échanges très clairs et très fermes avec nos alliés allemands”.
Interrogée par un journaliste qui lui demandait comment elle pouvait affirmer avec certitude que les Allemands seraient d'accord “parce que ce que les Allemands ont déclaré publiquement ne correspond pas à ce que vous dites”, Mme Nuland a répondu par un étonnant double langage :
“Je dirais qu'il faut revenir en arrière et lire le document que nous avons signé en juillet [2021], qui indique très clairement les conséquences pour le gazoduc en cas de nouvelle agression de l'Ukraine par la Russie”.
Mais cet accord, communiqué aux journalistes, n'a pas précisé les menaces ou les répercussions, selon les rapports du Times, du Washington Post et de l'agence Reuters. Le 21 juillet 2021, au moment de la signature de l'accord, M. Biden a déclaré à la presse que l'oléoduc étant achevé à 99 %, “il était impossible de penser que quoi que ce soit puisse être dit ou fait pour l'arrêter”. À l'époque, les républicains, menés par le sénateur Ted Cruz du Texas, ont décrit la décision de M. Biden d'autoriser l'acheminement du gaz russe comme une “victoire géopolitique générationnelle” pour Poutine et une “catastrophe” pour les États-Unis et leurs alliés.
Mais deux semaines après la déclaration de Nuland, le 7 février 2022, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche avec Scholz, Biden a indiqué qu'il avait changé d'avis, et qu'il rejoignait Nuland et d'autres conseillers en politique étrangère tout aussi fanatiques pour évoquer l'arrêt de la construction du gazoduc. “Si la Russie envahit - ce qui signifie que des chars et des troupes franchissent de nouveau - la frontière de l'Ukraine”, a-t-il déclaré, “il n'y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin”. Interrogé sur la manière dont il pourrait le faire puisque le gazoduc est sous le contrôle de l'Allemagne, il a répondu : “Nous le ferons, je vous le promets, nous y sommes prêts”.
M. Scholz, interrogé sur le même sujet, a déclaré : “Nous agissons de concert. Nous sommes absolument solidaires et nous ne prendrons pas de mesures divergentes. Nous agirons de la même manière, et ces mesures seront très dures pour la Russie, et elle devrait en être consciente.” Certains membres de l'équipe de la CIA considéraient alors, et considèrent aujourd'hui, que le dirigeant allemand était parfaitement au courant de la planification secrète en cours pour détruire les gazoducs.
À ce stade, l'équipe de la CIA a établi les contacts nécessaires en Norvège, dont la marine et les forces spéciales partagent depuis longtemps des missions de couverture avec l'agence. Les marins norvégiens et les patrouilleurs de classe Nasty avaient déjà aidé à faire entrer clandestinement des agents de sabotage américains au Nord-Vietnam au début des années 1960, lorsque les États-Unis, sous les administrations Kennedy et Johnson, menaient une guerre américaine non déclarée dans ce pays. Avec l'aide de la Norvège, la CIA a fait son boulot et a trouvé un moyen de faire ce que la Maison Blanche de Biden avait prévu pour les gazoducs.
À l'époque, le défi lancé à la communauté du renseignement était d'élaborer un plan suffisamment musclé pour dissuader Poutine d'attaquer l'Ukraine. Le fonctionnaire m'a dit : “Nous avons réussi. Nous avons trouvé un moyen de dissuasion extraordinaire en raison de son impact économique sur la Russie. Et Poutine a agi en dépit de la menace”. Il a fallu des mois de recherche et de pratique dans les eaux tumultueuses de la mer Baltique aux deux plongeurs experts de la marine américaine recrutés pour cette mission avant que le coup d'envoi ne soit donné. Les remarquables marins norvégiens ont trouvé l'endroit idéal pour poser les bombes destinées à faire sauter les gazoducs. Les hauts fonctionnaires suédois et danois, qui continuent d'affirmer qu'ils n'avaient aucune idée de ce qui se passait dans leurs eaux territoriales communes, ont fermé les yeux sur les activités des agents américains et norvégiens. L'équipe américaine de plongeurs et d'agents de soutien à bord du bateau principal de la mission - un dragueur de mines norvégien - pouvait difficilement se cacher pendant que les plongeurs effectuaient leur travail. L'équipe n'a appris qu'après l'attentat que Nord Stream 2 avait été désactivé avec environ 1200 km de gaz naturel dans ses canalisations.
Ce que je ne savais pas à l'époque, mais que j'ai appris récemment, c'est qu'après l'extraordinaire promesse publique de Biden de faire exploser Nord Stream 2, avec Scholz à ses côtés, le groupe de planification de la CIA a été informé par la Maison Blanche que l'attaque contre les deux gazoducs n'aurait pas lieu dans l'immédiat, mais que le groupe devait s'organiser pour poser les bombes requises et être prêt à les déclencher “à la demande” - après le début de la guerre.
“C'est à ce moment-là que nous avons compris que l'attaque des oléoducs n'était pas dissuasive, car nous n'en avons jamais reçu l'ordre au fur et à mesure que la guerre avançait”.
Après que Biden eut donné l'ordre de déclencher les explosifs placés sur les gazoducs, il a suffi de quelques minutes de vol à bord d'un chasseur norvégien et du largage d'un sonar de série modifié au bon endroit dans la mer Baltique pour que l'opération soit menée à bien. À ce moment-là, le groupe de la CIA avait été dissous depuis longtemps. C'est aussi à ce moment-là que le fonctionnaire m'a dit:
“Nous avons compris que la destruction des deux pipelines russes n'était pas liée à la guerre en Ukraine - Poutine était en train d'annexer les quatre oblasts ukrainiens souhaités - mais qu'elle faisait partie d'un programme politique élaboré par les technocrates pour empêcher Scholz et l'Allemagne, à l'approche de l'hiver et alors que les pipelines étaient fermés, de se dégonfler et de rouvrir” le Nord Stream 2, alors fermé. “La crainte de la Maison Blanche était que Poutine réussisse à obtenir la mainmise sur l'Allemagne, et qu'il s'attaque ensuite à la Pologne”.
La Maison Blanche n'a rien dit alors que le monde entier se demandait qui avait bien pu commettre ce sabotage. “Le président a donc porté un coup à l'économie de l'Allemagne et de l'Europe occidentale”, m'a dit le fonctionnaire. “Il aurait pu le faire en juin et dire à Poutine : “Nous vous avons dit ce que nous ferions”. Le silence et les dénégations de la Maison Blanche ont, selon lui, “trahi notre action. Si vous deviez le faire, faites-le au moins au moment où cela aurait pu faire la différence”.
La direction de l'équipe de la CIA a considéré les conseils trompeurs de M. Biden concernant l'ordre de détruire les oléoducs, m'a dit le fonctionnaire, “comme un pas stratégique vers la Troisième Guerre mondiale. Et si la Russie avait répondu en disant: "‘Vous avez fait sauter nos gazoducs, je vais faire sauter les vôtres ainsi que vos câbles de communication’. Nord Stream n'était pas un enjeu stratégique pour Poutine, c'était un enjeu économique. Il voulait vendre du gaz. Il avait déjà perdu ses gazoducs” lorsque Nord Stream I et 2 ont été fermés avant le début de la guerre en Ukraine.
Dans les jours qui ont suivi le sabotage, les autorités danoises et suédoises ont annoncé qu'elles allaient mener une enquête. Deux mois plus tard, ils ont indiqué qu'il y avait bien eu une explosion, et que d'autres enquêtes étaient en cours. Aucune n'a vu le jour. Le gouvernement allemand a mené une enquête, mais a annoncé qu'une grande part de ses conclusions serait classée confidentielle. L'hiver dernier, les autorités allemandes ont alloué 286 milliards de dollars de subventions aux grandes entreprises et aux propriétaires qui ont dû faire face à des factures d'énergie plus élevées pour faire fonctionner leur entreprise et chauffer leur maison. L'impact se fait encore sentir aujourd'hui, et l'on s'attend à un hiver plus froid en Europe.
Le président Biden a attendu quatre jours avant de qualifier l'attentat contre l'oléoduc d'“acte délibéré de sabotage”. Il a ajouté : “Et maintenant, les Russes diffusent de la désinformation à ce sujet”. Lors d'une conférence de presse ultérieure, il a été demandé à M. Sullivan, qui a présidé les réunions ayant abouti au projet de destruction secrète des gazoducs, si l'administration Biden “pensait maintenant que la Russie était sans doute responsable de l'acte de sabotage”.
La réponse de Sullivan, leçon sans doute apprise, a été la suivante :
“Premièrement, la Russie a fait ce qu'elle fait souvent lorsqu'elle est responsable de quelque chose, c'est-à-dire accuser quelqu'un d'autre d'avoir commis ces actes. Nous l'avons constaté à maintes reprises au fil du temps.”
"Mais le président a également précisé aujourd'hui qu'il y a encore beaucoup à faire dans le cadre de l'enquête avant que le gouvernement des États-Unis ne soit prêt à attribuer une responsabilité dans cette affaire”. Il a poursuivi : “Nous continuerons à travailler avec nos alliés et nos partenaires pour rassembler tous les éléments, et nous déciderons ensuite de la suite à donner à cette affaire”.
Je n'ai pas pu trouver un seul cas où Sullivan aurait été interrogé par la presse américaine sur les résultats de sa “conclusion”. Je n'ai pas non plus trouvé de preuve que Sullivan, ou le président, ait été interrogé depuis lors sur les résultats de cette “détermination à donner suite à l’affaire”.
Rien ne prouve non plus que le président Biden ait ordonné à la communauté américaine du renseignement de mener une enquête approfondie sur l'attentat à la bombe contre l'oléoduc, en consultant toutes les sources. De telles demandes sont connues sous le nom de “Missions” et sont normalement prises au sérieux au sein du gouvernement.
Tout cela explique pourquoi la question routinière que j'ai posée, environ un mois après les attentats, à une personne ayant travaillé de nombreuses années au sein de la communauté américaine du renseignement, m'a mené à une vérité que personne, ni en Amérique ni en Allemagne, ne semble vouloir approfondir. Ma question était pourtant simple : “Qui a fait ça ?”
L'administration Biden a fait sauter les gazoducs, mais cette action n'avait pas grand-chose à voir avec le souci de mener ou d'arrêter la guerre en Ukraine. Elle résulte de la crainte de la Maison Blanche de voir l'Allemagne flancher et se tourner vers le gaz russe, et de voir l'Allemagne, puis l'OTAN, pour des raisons économiques, passer sous emprise de la Russie et de ses ressources naturelles abondantes et peu onéreuses. C'est ainsi qu'est née la crainte ultime : que l'Amérique perde sa suprématie de longue date en Europe de l'Ouest.