🚨 Tuer dans le noir
🚨 Alerte hôpital Al-Quds!! 🚨 Alors qu'Israël se prépare à une invasion terrestre pour restreindre le territoire de Gaza, il réprime plus durement que jamais la dissidence, y compris les journalistes.
👁🗨 Tuer dans le noir
Par Elizabeth Vos, Spécial Consortium News, le 21 octobre 2023
Alors qu'Israël se prépare à une invasion terrestre pour restreindre le territoire de Gaza, il réprime plus durement que jamais la dissidence, y compris les journalistes, rapporte Elizabeth Vos.
Alors qu'Israël prépare une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza, de nouvelles attaques contre les civils qui s'y abritent se profilent à l'horizon : Tel Aviv a ordonné l'évacuation de l'hôpital Al-Quds et de cinq écoles de l'UNRWA dans la ville de Gaza pour échapper à un bombardement imminent.
L'hôpital Al-Quds traiterait plus de 400 patients et abriterait 12 000 civils déplacés.
Pendant ce temps, Israël continue de resserrer son étau sur les dissensions internes et la couverture médiatique du carnage.
Les médias ont rapporté vendredi que les représentants de l'UNRWA, l'agence de secours de l'ONU, ont déclaré qu'Israël leur avait demandé d'évacuer cinq écoles “aussi vite que possible... Nous avons fait ce que nous pouvions pour protester et rejeter cette décision, mais cela signifie qu'à partir de maintenant, ces installations ne sont plus sûres”.
Le journaliste Max Blumenthal a écrit sur les réseaux sociaux : “Israël laisse entendre qu'il prévoit de bombarder les écoles de l'ONU. Le message ci-dessous a été envoyé à l'UNRWA”.
Le Croissant-Rouge palestinien a écrit via X :
“Le Croissant rouge palestinien est confronté à une menace imminente. L'armée israélienne exige l'évacuation de l'hôpital Al-Quds, un sanctuaire pour plus de 400 patients et environ 12 000 civils déplacés. Nous appelons la communauté internationale à agir de toute urgence pour éviter une autre catastrophe comme celle de l'hôpital Al-Ahli”.
S'adressant à Al Jazeera, un représentant de l'hôpital a déclaré que l'ordre d'évacuation pour échapper aux bombardements était “immédiat”, citant également les propos des Forces de défense israéliennes (FDI) :
“L'hôpital Al-Quds sera bombardé.”
Le groupe d'aide a également indiqué par l'intermédiaire de X que 70 % des civils réfugiés dans l'enceinte de l'hôpital sont des femmes et des enfants.
L'hôpital Al-Quds et les écoles de l'UNRWA se trouvent tous deux dans la ville de Gaza, dans la partie nord de la bande de Gaza, où Israël a déjà bombardé massivement les zones résidentielles. Des milliers de personnes ont été contraintes de se réfugier dans des structures telles que des hôpitaux et des écoles après la destruction de leurs maisons. Il n'y a pas non plus de moyen de transporter les patients gravement malades.
Même si des civils valides et en bonne santé veulent quitter les hôpitaux et les écoles ciblés, leurs possibilités sont extrêmement limitées. Il n'y a aucun moyen de sortir de Gaza et aucun moyen d'acheminer l'aide grâce au blocus total d'Israël. [Sous la pression des États-Unis, seuls 20 camions d'aide ont été autorisés à entrer dans le territoire samedi matin].
Israël a d'abord demandé aux habitants du nord de la bande de Gaza d'évacuer vers le sud, mais les routes dites sécurisées ont été prises pour cible, et de nombreux bombardements ont été effectués par Israël dans la partie sud de la bande de Gaza, y compris un bombardement sur l'une des dernières boulangeries en état de marche.
Le fait que des écoles et un grand hôpital du nord de la bande de Gaza reçoivent de telles menaces de la part des forces israéliennes indique qu'Israël a l'intention de détruire le plus grand nombre possible de grands bâtiments et de groupes de personnes en prévision d'une invasion terrestre dans le nord.
Ces avertissements doivent être pris particulièrement au sérieux au regard du bombardement de l'hôpital al-Ahli en début de semaine, qui a entraîné la mort de centaines de civils qui s'y étaient réfugiés. Bien que la responsabilité de l'attentat n'ait pas été établie avec certitude, de nouvelles enquêtes ébranlent sérieusement la thèse d'Israël.
De nouveaux éléments sur l'attaque de l'hôpital
Channel 4 News et Al Jazeera ont démenti la version israélienne des événements, notamment en ce qui concerne la trajectoire du projectile qui a frappé le parking de l'hôpital, et l'enregistrement de combattants du Hamas produit par Israël pour se soustraire à la responsabilité de l'attentat.
Des preuves vidéo et de nombreux témoignages indiquent que les victimes de l'attaque ont été déchiquetées, et le souffle de concussion d'un missile à explosion expliquerait ce type de dommages, comme l'a expliqué Dylan Griffith, vétéran de l'armée américaine et expert en armement, qui s'est entretenu avec Middle East Monitor.
Interrogé sur les réseaux sociaux au sujet de l'absence de dommages à la structure de l'hôpital, Griffith a déclaré :
“Même constat. Je pense que cette zone était utilisée comme point de collecte des blessés et que les signatures thermiques ont attiré l'attention de l'avion. Je suis convaincu que les dégâts observés correspondent à une munition à explosion et je continue à penser que le son émis est celui d'un JDAM”.
Les premiers reportages avaient suggéré qu'Israël était probablement responsable de l'explosion, avant qu'Israël, puis la presse officielle, n'imputent l'attaque à une roquette du Djihad islamique palestinien mal amorcée. Si la responsabilité d'Israël dans cet attentat est finalement prouvée, cela ne fera que s'ajoutera à la longue histoire du mensonge du pays sur les crimes qu'il commet à l'encontre des Palestiniens et de leurs alliés.
Gaza va se réduire à peau de chagrin
Au-delà de l'attaque de l'hôpital, les membres du gouvernement israélien sont désormais plus enclins à discuter ouvertement de leurs intentions meurtrières. Mercredi, le ministre israélien des affaires étrangères, Eli Cohen, a admis qu'Israël se livrait à un nettoyage ethnique des Palestiniens de leurs terres à Gaza, en déclarant :
“À la fin de cette guerre, les Palestiniens ne seront plus aussi nombreux qu'avant, et non seulement le Hamas ne sera plus à Gaza, mais le territoire de Gaza va également être plus restreint.”
Sept experts de l'ONU ont également tiré la sonnette d'alarme sur la conduite d'Israël à Gaza, comme le rapporte Electronic Intifada. Leur déclaration décrit les actions d'Israël comme étant non seulement des crimes de guerre, mais aussi des crimes contre l'humanité.
Chris Hedges écrit à propos d'une invasion terrestre à venir :
“J'ai participé à des guerres urbaines au Salvador, en Irak, à Gaza, en Bosnie et au Kosovo. Lorsque vous combattez rue par rue, immeuble par immeuble, il n'y a qu'une seule règle : tuer tout ce qui bouge.
“Les discours sur les zones de sécurité, les promesses quant à la protection des civils, les annonces de frappes aériennes “chirurgicales” et “ciblées”, la mise en place d'itinéraires d'évacuation “sécurisés”, la fausse explication selon laquelle les civils morts ont été “pris entre deux feux”, l'affirmation selon laquelle les maisons et les immeubles bombardés étaient la demeure de terroristes, ou que les roquettes égarées du Hamas étaient responsables de la destruction d'écoles et de cliniques médicales, tout cela fait partie de la couverture rhétorique qui permet de procéder à un massacre aveugle”.
Prendre pour cible un hôpital en état de marche demeure un crime de guerre, tout comme le fait d'avoir pris pour cible d'autres installations médicales, un bâtiment d'aide des Nations unies et au moins trois lieux de culte où des centaines de civils cherchaient à se mettre à l'abri.
Le New York Daily News a rapporté que,
“Au total, sept hôpitaux et 21 centres de soins de santé de premier recours à Gaza sont répertoriés comme étant “hors service”, tandis que 64 membres du personnel médical ont été tués au cours de la campagne de bombardements israélienne”, a déclaré un porte-parole du ministère palestinien de la santé.
La situation sur le terrain est à ce point désastreuse que le chirurgien et Palestinien britannique Ghassan Abu Sitta, qui a déjà raconté son expérience pendant et après l'attaque de l'hôpital al-Ahli, a rapporté jeudi sur les réseaux sociaux que le personnel médical en était réduit à traiter les plaies infectées par des bactéries avec du vinaigre.
Dresde en “valait la peine”
Les plans d'Israël pour Gaza sont si extrêmes qu'ils ont été ouvertement comparés au bombardement de Dresde pendant la Seconde Guerre mondiale. The Grayzone a rapporté que l'Associated Press avait supprimé cette comparaison de ses articles, ainsi que des témoignages de représentants d'Israël ayant fait publiquement la comparaison avec Dresde, arguant que tuer un nombre considérable de civils “valait la peine” de battre les nazis.
Selon Defense for Children, 1 661 enfants palestiniens ont été tués à Gaza par l'armée israélienne depuis le 7 octobre, tandis que “plus de 4 000 enfants palestiniens sont blessés et des centaines sont toujours portés disparus sous les décombres”.
La violence est à ce point aveugle que l'ancien député américain Justin Amash a perdu des membres de sa famille lors du bombardement par Israël de l'église orthodoxe Saint Porphyrius, où ils s'étaient réfugiés. Le bombardement de l'église et des mosquées de Gaza constitue un crime de guerre, car il est illégal de prendre pour cible des lieux de culte.
Des préparatifs pour tuer dans le noir
Alors qu'Israël se prépare à une invasion terrestre, il réprime plus durement que jamais les dissidents, y compris les journalistes. Israel Frey, un journaliste israélien qui a dû se cacher après avoir dénoncé les attaques israéliennes contre les civils à Gaza, s'est exprimé vendredi sur les réseaux sociaux en évoquant les plus de 1 000 enfants tués à Gaza lors de la récente offensive.
Il a déclaré :
“Toute personne [en Israël] montrant de l'empathie pour la douleur que nous infligeons à ces innocents est qualifiée de traître [et est] menacée, comme si le sang des habitants de Gaza était sans valeur, comme si nos crimes de guerre allaient réconforter nos victimes”.
The Nation rapporte également qu'au moins 170 Palestiniens ont été “arrêtés ou interrogés depuis l'attaque du Hamas sur de simples questions d'expression en ligne”, qui peuvent se résumer à “liker” un message pro-palestinien sur des plateformes comme Instagram, où un grand nombre de séquences et d'images en provenance directe de Gaza sont postées chaque jour.
Vendredi, le gouvernement israélien a approuvé une réglementation qui lui permettra de fermer temporairement des chaînes d'information étrangères, ouvrant ainsi la voie à la fermeture de chaînes comme Al Jazeera.
Le ministre des communications, Shlomo Karhi, a déclaré à propos de cette réglementation :
“Israël est en guerre sur terre, dans les airs, en mer et sur le front de la diplomatie publique. Nous n'autoriserons en aucun cas les émissions qui portent atteinte à la sécurité de l'État... Les émissions et les reportages d'Al Jazeera constituent une incitation à la haine contre Israël, aident le Hamas-ISIS et les organisations terroristes à faire leur propagande et encouragent la violence contre Israël”.
En évoquant une politique à tolérance zéro pour les manifestations anti-guerre, un chef de la police israélienne a menacé de faire monter les manifestants pro-palestiniens dans des bus pour Gaza : une condamnation à mort compte tenu de la trajectoire génocidaire actuelle d'Israël, qui fait preuve d'une violence absolue à l'égard des habitants de la bande de Gaza.
Étant donné le nombre élevé de victimes militaires israéliennes susceptibles de résulter d'une invasion terrestre, il est également logique que les autorités écrasent préventivement la dissidence avant qu'une réaction généralisée contre la guerre ne puisse s'enraciner sur le plan national et international.
Avec l'intensification de la répression interne de l’expression, et les menaces de bombardement des hôpitaux et des écoles à Gaza, il est clair qu'Israël se prépare à une guerre totale dont il sait qu'elle fera de nombreuses victimes civiles et provoquera des dissensions à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
* Elizabeth Vos est journaliste indépendante, co-animatrice de CN Live ! et collaboratrice régulière de Consortium News.
Les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Consortium News.