đâđš Starmer se soumet aux exigences dâIsraĂ«l & rejette les âingĂ©rencesâ de lâONU
C'est d'une hypocrisie stupĂ©fiante. Il serait dans l'intĂ©rĂȘt des victimes de persĂ©cutions par Londres & IsraĂ«l d'empĂȘcher âl'ingĂ©rence d'organisations internationalesâ telles que l'ONU.

đâđš Starmer se soumet aux exigences dâIsraĂ«l & rejette les âingĂ©rencesâ de lâONU
Par Craig Murray, le 29 mai 2025
Le gouvernement britannique s'incline devant l'ambassade d'IsraĂ«l concernant les arrestations de journalistes pour âterrorismeâ.
Le contraste est saisissant entre d'une part, les facilitĂ©s accordĂ©es par le Royaume-Uni Ă l'ambassade d'IsraĂ«l pour influencer les poursuites contre des journalistes et des manifestants anti-gĂ©nocide et, d'autre part, le rejet par le Royaume-Uni des objections soulevĂ©es par les Nations unies contre ces poursuites. Le Royaume-Uni a reprochĂ© Ă l'ONU son âingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieuresâ.
Je ne saurais trop insister sur le caractÚre exceptionnel de la décision du Royaume-Uni d'accorder à l'ambassade d'Israël un accÚs direct à la police et au Crown Prosecution Service (service des poursuites pénales) afin que le gouvernement israélien puisse s'immiscer dans les poursuites engagées contre des citoyens britanniques. Il ne s'agit pas d'une extradition, pour laquelle des accords peuvent prévoir des contacts directs entre les procureurs. Il n'est tout simplement pas normal ni légitime qu'une ambassade s'immisce de la sorte dans des poursuites judiciaires nationales.
Une série d'e-mails fortement censurés, consultés par le Guardian, Middle East Eye et les avocats de Palestine Action, montrent que le gouvernement israélien a pu exercer une influence directe sur la police et les procureurs britanniques afin de les inciter à poursuivre des citoyens britanniques qui ont manifesté au Royaume-Uni contre le génocide dont Israël est accusé devant la Cour internationale de justice et pour lequel ses dirigeants ont été inculpés devant la Cour pénale internationale.
Il n'existe aucun prĂ©cĂ©dent britannique dans ce domaine, et cela va Ă l'encontre des pratiques internationales, mĂȘme si l'on peut Ă©tablir des comparaisons avec l'influence exercĂ©e par l'Allemagne nazie ou l'Union soviĂ©tique sur les dĂ©cisions judiciaires dans la France de Vichy ou dans le bloc communiste d'Europe de l'Est, oĂč des cas de rĂ©sistance ont toutefois Ă©tĂ© observĂ©s. En revanche, le systĂšme britannique est ouvertement influencĂ© par les IsraĂ©liens.
Le gouvernement britannique n'hésite pas à se faire l'écho d'Israël. Bien que l'ensemble de la correspondance rendue publique ait été largement censurée, il est clair que des cas individuels ont été discutés avec les Israéliens, y compris ceux de Palestine Action.
Les Nations unies ont écrit au Royaume-Uni au sujet du traitement réservé aux manifestants et aux journalistes pro-palestiniens et de l'abus de la législation antiterroriste. Certains des cas cités par l'ONU impliquent l'ambassade d'Israël. On ne pourrait imaginer traitement plus différent de celui réservé par le Royaume-Uni aux Israéliens et aux Nations unies. Les Israéliens sont les bienvenus, tandis que le régime Starmer désavoue les Nations unies.
C'est d'une hypocrisie stupĂ©fiante. Selon le gouvernement britannique, il serait dans l'intĂ©rĂȘt des victimes de persĂ©cutions par le Royaume-Uni et IsraĂ«l d'empĂȘcher âl'ingĂ©rence d'organisations internationalesâ telles que les Nations unies. Cela va bien au-delĂ de l'imagination d'Orwell ou de Kafka. On imagine les auteurs ricaner en l'Ă©crivant.
Mais la vérité est exactement contraire à la ligne du gouvernement britannique. Contrairement à l'ambassade d'Israël, les Nations unies sont bel et bien habilitées à interférer. Les mécanismes des procédures spéciales par lesquels les Nations unies ont approché le Royaume-Uni sont solidement ancrés dans le droit international, et le Royaume-Uni les a ratifiés. Ils ont été institués par le Conseil des droits de l'homme, et le Royaume-Uni a toujours considéré que toutes les nations y sont soumises.
En outre, le Royaume-Uni est depuis 1971 parte prenante à l'International Covenant on Civil and Political Rights [Pacte international relatif aux droits civils et politiques], supervisé par le Comité des droits de l'homme, et aux dispositions auxquelles les rapporteurs spéciaux de l'ONU ont spécifiquement fait référence lorsqu'ils ont questionné le Royaume-Uni sur ses actions dans cette affaire.
L'ambassade d'IsraĂ«l s'est donc permis d'intervenir, en violation de la loi, et de s'ingĂ©rer dans les affaires d'un autre Ătat, ce qui est tout Ă fait inacceptable. C'est l'exemple parfait de la mainmise du sionisme sur les institutions publiques britanniques et de la profonde emprise sioniste sur le New Labour.
On ne peut ĂȘtre surpris par la rĂ©vĂ©lation faite hier selon laquelle David Lammy a menti au Parlement et au pays au sujet de la suspension des nĂ©gociations commerciales avec IsraĂ«l, alors que l'âenvoyĂ© britannique pour le commerceâ, Lord Austin, se trouve actuellement sur place
Et l'hypocrisie ne s'arrĂȘte pas lĂ . Le Royaume-Uni a Ă©tĂ© l'un des pays les plus virulents lorsqu'il s'est agi d'utiliser les procĂ©dures spĂ©ciales de l'ONU contre ses propres ennemis dĂ©signĂ©s, tels que la Russie et la Chine. En rejetant aujourd'hui ces enquĂȘtes de l'ONU comme Ă©tant une âingĂ©renceâ, le Royaume-Uni adopte exactement la posture des Ătats qu'il a longtemps combattus.
Je ne doute pas un instant que cela ait été dûment noté par toutes les dictatures que le Royaume-Uni pourrait chercher à critiquer à l'avenir.
Je tiens à rappeler que je fais partie des journalistes dont la détention en vertu de la loi sur le terrorisme et la saisie du matériel électronique, et donc de la correspondance, ont fait l'objet d'une demande d'informations de la part des Nations unies au Royaume-Uni. Vous pouvez lire la réponse complÚte du gouvernement britannique ici.
Depuis que l'ONU a fait part de ses prĂ©occupations, d'autres journalistes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, notamment Sarah Wilkinson et Asa Winstanley. La rĂ©ponse du Royaume-Uni reste la mĂȘme : pas d'ingĂ©rence de l'ONU. Mais un dĂ©tail mĂ©rite d'ĂȘtre soulignĂ©. Les dĂ©tentions et confiscations telles que celles dont j'ai fait l'objet en vertu de la loi sur le terrorisme n'exigent pas âde motifs raisonnables de crainteâ de la part de la police.
Quel genre d'Ătat donne Ă sa police le pouvoir d'agir de maniĂšre aussi arbitraire ?
Mais lisez la suite du communiqué du gouvernement britannique :
J'ai Ă©tĂ© dĂ©tenu et mes appareils Ă©lectroniques ont Ă©tĂ© saisis en vertu de l'article 7. Le gouvernement britannique prĂ©tend donc que j'Ă©tais âimpliquĂ© dans la commission, la prĂ©paration ou l'incitation Ă commettre des actes de terrorismeâ. MĂ©ditez cela un instant.
Je dirais que rien dans mon interrogatoire â qui portait autant sur Wikileaks que sur la Palestine â n'avait le moindre lien avec la commission potentielle d'actes terroristes. Le gouvernement prĂ©tend-il vraiment que, alors que je rentrais chez moi aprĂšs une rĂ©union en faveur d'Assange en Islande, je prĂ©parais un acte terroriste ? C'est grotesque.
On a souvent fait remarquer que malgré l'arrestation de Sarah Wilkinson, Asa Winstanley, Richard Medhurst, Johanna Ross, John Laughland, Vanessa Beeley, Kit Klarenberg, Ernest Moret, Richard Barnard, Tony Greenstein et Natalie Strecker dans le cadre d'une campagne contre les journalistes au cours des deux derniÚres années, les médias grand public britanniques n'ont jamais mentionné l'arrestation d'un seul de ces journalistes en vertu de la loi sur le terrorisme.
MĂȘme aprĂšs l'intervention des Nations unies pour interpeller le Royaume-Uni sur l'arrestation de journalistes, le Royaume-Uni n'en a pas fait mention. MĂȘme les rares voix anti-gĂ©nocide autorisĂ©es dans les mĂ©dias mainstream britanniques, comme Owen Jones, n'en ont jamais parlĂ©.
Hier, Asa Winstanley a remportĂ© une importante victoire juridique Ă Old Bailey [tribunal de Londres], oĂč un juge a statuĂ© que la perquisition de son domicile et la saisie de son matĂ©riel par la police Ă©taient illĂ©gales. Il s'agit d'une victoire juridique rare et importante, que je suis tentĂ© d'attribuer en partie au revirement de l'opinion de l'establishment, qui refuse dĂ©sormais de sacrifier tous les principes du droit aux intĂ©rĂȘts d'IsraĂ«l.
Vous ne serez peut-ĂȘtre pas surpris d'apprendre que cette victoire n'a pas non plus Ă©tĂ© relayĂ©e par les mĂ©dias mainstream. Cette conspiration du silence autour des abus extrĂȘmes de la police Ă l'encontre des journalistes est extrĂȘmement prĂ©occupante.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Craig Murray est écrivain, journalist et militant des droits de l'homme. Il a été ambassadeur britannique en Ouzbékistan d'août 2002 à octobre 2004 et recteur de l'université de Dundee de 2007 à 2010.