đâđš TragĂ©die en Syrie & nouvelle omni-guerre
Seul un Axe de RĂ©sistance cohĂ©rent aura une chance de ne pas ĂȘtre Ă©liminĂ© par le mĂȘme grand ennemi, encore & toujours. Lâhydre hĂ©gĂ©monique infernale ne pourra ĂȘtre vaincue par le âpouvoir des fleursâ.
đâđš TragĂ©die en Syrie & nouvelle omni-guerre
Par Pepe Escobar, le 6 décembre 2024
Jusqu'à récemment, une hypothÚse de travail géopolitique sérieuse indiquait que l'Asie occidentale et l'Ukraine constituent deux vecteurs du modus operandi standard de l'Hégémon, qui consiste à provoquer et à déclencher des Guerres éternelles. Aujourd'hui, les deux guerres sont réunies dans une Omni-War.
Une coalition de nĂ©o-conservateurs straussiens aux Ătats-Unis, de sionistes rĂ©visionnistes purs et durs Ă Tel-Aviv et de nĂ©o-nazis ukrainiens aux nuances de gris parient dĂ©sormais sur une confrontation finale - avec plusieurs connotations allant de l'expansion du lebensraum Ă un dĂ©clenchement de l'Apocalypse.
Ce qui leur barre la route, ce sont essentiellement deux des principaux BRICS : la Russie et l'Iran.
La Chine, autoprotĂ©gĂ©e par son rĂȘve collectif de âcommunautĂ© d'un avenir partagĂ© pour l'humanitĂ©â, observe la scĂšne avec circonspection, car elle sait qu'au bout du compte, la vĂ©ritable guerre âexistentielleâ menĂ©e par l'hĂ©gĂ©mon sera dirigĂ©e contre elle.
En attendant, la Russie et l'Iran doivent se mobiliser pour la Totalen Krieg [guerre totale]. Car c'est ce que l'ennemi est en train de déclencher.
Saper les BRICS et l'INSTC
La déstabilisation totale de la Syrie, avec une forte contribution de la CIA-MI6, qui se déroule maintenant en temps réel, est un stratagÚme soigneusement élaboré pour saper les BRICS et au-delà .
Elle se déroule parallÚlement au retrait par Pashinyan de l'Arménie de l'OTSC [Organisation du Traité de Sécurité Collective] sur la base d'une promesse américaine de soutenir Erevan dans un éventuel nouvel affrontement avec Bakou, à l'encouragement de l'Inde à accélérer la course aux armements avec le Pakistan, et à l'intimidation tous azimuts de l'Iran.
Il s'agit donc également d'une guerre à des fins de déstabilisation du Couloir de transport international Nord-Sud (INSTC), dont les trois principaux protagonistes sont la Russie, l'Iran et l'Inde, membres des BRICS.
En l'état actuel des choses, l'INSTC ne présente aucun risque géopolitique. En tant que couloir BRICS de premier plan en devenir, il porte en lui le potentiel qui permettra une efficacité accrue comparée à plusieurs des couloirs trans-eartlands de la Chine dans le cadre de l'initiative Belt and Road (BRI).
L'INSTC serait une bouĂ©e de sauvetage indispensable pour une grande partie de l'Ă©conomie mondiale en cas de confrontation directe entre le combo Ătats-Unis/IsraĂ«l et l'Iran - la fermeture Ă©ventuelle du dĂ©troit d'Ormuz entraĂźnant l'effondrement de multiples milliards de dollars de produits financiers dĂ©rivĂ©s, entraĂźnant l'implosion Ă©conomique de l'Occident collectif.
La Turquie d'Erdogan, comme toujours, joue un double jeu. D'un point de vue rhĂ©torique, Ankara dĂ©fend une Palestine souveraine et exempte de gĂ©nocide. En pratique, la Turquie soutient et finance une Ă©quipe hĂ©tĂ©roclite de djihadistes du Grand Idlibistan - entraĂźnĂ©s par des nĂ©o-nazis ukrainiens Ă la guerre des drones et dotĂ©s d'armes financĂ©es par le Qatar - qui viennent de marcher sur Alep, Hama, et peut-ĂȘtre au-delĂ , et de les conquĂ©rir.
Si cette armée de mercenaires regroupait de vrais adeptes de l'islam, ils se battraient en défense de la Palestine.
Par ailleurs, la situation actuelle dans les coulisses du pouvoir Ă TĂ©hĂ©ran est extrĂȘmement floue. Certaines factions sont favorables Ă un rapprochement avec l'Occident, qui pourrait avoir des rĂ©percussions sur la capacitĂ© de l'Axe de la RĂ©sistance Ă lutter contre Tel-Aviv.
La Syrie n'a jamais faibli sur la question du Liban. L'histoire nous dit pourquoi : du point de vue de Damas, le Liban reste historiquement un gouvernorat, et Damas se sent donc responsable de la sécurité de Beyrouth.
C'est l'une des principales raisons qui ont poussé Tel Aviv à lancer l'actuelle offensive salafiste et jihadiste contre la Syrie, aprÚs avoir détruit pratiquement tous les couloirs de communication entre la Syrie et le Liban. Ce que Tel-Aviv n'a pas pu accomplir sur le terrain - une victoire sur le Hezbollah dans le sud du Liban - a été compensé par l'isolement du Hezbollah de l'Axe de la Résistance.
Dans le doute, relire XĂ©nophon
Les guerres en Asie occidentale sont un assemblage complexe de vecteurs nationaux, sectaires, tribaux et religieux. En un sens, ce sont des guerres sans fin, contrĂŽlables jusqu'Ă un certain point, avant de disparaĂźtre ensuite.
La stratégie russe en Syrie semble avoir été trÚs précise. La normalisation d'une nation complÚtement fragmentée étant irréalisable, Moscou a opté pour libérer la Syrie vraiment essentielle - la capitale, les villes les plus importantes et la cÎte orientale de la Méditerranée - des foules salafistes-djihadistes.
Mais le gel de la guerre en 2020, avec l'implication directe de la Russie, de l'Iran et (Ă contrecĆur) de la Turquie, n'a pas rĂ©solu le problĂšme des ârebelles modĂ©rĂ©sâ. Maintenant, ils sont de retour - en force, soutenus par une vaste foule de âdjihadistes Ă louerâ, avec le soutien du renseignement de l'OTAN.
Il est des réalités qui ne changent jamais.
2012. Jake Sullivan, alors collaborateur d'Hillary Clinton :
âAQ [al-QaĂŻda*] est de notre cĂŽtĂ© en Syrieâ.
2021. James Jeffrey, envoyé spécial en Syrie sous Trump (2018-2020) :
âHTS [Hayat Tahrir al-Sham*] est un atout pour la stratĂ©gie amĂ©ricaine Ă Idlibâ.
Le moment ne pourrait ĂȘtre mieux choisi pour ressortir l'âatoutâ HTS. HTS comble un vide Ă©norme. La Russie est entiĂšrement concentrĂ©e sur l'Ukraine. Le Hezbollah a largement souffert des bombardements et des meurtres en sĂ©rie de Tel-Aviv. TĂ©hĂ©ran est entiĂšrement concentrĂ© sur la façon de traiter avec Trump 2.0.
Le passĂ© ne cesse de nous instruire. La Syrie est dĂ©sormais une Anabasis ouest-asiatique. XĂ©nophon - soldat et Ă©crivain - nous raconte comment, au IVe siĂšcle avant J.-C., une âexpĂ©ditionâ (âanabasisâ, en grec ancien) de 10 000 mercenaires grecs a Ă©tĂ© engagĂ©e par Cyrus le Jeune contre son frĂšre ArtaxerxĂšs II, roi de Perse, de l'ArmĂ©nie Ă la mer Noire. L'expĂ©dition Ă©choua lamentablement - et le pĂ©nible voyage de retour fut interminable.
2 400 ans plus tard, nous observons des gouvernements, armées et mercenaires toujours en proie aux guerres interminables de l'Asie de l'Ouest - et s'en extraire aujourd'hui se révÚle un défi éminemment insoluble.
La Syrie est maintenant épuisée, accablée, avec une SAA devenue négligente avec le long gel de la guerre depuis 2020. Tout cela couplé au blocus meurtrier déclenché par la Caesar Act américaine [loi américaine prévoyant des sanctions pour les entreprises et les particuliers qui commercent avec le régime de Bachar Al Assad, en vigueur depuis le 17 juin 2020], et à l'impossibilité de démarrer la reconstruction de la nation, sans les 8 millions de citoyens qui ont fui cette guerre sans fin.
Au cours de ces quatre derniÚres années, les problÚmes se sont accumulés. Il y a eu des violations sans fin du processus d'Astana, et Israël a bombardé la Syrie presque quotidiennement en toute impunité.
La Chine n'a pas bougé d'un iota. Pékin n'a tout simplement pas investi dans la reconstruction de la Syrie.
La perspective donne Ă rĂ©flĂ©chir. MĂȘme la Russie - icĂŽne de la RĂ©sistance de facto, mĂȘme si elle ne fait pas officiellement partie de l'Axe de la RĂ©sistance de l'Asie occidentale - a connu prĂšs de trois annĂ©es de dur combat contre l'Ukraine.
Seul un Axe de RĂ©sistance cohĂ©rent et consolidĂ© - aprĂšs s'ĂȘtre dĂ©barrassĂ© d'innombrables 5Ăšmecolumnistes travaillant de l'intĂ©rieur - aurait une chance de ne pas ĂȘtre Ă©liminĂ© petit Ă petit par le mĂȘme grand ennemi, encore et toujours.
On a parfois l'impression que les BRICS - en particulier la Chine - n'ont rien appris de Bandung en 1955 et de la maniÚre dont le Mouvement de non-alignement (MNA) a été neutralisé.
Lâhydre hĂ©gĂ©monique infernale ne peut ĂȘtre vaincue par le âpouvoir des fleursâ.
* Les organisations terroristes sont interdites en Russie et dans de nombreux autres pays.
Escobar a encore et toujours raison.
Il rejoint ce que Thierry Meyssan a pronostiquĂ©. L'hegemon gagne cette fois encore et son poulain exulte. Qu'avons-nous en face. ? Des Arabes corrompus, hĂ©sitants en face du dollar qui a fait leur fortune. Des marchands de soupe qui se sont dĂ©barrassĂ©s de RaĂŻssi parcequ'il est trop rigide. Un ophtalmo embarrassĂ© comme Louis XVI qui n'Ă©tait pas destinĂ© Ă rĂ©gner ...Des BRICS incapables de cohĂ©sion oĂč l'on voit la Turquie se porter candidate et en mĂȘme temps saccager la Syrie en feignant d'ignorer des bases russes comme duenu fretin ? Peut-on leur jeter la pierre ? Les Russes et les Chinois, comme dit Escobar, n'ont pas encore appris la leçon, c'est Ă©vident ! La Chine avec ses moyens phĂ©nomĂ©naux pourraient soudoyer efficacement autant d'alliĂ©s que le font les anglo-saxons mais non,on reste gentlemen et on investit sagement sur un terrain truquĂ© et dĂ©jĂ occupĂ©. Les yankees ne font pas de quartier, s'ul y a concurrence, on l'Ă©limine physiquement ou moralement. La rivalitĂ© entre les deux blocs n'est pas une partie de Monopoly style 'dites-le avec des fleurs'. La Russie a une excuse ..elle a beaucoup de mal Ă finir sa guerre dans le Dombass. Elle est pourtant ridiculisĂ©e en Syrie oĂč elle n'a rĂ©alisĂ© aucun objectif. Ca va lui porter du tort quand Ă sa crĂ©dibilitĂ© Ă rĂ©soudre un plan de paix en Ukraine et Trump rigole dĂ©jĂ pour 2025 oĂč il aura de bonnes cartes en main. Une fois de plus , Poutine n'a pas vu le vent venir , entourĂ© de conseillers (parfois mauvais) qui occultent les questions de fond. A mĂ©nager la chĂšvre et le choux comme il fait, il perds des points et le hĂ©ros qui, il y a 6 mois faisait rĂȘver tous les africains ivres de changement va vite s'Ă©vaporer ...
Et maintenant, que vont devenir les peuples martyrs aprĂšs ce nouvel effondrement ? Comme d'hab, de la boucherie ! RĂšglements de compte entre partisans, ethnies et religions. Qui pense aux chrĂ©tiens de Syrie ? Personne! AprĂšs les entretiens format Astana entre kes 2 perdants et le sultan -grabd gagnant- , Lavrov a fait des commentaires laconiques dignes d'un type en fin de carriĂšre, totalement dĂ©sabusĂ© et hors-sol. DĂ©cevant... Pendant ce temps, le nazi sans moustache jubile demuis le Golan pour constater le futur agrandissement de son grand IsraĂ«l. Franchement, Si c'est juste pour nous sortir des inepties comme le 'droit international' lesits 'dialogues' et 'democratie' , je comprends que l'hegemon va pourvoir mettre les bouchĂ©es doubles en 2025 et achever ce qui reste de bĂȘtise en face !
Je n'y crois plus et je plains la Résistance (celle du Moyen-Orient et d'ailleurs)....Les vrais héros sont morts et ils servent de posters légendaires dans des chambres d'étudiants comme Che Guevara....mais ils se sont battus pour rien, on dirait ...