đâđš Un Empire amĂ©ricain en fin de course
Assange sera peut-ĂȘtre libĂ©rĂ© quand l'empire jugera qu'il est Ă l'article de la mort. L'objectif est atteint : il vaut mieux ravaler ses mots plutĂŽt que risquer la prison - voire pire.
đâđš Un Empire amĂ©ricain en fin de course
Par William Astore*, le 9 juin 2023
Alors qu'un rideau de fer s'abat sur un Ătat impĂ©rial amĂ©ricain en dĂ©liquescence, nous ne pourrons pas dire que nous n'avons pas Ă©tĂ© prĂ©venus.
Partout autour de nous, tout s'Ă©croule. Collectivement, les AmĂ©ricains connaissent un dĂ©clin national et impĂ©rial. L'AmĂ©rique peut-elle encore se sauver? Ce pays, tel qu'il est actuellement constituĂ©, vaut-il mĂȘme la peine d'ĂȘtre sauvĂ© ?
Pour moi, cette derniÚre question est vraiment capitale. DÚs mon plus jeune ùge, j'ai cru profondément en l'idée de l'Amérique. Je savais que ce pays n'était pas parfait, bien sûr, loin de là . Bien avant le projet 1619, j'étais conscient du "péché originel" de l'esclavage et de son importance dans notre histoire. Je connaissais également le génocide des Amérindiens. (Adolescent, mon film préféré - et il le reste - était Little Big Man, qui ne mùchait pas ses mots lorsqu'il s'agissait de l'homme blanc et de son insatiable avidité meurtriÚre).
NĂ©anmoins, l'AmĂ©rique promettait encore beaucoup, du moins c'est ce que je croyais dans les annĂ©es 1970 et 1980. La vie y Ă©tait tout simplement meilleure, haut la main, que dans des pays comme l'Union soviĂ©tique ou la Chine de Mao Zedong. C'est la raison pour laquelle nous devions "contenir" le communisme - l'empĂȘcher d'envahir notre pays et de faire taire notre esprit de libertĂ©. C'est pourquoi j'ai rejoint l'armĂ©e amĂ©ricaine de la guerre froide, servant dans l'armĂ©e de l'air depuis la prĂ©sidence de Ronald Reagan jusqu'Ă celle de George W. Bush et Dick Cheney. Et croyez-moi, c'Ă©tait une sacrĂ©e aventure. Ce lieutenant-colonel Ă la retraite a appris que le ciel ne connaĂźt pas de limites.
En fin de compte, 20 ans dans l'armĂ©e de l'air m'ont amenĂ© Ă me dĂ©tourner de l'empire, du militarisme et du nationalisme. J'ai cherchĂ© un antidote aux cĂ©lĂ©brations de l'exceptionnalisme amĂ©ricain par les mĂ©dias grand public et Ă la version exagĂ©rĂ©e de la culture de la victoire qui l'accompagne (longtemps aprĂšs que la victoire elle-mĂȘme se soit rarĂ©fiĂ©e). J'ai commencĂ© Ă Ă©crire contre l'empire et ses guerres dĂ©sastreuses et j'ai trouvĂ© chez TomDispatch des gens qui partageaient mes idĂ©es - d'anciens agents impĂ©riaux devenus des critiques incisifs comme Chalmers Johnson et Andrew Bacevich, ainsi que le journaliste Ă l'Ćil vif Nick Turse et, bien sĂ»r, l'irremplaçable Tom Engelhardt, le fondateur de ces "tomgrams" destinĂ©s Ă alerter l'AmĂ©rique et le monde sur la folie dangereuse des interventions militaires rĂ©pĂ©tĂ©es des Ătats-Unis dans le monde entier.
Mais il ne s'agit pas de promouvoir TomDispatch. Il s'agit plutĂŽt d'une campagne destinĂ©e Ă libĂ©rer votre esprit autant que possible de la matrice militarisĂ©e qui imbibe l'AmĂ©rique. Cette matrice alimente l'impĂ©rialisme, le gaspillage, la guerre et l'instabilitĂ© mondiale au point que, dans le contexte du conflit en Ukraine, le risque d'Armageddon nuclĂ©aire pourrait ĂȘtre comparable Ă celui de la crise des missiles de Cuba en 1962. Alors que les guerres - par procuration ou autres - se poursuivent, le rĂ©seau mondial de 750 bases militaires amĂ©ricaines ne semble jamais se rĂ©duire. MalgrĂ© les restrictions budgĂ©taires Ă venir, personne Ă Washington n'imagine que les budgets du Pentagone pourraient ne pas augmenter, et mĂȘme grimper en flĂšche pour atteindre le niveau de mille milliards de dollars, les programmes militarisĂ©s reprĂ©sentant 62 % des dĂ©penses discrĂ©tionnaires du gouvernement fĂ©dĂ©ral en 2023.
En effet, un Pentagone engorgé - son budget pour 2024 devrait atteindre 886 milliards de dollars dans le cadre de l'accord bipartite sur le plafond de la dette conclu par le président Joe Biden et le président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy - ne garantit qu'une chose : une dégringolade accélérée de l'empire américain. Chalmers Johnson l'avait prédit, Andrew Bacevich l'a analysé. La raison principale est assez simple : les guerres incessantes, répétitives et désastreuses, et les préparatifs coûteux à d'autres guerres ont sapé les réserves physiques et psychologiques de l'Amérique, comme les guerres passées ont sapé les réserves des empires précédents tout au long de l'histoire. (Pensez à l'éphémÚre empire napoléonien, par exemple).
RĂ©putĂ©e ĂȘtre "l'arsenal de la dĂ©mocratie" pendant la Seconde Guerre mondiale, l'AmĂ©rique est aujourd'hui simplement devenue un arsenal, avec un complexe militaro-industriel-congrĂšs qui cherche Ă forger et Ă alimenter les guerres plutĂŽt qu'Ă les prĂ©venir et Ă les faire cesser. Le rĂ©sultat : un dĂ©clin prĂ©cipitĂ© de la position du pays dans le monde, tandis que dans son propre pays, les AmĂ©ricains paient le prix fort de l'accĂ©lĂ©ration de la violence (2023 Ă©tablira facilement un record pour les fusillades de masse) et du "carnage" (selon le mot de Donald Trump) dans une "patrie" autrefois fiĂšre, mais aujourd'hui profondĂ©ment souillĂ©e par le sang.
Les enseignements historiques sur le déclin impérial
Je suis historien, alors permettez-moi de partager avec vous quelques enseignements de base tirĂ©s de mon expĂ©rience. Lorsque j'enseignais la PremiĂšre Guerre mondiale aux cadets de l'AcadĂ©mie de l'armĂ©e de l'air, j'expliquais comment les coĂ»ts horribles de cette guerre avaient contribuĂ© Ă l'effondrement de quatre empires : la Russie tsariste, le DeuxiĂšme Reich allemand, l'empire ottoman, et l'empire austro-hongrois des Habsbourg. Cependant, mĂȘme les "vainqueurs", comme les empires français et britannique, ont Ă©tĂ© affaiblis par l'Ă©normitĂ© de ce qui Ă©tait avant tout une guerre civile europĂ©enne brutale, mĂȘme si elle s'est Ă©tendue Ă l'Afrique, Ă l'Asie et mĂȘme aux AmĂ©riques.
Pourtant, aprĂšs la fin de la guerre en 1918, la paix s'est avĂ©rĂ©e inconcevable, malgrĂ© le traitĂ© de Versailles et d'autres accords infructueux. Trop d'affaires inachevĂ©es, trop de croyance dans le pouvoir du militarisme, en particulier dans un TroisiĂšme Reich Ă©mergent en Allemagne et au Japon, qui avait adoptĂ© les mĂ©thodes militaires europĂ©ennes impitoyables pour crĂ©er sa propre sphĂšre de domination asiatique. Les Allemands et les Japonais pensaient qu'il fallait solder les comptes, et que les offensives militaires Ă©taient lâunique moyen d'y parvenir.
En consĂ©quence, la guerre civile en Europe s'est poursuivie avec la Seconde Guerre mondiale, alors mĂȘme que le Japon montrait que les puissances asiatiques pouvaient, elles aussi, adopter et dĂ©ployer la nocivitĂ© d'un militarisme et d'une guerre incontrĂŽlĂ©s. RĂ©sultat : 75 millions de morts et d'autres empires brisĂ©s, dont la "Nouvelle Rome" de Mussolini, un Reich allemand "millĂ©naire" qui a Ă peine tenu 12 ans avant d'ĂȘtre radicalement dĂ©truit, et un Japon impĂ©rial affamĂ©, brĂ»lĂ© et finalement dĂ©truit par une bombe atomique. La Chine, dĂ©vastĂ©e par la guerre avec le Japon, s'est Ă©galement retrouvĂ©e dĂ©chirĂ©e par des luttes internes entre nationalistes et communistes.
Comme pour l'Ă©pisode prĂ©cĂ©dent, mĂȘme la plupart des "vainqueurs" de la Seconde Guerre mondiale en sont sortis affaiblis. En battant l'Allemagne nazie, l'Union soviĂ©tique a perdu 25 Ă 30 millions de personnes. Elle a rĂ©agi en Ă©rigeant, selon l'expression de Winston Churchill, un "rideau de fer" derriĂšre lequel elle pouvait exploiter les peuples d'Europe de l'Est dans un empire militarisĂ© qui s'est finalement effondrĂ© en raison de ses guerres et de ses propres divisions internes. Pourtant, l'URSS a durĂ© plus longtemps que les empires français et britannique de l'aprĂšs-guerre. La France, humiliĂ©e par sa capitulation rapide devant les Allemands en 1940, s'est battue pour rĂ©cupĂ©rer la richesse et la gloire en Indochine "française", avant d'ĂȘtre sĂ©vĂšrement humiliĂ©e Ă DiĂȘn BiĂȘn Phu. La Grande-Bretagne, Ă©puisĂ©e par sa victoire, perd rapidement l'Inde, ce "joyau" de sa couronne impĂ©riale, puis l'Ăgypte dans la dĂ©bĂącle de Suez.
En fait, un seul pays, un seul empire, a vĂ©ritablement "gagnĂ©" la Seconde Guerre mondiale : les Ătats-Unis, les moins touchĂ©s (Pearl Harbor mis Ă part) par la guerre et toutes ses horreurs. Cette guerre civile europĂ©enne apparemment sans fin, de 1914 Ă 1945, ainsi que l'immolation du Japon et l'implosion de la Chine, ont laissĂ© les Ătats-Unis en maĂźtres incontestĂ©s sur le plan mondial. L'AmĂ©rique est sortie de ces guerres en tant que superpuissance, prĂ©cisĂ©ment parce que son gouvernement avait astucieusement soutenu le camp des vainqueurs Ă deux reprises, faisant pencher la balance au passage, tout en payant un tribut relativement faible en sang et en richesses par rapport Ă des alliĂ©s tels que l'Union soviĂ©tique, la France et la Grande-Bretagne.
Les enseignements de l'histoire pour les dirigeants amĂ©ricains auraient dĂ» ĂȘtre trĂšs clair : quand on fait la guerre longtemps, surtout quand on y consacre une grande partie de ses ressources - financiĂšres, matĂ©rielles et surtout humaines - c'est qu'on la fait mal. Ce n'est pas pour rien que la guerre est dĂ©crite dans la Bible comme l'un des quatre cavaliers de l'apocalypse. La France a perdu son empire lors de la Seconde Guerre mondiale ; il n'a fallu que les catastrophes militaires ultĂ©rieures en AlgĂ©rie et en Indochine pour s'en rendre compte. Il en va de mĂȘme pour les humiliations subies par la Grande-Bretagne en Inde, en Ăgypte et ailleurs, tandis que l'Union soviĂ©tique, qui a perdu une grande partie de sa vitalitĂ© impĂ©riale au cours de cette guerre, mettra des dĂ©cennies Ă imploser en raison d'un lent pourrissement, et d'une expansion dĂ©mesurĂ©e comme en Afghanistan.
Pendant ce temps, les Ătats-Unis continuaient de tourner en rond, refusant d'admettre qu'ils Ă©taient un empire, alors mĂȘme qu'ils en adoptaient de multiples caractĂ©ristiques. En fait, au lendemain de l'implosion de l'Union soviĂ©tique en 1991, les dirigeants de Washington ont dĂ©clarĂ© que l'AmĂ©rique Ă©tait l'exceptionnelle "superpuissance", une nouvelle Rome bien plus Ă©clairĂ©e et "la nation incontournable" de la planĂšte Terre. Ă la suite des attentats du 11 septembre, les dirigeants amĂ©ricains ont lancĂ© avec assurance ce qu'ils ont appelĂ© une "guerre mondiale contre la terreur" et ont commencĂ© Ă guerroyer en Afghanistan, en Irak et ailleurs, comme ils l'avaient fait au siĂšcle prĂ©cĂ©dent au ViĂȘt Nam. (Ce faisant, ils ont imaginĂ© un pays qui resterait Ă©pargnĂ© par les ravages de la guerre, ce qui Ă©tait, nous le savons aujourd'hui - ou plutĂŽt, le savons-nous ? - le comble de l'orgueil et de la folie impĂ©riale.
En effet, qu'on les nomme fascisme, comme l'Allemagne nazie, communisme, comme l'Union soviĂ©tique de Staline, ou dĂ©mocratie, comme les Ătats-Unis, les empires construits sur la domination obtenue grĂące Ă une armĂ©e puissante et expansionniste deviennent nĂ©cessairement de plus en plus autoritaires, corrompus et dysfonctionnels. Ă terme, ils sont vouĂ©s Ă l'Ă©chec. Ce n'est pas une surprise, car quels que soient les autres services que ces empires peuvent rendre, ils ne servent plus leur propre peuple. Leurs responsables se protĂšgent Ă tout prix, tout en dĂ©nonçant les efforts de repli ou de dĂ©militarisation comme dangereusement malavisĂ©s, voire sĂ©ditieusement dĂ©loyaux.
C'est pourquoi ceux qui, comme Chelsea Manning, Edward Snowden et Daniel Hale, ont mis en lumiĂšre les crimes militarisĂ©s et la corruption de l'empire, ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s, contraints Ă l'exil, ou rĂ©duits au silence. MĂȘme des journalistes Ă©trangers comme Julian Assange peuvent ĂȘtre pris dans les filets de l'empire et emprisonnĂ©s s'ils osent dĂ©noncer ses crimes de guerre. L'empire sait comment riposter, et n'hĂ©site pas Ă trahir son propre systĂšme judiciaire (notamment dans le cas d'Assange), y compris les principes sacrĂ©s de la libertĂ© d'expression et de la presse, pour y parvenir.
Assange finira peut-ĂȘtre par ĂȘtre libĂ©rĂ©, vraisemblablement dĂšs que l'empire jugera qu'il est Ă l'article de la mort. Son emprisonnement et sa torture ont dĂ©jĂ atteint leur objectif. Les journalistes savent qu'exposer les mĂ©canismes sanglants de l'empire amĂ©ricain ne leur vaut que des chĂątiments sĂ©vĂšres, et non des rĂ©compenses mirobolantes. Mieux vaut dĂ©tourner le regard ou ravaler ses mots plutĂŽt que de risquer la prison - ou pire.
Pourtant, il est impossible de taire la rĂ©alitĂ© : les guerres ratĂ©es de ce pays ont alourdi la dette nationale de plusieurs milliers de milliards de dollars, alors mĂȘme que les dĂ©penses militaires continuent d'exploser dans les pires gaspillages jamais imaginĂ©s, tandis que l'infrastructure sociale s'effrite.
Se raccrocher Ăąprement aux armes et Ă la religion
Aujourd'hui, l'AmĂ©rique s'accroche de plus en plus Ăąprement aux armes et Ă la religion. Si cette expression vous semble familiĂšre, c'est peut-ĂȘtre parce que Barack Obama l'a utilisĂ©e lors de la campagne prĂ©sidentielle de 2008 pour dĂ©crire le conservatisme rĂ©actionnaire d'Ă©lecteurs majoritairement ruraux de Pennsylvanie. DĂ©sillusionnĂ©s par la politique, trahis par leurs prĂ©tendus dirigeants, ces Ă©lecteurs, selon le candidat Ă la prĂ©sidence de l'Ă©poque, se raccrochent Ă leurs armes et Ă leur religion pour y puiser un peu de rĂ©confort. Je vivais Ă l'Ă©poque dans une rĂ©gion rurale de Pennsylvanie et je me souviens de la rĂ©ponse d'un de mes concitoyens qui, en gros, Ă©tait d'accord avec Obama, car Ă quoi d'autre pouvait-on se raccrocher dans un empire ayant abandonnĂ© ses propres citoyens ruraux issus de la classe ouvriĂšre ?
Il en va de mĂȘme pour l'AmĂ©rique d'aujourd'hui. En tant que puissance impĂ©riale, nous nous accrochons Ăąprement aux armes et Ă la religion. Par "armes", j'entends toutes les armes que les marchands de mort amĂ©ricains vendent au Pentagone et dans le monde entier. En effet, l'armement est peut-ĂȘtre l'exportation mondiale la plus influente de ce pays, et ce de façon dĂ©vastatrice. Entre 2018 et 2022, les Ătats-Unis reprĂ©senteront Ă eux seuls 40 % des exportations mondiales d'armes, un chiffre qui n'a fait qu'augmenter de maniĂšre spectaculaire avec l'aide militaire Ă l'Ukraine. Et par "religion", j'entends la croyance persistante en l'exceptionnalisme amĂ©ricain (malgrĂ© toutes les preuves du contraire), qui se nourrit de plus en plus d'un christianisme militant qui nie l'esprit mĂȘme du Christ et de ses enseignements.
Pourtant, l'histoire semble confirmer que c'est exactement ce que pratiquent les empires Ă l'agonie : ils exaltent la violence, perpĂ©tuent les guerres et revendiquent leur propre grandeur jusqu'Ă ce que leur chute ne puisse ĂȘtre ni contestĂ©e, ni inversĂ©e. C'est une rĂ©alitĂ© tragique sur laquelle le journaliste Chris Hedges a Ă©crit avec un grand sens de l'urgence.
Le problĂšme appelle sa propre solution (bien qu'aucun acteur puissant Ă Washington ne soit susceptible de la mettre en Ćuvre). L'AmĂ©rique doit cesser de s'accrocher avec acharnement Ă ses armes - et je ne parle mĂȘme pas des quelque 400 millions d'armes dĂ©tenues par des particuliers dans ce pays, y compris tous ces fusils semi-automatiques AR-15. Par "armes", j'entends tout l'attirail militarisĂ© de l'empire, y compris la vaste structure de bases militaires amĂ©ricaines Ă l'Ă©tranger et ses engagements stupĂ©fiants en matiĂšre d'armement de toutes sortes, y compris les armes nuclĂ©aires susceptibles de causer la fin du monde. Quant Ă s'accrocher amĂšrement Ă la religion - et par "religion", j'entends la croyance en la propre justice de l'AmĂ©rique, indĂ©pendamment des millions de personnes qu'elle a tuĂ©es dans le monde depuis l'Ă©poque du ViĂȘt Nam jusqu'Ă aujourd'hui - cela aussi devra prendre fin.
Les enseignements de l'histoire peuvent ĂȘtre rudes. Les empires se meurent rarement en bien. AprĂšs ĂȘtre devenue un empire, Rome n'est jamais redevenue une rĂ©publique, et a fini par succomber aux invasions barbares. L'effondrement du deuxiĂšme Reich allemand a engendrĂ© un troisiĂšme Reich plus virulent, mĂȘme s'il a durĂ© moins longtemps. Seule sa dĂ©faite totale en 1945 a finalement convaincu les Allemands que Dieu ne marchait pas avec leurs soldats sur le champ de bataille.
Que faut-il pour convaincre les Américains de tourner le dos à l'empire et à la guerre avant qu'il ne soit trop tard ? Quand allons-nous reconnaßtre que le Christ ne plaisantait pas en bénissant les artisans de la paix plutÎt que les fauteurs de guerre ?
Alors qu'un rideau de fer s'abat sur un Ătat impĂ©rial amĂ©ricain en dĂ©liquescence, nous ne pourrons pas dire que nous n'avons pas Ă©tĂ© prĂ©venus.
Cette chronique est diffusée par TomDispatch.
* William Astore est lieutenant-colonel Ă la retraite (USAF) et professeur d'histoire. Son blog personnel est Bracing Views.
https://www.counterpunch.org/2023/06/09/the-end-stage-of-american-empire/