👁🗨 Craig Murray: Trains (surtout), Avions et Automobiles - Part. 6
Niels a décrit simplement la terreur des enfants en bas âge de Julian, soumis à une inspection buccale lors d'une visite à Belmarsh, reniflés et tripotés par des chiens plus grands qu'eux.
👁🗨 Trains (surtout), Avions et Automobiles - Part. 6
Par Craig Murray @CraigMurrayOrg, le 10 janvier 2023
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Ce matin-là, je suis resté à l'Aparthotel pour écrire, tandis que Niels s'est rendu à l'aéroport pour récupérer la BMW 4×4 qu'il avait louée. Notre destination était Halle an der Saale, près de Leipzig. C'était, je pense, notre première - et trop tardive - incursion dans l'ancienne Allemagne de l'Est.
Les chambres d'hôtel à Halle étaient rares, et à nouveau très chères. Mais comme nous louions maintenant un véhicule, il n'était pas nécessaire d'être dans le centre ville, et pour changer, je nous ai réservé une chambre au Schloss Teutschenthal, un hôtel à environ 13 km du centre ville.
À 75 euros la nuit, ce n'est qu'une partie de ce que nous avions payé jusqu'à présent, et si j'ai le choix, je préfère de loin la campagne.
Vers 11h30, Niels a téléphoné pour signaler un problème. Il n'avait pas pu récupérer la voiture. Ni la société où il avait réservé, ni aucune autre n'avait de disponibilité.
Il avait longuement discuté avec l'agent, qui lui avait expliqué que les agences sont franchisées. La société elle-même est une entité distincte et le site de réservation en ligne est une troisième entité distincte. Ce n'est pas parce que le site en ligne a pris votre argent qu'une voiture estt disponible. Ils louent souvent plus que ce qui est disponible.
Aux périodes de forte affluence, comme juste avant Noël, les voitures étaient très rares. Les lignes ferroviaires étaient en crise, ce qui augmentait également la demande. Nous voulions louer une voiture à Brême et la déposer à Berlin cinq jours plus tard. Mais le dépôt à Berlin se faisait dans une autre entreprise de la même franchise, et chaque franchise voulant récupérer son propre véhicule, ils n'étaient pas interchangeables. Il était très difficile d'organiser cela en période de forte demande.
Donc, pas de voiture, et plus de 70 euros dépensés pour une course en taxi aller-retour jusqu'à l'aéroport. Nous avons dû nous précipiter à la gare, et l'itinéraire pour le 7 décembre était le suivant: 12 h 33 RE82022 de Brême à Hambourg, 14 h 04 ICE1007 de Hambourg à Halle (Saale), arrivée à 17 h 16.
Avoir réservé au Schloss Teutschenthal sans disposer de voiture était une erreur, car cela signifiait arriver dans le centre ville à 17h16, devoir prendre un taxi jusqu'au Schloss pour nous enregistrer, puis revenir, alors que l'événement commençait à 18h00.
Notre formule habituelle était la suivante : je faisais une introduction, puis Ithaka était projeté, et enfin Niels et moi répondions aux questions, et menions la discussion après la projection.
Ce jour-là, nos trains sont arrivés à l'heure, ce qui est une chance car nous en avions vraiment besoin. En arrivant à Hambourg, où nous devions changer, j'ai observé un incident par la fenêtre d'un wagon situé de l'autre côté du quai.
Une femme musulmane corpulente, lourdement vêtue d'un hijab gris, était escortée hors du train par une policière. Deux autres agents de police l'attendaient sur le quai.
La femme musulmane était accompagnée d'un enfant dans une poussette et d'un autre, âgé d'environ quatre ans, qui s'accrochait à ses jupes. Sa poussette était garnie de sacs enroulés autour des poignées. Aucun policier ne l'a aidée avec ses enfants, sa poussette ou ses sacs lorsqu'elle est descendue du train.
C'était un petit incident, mais il a cristallisé en moi un sentiment de malaise.
L'Allemagne n'est pas un pays en paix avec lui-même. La fermeture du marché de Noël de Düsseldorf, le contrôleur qui hurlait après le jeune homme qui s'était trompé de billet, la mendicité agressive partout, l'homme qui fouillait les poubelles du wagon de première classe en quête de bouteilles consignées, la forte présence policière dans chaque gare, l'absence totale de surprise lors du vol de mes deux ordinateurs portables. Vous pouvez ajouter à cela le dysfonctionnement substantiel du système ferroviaire.
Je ne faisais que traverser le pays, sans rien voir en profondeur. Mais l'Allemagne n'était pas comme je m'y attendais: tolérante, efficace, prospère et satisfaite. J'ai eu l'impression d'une société soumise à un véritable stress. Sans doute est-ce que je m'attache trop à une succession de petits incidents, et mon moral a été ébranlé par la perte de mes ordinateurs portables. Mais tel était mon sentiment.
La gare de Hambourg était très chargée, et le premier escalator, là où nous avons pu changer de quai était bloqué par la police, pour des raisons obscures. Nous avons donc marché jusqu'à un autre escalator, en haut duquel se trouvait un hall avec une rangée de magasins.
Niels a repéré une agence de location de voitures et est entré pour leur parler, mais là encore, ils n'avaient rien de disponible. Nous avons donc pris l'ICE pour Halle, qui traversait Berlin, et sommes arrivés à la tombée de la nuit.
Le chauffeur de taxi n'avait jamais entendu parler de Schloss Teutschenthal et l'a entré de façon douteuse dans le GPS de son téléphone, qu'il n'a pas suivi très souvent, alors que nous sortions de Halle pour emprunter des routes de campagne non éclairées.
La nuit était noire, et il n'y avait pas d'autres véhicules. Un tableau surréaliste est apparu. Nous étions cernés de tous côtés par des lumières rouges dans les airs, comme des champs de coquelicots magiques géants.
J'ai d'abord pensé que nous étions au milieu des feux d'atterrissage de l'aéroport, mais ils étaient trop nombreux, de la mauvaise couleur - tous du même rouge profond - et beaucoup trop étendus. À mesure que la voiture avançait et que la parallaxe faisait son effet, je me suis rendu compte que, bien qu'ils soient de tous les côtés, ils étaient plus éloignés, et donc beaucoup plus grands que je ne l'avais imaginé.
Le conducteur s'est lamentablement perdu, en grande partie parce qu'il n'arrêtait pas de dévier de l'itinéraire de son GPS sur des routes qui lui semblaient être des raccourcis, mais qui tournaient sans cesse dans la mauvaise direction.
Nous sommes finalement arrivés au Schloss Teutschenthal, nous nous sommes enregistrés, avons laissé nos bagages et sommes retournés en vitesse à la voiture. Nous avons retraversé les coquelicots géants, et lorsque nous sommes arrivés à Halle en direction du cinéma, nous nous sommes à nouveau perdus, cette fois dans la ville elle-même. J'ai remarqué plus d'une fois être repassé par là où nous étions arrivés.
Je ne pense pas que le chauffeur ait rallongé la course pour en augmenter le prix, je crois qu'il était perdu. L'atmosphère dans le taxi était devenue plutôt tendue. Niels avait envoyé un SMS aux organisateurs qui avaient repoussé l'heure de début de 18h00 à 18h15, mais comme nous n'étions toujours pas là à 18h20, il a été décidé de lancer le film, et de faire les discours après.
En général, cela ne fonctionne pas bien. Si vous pouvez parler avant le film, vous pouvez convaincre le public que vous êtes suffisamment intéressant et instructif pour qu'il ait envie de rester pour la discussion qui suit. Sinon, ils ont tendance à se précipiter vers la porte à la fin du film.
Niels et moi avons discuté avec le chauffeur de taxi pour désamorcer la tension qui gagnait également le chauffeur. Il avait coupé le compteur. Il venait de Bosnie et ne conduisait son taxi que depuis quelques semaines. Il s'est excusé en disant qu'il connaissait bien Halle, mais pas les endroits en dehors du centre. Nous étions trop polis pour lui faire remarquer ses lacunes dans Halle même.
Le film ayant commencé, je ne sais pas pourquoi nous avons ressenti le besoin d'arriver le plus vite possible pour présenter nos excuses aux organisateurs, mais nous l'avons fait. Le cinéma se trouvait dans un imposant bâtiment gothique au sommet d'une colline assez raide, que nous avons gravie aussi vite que possible.
En arrivant, à bout de souffle, nous avons trouvé une des organisatrices, une jeune femme d'Amnesty International très agréable, debout devant le cinéma. Elle était un peu irritée par notre retard, exacerbé par le fait qu'Amnesty avait réservé et payé un hôtel pour nous en ville, message qui ne nous était hélas pas parvenu.
Elle m'a demandé, en s'interrogeant plutôt qu'en m'accusant, pourquoi il nous avait fallu 20 minutes de plus pour arriver alors que Niels avait dit que nous étions dans un taxi à 5 minutes. Je me suis retrouvé à expliquer que le chauffeur de taxi s'était perdu à plusieurs reprises et que, tout juste arrivé de Bosnie, il connaissait mal la ville.
Tout est sorti de travers. Je me suis immédiatement rendu compte que je devais passer pour une sorte d'horrible raciste. J'ai essayé de démêler le tout, en expliquant que le problème ne venait bien sûr pas du fait qu'il était bosniaque, mais qu'il ne connaissait pas Halle, mais c'était une de ces situations où tout ce que vous dites semble assez peu convaincant et creuse davantage la gêne.
J'ai battu en retraite pour couvrir ma confusion, disant (sincèrement) que Niels et moi n'avions rien mangé depuis le petit-déjeuner, et qu'il nous fallait trouver quelque chose avant les discours. Nous avons redescendu la colline pour nous installer dans un très bon restaurant local.
Je me suis senti un peu mieux après un délicieux schnitzel et quelques verres de vin. C'est probablement la seule fois où j'ai été heureux qu'Ithaka dure presque deux heures.
C'est le moment de mentionner que même les copies électroniques modernes de films ont des cadres - il semble que la capture du mouvement fonctionne toujours de la même manière, une série d'images fixes ne formant pas un tout homogène, même sans film physique.
La durée d'un film dépend de la fréquence d'images à laquelle il est diffusé, et la convention à ce sujet diffère d'un pays à l'autre. Par conséquent, Ithaka était environ sept minutes plus court en Allemagne qu'au Royaume-Uni.
Du moins, il me semble que c'est ainsi que Niels l'a expliqué.
Le public était très nombreux, avec notamment beaucoup de jeunes, et heureusement, ils sont tous restés pour une discussion très animée. Niels a particulièrement bien parlé ce soir-là.
J'avais remarqué que le public allemand semblait se réchauffer plus facilement avec Niels qu'avec moi. J'avais l'impression d'avoir du mal à établir ce lien empathique avec le public allemand qui est si essentiel pour bien parler devant un auditoire.
Sentir les réactions de son auditoire, ce qui, on peut le supposer, passe en grande partie par un processus d'interprétation et d'agrégation des signaux du langage corporel, puis s'y adapter, est une capacité dont je me suis enorgueilli toute ma vie d'adulte.
Tout orateur politique expérimenté vous dira qu'il y a un élément intuitif - la réaction émotionnelle du public se communique à l'orateur d'une manière que nous ne comprenons pas toujours.
Il ne s'agit pas d'une simple projection. Lorsque le public éprouve une sympathie personnelle intense envers Julian et sa jeune famille, ou de la colère face à la façon dont il est traité, vous le ressentez en vous adressant à lui.
Je sais que ce n'est pas seulement une projection de mes propres émotions sur le public, parce que de temps en temps, vous vous rendez compte que vous ne parvenez pas à faire évoluer les sentiments du public dans la direction que vous souhaitez. Ce n'est pas non plus uniquement visuel - j'ai une très mauvaise vue.
Lorsque je parle à un public écossais du défrichement et de la nécessité d'une réforme agraire de nos jours pour rendre la terre au peuple, je sens ce sentiment fortement reflété, émotionnellement, par le public. Sur d'autres sujets, comme la réforme de l'égalité des sexes, j'ai senti des barrières émotionnelles tomber et un ressentiment à mon égard de la part du public, bien que personne d'autre que moi ne parle.
C'est l’intuition. J'ai trouvé qu'elle était mieux exprimée dans la fiction par Isaac Asimov dans le personnage de "la Mule" dans sa trilogie Fondation.
Vous pouvez, si vous le souhaitez, prendre tout ceci avec des pincettes, car il s'agit de mon ressenti à l'égard du public et des réunions publiques, et d'une preuve supplémentaire que Craig Murray est un excentrique.
Mais ce que j'ai retiré de nos audiences en Allemagne ressemblait plus à un respect plutôt austère, comme si j'étais un élément amovible, une pièce quelconque généralement reconnue comme étant utile, plutôt qu'un être humain chaleureux avec lequel on pourrait interagir.
Niels, par contre, semblait être, sans faire d’efforts, sur la même longueur d'onde que les spectateurs allemands, et ils semblaient l'apprécier instinctivement. Son style d'expression est beaucoup plus intellectuel que le mien, mais il a également réussi à transmettre la douleur de la famille dont il a été témoin pendant le tournage d'Ithaka, et le traitement inhumain et dégradant de Julian à Belmarsh.
À Halle, Niels a décrit simplement la terreur des enfants en bas âge de Julian lorsqu'ils ont été soumis à une inspection buccale lors d'une visite à Belmarsh, et reniflés et tripotés par des chiens plus grands qu'eux. Il en a parlé d'une voix calme et grave, et cela m'a marqué.
Cette photo prise après les discussions montre bien que Niels était la star du spectacle ce soir-là.
Je suis cependant reparti avec une grande quantité de chocolat offerte en cadeau. Il est très facile de me remonter le moral.
Après avoir discuté avec des militants et avoir été photographiés dans une excellente reproduction de la cellule de Julian à Belmarsh, avec une bande sonore authentique de la prison, nous sommes retournés au très confortable Schloss Teutschenthal.
L'hôtel était totalement dans le noir et apparemment désert, nous sommes donc allés nous coucher tôt.
Le lendemain matin, à l'aube, le Schloss m’a beaucoup rappelé la maison de la famille von Trapp dans le film Sound of Music.
Nous avons pris le petit-déjeuner dans la magnifique salle à manger. Nous étions les seuls clients de l'hôtel, bien qu'il y ait eu beaucoup de monde à préparer la salle de réception pour un banquet le soir même. L'hôtel fonctionne principalement comme un centre de conférence et un lieu de mariage et d'événements, mais vous pouvez simplement vous enregistrer comme nous l'avons fait.
Dans cette salle de réception, en novembre 1943, le propriétaire du domaine, Carl Wentzel, avait organisé un grand dîner pour les principaux industriels allemands. La discussion avait porté sur l'urgence de se débarrasser d'Adolf Hitler.
Wentzel a ensuite participé activement au complot d'assassinat d’Hitler de l’«Opération Walkyrie» en juillet 1944, et a été pendu par le régime nazi le 20 décembre 1944. La plupart, voire la totalité des participants au dîner de novembre 1943 a également été exécutée à l’époque.
Dans le hall, une peinture de Wentzel évoquant son destin était accrochée au mur.
Le domaine et le manoir, aujourd'hui un hôtel, sont de nouveau entre les mains de la famille Wentzel, après avoir fait partie de l'Allemagne de l'Est communiste pendant la période de la guerre froide.
En Allemagne, la restitution des terres confisquées à la fois par les nazis et les communistes a été irrégulière après la réunification, mais semble avoir été faite ici; on peut supposer que l'histoire de Carl Wentzel y a contribué.
Je me suis rendu dans de nombreuses propriétés de ce type au début des années 1990 dans la Pologne voisine, et là, elles avaient généralement été transformées en centres de repos et de loisirs du parti, ou en sanatoriums pendant la période communiste.
Au Schloss Teutschenthal, le personnel ne parlait pas anglais, mais apparemment, les choses s’étaient aussi déroulées ainsi. Deux grands blocs d'hébergement ont été construits sur le site, dans les années 1970, aujourd'hui à l'abandon.
En Pologne au début des années 90, il y a eu une restitution complète et à grande échelle aux propriétaires, dans les parties du pays autrefois polonaises avant 1939.
J'ai soutenu cette initiative dans le cadre de mon travail à l'ambassade britannique, mais en privé, je la considérais comme désastreuse. De vastes étendues de pays ont été restituées aux mêmes aristocrates désespérés et chamailleurs qui avaient rendu la Pologne invivable durant des siècles.
L'élégant "Schloss" actuel date d'environ 1880, mais le château médiéval d'origine se dresse toujours dans des ruines conséquentes et a l’air fascinant, mais il a été condamné. Après une promenade dans le parc avec Niels après le petit-déjeuner, je suis allée écrire un peu - apprenant plus tard qu'il avait escaladé un des murs de l’ancien château. Je crains que mes sessions d'escalade de murs ne soient derrière moi.
En prenant un taxi pour retourner à la gare de Halle alors qu'il faisait encore jour, le mystère des coquelicots géants s'est éclairci.
Nous étions au milieu d'une vaste installation d'éoliennes, de loin la plus grande jamais vue en Allemagne. Chacune des énormes turbines était surmontée d'un feu rouge destinées à les signaler aux avions. Elles étaient en effet beaucoup plus grandes et beaucoup plus éloignées qu'il n'y semblait dans le noir, tandis que les pales étaient complètement invisibles - la photo de Niels, en tête de cet article, traduit assez bien l'illusion.
Nous rentrions maintenant à Berlin. Notre itinéraire pour le 8 décembre était le suivant : 13.06 Halle ICE800, Berlin HBF 14.25.
Comme il s'agissait d'un court trajet, j'ai décidé que c'était le moment de gagner un jour sur mon abonnement Interrail, et d'acheter un billet. À ma grande surprise, il fallait débourser 85 euros pour un billet de première classe. Les trains allemands ne sont pas bon marché.
Ce train a renoué avec la tradition des grands retards et s'est comporté bizarrement. Il est entré en gare plus vite que prévu et semblait avoir du mal à s'arrêter, se retrouvant bien plus loin le long du quai que les positions indiquées. Il semblait également avoir des difficultés à s'arrêter dans les stations suivantes.
À Berlin, nous étions hébergés à la résidence Viktor, un établissement très grand mais légèrement excentré que nous avions choisi car très proche du cinéma. Nos chambres disposaient d'une kitchenette, mais une affiche collée sur la porte d'un placard indiquait qu'elles n'étaient ni équipée d'ustensiles de cuisine, ni de vaisselle, etc. , sauf pour les clients séjournant plus de deux semaines.
Il n'y avait même ni bouilloire ni tasse. En fait, presque aucun des hôtels où j'ai séjourné en Allemagne ne fournissait de bouilloire. Ils avaient tous ces petites machines Nespresso ou équivalentes, qui vous fournissent un dé à coudre d'eau tiède.
La résidence Viktor ne fournissait même pas l'une de ces machines. À moins de rester une quinzaine de jours, peut-être.
L'événement de ce soir-là se déroulait dans un lieu au nom insolite de "Musikbrauerei". Le premier défi a été de le trouver.
La réception de l'hôtel m'a gentiment donné un plan, m'expliquant que la Musikbrauerei ne se trouvait pas à l'endroit indiqué, mais dans la rue suivante. Google Maps avait une autre idée en tête.
Une fois arrivé dans le quartier en question, dans les ruelles adjacentes entre quelques bâtiments commerciaux sans éclairage, je n'ai rien trouvé qui indique la Musikbrauerei, et pas de panneaux pour indiquer l'événement.
L'un des bâtiments étant doté d'un éclairage rouge structuré qui le mettait en valeur, et je suis allé voir. J'en ai fait le tour, mais il semblait désert. Au moment où je m'apprêtais à partir, une porte du sous-sol s'est ouverte et un homme a rejoint le sommet de l'escalier pour fumer une cigarette. Il a confirmé qu'il s'agissait de la Musikbrauerei, et m'a laissé entrer par la porte du sous-sol.
Une fois à l'intérieur, j'ai eu toutes les peines du monde à convaincre un gardien très imposant que je n'avais pas à payer. Il se trouvait dans une pièce où on distinguait des rangées et des rangées de porte-manteaux de type industriel, tous vides. On m'a ensuite montré une volée de marches menant du sous-sol à une série de pièces encore plus souterraines.
Cela devenait surréaliste. Les pièces étaient aménagées pour accueillir exactement le genre de fête étrange que l'on voit dans les films (du moins, c'est là ma seule référence). Cela m'a rappelé la scène de l'enterrement de vie de garçon dans Succession.
C'était un espace à la fois étrange et merveilleux. Je pourrais poster une douzaine de photos, mais ces deux-là vous donneront une petite idée :
" Eh bien, Toto, me suis-je dit, on dirait bien qu'on a changé de dimension".
https://www.craigmurray.org.uk/archives/2023/01/trains-mostly-planes-and-automobiles-part-6/