👁‍🗨 Un an après l'assassinat de Shireen Abu Akleh

Les forces armées d’Israël ont tué au moins 20 journalistes dans les territoires palestiniens occupés depuis 2001, dont Akleh, mais aucune enquête n'a tenu d'Israéliens pour responsable des meurtres.

Shireen Abu Akleh, sans date. (Al Jazeera Media Network - Al Jazeera Media Network, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons)

👁‍🗨 Un an après l'assassinat de Shireen Abu Akleh

Par Peoples Dispatch, le 11 mai 2023

Les forces armées d’Israël ont tué au moins 20 journalistes dans les territoires palestiniens occupés depuis 2001, dont Akleh, mais aucune enquête n'a tenu un seul Israélien pour responsable de ces meurtres.

La justice pour la journaliste d'Al Jazeera - jusqu'à présent différée - servirait la liberté de la presse dans les territoires occupés, où au moins 20 journalistes ont été tués par les forces israéliennes au cours des deux dernières décennies.

Un an s'est écoulé depuis que la journaliste d'Al Jazeera Shireen Abu Akleh a été tuée par les forces de sécurité israéliennes, mais la lutte pour la justice continue car personne n'a été tenu pour responsable de ce crime.

La justice dans l'affaire Akleh est importante à la fois pour la liberté de la presse dans les territoires palestiniens occupés, et pour mettre fin à l'impunité des Israéliens dans les crimes commis contre les Palestiniens.

Mme Akleh et ses collègues couvraient un raid des forces d'occupation israéliennes dans un camp de réfugiés à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, lorsqu'ils ont été attaqués. Akleh a reçu une balle dans la tête, et son collègue Ali al-Samoudi a été blessé lors de l'attaque, mais s'est rétabli par la suite.

Tous deux ont essuyé des tirs alors qu'ils portaient des gilets de presse qui les identifiaient clairement comme des journalistes.

Immédiatement après sa mort, les autorités israéliennes ont affirmé qu'elle avait été tuée par des combattants palestiniens lors de tirs croisés avec les forces israéliennes. Cependant, Israël a été rapidement contraint de se rétracter après que l'association israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem a publié une vidéo d'investigation la démystifiant.

Le 20 mai 2022, B'Tselem a annoncé que la division des enquêtes criminelles de la police militaire israélienne n'enquêterait pas sur l'assassinat de la journaliste américano-palestinienne, par crainte que l'enquête ne démoralise l'armée israélienne, qui opère "par prudence", et ne crée une controverse au sein de la société israélienne.

Admission tardive

En septembre 2022, Israël a finalement admis qu'Akleh était peut-être morte dans un incendie accidentel provoqué par un soldat israélien, mais a refusé de demander des comptes à qui que ce soit.

Entre-temps, de nombreuses enquêtes indépendantes menées par des organisations internationales et palestiniennes de défense des droits de l'homme ont établi qu'Akleh était sans équivoque la cible des forces israéliennes, et que son assassinat était intentionnel.

Au cours du cortège funèbre qui s'est déroulé en Cisjordanie occupée quelques jours après son assassinat, les forces israéliennes ont attaqué les personnes en deuil et ont chargé les personnes qui portaient son cercueil, le faisant presque tomber par terre. Personne n'a été inculpé pour cette attaque non plus.

L'attaque contre les funérailles de Shireen Abu Akleh en mai 2022. (Osama Eid/Flickr, Domaine public)

La famille de Shireen Abu Akleh, ses collègues et la communauté internationale espèrent toujours qu'Israël sera tenu pour responsable de ces crimes. Le dimanche 7 mai, sa nièce Lina Abu Akleh a déclaré à Al-Jazeera, lors d'une messe commémorative, qu'ils "se battent toujours pour la justice".

Lutte contre l'impunité israélienne

La justice pour Akleh peut ouvrir la voie à la fin de l'impunité israélienne, et à l'établissement de la liberté de la presse dans les territoires occupés, où au moins 20 journalistes ont été tués par les forces israéliennes au cours des deux dernières décennies, et au moins 16 autres ont été emprisonnés.

Bien que Mme Akleh soit une citoyenne américaine, Washington s'est montré réticent à intervenir de manière significative pour que justice soit rendue dans son cas. Il a d'abord donné un blanc-seing à Israël en s'appuyant aveuglément sur sa version de la mort accidentelle d'Akleh. Sa famille a réagi en déclarant que les États-Unis "insultaient" sa mémoire.

Ce n'est que sous la pression de la famille d'Akleh, de ses collègues et d'autres personnes que l'administration Biden a lancé une enquête du FBI en novembre, près de sept mois après son assassinat. Cette enquête traîne également en longueur et aucune information publique n'a été rendue publique sur les progrès réalisés jusqu'à présent.

Israël a déjà refusé de coopérer à l'enquête. Le ministre israélien de la défense de l'époque, Benny Gantz, avait qualifié la décision des États-Unis d'ouvrir une enquête du FBI de "grave erreur" constituant une intervention extérieure dans les affaires intérieures d'Israël.

Graffiti de Shireen Abu Akleh sur la barrière de Cisjordanie à Bethléem. (Dan Palraz, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons)

En fait, Israël n'a jamais tenu ses forces de sécurité pour responsables de l'assassinat de journalistes dans les territoires occupés. Même si une enquête est menée, il n'y a aucune garantie que quelqu'un soit puni.

Comme l'a déclaré l'association israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem, "personne ne doit s'attendre à ce qu'Israël rende justice aux Palestiniens". Le groupe a également déclaré qu'au lieu de mener une enquête sérieuse, Israël se contente de blanchir les crimes commis par ses forces armées.

Dans un rapport publié juste avant l'anniversaire de l'assassinat d'Akleh, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, a confirmé les affirmations de B'Tselem. Selon ce rapport, les forces armées israéliennes ont tué au moins 20 journalistes à l'intérieur des territoires palestiniens occupés depuis 2001, dont Akleh, mais jusqu'à présent aucune enquête n'a tenu un seul Israélien pour responsable de ces meurtres.

La famille d'Akleh, l'Autorité palestinienne, Al-Jazeera et d'autres ont officiellement demandé, ou soutenu, une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur son assassinat.

Cet article est tiré de Peoples Dispatch.

Les opinions exprimées dans cet article peuvent ou non refléter celles de Consortium News.

https://consortiumnews.com/2023/05/11/a-year-since-shireen-abu-aklehs-killing/