👁‍🗨 Stella Assange : “La libération de Julian, une utopie devenue réalité”

“Grâce un mouvement organisé, dévoué, inflexible & constant qui grandit d’année en année, on peut réaliser l'impossible. C'est l'unique moyen de contrecarrer les maux qui frappent le monde”.

Stella Assange, au théâtre municipal de Benicàssim (Castellón), où elle a participé au Forum social du festival Rototom.CARME RIPOLLES

👁‍🗨 Stella Assange : “La libération de Julian, une utopie devenue réalité”

Par Maria Pitarch, le 19 août 2024

L'avocate et épouse du cofondateur de Wikileaks exprime sa gratitude envers le soutien populaire mondial qui, selon elle, a permis de libérer le rédacteur en chef de Wikileaks.

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Stella Assange a atterri à Valence pour un séjour de seulement 24 heures en Espagne. C'est la première fois qu'elle assiste à un événement public depuis que le journaliste et cofondateur de WikiLeaks a été libéré en juin, après 12 ans d'arrestation pour violation de la loi sur l'espionnage, pour laquelle il a plaidé coupable en échange de sa libération.

“La liberté de Julian est un triomphe, mais justice n'a pas été rendue. La liberté a été troquée contre l'injustice.”

Peu avant le début de la conférence, Stella Assange a fait appel, dans un espagnol lent et parfait, au lien entre la cause à laquelle elle a consacré tous ses efforts ces dernières années - obtenir la libération du rédacteur en chef - et le thème de Rototom 2024, Le pouvoir de l'utopie.

“Le cas de Julian est une utopie devenue réalité”, a-t-elle déclaré. “Sans oublier que la lutte pour cette utopie est un chemin ardu, long et semé d'embûches, et même si l'issue n'a pas toujours été évidente, il fallait tout de même tout tenter. Ce n'est pas en se taisant que l'on accède à cette utopie”, a-t-elle ajouté.

“Il y a huit ans, la CIA préparait l'assassinat de Julian, et aujourd'hui, il est un homme libre, et cela grâce à la prise de conscience et au mouvement social et populaire”. Un mouvement citoyen capable “d'unir des pans de la société qui n'ont rien en commun”.

La présence de l'avocate des droits de l'homme a rempli le Teatre Municipal de Benicàssim (Castellón), devenu depuis cette édition un complément, en dehors de la salle de concert, de l'agenda culturel du festival. Un événement reggae qui sensibilise l'opinion publique grâce à sa programmation extra-musicale, qui enrichit son programme depuis près de trois décennies.

La conférence était intitulée “Jaque a la libertad de expresión” ( Bilan de la liberté d'expression).

“Je voulais venir vous remercier”, a-t-elle déclaré. Son amitié avec l'activiste italien Alessandro di Battista, avec qui un débat a eu lieu lundi, y a contribué.

“Il m'avait dit qu'il s'agissait d'un festival avec un public parmi lequel il y a eu et il y a encore beaucoup de soutien pour la libération de Julian, et je voulais l’en remercier. Certains ont fait mille choses, d’autres de petites choses, mais qui, combinées, créent une force incroyable. Avec un mouvement organisé, dévoué, inflexible et constant qui grandit année après année, on peut réaliser l'impossible. C'est l'unique moyen de contrecarrer les maux qui frappent le monde”.

C'est l'objectif qu'elle s'est fixé cet après-midi. Être dans la reconnaissance, faire connaître l'affaire à ceux qui ne la connaissent pas pour continuer à sensibiliser et envoyer un message :

“La liberté de la presse n'est pas si libre que ça : il faut un contre-mouvement”, a-t-elle averti.

Le scénario entre le discours sur la liberté d'Assange de 2023 et celui de cet été a changé, mais loin d'inspirer de la sérénité après les tensions de ces dernières années, le message que Stella Assange a partagé lundi dénote précisément le contraire.

“Si la liberté d'expression disparaît, notre monde est manipulable, notre société est impuissante, incapable de se défendre parce qu'elle ne peut pas prendre de décisions en s'appuyant sur les bonnes informations. Sans accès à l'information, la société est coupée de la réalité.”

Elle l'a répété devant cette assemblée :

“L'accusation pour laquelle [Julian Assange] a été inculpé n'est pas un crime. Il a été privé de liberté pour avoir pratiqué le journalisme, pour avoir obtenu des informations d'une source et les avoir publiées, des informations véridiques qui accréditaient des crimes de guerre très graves”,

a-t-elle fait valoir, faisant allusion aux dossiers confidentiels des services secrets américains liés avant tout aux guerres d'Afghanistan et d'Irak. Cela témoigne de la “précarité” de la situation dans laquelle les journalistes travaillent dans le monde entier. La “criminalisation du journalisme” a été “normalisée”.

“Julian Assange demeure dans sa maison familiale en Australie. Il se repose, se rétablit physiquement et moralement. Il prend le temps dont il a besoin pour se faire à sa liberté”, explique-t-elle.

En ce qui concerne l'avenir, elle reconnaît :

“Nous ne prenons pas de grandes décisions pour l'instant, les choses urgentes passent avant tout. Nous profitons pleinement de notre famille et de la nature”.

Stella Assange a quitté le Foro Social sous les applaudissements.

https://elpais.com/espana/comunidad-valenciana/2024-08-19/stella-assange-la-liberacion-de-julian-es-la-utopia-hecha-realidad.html