đâđš Tom Coburg: De nouveaux dĂ©veloppements pourraient changer la donne pour Julian Assange.
Le dossier de l'accusation semble de plus en plus bancal. Il devrait ĂȘtre clair pour toute personne dotĂ©e d'un minimum de sens de la justice que les poursuites contre Assange doivent ĂȘtre abandonnĂ©es
đâđš De nouveaux dĂ©veloppements pourraient changer la donne pour Julian Assange.
đ° Par Tom Coburg, le 15 dĂ©cembre 2022
Des rĂ©vĂ©lations rĂ©centes ont peut-ĂȘtre jetĂ© un Ă©norme pavĂ© dans la mare des poursuites engagĂ©es contre l'Ă©diteur Julian Assange. On peut soutenir que l'ensemble de l'affaire semble dorĂ©navant entachĂ©e de prĂ©judices Ă son encontre. Ces rĂ©vĂ©lations impliquent un cĂ©lĂšbre lanceur d'alerte, un Ă©diteur de fuites et plusieurs grands journaux.
âȘïž Cryptome se dĂ©voile
Cryptome est un site internet spécialisé dans la publication de fuites sous forme de données brutes. Il s'explique :
Cryptome accueille pour publication des documents interdits par les gouvernements du monde entier, en particulier des documents sur la liberté d'expression, la vie privée, la cryptologie, les technologies à double usage, la sécurité nationale, le renseignement et la gouvernance secrÚte - documents ouverts, secrets et classifiés - mais pas que.
Le 29 novembre, le fondateur de Cryptome, John Young, a proposé de se porter co-accusé avec Assange:
Cryptome @Cryptome_org - Je demande respectueusement au ministÚre de la Justice de m'ajouter comme coaccusé dans la poursuite de M. Assange en vertu de la Loi sur l'espionnage. SincÚrement, John Young #Assange @USDOJ
Dans un message envoyĂ© via un formulaire web au ministĂšre amĂ©ricain de la Justice (DoJ), Young a identifiĂ© des documents divulguĂ©s - connus sous le nom de cĂąbles amĂ©ricains - publiĂ©s par Cryptome. Il a dĂ©clarĂ© qu'il s'agissait des mĂȘmes documents que ceux divulguĂ©s par Chelsea Manning. Young, qui est un citoyen amĂ©ricain, a inclus l'URL des documents divulguĂ©s dans sa communication. Il a Ă©galement mis en copie un haut magistrat.
Young avait déjà témoigné lors des audiences d'extradition d'Assange. Il a notamment déclaré qu'il avait publié les documents avant WikiLeaks.
De plus, un autre tĂ©moin aux audiences d'extradition du Royaume-Uni Ă©tait Christopher Butler de la Wayback Machine, une archive basĂ©e aux Ătats-Unis. Il a tĂ©moignĂ© que l'archive rendait encore accessibles Ă ce jour toutes les publications de WikiLeaks.
âȘïž Biden incitĂ© Ă mettre fin aux poursuites judiciaires
Young a publié les fichiers non expurgés du gouvernement américain sur le site Cryptome le 1er septembre 2011. Et un autre site, PirateBay, a publié ces fichiers encore avant Cryptome.
En novembre 2011, WikiLeaks a publiĂ© les mĂȘmes fichiers, en collaboration avec certains de ses nombreux partenaires mĂ©diatiques - El Pais, Der Spiegel, le New York Times, Le Monde et le Guardian. Cependant, aucune charge n'a jamais Ă©tĂ© retenue contre ces journaux, ni contre Young, ni contre Piratebay.
Le 28 novembre 2022, les rédacteurs et éditeurs des journaux susmentionnés ont publié une lettre ouverte au président américain. Ils demandent que les accusations portées contre Assange soient abandonnées.
âȘïž Ellsberg se joint Ă Young
En 1971, Daniel Ellsberg est responsable de la fuite du document top secret History of U.S. Decision-making in Vietnam 1945-68 (connu sous le nom de "Pentagon Papers"). Il en a transmis des copies au New York Times et au Washington Post. Ce document de 7 000 pages donne un aperçu du processus dĂ©cisionnel ultrasecret des Ătats-Unis dans la guerre du ViĂȘt Nam. Ellsberg a dĂ©clarĂ© que la publication de ces documents montrait que la guerre avait :
âa Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e et prolongĂ©e par le gouvernement amĂ©ricain en sachant qu'elle ne pouvait ĂȘtre gagnĂ©e, et que le prĂ©sident Johnson et son administration avaient menti au CongrĂšs et au public quant Ă ses origines, ses coĂ»ts, et ses perspectivesâ.
Ellsberg a ensuite été poursuivi en justice, mais le procÚs a été interrompu. Cette suspension a fait suite aux révélations selon lesquelles des cambrioleurs mandatés par le président Richard Nixon se sont introduits dans le bureau du psychiatre d'Ellsberg. Ils espéraient trouver des preuves pour discréditer Ellsberg. De plus, Nixon a aussi organisé l'écoute illégale d'Ellsberg.
Dans le cas d'Assange, il y a eu une violation similaire de la confidentialitĂ©. La sociĂ©tĂ© de surveillance UC Global a secrĂštement filmĂ© Assange et ses avocats Ă l'intĂ©rieur de l'ambassade d'Ăquateur Ă Londres. Ellsberg a dĂ©clarĂ© aux tribunaux britanniques que la surveillance d'Assange Ă l'ambassade d'Ăquateur Ă©tait comparable Ă ce qui s'est produit pour lui.
à l'instar de Young, Ellsberg s'est également manifesté pour exhorter le gouvernement américain à l'inculper pour espionnage aux cÎtés d'Assange :
Daniel Ellsberg @DanielEllsberg - Ă @POTUS et @TheJusticeDept : ArrĂȘtez l'extradition d'Assange. Je suis aussi inculpĂ© que lui pour les mĂȘmes chefs d'accusation. Je plaiderai "non coupable" en raison de votre utilisation manifestement inconstitutionnelle de la loi sur l'espionnage. Allons jusqu'Ă la Cour suprĂȘme.
âȘïž Encore des rĂ©vĂ©lations
Le 5 décembre, Ellsberg a déclaré à la BBC qu'Assange lui avait donné des copies de tous les fichiers divulgués par Manning à titre de "sauvegarde". Il a également déclaré que la loi américaine sur l'espionnage, si elle est appliquée contre les lanceurs d'alerte, est inconstitutionnelle:
Une version plus longue de cette interview est disponible ici.
https://www.bbc.co.uk/sounds/play/w3ct32md
âȘïž Des poursuites bidon
Les accusations d'espionnage portées contre Assange comprennent 17 chefs d'accusation pour avoir reçu et divulgué des documents de défense nationale. Il est également accusé d'un chef d'inculpation pour conspiration en vue de commettre une intrusion informatique (piratage).
Aucun des partenaires médiatiques de WikiLeaks, ni John Young, ni Daniel Ellsberg, n'a été inculpé d'accusations liées à l'espionnage. Cela suggÚre bien que l'accusation a un parti pris contre Assange.
Sur ces bases, le dossier de l'accusation semble de plus en plus bancal. Il devrait ĂȘtre clair pour toute personne dotĂ©e d'un minimum de sens de la justice que les poursuites contre Assange doivent ĂȘtre abandonnĂ©es sans plus tarder.