đâđš Si Trump envoie des troupes au YĂ©men, il sâexpose Ă une cuisante dĂ©faite
Si Trump s'engage au YĂ©men pour plaire aux sionistes, le retour de flamme sera terrible. Il sera clair que Trump agit pour IsraĂ«l contre lâintĂ©rĂȘt national US, sans rĂ©el objectif ni espoir de victoire
đâđš Si Trump envoie des troupes au YĂ©men, il sâexpose Ă une cuisante dĂ©faite
Par Robert Inlakesh pour Al Mayadeen English, le 21 avril 2025 Ă 12h31
Une guerre terrestre amĂ©ricaine au YĂ©men pour prendre le contrĂŽle de Hodeidah serait une erreur catastrophique qui renforcerait Ansar Allah et dĂ©stabiliserait la rĂ©gion au profit des intĂ©rĂȘts israĂ©liens.
Frustrée par sa coûteuse campagne offensive en cours contre le Yémen, l'administration Trump serait en pourparlers pour lancer une opération terrestre destinée à s'emparer de la ville portuaire stratégique de Hodeidah, avant de proclamer un changement de régime à Sanaa. Si cette offensive se produit, elle se soldera par une défaite désastreuse pour Washington.
En 2015, lorsque le président américain Barack Obama a appuyé la guerre menée par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite contre le Yémen, Riyad a estimé qu'il ne faudrait que quelques mois pour déloger les dirigeants d'Ansar Allah qui avaient pris le contrÎle de Sanaa. Mais ils ont essuyé défaite sur défaite face à une armée trÚs motivée, soutenue par la majorité des forces armées yéménites.
Dix ans plus tard, malgrĂ© le cessez-le-feu de 2022, le conflit reste entier et le pouvoir d'Ansar Allah n'a cessĂ© de croĂźtre. Le mouvement qui a autrefois pris le contrĂŽle de Sanaa avec le soutien d'Ă©lĂ©ments clĂ©s de la structure du pouvoir en place, notamment certaines factions de l'armĂ©e, n'est plus que l'ombre de lui-mĂȘme. Non seulement il a forgĂ© de solides alliances avec plusieurs factions tribales Ă travers le YĂ©men, mais il a Ă©galement considĂ©rablement amĂ©liorĂ© ses technologies en matiĂšre d'armes offensives et dĂ©fensives.
Les forces armĂ©es yĂ©mĂ©nites alignĂ©es sur le gouvernement dirigĂ© par Ansar Allah se sont montrĂ©es capables de repousser les assauts combinĂ©s des forces yĂ©mĂ©nites soutenues par l'Arabie saoudite et les Ămirats arabes unis, ainsi que de plusieurs groupes militants tels qu'Al-QaĂŻda et l'Ătat islamique, qui ont Ă©galement combattus aux cĂŽtĂ©s des forces armĂ©es saoudiennes, ainsi que des mercenaires venus du Soudan et d'ailleurs. Ils ont combattu sans relĂąche pendant des annĂ©es, malgrĂ© le blocus imposĂ© par les Ătats-Unis et l'Arabie saoudite en mer Rouge et le soutien logistique apportĂ© par les Ătats-Unis, le Royaume-Uni et IsraĂ«l Ă leurs ennemis, notamment en soutenant les frappes aĂ©riennes de Riyad contre la population yĂ©mĂ©nite.
Tout en réussissant à infliger d'innombrables revers à une opposition théoriquement supérieure sur le plan militaire, le gouvernement yéménite de Sanaa a continué d'étendre son pouvoir et son contrÎle territorial dans un pays historiquement divisé entre le nord et le sud.
Fin 2021, des progrĂšs technologiques rĂ©volutionnaires ont introduit une nouvelle dynamique dans le conflit, poussant finalement la coalition dirigĂ©e par l'Arabie saoudite Ă accepter une proposition de cessez-le-feu nĂ©gociĂ©e par l'ONU. DĂ©but 2022, aprĂšs l'intensification de la guerre terrestre l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, les forces armĂ©es yĂ©mĂ©nites ont lancĂ© une vague d'attaques rĂ©ussies Ă l'aide de drones et de missiles contre des cibles situĂ©es aux Ămirats arabes unis (EAU) et en Arabie saoudite.
Bien que Riyad ait dĂ©jĂ dĂ» faire face aux drones et aux missiles d'Ansar Allah depuis des annĂ©es, il Ă©tait clair que des progrĂšs technologiques considĂ©rables avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Et alors que l'Ătat saoudien ne peut absorber que des attaques limitĂ©es contre ses infrastructures vitales, le rĂ©gime Ă©mirati, lui, est nettement moins bien armĂ© pour rĂ©sister aux frappes rĂ©pĂ©tĂ©es du YĂ©men.
Abu Dhabi, en particulier, ne peut se permettre de subir des vagues soutenues d'attaques de drones et de missiles, surtout si DubaĂŻ venait Ă ĂȘtre prise pour cible. Contrairement Ă l'Arabie saoudite, les Ămirats arabes unis sont un petit pays trĂšs vulnĂ©rable. Si le YĂ©men dĂ©cide de les submerger de frappes, leurs tentatives de diversification Ă©conomique risquent de partir en fumĂ©e, et aucun accord avec les Ătats-Unis ou IsraĂ«l ne pourra les aider.
Les rumeurs qui circulent, en particulier dans les mĂ©dias arabophones, spĂ©culent sur un rassemblement d'environ 80 000 soldats soutenus par l'Arabie saoudite et les Ămirats arabes unis en vue de lancer une offensive pour prendre Hodeidah. Ensuite, selon ces informations, les Ătats-Unis apporteraient un soutien aĂ©rien et lanceraient mĂȘme une attaque terrestre de moindre envergure au YĂ©men.
Le Vietnam de Donald Trump ?
Le YĂ©men a dĂ©jĂ Ă©tĂ© surnommĂ© le Vietnam de l'Ăgypte, et si les Ătats-Unis dĂ©cident de lancer une campagne terrestre dans ce pays, le rĂ©sultat risque fort de ne pas correspondre aux attentes du prĂ©sident Donald Trump. La campagne aĂ©rienne, qui a dĂ©jĂ fait environ 150 morts parmi les civils, constitue dĂ©jĂ un Ă©chec cuisant, coĂ»tant des milliards de dollars aux contribuables amĂ©ricains pour un rĂ©sultat quasi nul.
Bien que cette guerre d'agression contre le Yémen soit menée sans mandat populaire ni approbation du CongrÚs, les médias américains ont largement choisi de l'ignorer. Pourtant, si Trump envoie des troupes sur le terrain, le Yémen fera rapidement la une des journaux, pour la simple raison que les soldats américains rentreront chez eux dans des cercueils.
Jusqu'Ă prĂ©sent, les forces armĂ©es yĂ©mĂ©nites ont limitĂ© les affrontements avec la marine amĂ©ricaine Ă des manĆuvres dĂ©fensives, sans tenter de couler des navires ou des porte-avions, se concentrant sur la dĂ©fense de leur nation. Si une opĂ©ration terrestre Ă grande Ă©chelle est lancĂ©e, la posture dĂ©fensive deviendra offensive.
Non seulement la campagne terrestre sera coĂ»teuse et loin d'ĂȘtre une sinĂ©cure, mais les Ătats-Unis subiront Ă©galement des frappes directes contre leurs navires et des pertes considĂ©rables. En outre, il faut s'attendre Ă des attaques majeures contre les infrastructures saoudiennes et Ă©miraties, qui perturberont les marchĂ©s pĂ©troliers. Les bases amĂ©ricaines situĂ©es dans la pĂ©ninsule arabique et au-delĂ seront aussi trĂšs probablement attaquĂ©es.
De plus, il faut sans doute s'attendre à des frappes occasionnelles contre le régime sioniste, plus intenses que les salves précédentes. Si le nombre de victimes civiles au Yémen commence à augmenter massivement, alors que la guerre est clairement une agression américano-sioniste, et Ansar Allah ne restera pas les bras croisés. Bien au contraire, le peuple yéménite, y compris les factions et les tribus historiquement opposées à Ansar Allah, pourrait finir par s'unir encore pour mieux lutter contre l'agression.
Le YĂ©men n'est pas l'Iran, mais il est en mesure d'infliger des pertes considĂ©rables aux rĂ©gimes alliĂ©s des Ătats-Unis qui l'entourent, et peut cibler directement les forces amĂ©ricaines. La question est alors de savoir si Riyad et Abu Dhabi pourraient rĂ©sister Ă des frappes incessantes. Et si la guerre dure plus longtemps que prĂ©vu et que les forces terrestres dĂ©ployĂ©es au YĂ©men subissent de lourdes pertes, et que les soldats amĂ©ricains rentrent dans des cercueils, quelle sera alors la stratĂ©gie ?
Les 80 000 soldats continueront-ils Ă se battre au prix de pertes considĂ©rables, uniquement pour servir les intĂ©rĂȘts stratĂ©giques d'IsraĂ«l ? Ou finiront-ils par se dĂ©mobiliser, et par dĂ©serter ? L'opinion publique amĂ©ricaine sera-t-elle prĂȘte Ă accepter ces pertes, et l'armĂ©e amĂ©ricaine elle-mĂȘme pourra-t-elle justifier la perte de ressources dans un combat inutile destinĂ© Ă satisfaire ses alliĂ©s sionistes ?
Lancer une telle offensive ne prĂ©sente aucun intĂ©rĂȘt, et les Ătats-Unis ne disposent pas de forces terrestres en nombre suffisant pour mener seuls une guerre. Ă tous les niveaux, ce serait une bourde stratĂ©gique colossale. Une dĂ©faite constituerait un camouflet historique et une victoire dĂ©cisive pour le gouvernement de Sanaa, malgrĂ© les immenses souffrances civiles infligĂ©es par les agressions. Et tout cela sans compter l'implication potentielle d'autres acteurs rĂ©gionaux susceptibles de profiter de la situation.
Si Trump dĂ©cide de s'engager dans un tel conflit pour satisfaire son alliĂ© sioniste, le retour de flamme sera terrible. Il sera Ă©galement impossible de cacher que Trump agit contre les intĂ©rĂȘts des Ătats-Unis et sacrifie ses propres citoyens pour satisfaire les IsraĂ©liens, sans vĂ©ritable objectif ni perspective de victoire.
Traduit par Spirit of Free Speech