đâđš Trump a bombardĂ© lâIran pour prĂ©server la suprĂ©matie amĂ©ricaine & israĂ©lienne au Moyen-Orient
Ci-gĂźt la diplomatie US, remplacĂ©e par des mensonges & une violence sans prĂ©cĂ©dent. DĂ©clarer la âmission accomplieâ est inacceptable. Le carnage n'est pas terminĂ©. Il ne a fait que commencer.
đâđš Trump a bombardĂ© lâIran pour prĂ©server la suprĂ©matie amĂ©ricaine & israĂ©lienne au Moyen-Orient
Par Dan Steinblock, le 22 juin 2025
Lorsque le prĂ©sident Trump a ordonnĂ© aux Ătats-Unis d'attaquer trois sites nuclĂ©aires iraniens majeurs, une conception erronĂ©e de la sĂ©curitĂ© nationale d'IsraĂ«l s'est transformĂ©e en une vision encore plus perverse de la sĂ©curitĂ© nationale amĂ©ricaine.
Il y a quelques jours Ă peine, le prĂ©sident Trump a rappelĂ© que l'Iran ne disposerait jamais de lâarme nuclĂ©aire. Pourtant, selon les Ă©valuations des services du renseignement amĂ©ricains, l'Iran Ă©tait Ă trois ans de pouvoir produire et livrer une arme nuclĂ©aire. Alors qu'IsraĂ«l prĂ©parait le terrain pour la guerre, les Ătats-Unis n'y croyaient pas. Seul Trump y a cru.
L'offensive israélo-américaine contre l'Iran n'a rien à voir avec les armes nucléaires. Il s'agit d'une nouvelle guerre par procuration injustifiée. Elle vise à rétablir l'Iran d'avant 1979.
Ironiquement, l'Iran est membre du TraitĂ© de non-prolifĂ©ration nuclĂ©aire (TNP), quâIsraĂ«l rejette. Comme le montre âThe Fall of Israelâ (2025), la voie vers le carnage au Moyen-Orient tracĂ©e par les Ătats-Unis et IsraĂ«l a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e il y a prĂšs de 60 ans.
La guerre du Yom Kippour
Israël a franchi le seuil nucléaire à la veille de la guerre des Six Jours en mai 1967, lorsque le Premier ministre Levi Eshkol a secrÚtement ordonné aux scientifiques du réacteur nucléaire de Dimona d'assembler deux engins nucléaires rudimentaires. Ces bombes atomiques rudimentaires
âĂ©taient prĂȘtes Ă ĂȘtre dĂ©ployĂ©es sur des camions prĂȘts Ă se prĂ©cipiter vers la frontiĂšre Ă©gyptienne pour ĂȘtre dĂ©clenchĂ©es au cas oĂč les forces arabes submergeraient les dĂ©fenses israĂ©liennesâ.
à la veille du Yom Kippour en 1973, malgré des informations préalables des services du renseignement sur l'imminence d'une attaque, la PremiÚre ministre Golda Meir a décidé de ne pas lancer de frappe préventive, craignant que la réponse américaine ne soit défavorable, comme cela avait été le cas en 1956. La mobilisation s'est avérée largement insuffisante. Pendant quelques jours, Israël a été confronté à une menace existentielle.
MĂȘme le ministre de la DĂ©fense Moshe Dayan, d'ordinaire si posĂ©, Ă©tait suffisamment Ă©branlĂ© pour dĂ©clarer plus tard Ă Meir que âc'est la fin du TroisiĂšme Templeâ. Il faisait rĂ©fĂ©rence Ă l'effondrement de l'Ătat d'IsraĂ«l. Mais âTempleâ Ă©tait Ă©galement le nom de code de lâarme nuclĂ©aire.
Dans la nuit du 8 octobre, Meir et son cabinet restreint ont fait assembler treize bombes atomiques de 20 kilotonnes. Leur potentiel destructeur était supérieur à celui de la bombe atomique larguée sur Hiroshima, avec une puissance explosive équivalente à environ 15 kilotonnes de dynamite.
Au bord d'une guerre nucléaire
Les IsraĂ©liens prĂ©voyaient d'utiliser ces bombes contre des cibles Ă©gyptiennes et syriennes si les forces arabes progressaient trop. Des fuites suggĂšrent que l'objectif premier Ă©tait la dissuasion stratĂ©gique, mais Ă©galement une âoption Samsonâ, c'est-Ă -dire une riposte israĂ©lienne massive potentielle en tant qu'option de âdernier recoursâ.
Ă l'Ă©poque, les implications des consĂ©quences dĂ©vastatrices de frappes nuclĂ©aires, mĂȘme tactiques, Ă©taient mal connues. Lorsque les SoviĂ©tiques ont commencĂ© Ă rĂ©approvisionner les pays arabes, en particulier la Syrie, Meir a demandĂ© Ă Nixon de l'aider Ă fournir des Ă©quipements militaires.
AprĂšs l'alerte nuclĂ©aire totale, les IsraĂ©liens ont commencĂ© Ă charger les ogives dans les avions en attente. Conscient des implications potentielles, Nixon a ordonnĂ© une opĂ©ration de transport aĂ©rien stratĂ©gique Ă grande Ă©chelle pour livrer des armes et des fournitures Ă IsraĂ«l. Au moment oĂč l'aide a Ă©tĂ© livrĂ©e, IsraĂ«l a pris le dessus dans la guerre.
AprĂšs ces journĂ©es qui ont frĂŽlĂ© le gouffre nuclĂ©aire, rien nâallait plus jamais ĂȘtre pareil au Moyen-Orient. L'aide militaire amĂ©ricaine Ă IsraĂ«l contribua Ă l'embargo de l'OPEP contre les Ătats-Unis en 1973, levĂ© en mars 1974, puis au renversement du Shah en Iran en 1979, suivi d'une nouvelle crise pĂ©troliĂšre.
Ces deux crises et l'expansion Ă©conomique de l'aprĂšs-guerre ont pris fin avec une stagflation dĂ©vastatrice, qui a entraĂźnĂ© des taux d'intĂ©rĂȘt record. Avec le dĂ©clin de l'Ăšre keynĂ©sienne, le monĂ©tarisme s'est imposĂ©, accompagnĂ© des campagnes de rĂ©armement de Reagan.
Les stocks nucléaires
Selon les estimations conventionnelles, IsraĂ«l disposerait d'environ 90 ogives nuclĂ©aires, ce qui ferait de ce petit pays la 9e puissance nuclĂ©aire mondiale. Cependant, les estimations non officielles varient. L'estimation conventionnelle se situe dans la fourchette basse, certains analystes suggĂ©rant que le nombre pourrait atteindre 200, voire 400 armes nuclĂ©aires. Ce dernier chiffre ferait d'IsraĂ«l la quatriĂšme puissance nuclĂ©aire mondiale, juste derriĂšre la Russie, les Ătats-Unis et la Chine, et devant la France, le Royaume-Uni, l'Inde et le Pakistan.
La plupart des IsraĂ©liens considĂšrent l'Iran comme la principale menace nuclĂ©aire. IsraĂ«l dispose d'un large Ă©ventail d'armes nuclĂ©aires, tandis que l'Iran pourrait avoir enrichi suffisamment de matiĂšres nuclĂ©aires pour en fabriquer, mais on estime qu'il ne l'a pas encore fait. Si elles existaient, ces armes seraient enfouies profondĂ©ment sous terre, probablement inaccessibles mĂȘme en cas de frappe nuclĂ©aire. Dans un tel scĂ©nario, les grands centres civils ne seraient pas des dommages collatĂ©raux, mais des cibles massives dĂ©libĂ©rĂ©es.
Selon certaines projections, des explosions nuclĂ©aires dans les villes densĂ©ment peuplĂ©es d'Iran entraĂźneraient probablement des millions de morts, des dizaines de millions de blessĂ©s sans soins mĂ©dicaux adĂ©quats, une destruction dĂ©vastatrice des infrastructures municipales, une perturbation Ă long terme des activitĂ©s Ă©conomiques, Ă©ducatives et autres activitĂ©s sociales essentielles, ainsi qu'un effondrement total de l'ordre public. Ces scĂ©narios cauchemardesques incluent des patients souffrant de brĂ»lures thermiques et d'irradiations qui devraient endurer des douleurs extrĂȘmes sans aucun traitement.
Doctrine officielle de âl'ambiguĂŻtĂ© nuclĂ©aireâ
Officiellement, Israël pratique depuis longtemps une politique d'ambiguïté nucléaire. S'il a utilisé des fuites - destinées à la guerre psychologique - pour signaler sa dissuasion nucléaire disproportionnée, il ne confirme ni ne nie officiellement qu'il possÚde des armes nucléaires. En public, sa déclaration standard est que
âIsraĂ«l ne sera pas le premier pays Ă introduire des armes nuclĂ©aires au Moyen-Orientâ.
Mais dans les faits, la politique israélienne est de nature préventive.
Le pays a d'abord flirtĂ© avec l'option nuclĂ©aire Ă la veille de la guerre de 1967. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1960, IsraĂ«l s'appuie sur ce que le journaliste d'investigation Seymour Hersh a dĂ©crit comme l'option Samson. Ce terme fait rĂ©fĂ©rence au personnage biblique Samson qui a poussĂ© les piliers d'un temple philistin, provoquant l'effondrement du toit. Ce faisant, il a tuĂ© non seulement ses ennemis, les Philistins, mais aussi lui-mĂȘme. Il s'agit d'une stratĂ©gie de dissuasion ultime consistant en des reprĂ©sailles massives.
En octobre 1973, en pleine invasion Ă©gypto-syrienne, Golda Meir et Moshe Dayan ont mobilisĂ© des ogives nuclĂ©aires en vue d'une utilisation Ă©ventuelle, ce qui a entraĂźnĂ© la campagne de rĂ©armement massif du prĂ©sident Nixon et Ă l'approfondissement rapide des liens militaires bilatĂ©raux â et finalement Ă la relation symbiotique dont le prĂ©sident Trump s'est vantĂ© dans son commentaire dimanche Ă la Maison Blanche, juste aprĂšs les attaques amĂ©ricaines contre les enclaves nuclĂ©aires iranien, soit une dĂ©claration de guerre Ă l'Iran.
La doctrine Begin
En 1981, IsraĂ«l a dĂ©truit le rĂ©acteur nuclĂ©aire irakien Osirak alors que le gouvernement Begin dĂ©clarait la guerre au Liban. MalgrĂ© les critiques publiques de l'administration Reagan, les Ătats-Unis et IsraĂ«l ont signĂ© un mĂ©morandum d'entente stratĂ©gique et ont commencĂ© Ă approfondir leurs relations bilatĂ©rales en matiĂšre de dĂ©fense. L'attaque d'Osirak a donnĂ© naissance Ă la doctrine nuclĂ©aire Begin, qui interdit Ă tout Ătat rĂ©gional âhostileâ de se doter d'une capacitĂ© militaire nuclĂ©aire.
Begin a dĂ©crit cette frappe comme un acte âd'autodĂ©fense anticipĂ©e dans ce qu'elle a de meilleurâ, la prĂ©sentant comme un engagement national Ă long terme.
âNous avons choisi ce moment, maintenant, et pas plus tard, car plus tard, il sera peut-ĂȘtre trop tard, peut-ĂȘtre pour toujours... Alors, ce pays et ce peuple auraient Ă©tĂ© perdus, comme aprĂšs l'Holocauste. Un autre Holocauste aurait eu lieu dans l'histoire du peuple juif. Plus jamais ça, plus jamais ! ... Nous ne permettrons Ă aucun ennemi de dĂ©velopper des armes de destruction massive contre nousâ.
D'une certaine maniĂšre, la doctrine Begin reflĂ©tait la vision offensive de la sĂ©curitĂ© nationale du parti de droite, le Likoud. Mais elle reprĂ©sentait Ă©galement une continuitĂ© et trouve son origine au dĂ©but des annĂ©es 1960, avec l'opĂ©ration DamoclĂšs, la campagne secrĂšte du Mossad visant Ă assassiner les scientifiques nazis travaillant pour l'Ăgypte afin de dĂ©velopper des bombes Ă partir de dĂ©chets radioactifs. Le lĂ©gendaire chef du Mossad, Isser Harel, a recrutĂ© d'anciens nazis pour fournir des services de renseignement sur les pays arabes.
Lorsque j'ai rencontré Harel au milieu des années 1970, il a nié toutes ces histoires. Mais par la suite, il les a confirmées. L'un de ces mercenaires était le légendaire commando Waffen-SS Otto Skorzeny, qui a servi comme conseiller du président égyptien Nasser. On peut établir un lien direct entre l'opération DamoclÚs et l'attaque israélienne de 1981 contre le réacteur nucléaire d'Osirak en Irak, puis les assassinats ciblés de scientifiques nucléaires iraniens, en particulier depuis 2010 et jusqu'à aujourd'hui.
Le rĂȘve messianique d'extrĂȘme droite dââatomiser Gazaâ
Un mois aprÚs l'offensive du Hamas du 7 octobre, le ministre du Patrimoine de Netanyahu, Amichai Eliyahu, a suggéré que l'une des options d'Israël dans la guerre contre le Hamas serait de larguer une bombe nucléaire sur la bande de Gaza. Lorsque l'histoire s'est répandue à l'échelle internationale, elle a été rapidement démentie par le Premier ministre Netanyahu, mais il n'a pas licencié son ministre.
L'extrĂȘme droite, reprĂ©sentĂ©e par Eliyahu, s'est opposĂ©e Ă l'acheminement de toute aide humanitaire Ă Gaza, affirmant que
ânous n'aurions pas fourni d'aide humanitaire aux nazis, car il n'y a pas d'innocents Ă Gazaâ.
D'une certaine maniÚre, Eliyahu a obtenu ce qu'il souhaitait. Fin avril 2024, Israël avait largué plus de 70 000 tonnes de bombes sur Gaza, surpassant les bombardements de Dresde, Hambourg et Londres réunis durant la Seconde Guerre mondiale. Cela représente plus de 30 kg d'explosifs par personne, principalement des femmes et des enfants.
De plus, le poids des bombes nuclĂ©aires amĂ©ricaines larguĂ©es sur Hiroshima et Nagasaki au Japon Ă©tait estimĂ© Ă environ 15 000 tonnes d'explosifs. MĂȘme avant l'offensive de Rafah en mai 2024, Gaza a Ă©tĂ© bombardĂ©e prĂšs de cinq fois plus que cela. TĂ©moignant d'une brutalitĂ© extraordinaire et d'un mĂ©pris aveugle pour la vie humaine, il s'agit d'un crime de guerre choquant sans prĂ©cĂ©dent dans l'histoire rĂ©cente.
âLa paix par la forceâ
Ce qui rend le tout encore plus stupĂ©fiant, c'est la complicitĂ© de Biden-Harris, associĂ©e Ă des promesses creuses selon lesquelles ânous Ćuvrons 24 heures sur 24 pour la paixâ pendant que le monde entier regarde ailleurs.
âLa paix par la forceâ relĂšve du mĂȘme principe que lorsque le prĂ©sident Trump va frapper trois sites iraniens majeurs, rejoignant ainsi ouvertement la campagne aĂ©rienne israĂ©lienne contre le programme nuclĂ©aire qu'il a soutenu jusqu'alors en secret.
Ci-gĂźt la diplomatie amĂ©ricaine. Elle a Ă©tĂ© remplacĂ©e par des mensonges et une violence sans prĂ©cĂ©dent dans l'histoire. Les jeux sont faits. PrĂ©tendre qu'il s'agit d'une âmission accomplieâ est tout simplement inacceptable. Le carnage n'est pas terminĂ©. Il ne a fait que commencer.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Dan Steinbock est l'auteur de The Fall of Israel(La chute d'IsraĂ«l). Il est le fondateur du Difference Group et a travaillĂ© Ă l'India, China and America Institute (Ătats-Unis), au Shanghai Institute for International Studies (Chine) et Ă l'EU Center (Singapour). Pour en savoir plus, consultez https://www.differencegroup.net/
https://www.juancole.com/2025/06/preserving-nuclear-supremacy.html
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