đâđš Un automne dĂ©cisif pour Julian Assange
Lâaffaire Assange est une attaque si grave contre la libertĂ© d'expression que nous ne pouvons la tolĂ©rer & la campagne de soutien Ă Julian Assange doit absolument s'intensifier dans les mois Ă venir.
đâđš Un automne dĂ©cisif pour Julian Assange
Par Rune Ottosen, président du comité Assange de PEN* NorvÚge, le 17 août 2023 - English version below
Nous sommes Ă la croisĂ©e des chemins dans l'affaire en cours concernant l'avenir de Julian Assange. Il a passĂ© plus de quatre ans dans la prison Ă haut risque de Belmarsh, dans l'attente d'une dĂ©cision finale sur son extradition vers les Ătats-Unis, oĂč il est inculpĂ© en vertu de lâEspionage Act. On sait qu'il risque 175 ans de prison pour avoir publiĂ© en 2010, par l'intermĂ©diaire de WikiLeaks, des documents sur les crimes de guerre commis par les Ătats-Unis en Irak et en Afghanistan. En juin 2022, lâex ministre britannique de l'intĂ©rieur Priti Patel a validĂ© elâxtradition vers les Ătats-Unis et, en juin de cette annĂ©e, son recours contre la dĂ©cision d'extradition a Ă©tĂ© rejetĂ©. Il ne reste plus qu'une seule possibilitĂ© d'appel dans le systĂšme judiciaire britannique. Une audience se tiendra prochainement sur cet appel, et deux juges dĂ©cideront alors si l'appel sera entendu.
Malheureusement, il y a fort peu de raisons de croire que le rĂ©sultat sera diffĂ©rent cette fois-ci plutĂŽt que par le passĂ©. Jusqu'Ă prĂ©sent, le systĂšme judiciaire britannique s'est appuyĂ© sur la version amĂ©ricaine de l'affaire. La derniĂšre dĂ©cision rendue en juin de cette annĂ©e a non seulement rejetĂ© l'appel, mais elle a Ă©galement imposĂ© des restrictions claires au traitement de l'affaire. Aucune nouvelle preuve ne peut ĂȘtre prĂ©sentĂ©e, et les options quant au dernier appel a Ă©tĂ© restreinte. Les motifs de l'appel ne peuvent dĂ©passer 20 pages, et le temps de parole des avocats d'Assange est limitĂ© Ă 30 minutes. Cela signifie que toutes les violations scandaleuses des droits lĂ©gaux d'Assange seront ignorĂ©es, dans la pratique. Il s'agit notamment de la surveillance systĂ©matique dont il a fait l'objet lorsqu'il a obtenu lâasile dans l'ambassade d'Ăquateur, qui a violĂ© son droit aux communications confidentielles avec ses avocats. Les plans de la CIA visant Ă l'enlever et Ă le tuer alors qu'il se trouvait Ă l'ambassade de 2012 jusqu'Ă son arrestation en 2019 ne seront pas non plus utilisĂ©s comme nouveaux Ă©lĂ©ments de preuve dans l'affaire.
Certains espĂšrent que l'appel lancĂ© par le Premier ministre australien Anthony Albanese aux Ătats-Unis, pour qu'ils abandonnent les poursuites contre M. Assange sera entendu. Mais le secrĂ©taire d'Ătat amĂ©ricain Antony Blinken a rejetĂ© l'idĂ©e d'abandonner les poursuites Ă lâencontre de M. Assange lors d'une confĂ©rence de presse au dĂ©but de l'Ă©tĂ©, rĂ©pĂ©tant les banalitĂ©s rĂ©currentes qualifiant M. Assange de criminel, et il semble dĂ©sormais peu probable que M. Assange, citoyen australien, puisse ĂȘtre extradĂ© vers l'Australie. L'ambassadrice des Ătats-Unis en Australie, Caroline Kennedy, a rĂ©cemment rĂ©pondu Ă la question d'un journaliste, dĂ©clarant de façon quelque peu Ă©nigmatique qu'il existait peut-ĂȘtre une solution, mais que l'affaire Ă©tait entre les mains du ministĂšre amĂ©ricain de la justice. Cette solution, Ă©voquĂ©e par le site amĂ©ricain The Hill, et Ă©galement Klassekampen le 16 aoĂ»t, fait rĂ©fĂ©rence Ă la possibilitĂ© d'un âaccord de plaidoyerâ, qui permettrait Ă M. Assange d'Ă©viter une peine d'emprisonnement. Ce terme juridique fait rĂ©fĂ©rence Ă une affaire amĂ©ricaine bien connue, les âWest Memphis Threeâ, dans laquelle des innocents ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s de prison aprĂšs avoir plaidĂ© la cause Alford, sans pour autant reconnaĂźtre leur culpabilitĂ©. La question de savoir s'il s'agit d'une solution rĂ©aliste se concrĂ©tisera sans doute plus plus clairement lors de la visite du Premier ministre Albanese aux Ătats-Unis en octobre. La question de savoir comment les avocats d'Assange envisagent une telle solution reste Ă©galement ouverte. Klassekampen Ă©crit que Stella Assange a retweetĂ© un commentaire sous lâillustration satirique du dessinateur de presse Steve Bell, qui joue sur la cĂ©lĂšbre vidĂ©o de Wikileaks dans laquelle des enfants et des civils innocents sont tuĂ©s Ă Bagdad par un hĂ©licoptĂšre amĂ©ricain. Dans cette version satirique, Stella Assange et ses enfants sont encadrĂ©s par des jumelles, accompagnĂ©es du texte âMais coupable de quoi ?â
Si l'appel est rejeté par un tribunal britannique, la Cour européenne des droits de l'homme peut encore mette un terme à l'extradition. Reste à savoir si cela se produira, et si les autorités britanniques se plieront à une telle décision. Un processus est en cours au Royaume-Uni, par lequel les autorités britanniques souhaitent se détacher de leurs obligations légales en vertu de la Convention européenne des droits de l'homme.
Toutes les principales organisations de dĂ©fense de la libertĂ© d'expression et des droits de l'homme, y compris Norsk PEN*, ont clairement exprimĂ© que cette affaire est cruciale pour l'avenir de la libertĂ© de la presse. Si un journaliste peut ĂȘtre arrĂȘtĂ© au Royaume-Uni et extradĂ© pour ce qui sera en fait une peine d'emprisonnement Ă vie pour avoir publiĂ© des faits bien documentĂ©s sur les crimes de guerre amĂ©ricains, ceci constitue une attaque si grave contre la libertĂ© d'expression que nous ne pouvons la tolĂ©rer. C'est pourquoi la campagne de soutien Ă Julian Assange doit absolument s'intensifier dans les mois Ă venir.
* PEN International est une association d'écrivains internationale, fondée en 1921 par Catherine Amy Dawson Scott avec l'appui de John Galsworthy. Elle a pour but de «rassembler des écrivains de tous pays attachés aux valeurs de paix, de tolérance et de liberté sans lesquelles la création devient impossible».
đâđš A decisive fall for Julian Assange
By Rune Ottosen, chair of Norwegian PEN's Assange Committee
We are at a crossroads in the ongoing case about Julian Assange's future. He has spent more than four years in Belmarsh High Risk Prison awaiting a final decision on whether he will be extradited to the US, where he is charged under the Espionage Act. As you know, he faces 175 years in prison for publishing documentation about US war crimes in Iraq and Afghanistan through WikiLeaks in 2010. In June 2022, the British Home Secretary Priti Patel decided that he can be extradited to the US, and in June this year his appeal against the extradition decision was rejected. There is now only one appeal option left in the UK court system. A hearing will shortly be held on this appeal and then two judges will decide whether an appeal will be allowed.
Unfortunately, there is little reason to believe that the outcome will be any different this time. The UK judiciary has so far relied on the US version of the case. The latest decision in June this year not only denied the appeal, it placed clear restrictions on the handling of the case. No new evidence can be presented and there are restrictions on the handling of the final appeal. The grounds for the appeal cannot exceed 20 pages and there is a 30-minute limit on the speaking time of Assange's lawyers. This means that all the outrageous violations of Assange's legal rights will in practice not be dealt with. This includes the systematic surveillance he was subjected to while in asylum in the Ecuadorian embassy, which violated his right to confidential communication with his lawyers. The CIA's plans to kidnap and kill him while he was in the embassy from 2012 until his arrest in 2019 will also not be used as new evidence in the case.
There has been some hope that Australian Prime Minister Anthony Albanese's appeal to the US to drop the charges against Assange will be heeded. But US Secretary of State Antony Blinken dismissed the idea of dropping the charges against Assange during a press conference earlier this summer, repeating the usual phrases referring to Assange as a criminal, and it now seems unlikely that Australian citizen Assange will be extradited to Australia. The US ambassador to Australia, Caroline Kennedy, recently responded to a question from a journalist, in which she made a somewhat cryptic statement that there may be a solution, but that the matter lies with the US Department of Justice. The solution, which is mentioned in the American website The Hill and Klassekampen on August 16, refers to the possibility of a so-called "plea deal" as a way for Assange to avoid a prison sentence. The legal term refers to a well-known American case, the so-called "West Memphis Three", where innocent people were released from prison after taking an Alford plea, but did not admit guilt. Whether this is a solution that can be realistic may become more clear when Prime Minister Albanese visits the US in October. It is also an open question how Assange's lawyers view such a solution. Klassekampen writes that Stella Assange has retweeted a comment under a satirical drawing by newspaper cartoonist Steve Bell, which plays on the famous Wikileaks video in which innocent children and civilians are killed in Baghdad by an American helicopter. In the satirical version, Stella Assange and her children are framed in binoculars, accompanied by the text "Guilty of what?".
If an appeal is rejected by a British court, there remains a possibility that the European Court of Human Rights could halt the extradition. But whether that will happen, and whether the British authorities will bow to such a decision, remains to be seen. There is an ongoing process in the UK whereby the British authorities want to detach themselves from their legal obligations under the European Convention on Human Rights.
All the main freedom of expression and human rights organizations, including Norwegian PEN, have clearly stated that this case is crucial to the future of press freedom. If a journalist can be arrested in the UK and extradited to what will effectively be life in prison for publishing well-documented facts about US war crimes, this is such a serious attack on freedom of expression that we cannot live with it. Therefore, the support work for Julian Assange must be intensified in the time to come.
https://norskpen.no/nyheter/en-avgjorende-host-for-julian-asssange/