👁🗨 Et soudain, voilà que le renseignement israélien sait exactement où se trouve le Hamas...
Si vous voulez soutenir les bombardements sur Gaza, allez-y, et si vous voulez gober le récit officiel de l'attaque de samedi, faites-le. Mais ne me pissez pas sur la jambe en me disant qu'il pleut.
👁🗨 Et soudain, voilà que le renseignement israélien sait exactement où se trouve le Hamas…
Par Caitlin Johnstone, le 13 octobre 2023
Il est intéressant de constater que la semaine dernière, Israël n'avait pas la moindre idée de ce que faisait le Hamas, et que cette semaine, il connaît toutes les mosquées, les écoles et les hôpitaux dans lesquels le Hamas se cache.
Lorsque vous vivez dans un empire du mensonge, on vous demande de croire beaucoup de choses vraiment stupides. La chose la plus stupide que l'on nous demande de croire cette semaine est que les services de renseignement israéliens sont incompétents au point que l'attaque du Hamas de samedi les a pris complètement de court, mais également si compétents que tous les bâtiments qu'ils détruisent avec leur campagne de pilonnage incessante sur Gaza sont dirigés uniquement vers le Hamas.
L'expression “cibles du Hamas” a fait le tour des médias ces derniers jours en référence aux attaques en cours sur Gaza, qui ont tué à ce jour plus de 1 500 Palestiniens, dont un tiers d'enfants.
“Israël mène des frappes à grande échelle sur des cibles du Hamas”, titre CNN.
Israël mène des “frappes à grande échelle sur des cibles du Hamas”, lit-on dans le titre d'une séquence d'ABC News.
“Israël affirme avoir largué 6 000 bombes sur des cibles du Hamas à ce jour”, peut-on lire dans un article du Washington Post.
Israël doit avoir une très bonne visibilité de la bande de Gaza pour savoir que chacune de ces 6 000 bombes visait des “cibles du Hamas”, et pas seulement des bâtiments civils.
Où était cette vision de 20/20 lorsque le Hamas préparait une attaque à l'aide de parapentes motorisés, de drones et de bateaux à moteur dans une bande de terre fermée de la taille de la ville de Philadelphie ? Comment les services de renseignement israéliens n'ont-ils pas détecté les préparatifs de cette attaque, alors même que les services de renseignement égyptiens les avaient prévenus de son imminence ? Comment ont-ils échoué de manière si spectaculaire que même le Hamas aurait été surpris par l'ampleur du succès de leur opération ? Est-il vraiment raisonnable de croire qu'ils étaient myopes comme des taupes face aux activités du Hamas la semaine dernière, mais qu'ils voient d’un œil de lynx cette semaine ?
Le président Biden a fait quelques déclarations mercredi sur l'importance pour Israël “d'opérer selon les règles de la guerre”, ce qui ressemblait à un discours creux avant même d'entendre le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, rejeter toute notion de “lignes rouges” qu'Israël ne doit pas franchir à Gaza.
Même les apologistes de l'empire dominant n'y croient pas. Andrew Ward, de Politico, dans un article sponsorisé par Lockheed Martin dans lequel il écrit que
“la féroce contre-attaque d'Israël est facilement compréhensible” étant donné la gravité de l'attaque du Hamas, dit que “l'administration Biden veut qu'Israël respecte les lois de la guerre lorsqu'il répond à l'attaque barbare du Hamas, mais que Jérusalem n'a pas l'air d'écouter. Un flot de témoignages remet en question les affirmations d'Israël selon lesquelles il fait preuve de prudence”, écrit M. Ward. “Des mosquées, des hôpitaux et des écoles ont été frappés par des frappes aériennes, de même que des structures médicales et des ambulances”.
“Les habitants de Gaza, dont beaucoup ne soutiennent pas le Hamas ou ses tactiques, n'ont nulle part où fuir puisque la bande est assiégée”, ajoute M. Ward. “Des éclats d'obus ont atteint sept hôpitaux et dix abris d'urgence de l'ONU. La situation est devenue si grave que la Croix-Rouge a déclaré que les hôpitaux, qui manquent déjà d'électricité, d'eau et de fournitures, risquent de se transformer en morgues”.
Bien sûr, Israël ne respecte pas les règles de la guerre. Il ne fait même pas semblant. Human Rights Watch vient de publier une déclaration dénonçant l'utilisation “illégale et aveugle” de phosphore blanc par Israël à Gaza et au Liban, et un responsable israélien de la sécurité a déclaré à la presse israélienne que le plan des Forces de défense israéliennes consistait à transformer Gaza en “ville de toile”, sans “aucun bâtiment”.
Toutes ces informations sont accessibles au public, et pourtant la presse occidentale a le culot d'utiliser l'expression “cibles du Hamas” pour décrire la campagne de bombardement d'Israël à Gaza ? Je suis désolée, mais c'est démentiel. La seule motivation pour faire une chose pareille est de diffuser de la propagande.
L'affirmation selon laquelle Israël vise le Hamas lorsqu'il détruit des bâtiments à Gaza est encore plus contestable lorsque l'on sait que le Hamas se réfugie dans les lieux souterrains depuis le début de la campagne de bombardements. Comme l'a expliqué la journaliste Sharmine Narwani sur Twitter,
“les cadres du Hamas vivent sous terre à Gaza, ce qu'ils ont appris à faire après d'innombrables campagnes de bombardement israéliennes. Les SEULES personnes massacrées à Gaza par les avions israéliens en ce moment sont des civils palestiniens et les prisonniers de guerre israéliens.”
En réalité, les affirmations selon lesquelles les services de renseignement israéliens ont été pris par surprise par l'attaque du Hamas et selon lesquelles Israël ne vise que le Hamas avec ses frappes sur Gaza sont très suspectes, et méritent un examen approfondi. Israël n'a jamais rechigné à tuer les civils palestiniens, et rien ne dit que les services de renseignement israéliens n'ont pas laissé passer l'attaque pour justifier un objectif de longue date, comme l'élimination de Gaza en tant que territoire palestinien. Les deux affirmations peuvent être fausses, mais de mon point de vue, la probabilité qu'elles le soient toutes deux est plus que probable.
Si vous voulez soutenir la campagne de bombardements d'Israël à Gaza, allez-y, et si vous voulez accepter sans discernement le récit officiel de l'attaque de samedi, faites-le. Mais ne me pissez pas sur la jambe en me disant qu'il pleut.