đâđš âSi vous ne partez pas, on vous tueraâ : Des centaines de Palestiniens fuient la violence des colons israĂ©liens dans la rĂ©gion d'HĂ©bron
Les Ă©coles sont fermĂ©es, tout est paralysĂ©. Nous vivons dans une prison Ă ciel ouvert. Le vivres risquent de bientĂŽt manquer. Câest sans issue. Si on sort de chez nous, on risque d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© ou tuĂ©.
đâđš âSi vous ne partez pas, on vous tueraâ : Des centaines de Palestiniens fuient la violence des colons israĂ©liens dans la rĂ©gion d'HĂ©bron
Par Imad Abu Hawash 22 novembre 2023
Voyant la guerre de Gaza comme un moment privilégié pour réaliser leurs ambitions en Cisjordanie, les colons israéliens ont chassé des communautés palestiniennes entiÚres dans la zone C.
Le 13 octobre Ă 22 heures, j'ai reçu un appel tĂ©lĂ©phonique d'Amer Abu Awad, un Palestinien rĂ©sidant Ă Khirbet Al-Radeem, une petite communautĂ© rurale situĂ©e au sud d'HĂ©bron, en Cisjordanie occupĂ©e. âLes colons m'ont attaquĂ©â, m'a-t-il dit d'une voix terrifiĂ©e. âCertains d'entre eux portaient des uniformes de l'armĂ©eâ. Les assaillants venaient de l'avant-poste israĂ©lien de Havat Meitarim, dirigĂ© par Yinon Levy, connu des Palestiniens d'Al-Radeem ; deux mois plus tĂŽt, Levy avait menacĂ© un autre habitant, le forçant, lui et sa famille, Ă quitter sa maison.
âIls m'ont agressĂ©, ont battu mon pĂšre ĂągĂ©, l'ont plaquĂ© au sol, l'ont traĂźnĂ© dans les flaques d'eau et ont pointĂ© des armes sur nousâ, a poursuivi Abu Awad, en faisant une pause pour reprendre son souffle. âIls m'ont dit que je devais partir avant le matin, sinon ma famille et moi serions tuĂ©s.â
TĂŽt le lendemain, Abu Awad m'a rappelĂ©. âJe veux partir, mais les routes sont barrĂ©esâ. AprĂšs des heures d'intervention, il a rĂ©ussi Ă s'enfuir avec sa famille de cinq personnes et son troupeau de moutons vers la ville d'As-Samu, laissant derriĂšre lui sa maison, ses meubles, ses Ă©tables et des cĂ©rĂ©ales pour les moutons. Abu Awad et sa famille ont dĂ» transporter tous leurs biens Ă pied, l'armĂ©e israĂ©lienne n'autorisant aucun vĂ©hicule Ă pĂ©nĂ©trer dans la zone.
Plus tard dans la nuit, des colons sont arrivés à Al-Radeem avec un bulldozer et ont démoli la maison d'Abu Awad et les étables, détruit ses céréales et endommagé ses panneaux solaires. Il ne reste que des ruines.
Depuis plus d'un mois, l'attention des mĂ©dias s'est largement focalisĂ©e sur Gaza aprĂšs qu'IsraĂ«l a dĂ©clarĂ© la guerre Ă la bande de Gaza Ă la suite de l'assaut du Hamas le 7 octobre. Mais beaucoup oublient que cette dĂ©claration de guerre concerne aussi la Cisjordanie. Depuis ce jour, des colons israĂ©liens font Ă©quipe avec les soldats pour attaquer des communautĂ©s palestiniennes dans lâensemble des territoires occupĂ©s ; certains colons, comme Ă Al-Radeem, portaient mĂȘme des uniformes de l'armĂ©e lors de leurs assauts.
Cette campagne brutale se dĂ©ploie largement dans les zones rurales autour d'HĂ©bron, dans le sud de la Cisjordanie. Partout, les Palestiniens ont Ă©tĂ© contraints de quitter leur domicile sous la violence des attaques des colons menĂ©es de jour comme de nuit. Les colons ont brĂ»lĂ© des maisons, volĂ© des moutons, bloquĂ© des routes et vandalisĂ© des biens. Ils ont tirĂ© sur des rĂ©sidents palestiniens, les ont battus, menacĂ©s et fouillĂ©s au corps. MĂȘme la ville d'HĂ©bron n'a pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©e par cette campagne, l'armĂ©e israĂ©lienne et les colons ayant imposĂ© un confinement dans la zone connue sous le nom de H2, et des Ă©tats d'urgence permettant aux auteurs de ces actes de ne pas avoir Ă rendre compte de leurs actes.
En consĂ©quence, plusieurs communautĂ©s situĂ©es autour d'HĂ©bron dans la zone C - les deux tiers de la Cisjordanie entiĂšrement contrĂŽlĂ©s par IsraĂ«l et oĂč se trouvent toutes les colonies israĂ©liennes - ont Ă©tĂ© complĂštement Ă©vacuĂ©es et leurs terres saisies par les colons. Il s'agit notamment de Al-Radeem, Khirbet Zanuta, 'Atiriyah, Khirbet A'nizan, Maqtal Msalam et Al-Qanoub. Depuis le 7 octobre, on estime que 400 Palestiniens de la rĂ©gion d'HĂ©bron - dont plus de 150 enfants et 100 femmes - ont fui pour Ă©chapper Ă ces horreurs.
Dans l'ensemble, il semble que les colons israĂ©liens considĂšrent ce moment comme l'heure de gloire pour Ă©liminer l'existence des Palestiniens dans la zone C. âLa guerre peut sâarrĂȘter, mais les habitants reviendront-ils ?â a demandĂ© Abu Awad Ă plusieurs reprises. Il n'y a pas de rĂ©ponse Ă sa question. Ă l'heure actuelle, les Palestiniens ne vivent plus Ă Al-Radeem. Et l'avenir n'augure rien de bon pour ses habitants.
Des avant-postes légalisés
Non loin de la maison de la famille Abu Awad à Al-Radeem, des colons ont attaqué la famille d'Issa Abu al-Kabash. Ces colons venaient d'Asa'el, un avant-poste officiellement légalisé par le gouvernement de Benjamin Netanyahu il y a deux mois, l'un des dix avant-postes légalisés en Cisjordanie cette année (toutes les colonies du territoire occupé restent illégales au regard du droit international).
Le nouveau statut d'Asa'el semble avoir encouragé ses habitants à intensifier leurs attaques contre les Palestiniens. Depuis des mois, les colons installent des vignobles dans la région afin de contrÎler les terres. Les plaintes des Palestiniens auprÚs des autorités israéliennes n'ont pas abouti.
Le 19 octobre, des colons ont agressé Abu al-Kabash et menacé de le tuer s'il ne quittait pas sa maison ; peu aprÚs, il s'est enfui avec sa famille de 12 personnes, dont six enfants. Depuis lors, aucun Palestinien n'a voulu retourner dans la région.
La classification Ă trois niveaux des territoires occupĂ©s, Ă©tablie par les accords d'Oslo dans les annĂ©es 1990, divise les terres et les centres de population palestiniens en diffĂ©rentes zones, et attribue aux Palestiniens de chaque zone un ensemble de droits spĂ©cifiques, qui restent tous trĂšs infĂ©rieurs Ă ceux accordĂ©s aux colons israĂ©liens vivant dans les mĂȘmes zones. Dans la zone C, le rĂ©gime d'occupation israĂ©lien s'emploie activement Ă renforcer la domination des colons.
MalgrĂ© la mise en place de ces mesures qui privent les Palestiniens de la quasi-totalitĂ© de leurs droits et de leurs terres, les colons sont toujours mĂ©contents, et Ă bout de patience. Le 7 octobre, avec la dĂ©claration de guerre d'IsraĂ«l, la communautĂ© des colons et ses partisans d'extrĂȘme droite ont profitĂ© de l'occasion pour poursuivre leurs ambitions les plus folles, en menant une offensive agressive contre des milliers de Palestiniens dĂ©sarmĂ©s. Et l'impunitĂ© garantie non seulement par l'Ătat israĂ©lien, mais aussi par les acteurs internationaux, n'a fait que galvaniser les colons dans leur propre guerre.
Dans la rĂ©gion de Masafer Yatta, au sud des collines d'HĂ©bron, l'armĂ©e israĂ©lienne a assiĂ©gĂ© 12 communautĂ©s palestiniennes sous prĂ©texte qu'une grande partie de la rĂ©gion a Ă©tĂ© classĂ©e âzone de tirâ. Au dĂ©but de l'annĂ©e 2022, la Cour suprĂȘme d'IsraĂ«l a approuvĂ© les plans de l'armĂ©e visant Ă expulser plus de 1 200 rĂ©sidents palestiniens de la zone dĂ©signĂ©e. Depuis lors, la violence de l'armĂ©e et des colons s'est intensifiĂ©e contre les villages, et les conditions de vie des familles palestiniennes sont devenues de plus en plus Ă©prouvantes.
Dans le village voisin de Tuba, la nuit du 19 octobre a Ă©tĂ© dure pour Huda Zain Awad, 60 ans, sa fille Dalal et son fils adolescent Issa. Des colons israĂ©liens masquĂ©s et armĂ©s - des jeunes de l'avant-poste de Ma'on - ont attaquĂ© leur maison, brisĂ© et dispersĂ© leurs biens, et volĂ© leurs moutons ; mĂȘme les ustensiles de cuisine ont Ă©tĂ© volĂ©s.
Le lendemain matin, la famille a encore subi une attaque lorsqu'un autre groupe de colons a envahi leur maison ; cette fois, deux des colons portaient des uniformes de l'armĂ©e. Ils ont emmenĂ© Huda et sa famille sous la menace d'une arme, les forçant Ă rester assis sous le soleil brĂ»lant pendant des heures. En partant, les colons ont scandĂ© : âLa prochaine fois, on vous tueraâ.
âLa vie Ă Al-Qanoub s'est arrĂȘtĂ©eâ
Les habitants palestiniens n'ont aucun moyen d'affronter ou de repousser les milices de colons. Le 9 octobre, plus de 40 colons israéliens ont attaqué la communauté d'Al-Qanoub, à l'est d'As-Sa'ir et au nord d'Hébron. Certains des assaillants portaient des masques et des armes à feu, d'autres des matraques.
Mohammed Shalaldeh, 76 ans, et sa famille de dix personnes, dont cinq enfants, vivaient dans le village depuis des annĂ©es. Je connais la famille Shalaldeh depuis longtemps. Ils ont toujours parlĂ© de leur amour pour leur terre et de leur engagement au âsumudâ, ou dĂ©termination, Ă Al-Qanoub, pour empĂȘcher les colons de s'en emparer. Mais aujourd'hui, c'est toute la subsistance de la famille qui a disparu.
âĂ 16 heures, des colons ont encerclĂ© ma famille et ont attaquĂ© en brisant les panneaux solairesâ, a racontĂ© M. Shalaldeh. âLes cris des colons qui faisaient irruption dans notre salon Ă©taient terrifiants, et les enfants pleuraient. Nous Ă©tions terrorisĂ©s, paniquĂ©s, figĂ©s sur place. Nous avons essayĂ© de nous Ă©loigner d'eux pour qu'ils ne nous fassent pas de mal, et j'ai rassemblĂ© ma famille dans une petite piĂšce. Les colons en ont profitĂ© pour tout casser, et ont tout dĂ©truit.â
Lorsque les colons sont finalement partis, ils ont volé le troupeau de Shalaldeh, composé de 150 moutons, et l'ont emmené dans la colonie de Metzad. Shalaldeh a tenté de les suivre, mais les colons
âont pointĂ© leurs armes sur moi et ont menacĂ© de me tuer. J'Ă©tais en Ă©tat de choc. Les moutons Ă©taient tout ce que nous possĂ©dions. Maintenant, ils ne me seront jamais rendus. J'ai tout perdu.â
Six heures plus tard, Ă 22 heures, les colons ont lancĂ© la derniĂšre offensive, comme dans un film hollywoodien. âIl faisait noir partoutâ, raconte Shalaldeh. âIl n'y avait plus de lumiĂšre, car les panneaux solaires qui alimentent notre maison en Ă©lectricitĂ© ont Ă©tĂ© dĂ©truits. Nous avons allumĂ© un feu et tout Ă©tait calme.â
âSoudain, des colons masquĂ©s ont encerclĂ© notre maison, poussant des cris terrifiants depuis le bois au fur et Ă mesure qu'ils s'approchaientâ, a-t-il poursuivi. âIls se sont introduits dans la maison en nous hurlant dessus. D'autres sont allĂ©s dans la cabane voisine [utilisĂ©e par la famille] et se sont mis Ă casser tous les meubles et tout ce qui se trouvait Ă l'intĂ©rieur. Ma famille et moi Ă©tions dans un Ă©tat de terreur extrĂȘme pendant une heure et demie. Ils ont volĂ© notre argent, 10 000 dinars jordaniens (environ 15 000 dollars), Ă©conomisĂ©s grĂące Ă la vente de moutons et que j'espĂ©rais utiliser pour acheter du grain pour mon troupeauâ.
Shalaldeh raconte que âquelques instants plus tard, les colons ont hurlĂ© et nous ont ordonnĂ© de quitter la piĂšce. Ils nous ont chassĂ©s et nous ont dit de ne pas rester lĂ . J'ai essayĂ© de leur parler, en vain. Je leur ai demandĂ© : âOĂč devons-nous aller ? C'est ma terre, c'est ma maisonâ. Ils n'ont pas rĂ©pondu. Mais leurs cris en hĂ©breu n'auguraient rien de bon.â
AprĂšs avoir marchĂ© longtemps dans le noir, Shalaldeh raconte : âNous avons aperçu une lumiĂšre lĂ oĂč nous avions vĂ©cu. Les colons ont brĂ»lĂ© ma maison. Notre vie Ă Al-Qanoub est finieâ.
Impossible de rester
Les jours suivants, la peur s'est rapidement propagée dans les petites communautés palestiniennes de la région sud d'Hébron. à Umm A-Tiran, A'nizan, Maqtal Msalam et 'Atiriyah, neuf familles au total, soit plus de 70 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont commencé à quitter leurs maisons et à déplacer leurs troupeaux vers des zones moins accessibles. Les colons se sont introduits dans plusieurs maisons à la faveur de la nuit, volant les moutons et agressant les habitants pendant leur sommeil.
De nombreux Palestiniens vivent dans ce cauchemar de violences et sont contraints de quitter leur terre pour se mettre à l'abri. Imad Abu Awad, de Maqtal Msalam, est l'un d'entre eux. Bien que les colons des avant-postes d'Asa'el et de Havat Yehuda aient déjà violemment attaqué son village, ils n'ont jamais utilisé d'armes à feu. Mais tout cela a changé depuis le 7 octobre.
âIls m'ont fait tomber sur des pierres et m'ont forcĂ© Ă enlever mes chaussures et mon manteauâ, a dĂ©clarĂ© Abu Awad, dĂ©crivant son dernier affrontement lors d'une attaque de colons armĂ©s. âIls m'ont dit : âSi tu ne quittes pas la zone, on te tueraâ. Les colons ont quittĂ© les lieux en riant et en disant qu'ils allaient bientĂŽt occuper tout le territoireâ.
Plus de 25 familles palestiniennes, soit environ 250 personnes, ont ainsi Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es de Khirbet Zanuta, au sud-ouest d'A-Dhahiriya. Depuis des annĂ©es, le village est assiĂ©gĂ© par les colons, qui empĂȘchent les habitants d'accĂ©der Ă leurs pĂąturages. Les habitants ont pris l'habitude de dormir dans des tentes sous surveillance, craignant que les colons n'attaquent Ă tout moment. Une dĂ©cision de la Haute Cour israĂ©lienne de 2012 n'a pas suffi Ă protĂ©ger le village, car les colons ne respectent aucune loi.
Le matin de l'assaut du Hamas, le 7 octobre, des colons israĂ©liens ont attaquĂ© les habitants de Zanuta, jetĂ© des pierres sur leurs tentes et les ont empĂȘchĂ©s de partir. Alors que les soldats israĂ©liens bloquaient la route menant au village, les colons ont brisĂ© les panneaux solaire. Dans les jours qui ont suivi, les familles ont commencĂ© leur exode.
âLa confusion Ă©tait totale ; personne ne savait plus quoi penser au villageâ, a dĂ©clarĂ© Adel a-Tal, un agriculteur de Zanuta. âTous cherchaient avant tout Ă protĂ©ger les enfants. Impossible de convaincre les parents de rester au village. Personne n'a jamais pu faire valoir aucun argument pour les convaincre de rester. Aujourd'hui, la commune est complĂštement abandonnĂ©e. Les habitants sont partis dans l'espoir de revenir aprĂšs la fin de la guerre, c'est-Ă -dire si les colons ne s'emparent pas du village et ne s'y installent pas.â
Des soirées cauchemardesques
Il n'y a pas que dans les villages que les habitants vivent dans l'angoisse. Dans la ville d'Hébron, de nombreux quartiers palestiniens ont également été attaqués par l'armée israélienne et les colons. Il s'agit notamment du quartier de Tel Rumeida - situé dans la zone H2, contrÎlée par l'armée israélienne - qui souffre depuis longtemps des attaques incessantes des colons, mais avec une recrudescence ces derniÚres semaines.
âAvec la dĂ©claration de guerre du 7 octobre, il y a eu un grand dĂ©ploiement de forces israĂ©liennes dans le quartier et dans la rue Shuhada voisineâ, a dĂ©clarĂ© Imad Abu Shamsiyya, un rĂ©sident de Tel Rumeida. âElles ont bouclĂ© la zone et mis en place des check points, empĂȘchant tous les habitants d'entrer ou de sortir du quartier, et ont imposĂ© un couvre-feu. La premiĂšre semaine de la guerre a Ă©tĂ© un cauchemar. La vie n'est plus sĂ»re dans le quartier.â
âL'armĂ©e a installĂ© un poste sur mon toit et un autre Ă cĂŽtĂ© de ma maisonâ, poursuit-il. âEnsuite, ils nous ont informĂ©s que nous Ă©tions autorisĂ©s Ă quitter le quartier entre 7 et 8 heures du matin, et Ă ne revenir qu'entre 18 et 19 heures. Dix familles de mon quartier ont dĂ©cidĂ© de partir dĂ©finitivement ; des membres souffrent dâun cancer ou dâune insuffisance rĂ©nale, d'autres ont des enfants. Je les comprendsâ
âNotre souffrance est loin de prendre finâ, poursuit Abu Shamsiyya, le visage pĂąle. âAu contraire, ça commence lorsque nous passons le poste de contrĂŽle d'Itamar, Ă 70 mĂštres de ma maison. Ils fouillent et vĂ©rifient nos affaires, et nous devons attendre un long moment avant d'ĂȘtre autorisĂ©s Ă passer. Les enfants du quartier ne sont pas allĂ©s Ă l'Ă©cole depuis le 7 octobreâ.
Abu Shamsiyya ajoute : âLes soirĂ©es sont cauchemardesques. Personne n'arrive Ă dormir parce que les colons peuvent nous attaquer Ă tout moment. Ils portent mĂȘme des uniformes militaires quand ils se dĂ©placent dans le quartier. Environ 120 familles du quartier sont complĂštement coupĂ©es du monde extĂ©rieur. Il faut parfois attendre de longues heures avant d'ĂȘtre autorisĂ© Ă emmener une personne Ă l'hĂŽpital ou Ă faire venir une ambulance. Nous ne pouvons mĂȘme pas faire passer une conduite de gaz par le poste de contrĂŽle. Cela fait plus de 20 jours que nous n'avons pas pu obtenir de permis du bureau israĂ©lien de coordination et de liaison pour entrer dans notre propre maisonâ.
De nombreux autres quartiers d'HĂ©bron sont soumis au mĂȘme couvre-feu : Wadi al-Hussein, Jabira, Al-Ras, Ghaith et Al-Salamiya. Et comme cela a toujours Ă©tĂ© le cas dans la ville, tout ce qui est interdit aux Palestiniens est autorisĂ© aux colons israĂ©liens.
Areej al-Jabari, mĂšre de cinq enfants, vit dans le quartier d'Al-Ras, Ă©galement classĂ© H2. Ă l'est de la maison, Ă moins de 100 mĂštres, se trouve un bĂątiment saisi par les colons, oĂč elle nâa plus le droit de passer. Lorsque les soldats ou les colons la voient, ils courent vers elle et elle s'enfuit pour ne pas ĂȘtre agressĂ©e . âSi cela continue ainsi, quâallons-nous devenir ?â demande-t-elle d'un ton craintif.
Comme tous les enfants palestiniens de la rĂ©gion, les enfants de Mme al-Jabari ne vont plus Ă l'Ă©cole. Depuis le 7 octobre, son esprit et son cĆur sont en proie Ă la peur, un jour dont elle se souvient trĂšs bien.
âNous nous sommes rĂ©veillĂ©s au son des haut-parleurs - un couvre-feu a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ©â, raconte-t-elle. âNous nous sommes demandĂ© ce qui se passait. Les soldats se sont dĂ©ployĂ©s partout, criant, brandissant leurs fusils. Ils ont agressĂ© tous ceux qu'ils trouvaient dans le quartier. Ils Ă©taient hargneux et menaçants, injuriant les femmes aux fenĂȘtres et bloquant les portes des magasins. Nous Ă©tions en Ă©tat de choc. Je ne comprenais pas ce qui se passait.â
'âNous avons allumĂ© nos tĂ©lĂ©s et nos tĂ©lĂ©phones et nous avons compris ce qui venait dâarriverâ, a poursuivi M. al-Jabari. âEt lĂ , je me suis demandĂ© si les colons n'allaient pas se venger sur nous. Tout avait l'air diffĂ©rent et effrayant. Il n'y avait plus personne dans les rues. Ă la tombĂ©e de la nuit, je me suis approchĂ©e de la fenĂȘtre pour voir ce qui se passait dehors. J'ai vu avec Ă©tonnement un soldat hurler et pointer son fusil sur moi, m'ordonnant de rentrer et de fermer la fenĂȘtre.â
âPlus le temps passe, plus la situation empireâ, a poursuivi M. al-Jabari. âDĂšs troisiĂšme jour de la guerre, nous avons commencĂ© Ă manquer dâeau. J'ai envoyĂ© mes jeunes fils remplir des bouteilles en plastique Ă la mosquĂ©e prĂšs de la maison. Soudain, j'ai entendu des soldats crier. J'ai couru vers la porte et j'ai vu les soldats pointer leurs armes sur mes enfants. Mes enfants ont couru vers moi, nous sommes entrĂ©s dans la maison et avons fermĂ© la porte pendant que les soldats continuaient Ă nous menacer et Ă nous crier dessus.â
âDepuis, nous restons Ă la maison. Les Ă©coles sont fermĂ©es, tout est paralysĂ©. Nous vivons dans une prison Ă ciel ouvert ! La nourriture risque de manquer bientĂŽt. Câest sans issue. Si on sort de chez nous, on risque d'ĂȘtre arrĂȘtĂ©, ou tuĂ©.â
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