đâđš Tony Blair voulait quâAssad collabore avec le MI6 contre al-Jolani
Selon Lammy, ministre des Affaires Ă©trangĂšres Ă Londres, si Al-QaĂŻda a tuĂ© âdes centaines de Britanniquesâ, le groupe HTS de Jolani s'est montrĂ© ârassurantâ & devra ĂȘtre jugĂ© âĂ l'aune de ses actesâ.
đâđš Tony Blair voulait quâAssad collabore avec le MI6 contre al-Jolani
Par Phil Miller*, le 31 décembre 2024
Tony Blair considérait le dictateur syrien comme le rempart potentiel contre l'entrée des terroristes en Irak, comme le confirment de nouveaux dossiers déclassifiés.
Le plan était en place quelques semaines aprÚs que le MI6 ait aidé à envoyer des dissidents libyens dans les salles de torture du colonel Kadhafi.
Blair cherchait Ă Ă©tablir une relation de partage de renseignements avec Assad, que le ministre britannique des affaires Ă©trangĂšres David Lammy a qualifiĂ© de âboucherâ.
De hauts responsables du MI6 ont cherchĂ© Ă obtenir l'aide du prĂ©sident syrien Bachar el-Assad pour empĂȘcher les terroristes d'entrer en Irak en 2004, selon des rĂ©vĂ©lations.
Les troupes américaines subissaient les attaques de combattants étrangers liés à Al-Qaïda, qui avait pris pied dans ce pays aprÚs la chute de Saddam Hussein.
Parmi eux figurait l'islamiste syrien Abu Mohammed al-Jolani, également connu sous le nom d'Ahmed al-Sharaa, qui allait finalement renverser le président Assad.
Des diplomates britanniques ont rencontrĂ© M. Jolani ce mois-ci Ă Damas, oĂč il a demandĂ© la levĂ©e de la dĂ©signation de son groupe rebelle comme terroriste.
Ce groupe, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), est actuellement inscrit sur la liste des organisations terroristes du Royaume-Uni en tant que nom alternatif Ă Al-QaĂŻda.
Sir John Sawers, ancien conseiller en politique Ă©trangĂšre de Tony Blair, avant de diriger le MI6, a qualifiĂ© le groupe de Jolani de âmouvement de libĂ©rationâ.
Pourtant, il y a 20 ans, lorsque Tony Blair était Premier ministre, Jolani et ses associés étaient sur le point de fonder une branche irakienne d'Al-Qaïda, qui représentait une réelle menace pour les forces occidentales dans la région.
Le risque Ă©tait si grave que Blair Ă©tait prĂȘt Ă demander l'aide d'Assad, dont le rĂ©gime Ă©tait rĂ©putĂ© ĂȘtre rĂ©pressif.
Alors que Blair se prĂ©parait Ă rencontrer le prĂ©sident amĂ©ricain George W. Bush Ă Washington en avril 2004, une note d'information du gouvernement britannique prĂ©cisait jusqu'oĂč Downing Street Ă©tait prĂȘt Ă aller.
On peut y lire ce qui suit :
âNotre principale prĂ©occupation reste l'afflux de terroristes en Irak via la Syrie. Nous faisons pression sur les Syriens pour qu'ils acceptent la visite d'une Ă©quipe de hauts fonctionnaires du FCO [ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres et du Commonwealth], du SIS [Secret Intelligence Service ou MI6] et du MOD [ministĂšre de la DĂ©fense] afin d'aborder la questionâ.
Le document, qui n'a été rendu public aux Archives nationales de Londres qu'aujourd'hui, précise :
âEt indĂ©pendamment de cela, cette dĂ©marche comporte les prĂ©mices d'une relation du renseignement qui, nous l'espĂ©rons, portera ses fruitsâ.
Ă cette fin, Jack Straw, alors ministre britannique des Affaires Ă©trangĂšres, a Ă©crit Ă son homologue Ă Damas âpour solliciter une coopĂ©ration rapide afin d'endiguer le flux de terroristes entrant en Irak par la Syrieâ.
Le dossier, dont certaines pages sont censurées, ne permet pas de savoir si le régime d'Assad a accepté de fournir une assistance.
Un an plus tard, les Affaires étrangÚres ont déclaré au Parlement :
âLa Syrie reste le principal point d'entrĂ©e des djihadistes voulant rejoindre l'Irak, et les Syriens pourraient faire plus pour s'attaquer au problĂšmeâ.
Le ministÚre de la Défense s'est refusé à tout commentaire. Tony Blair, les Affaires étrangÚres et le MI6 n'ont pas répondu aux demandes de renseignements de Declassified.
Sous-traitance des abus
Bien que le MI6 ait passé la majeure partie de la derniÚre décennie à tenter de renverser Assad, son régime laïc était considéré comme un allié potentiel aprÚs les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par Al-Qaïda.
L'année suivante, Assad et son épouse britannique ont été invités à Downing Street et ont rencontré la reine.
En coulisses, les agences du renseignement occidentales ont fait appel aux rĂ©gimes arabes de Libye, d'Ăgypte et de Syrie pour interroger et torturer des suspects d'Al-QaĂŻda.
Robert Baer, ancien officier de la CIA, a déclaré au New Statesman en 2004 :
âSi vous voulez qu'ils soient torturĂ©s, envoyez-les en Syrieâ.
Le projet de Blair de resserrer les liens avec Assad en avril de cette année-là est intervenu un mois seulement aprÚs que des renseignements fournis par le MI6 ont conduit à la capture d'opposants majeurs au dictateur libyen Mouammar Kadhafi.
En mars 2004, la CIA a enlevĂ© Abdul-Hakim Belhaj et Sami al-Saadi en ExtrĂȘme-Orient, ainsi que leurs familles, et les a emmenĂ©s en Libye oĂč ils ont Ă©tĂ© torturĂ©s.
Belhaj et al-Saadi étaient des dirigeants du Groupe islamique de combat libyen (GICL), interdit au Royaume-Uni en tant que groupe terroriste et soupçonné d'avoir des liens avec Al-Qaïda.
Belhaj a été libéré par Kadhafi peu avant le printemps arabe, et est vite devenu un commandant rebelle engagé dans la lutte pour son éviction, avec le soutien de la Grande-Bretagne.
Lorsque Tripoli est tombée aux mains des rebelles, des dossiers ont émergé au siÚge du renseignement de Kadhafi, révélant le rÎle du MI6 dans son kidnapping.
Reste Ă savoir si des preuves tout aussi embarrassantes du soutien du MI6 Ă Assad Ă©mergeront des archives du gouvernement syrien.
L'actuel ministre britannique des affaires Ă©trangĂšres, David Lammy, a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© au parlement qu'Assad Ă©tait un âboucher avec le sang d'innombrables innocents sur les mainsâ.
M. Lammy s'est engagĂ© Ă aider les groupes de la sociĂ©tĂ© civile syrienne Ă
âdemander des comptes Ă ceux qui ont maintenu la Syrie soumise Ă un rĂ©gime brutal, non seulement au cours des 13 derniĂšres annĂ©es, mais aussi au cours des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, sous le rĂ©gime du pĂšre d'Assadâ.
Qui est Abu Mohammed al-Jolani ?
L'actuel gouvernement travailliste de Grande-Bretagne semble avoir adopté une position opposée à celle de Blair sur la Syrie, en condamnant haut et fort la brutalité d'Assad et en adoptant un discours plus modéré à l'égard de Jolani.
M. Lammy a fait remarquer qu'alors qu'Al-Qaïda a tué
âdes centaines de citoyens britanniques dans des attaques barbares s'Ă©talant sur plusieurs dĂ©cenniesâ, le groupe HTS de M. Jolani s'est montrĂ© ârassurantâ et devrait ĂȘtre jugĂ© âĂ l'aune de ses actesâ.
Jolani s'est rendu à Bagdad peu avant l'invasion de 2003 et a combattu pour Al-Qaïda en Irak, célÚbre pour ses attentats à la voiture piégée et ses attaques confessionnelles.
Il a Ă©tĂ© capturĂ© et emprisonnĂ© par les troupes amĂ©ricaines pendant cinq ans, avant d'ĂȘtre libĂ©rĂ© en 2011, lorsque le printemps arabe a Ă©clatĂ©.
Abou Bakr al-Baghdadi, qui a ensuite dirigĂ© l'Ătat islamique, a accordĂ© Ă Jolani des dizaines de milliers de dollars mensuels pour qu'il retourne en Syrie et y recrute des combattants.
Jolani a mis en place le Front Nusra, lequel a prĂȘtĂ© allĂ©geance Ă al-QaĂŻda et est devenu l'un des groupes armĂ©s dominants dans le soulĂšvement de la Syrie contre Assad.
En 2016, il s'est efforcé de dissocier son groupe d'Al-Qaïda, pour finalement former HTS, qui, selon lui, ne soutient pas le terrorisme international.
Jolani a dirigé l'offensive éclair qui a renversé Assad le mois dernier et est désormais le dirigeant de facto de la Syrie. Il affirme qu'il faudra sans doute quatre ans pour organiser des élections.
Notes de Blair sur la Syrie lors de sa rencontre avec le président Bush en 2004 (référence du dossier des Archives nationales PREM 49/3786).
* Phil Miller est le rédacteur en chef de Declassified UK. Il est l'auteur de Keenie Meenie : The British Mercenaries Who Got Away With War Crimes. Suivez-le sur Twitter à l'adresse @pmillerinfo
https://www.declassifieduk.org/blair-wanted-assad-to-help-mi6-stop-jolani/
Jolani a un 3e patronyme depuis peu puisque les renseignements algĂ©riens (dont on peut assurer quâils sont les meilleurs dâAfrique et Ă©quivalents aux turcs) parlent de lui comme dâun agent israĂ©lien nommĂ© Zvi. Ce serait la rĂ©ussite la mieux orchestrĂ©e du mossad depuis des lustres. Une telle infiltration relĂšve du prodige...et de lâimbĂ©cilitĂ© des diplomates arabes de Ryad Ă Doha! A vĂ©rifier mais la longĂ©vitĂ© du bonhomme pose quand mĂȘme un problĂšme et ses 5 ans de captivitĂ© ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© des vacances, le temps que des indicateurs soient liquidĂ©s et que son identitĂ© soit legitimĂ©e...
On en est lĂ dans cette pauvre Syrie oĂč tous les acteurs cherchent Ă rĂ©cupĂ©rer un peu de leur investissement passĂ©...
Et la paix qui sâĂ©loigne chaque jour du Levant ...