đâđš Un gĂ©nocide dĂ©guisĂ©
Tant que le blocus perdure, aucun âcouloir humanitaireâ ne sera Ă©thique s'il est structurĂ© par l'apartheid, protĂ©gĂ© par des armes privĂ©es & gouvernĂ© par ceux qui ne subissent pas leurs politiques.
đâđš Un gĂ©nocide dĂ©guisĂ©
Par Story Ember leGaĂŻe, le 9 mai 2025
Seuils caloriques, barriÚres biométriques et politique de survie rationnée.
Pas une aide, une infrastructure du blocus
Ă premiĂšre vue, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) se prĂ©sente comme une solution neutre, efficace et financĂ©e par des fonds privĂ©s Ă une crise catastrophique. Avec ses rapports Ă©lĂ©gants, ses dirigeants issus de l'armĂ©e et ses normes de conformitĂ© inspirĂ©es de Wall Street, elle promeut un modĂšle technocratique d'aide âsĂ©curisĂ©eâ aux Palestiniens pris au piĂšge de la famine orchestrĂ©e Ă Gaza. Elle a recours Ă un discours humanitaire â neutralitĂ©, dignitĂ©, transparence â pour masquer sa vĂ©ritable nature : un mĂ©canisme de contrĂŽle chargĂ© de gĂ©rer la famine et la surveillance sous blocus israĂ©lien.
Il ne s'agit pas d'aide humanitaire. Il s'agit d'une structure de blocus déguisée en compassion. La GHF ne remplace pas des systÚmes défaillants, elle institutionnalise des programmes contrÎlés par des puissances étrangÚres et alignés sur l'occupation, qui privent définitivement la société civile palestinienne de tout pouvoir tout en offrant aux bailleurs de fonds internationaux un déni plausible.
Soyons clairs :
La GHF n'est pas une alternative Ă la faillite de l'humanitarisme. C'est le visage commercial de la gestion du blocus.
Il ne fonctionne pas comme une bouée de sauvetage, mais comme le soutien logistique de l'apartheid, conçu pour rationner strictement la survie et renforcer la mainmise étrangÚre sur chaque calorie et chaque boßte de ration distribuée.
Il remplace les soldats d'occupation par des sociétés militaires privées, l'accÚs équitable par des bases de données biométriques et l'autodétermination par des pistes d'audit.
Il normalise l'idée que la nourriture et l'eau doivent passer par la coordination militaire israélienne, le contrÎle occidental et la surveillance financiÚre américaine avant d'atteindre un seul Palestinien.
Ce n'est pas de la neutralité, mais une occupation opérationnelle.
En mettant en place des âsites de distribution sĂ©curisĂ©sâ (SDS) Ă l'intĂ©rieur d'un territoire assiĂ©gĂ© sans consentement, sans leadership local et sans participation significative du peuple palestinien, GHF Ă©tablit les bases d'une gouvernance par procuration. Ces centres ne responsabilisent pas les communautĂ©s, ils les rĂ©glementent. Ils ne sont pas conçus pour la souverainetĂ© palestinienne, mais pour gĂ©rer la pĂ©nurie et maintenir une population soumise dans des zones Ă©troitement surveillĂ©es.
C'est une logistique d'apartheid privatisée. C'est une domination coloniale par procuration sous forme biométrique. C'est l'économie du blocus 2.0, externalisée à des ONG, aseptisée par l'image de marque et pleinement intégrée dans les structures du pouvoir impérial.
C'est une infrastructure d'exclusion, conçue pour contrÎler l'accÚs aux besoins les plus fondamentaux tout en muselant la dissidence et en contournant toute notion d'action collective palestinienne.
Il n'y a pas d'humanitarisme dans un systÚme fondé sur la logique de l'occupation. Il n'y a que de la complicité.
➻ Marginalia : les seuils caloriques comme politique génocidaire ➻
L'obsession de la Fondation humanitaire de Gaza à fournir 1 750 kilocalories par repas n'est pas une référence nutritionnelle neutre, mais la codification d'une intention génocidaire à travers la privation quantifiée.
En vertu de l'article II(c) de la Convention sur le gĂ©nocide, âsoumettre intentionnellement un groupe Ă des conditions d'existence calculĂ©es pour provoquer sa destruction physique totale ou partielleâ constitue un acte de gĂ©nocide. Fixer des plafonds caloriques en dessous du niveau de subsistance, en particulier dans des conditions de blocus, de dĂ©placements massifs et d'effondrement du systĂšme alimentaire, rĂ©pond Ă ce critĂšre. L'histoire d'IsraĂ«l en matiĂšre de calculs caloriques pour Gaza, y compris le document de 2012 sur les âlignes rougesâ, a dĂ©jĂ Ă©tabli un prĂ©cĂ©dent de famine imposĂ©e sous couvert de stratĂ©gie administrative.
La participation du GHF Ă la distribution de rations dans le cadre de ce dispositif militaire â coordonnĂ©e avec la puissance occupante, acheminĂ©e par des couloirs contrĂŽlĂ©s par IsraĂ«l et imposĂ©e sans le consentement des Palestiniens â le rend complice de l'administration d'une Ă©conomie de blocus gĂ©nocidaire. Il ne s'agit pas d'aide humanitaire. Il s'agit de la gestion institutionnelle d'une extermination lente.
ContrÎles biométriques, zones fortifiées : une aide militarisée à dessein
Les « sites de distribution sécurisés » (SDS) proposés par le GHF ne sont pas des espaces humanitaires, mais des complexes militarisés conçus pour le confinement et non pour fournir des soins. Ce ne sont pas des lieux de refuge, mais des zones tactiques, surveillées par des mercenaires armés, entourées de clÎtures et soumises à un contrÎle direct du régime d'occupation israélien.
Appelons un chat un chat : Il s'agit d'un centre logistique militaire déguisé en banque alimentaire.
Le GHF prévoit d'intégrer la reconnaissance faciale, le contrÎle biométrique et la réglementation des déplacementsdans tous les aspects de l'accÚs à l'aide. L'entrée dans ces sites sera soumise à des couloirs contrÎlés par Israël, ce qui signifie que les Palestiniens devront se soumettre à une surveillance, à un contrÎle et à des checkpoints militarisésavant de recevoir de l'eau, de la farine ou des antibiotiques. Il ne s'agit pas d'un accÚs libre, mais deblocus dotés de serrures high-tech.
Le GHF affirme qu'il n'y a âaucune condition d'Ă©ligibilitĂ©â. Mais dans la pratique, l'Ă©ligibilitĂ© est contrĂŽlĂ©e Ă la pĂ©riphĂ©rie, oĂč IsraĂ«l dĂ©cide qui peut circuler, qui est scannĂ©, qui est signalĂ© et qui est refoulĂ©.
Ces zones de sĂ©curitĂ© fonctionneront comme les zones tampons de la pĂ©riode d'occupation, restreignant la mobilitĂ© des Palestiniens tout en se faisant passer pour des infrastructures humanitaires. Le personnel armĂ© â le GHF le confirme â sera issu du personnel qui a opĂ©rĂ© durant le contrĂŽle israĂ©lien du couloir de Netzarim pendant la soi-disant âtrĂȘveâ. Ce couloir est en rĂ©alitĂ© un passage Ă haut risque, Ă©troitement surveillĂ©, oĂč la nourriture entrait au compte-gouttes tandis qu'IsraĂ«l bombardait depuis les airs.
Aujourd'hui, les tactiques mĂȘmes de l'occupation â contrĂŽle, filtration, fragmentation â sont reproduites sous l'apparence d'une structure d'aide permanente.
L'aide est militarisĂ©e et les Palestiniens sont traitĂ©s comme un peuple Ă gĂ©rer, et non comme des ĂȘtres humains Ă soutenir.
Les mercenaires armés font office de gardiens, et non de protecteurs.
La collecte de données biométriques ouvre la voie à une gouvernance de surveillance à long terme.
La coordination avec l'armée israélienne et le COGAT montre que l'ensemble du systÚme fonctionne comme le bras armé de l'occupation illégale, que l'armée israélienne soit physiquement présente ou non.
Ce n'est pas un couloir humanitaire. C'est un checkpoint numérique emballé dans une langue de donateurs.
Et une fois normalisés, ces systÚmes disparaissent rarement. Le contrÎle biométrique, une fois mis en place, devient l'infrastructure d'une répression future. Le modÚle GHF n'est pas une solution temporaire, mais un échafaudage pour un contrÎle étranger permanent, se faisant passer pour de la compassion.
Il ne s'agit pas de sauver des vies. Il s'agit de contrÎler les conditions de vie autorisées aux populations.
EntiÚrement géré par des étrangers. Intégralement colonial.
Soyons bien clairs : pas un seul Palestinien n'occupe de poste de direction, au sein du conseil d'administration, de l'Ă©quipe consultative ou de la conception opĂ©rationnelle de la Gaza Humanitarian Foundation. Pas une seule voix des personnes âaidĂ©esâ n'est reprĂ©sentĂ©e dans les instances dĂ©cisionnelles d'une organisation qui revendique dĂ©sormais le contrĂŽle des ressources vitales de plus de deux millions de Palestiniens soumis au blocus.
Ce n'est pas le fruit du hasard. C'est délibéré.
La GHF est dirigée, composée et gouvernée entiÚrement par des agents occidentaux d'élite, vétérans de la guerre impérialiste américaine, de Wall Street et des régimes de surveillance internationale. Selon les propres documents de la GHF :
Jake Wood, directeur exĂ©cutif â vĂ©tĂ©ran du Corps des Marines des Ătats-Unis et fondateur de Team Rubicon, un groupe d'intervention en cas de catastrophe rĂ©putĂ© pour avoir intĂ©grĂ© une logistique d'inspiration militaire dans le contexte humanitaire.
John Acree, chef de mission â ancien agent de l'USAID ayant une expĂ©rience dans les interventions en cas de catastrophe Ă l'Ă©tranger, les programmes de stabilisation et la coordination civilo-militaire dans les zones de conflit.
David Burke, directeur des opĂ©rations â autre Marine amĂ©ricain et cadre de Team Rubicon, supervise dĂ©sormais la logistique, les finances, la conformitĂ© et le contrĂŽle organisationnel.
Le conseil d'administration est un véritable vivier du capitalisme humanitaire et de la philanthropie sécurisée :
Nate Mook, ancien PDG de World Central Kitchen, un groupe d'aide humanitaire centrĂ© sur les Ătats-Unis rĂ©cemment critiquĂ© pour avoir relayĂ© les discours mĂ©diatiques des donateurs.
Raisa Sheynberg, ancienne directrice du financement du terrorisme au TrĂ©sor amĂ©ricain, aujourd'hui vice-prĂ©sidente de Mastercard âoui, une responsable de la surveillance du crĂ©dit qui dĂ©cide qui a le droit de manger.
Jonathan Foster, un financier de Wall Street avec des dizaines d'années d'expérience dans les fusions et acquisitions, qui calcule désormais le coût de l'aide comme les actifs d'un portefeuille.
Loik Henderson, avocat spécialisé dans la gouvernance d'entreprise pour des sociétés classées au Fortune 500, qui serait probablement incapable de citer un seul camp de réfugiés à Gaza si on le lui demandait.
Et cela ne s'arrĂȘte pas lĂ . Le conseil consultatif tient plutĂŽt dâune rĂ©union de l'OTAN :
LTG Mark Schwartz, ancien coordinateur amĂ©ricain pour la sĂ©curitĂ© en IsraĂ«l et dans les Territoires palestiniens, un rĂŽle destinĂ© Ă maintenir la âstabilitĂ©â grĂące Ă la coordination avec les forces d'occupation.
Bill A. Miller, ancien chef de la sécurité des Nations unies et haut responsable du Service de sécurité diplomatique américain, qui a longtemps opéré dans des régions sous occupation militaire américaine.
David Beasley, ancien directeur du Programme alimentaire mondial nommé par Trump, dont le mandat a été marqué par une militarisation sans précédent de l'aide alimentaire et une géopolitique sélective dans sa distribution.
Ce ne sont pas des humanitaires. Ce sont les artisans de la sécurisation et de l'austérité mondiales, drapés dans une image philanthropique.
La composition du GHF reflĂšte la logique du consortium colonial :
Les Palestiniens doivent ĂȘtre surveillĂ©s, pas consultĂ©s.
Gérés, pas autonomisés.
ContrÎlés, pas dignes de confiance.
Gouvernés, mais sans gouvernance.
Tous sont des décideurs occidentaux. Tous les processus passent par des institutions américaines, des checkpoints israéliens et des circuits financiers élitistes. Et toutes les décisions concernant la maniÚre, le moment et les destinataires de la distribution alimentaire sont prises sans qu'aucune voix palestinienne ne soit prise en compte.
Ce n'est pas de la gouvernance humanitaire.
C'est une administration coloniale reconditionnée dans un langage d'ONG.
Le GHF ne se contente pas d'exclure les acteurs palestiniens, il les réprime activement. Il remplace les structures d'intervention locales par des cadres occidentaux militarisés. Il dévalorise l'expertise acquise sur le terrain et la remplace par une surveillance bureaucratique et un contrÎle biométrique. Il reproduit les pires schémas du complexe industriel des ONG : dirigé par une élite, exempt de toute obligation de rendre des comptes, vénérant les donateurs et profondément complice de l'occupation.
Ce n'est pas de l'aide. C'est le bras armé à but non lucratif du régime d'apartheid.
DémantÚlement de l'UNRWA, mise en place du GHF : une prise de contrÎle hostile
Soyons clairs : la GHF n'est pas une intervention d'urgence. Il s'agit du successeur structurel du dĂ©mantĂšlement ciblĂ© de l'UNRWA. Il ne s'agit pas d'une coordination humanitaire, mais d'un coup d'Ătat stratĂ©gique contre l'aide gĂ©rĂ©e par les Palestiniens, la reconnaissance des rĂ©fugiĂ©s et le concept mĂȘme du droit collectif.
Au cours de l'annĂ©e Ă©coulĂ©e, IsraĂ«l, soutenu par les Ătats-Unis et plusieurs Ătats europĂ©ens, a menĂ© une campagne coordonnĂ©e pour dĂ©lĂ©gitimer, priver de financement et dĂ©truire l'UNRWA, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s de Palestine dans le Proche-Orient. Cette campagne a notamment consistĂ© Ă
assassiner des travailleurs humanitaires palestiniens
bombarder des écoles, des entrepÎts et des centres de distribution de l'ONU
fabriquer des allégations contre le personnel sans aucune preuve publique
priver l'agence de financement alors qu'un génocide est en cours
L'UNRWA n'est pas seulement une agence humanitaire, c'est l'unique organisme international qui consacre la reconnaissance juridique du statut de rĂ©fugiĂ© palestinien, dont le mandat remonte Ă 1949. Par son existence mĂȘme, elle affirme le droit au retour et la mĂ©moire collective des survivants de la Nakba. Sa destruction est un objectif politique, et non un simple ajustement logistique.
Dans ce vacuum, la GHF a été mise en place, non pas comme une solution neutre, mais comme un substitut colonial. Le GHF ne vise pas à rationaliser l'aide, mais à effacer l'histoire, à couper la résistance palestinienne du droit international et à reconstruire une infrastructure de blocus sous contrÎle occidental.
Il ne s'agit pas d'une ârĂ©formeâ. Il s'agit du remplacement de l'autodĂ©termination palestinienne par une dĂ©pendance biomĂ©trique.
Ce que le GHF va réellement remplacer :
L'aide est dĂ©sormais acheminĂ©e uniquement via les ports contrĂŽlĂ©s par IsraĂ«l, Ashdod ou Kerem Shalom, oĂč les livraisons sont retardĂ©es, refusĂ©es ou sabotĂ©es Ă discrĂ©tion.
Les systÚmes de suivi du GHF sont entiÚrement intégrés aux autorités sécuritaires israéliennes (y compris le COGAT), permettant à l'occupant d'avoir un aperçu en temps réel des mouvements de population, des flux de ressources et de l'engagement des donateurs.
L'accĂšs est filtrĂ© par des checkpoints biomĂ©triques, crĂ©ant un registre de la population pouvant ensuite ĂȘtre utilisĂ© Ă des fins de ciblage, d'arrestations ou d'exclusion.
Les ONG palestiniennes et les réseaux de la société civile sont totalement exclus, non seulement dans la pratique, mais aussi sur le principe. Il n'y a pas d'acteurs locaux. Il n'y a pas de contrÎle local.
Ce n'est pas de la coordination, c'est de la colonisation Ă coups de tableur.
Le GHF peut se prĂ©senter comme une âcoalition de volontairesâ, mais en rĂ©alitĂ©, il s'agit d'une coalition de complices, mise en place au lendemain d'une purge de l'aide internationale et de l'effacement systĂ©matique de la souverainetĂ© palestinienne.
La communauté humanitaire internationale le sait. C'est pourquoi
le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA)
l'équipe de pays pour l'action humanitaire (HCT)
et mĂȘme le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, AntĂłnio Guterres
... ont tous formellement rejeté le projet GHF, affirmant clairement qu'il viole les quatre piliers fondamentaux du droit humanitaire : l'humanité, la neutralité, l'indépendance et l'impartialité.
Le porte-parole de l'OCHA, Jens Laerke, n'a pas mĂąchĂ© ses mots : le projet GHF Ă©quivaut Ă une âaide militarisĂ©eâ et menace de transformer les centres de distribution alimentaire en cibles de guerre et en outils de contrĂŽle de la population.
Et c'est bien lĂ le problĂšme. La GHF n'est pas lĂ pour remplir la fonction de l'UNRWA, mais pour effacer sa raison d'ĂȘtre.
Il remplace la politique d'équité par la mise en scÚne de la charité. Il transforme l'identité collective des réfugiés palestiniens en une simple donnée biométrique dans une base de données approuvée par l'occupant.
Il s'agit de la phase finale d'une prise de contrĂŽle humanitaire hostile, oĂč le gĂ©nocide est gĂ©rĂ©, mais pas enrayĂ©, oĂč l'occupation est dissimulĂ©e derriĂšre des tableaux de bord et des applications pour les donateurs, et oĂč l'aide humanitairedevient un outil d'asservissement.
Qui finance l'occupation ? Wall Street.
Si vous voulez comprendre ce qu'est rĂ©ellement la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), suivez l'argent. Son infrastructure financiĂšre ne rĂ©vĂšle pas seulement ses prioritĂ©s, elle dĂ©finit sa structure mĂȘme. La GHF n'est pas une opĂ©ration d'urgence. Il s'agit d'un syndicat logistique financĂ© par des entreprises, créé par et pour l'Ă©lite mondiale afin de contrĂŽler les flux humanitaires dans une Ă©conomie de guerre privatisĂ©e.
Commençons par les banques :
Les Truist et JPMorgan Chase gÚrent les comptes américains de la GHF. Ces institutions ne sont pas neutres : elles ont historiquement favorisé les empires des énergies fossiles, les crises immobiliÚres liées aux saisies hypothécaires et le colonialisme de la dette dans les pays du Sud.
En Suisse, le GHF met en place une entité parallÚle soutenue par Goldman Sachs, une entreprise synonyme de régimes d'austérité mondiale, de capitalisme de catastrophe et de profit tiré de la guerre et des déplacements de population.
Il ne s'agit pas d'une bouée de sauvetage pour Gaza, mais d'une expansion du marché pour fonds spéculatifs.
Que dire ensuite de la conformité ?
La GHF souhaite ĂȘtre contrĂŽlĂ©e par Deloitte, un gĂ©ant qui a dĂ©jĂ supervisĂ© des programmes de privatisation dans des rĂ©gimes post-coup d'Ătat et conseillĂ© des gouvernements autoritaires en matiĂšre d'âefficacitĂ©â.
Un cabinet d'avocats amĂ©ricain de premier plan, dont le nom n'a pas encore Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©, a Ă©tĂ© engagĂ© pour veiller Ă ce que les opĂ©rations du GHF restent âconformesâ au droit international humanitaire, tout en coordonnant activement ses activitĂ©s avec l'armĂ©e d'occupation.
Aucune de ces institutions n'est alignée sur la justice. Ce sont des moteurs de la finance extractive, de la gestion des risques et du blanchiment de réputation.
Examinons maintenant le modÚle économique :
Le GHF fixe le prix de l'aide humanitaire comme celui d'une marchandise :
0,58 dollar par repas pour l'approvisionnement
0,67 dollar pour la logistique, les véhicules blindés, la sécurité biométrique, les gardes privés et l'administration
65 dollars pour financer 50 repas en boßte, mais uniquement s'ils transitent par leur systÚme, s'ils sont filtrés par les checkpoints israéliens et emballés dans des contenants portant le logo de l'entreprise.
C'est la financiarisation de la famine. La famine devient un poste budgétaire. La nourriture devient un produit. La souffrance des Palestiniens devient une opportunité de retour sur investissement pour les philanthropes de la Silicon Valley, les sous-traitants de la Défense reconvertis en consultants humanitaires et les donateurs occidentaux désespérés de blanchir leur complicité.
Sous la GHF, un enfant affamé à Gaza n'est pas une victime politique du génocide. Il est simplement considéré comme des données dans un tableau de bord destiné aux donateurs, scanné, trié, suivi et recensé en temps réel.
Les Palestiniens ne veulent pas que leur faim soit transformée en service par abonnement. Ils veulent que le blocus soit levé. Ils veulent que le siÚge prenne fin. Ils veulent avoir accÚs à leurs terres, à leur eau, à leur autonomie, et non à des rations emballées et étiquetées par les algorithmes de JPMorgan.
Ce n'est pas de l'éthique humanitaire. C'est de l'aide au capital-risque, rentable, sécurisée et totalement intégrée à la logique de l'occupation.
L'aide ne devrait jamais s'accompagner de mesures de surveillance. Elle ne devrait jamais ĂȘtre conçue pour garantir Ă une Ă©lite la transparence au dĂ©triment de l'autonomie des communautĂ©s. Elle ne devrait jamais servir les structures financiĂšres qui financent le profit de la guerre, les dĂ©placements de population et l'apartheid.
Ă Gaza, la GHF ne nourrit pas les affamĂ©s. Elle construit l'infrastructure d'une nouvelle Ă©conomie coloniale, oĂč la mort est suffisamment attĂ©nuĂ©e pour prĂ©server les apparences, tandis que le contrĂŽle s'intensifie de toutes parts.
Ce n'est pas de la justice, ce sont des indicateurs. Ce n'est pas une libération, c'est de la logistique.
L'empire américain rebaptisé
DerriÚre le langage humanitaire, derriÚre les checkpoints biométriques et les tableaux de bord des donateurs, se cache une réalité qu'aucune campagne de relations publiques ne peut occulter : la Gaza Humanitarian Foundation est un projet impérial américain, un instrument moderne de contre-insurrection déguisé en compassion.
Parlons de l'USAID et des traces laissées par l'armée, car la GHF n'opÚre pas en vase clos, mais s'inscrit dans la longue et sanglante lignée de l'empire américain qui dissimule ses interventions sous une apparence humanitaire.
La structure de terrain du programme est conçue par des vĂ©tĂ©rans de l'USAID, la mĂȘme institution qui a passĂ© des dĂ©cennies Ă s'implanter dans les infrastructures des efforts de reconstruction âpost-conflitâ, dont beaucoup ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s de toutes piĂšces par les bombes amĂ©ricaines.
Les anciens Marines et membres des forces spĂ©ciales ne sont pas seulement des conseillers logistiques, ce sont des logisticiens de l'occupation. Leur CV fait Ă©tat de dĂ©ploiements en Irak, en Afghanistan et en AmĂ©rique latine, oĂč ils ont gĂ©rĂ© l'image humanitaire tout en mettant en place des rĂ©gimes de surveillance Ă©troite.
Les agents antiterroristes conseillent dĂ©sormais sur la âstratĂ©gie de distributionâ, ce qui signifie que la mĂȘme logique utilisĂ©e pour justifier les frappes de drones et la dĂ©tention illimitĂ©e est appliquĂ©e Ă la question : Qui reçoit la nourriture ?
Ce n'est pas de la spĂ©culation. Le modĂšle dĂ©ployĂ© par le GHF est identique aux opĂ©rations COIN (contre-insurrection) menĂ©es par les Ătats-Unis, en particulier celles utilisĂ©es en Irak et en Afghanistan, oĂč âgagner les cĆurs et les espritsâ n'Ă©tait qu'un euphĂ©misme pour contrĂŽler le territoire, diviser la rĂ©sistance et utiliser l'aide comme la carotte et le bĂąton.
L'aide n'a pas été conçue pour soulager la souffrance. Elle a été conçue pour pacifier la dissidence et prévenir la rébellion.
La GHF est la réplique de ce scénario à Gaza :
CrĂ©er des âzones vertesâ sĂ©curisĂ©es (centres SDS).
Mettre en place une surveillance biométrique pour cartographier et surveiller la population.
DĂ©ployer des flux d'âaideâ Ă©troitement contrĂŽlĂ©s par l'intermĂ©diaire d'acteurs non locaux, en Ă©cartant toute rĂ©ponse dirigĂ©e par les Palestiniens.
Présenter la neutralité comme du pragmatisme tout en s'associant directement avec l'armée d'occupation.
Ce n'est pas de l'aide humanitaire. C'est de la pacification militarisée.
C'est de l'aide à des fins de pression. La nourriture comme monnaie d'échange. La logistique comme moyen de surveillance.
Tout comme les Ătats-Unis prĂ©tendaient âreconstruireâ Falloujah tout en la rĂ©duisant en cendres, ils prĂ©tendent aujourd'hui « nourrir Gaza » grĂące Ă un rĂ©seau de checkpoints financĂ©s par des entreprises, de lignes d'approvisionnement coordonnĂ©es par IsraĂ«l et de flux d'aide contournant totalement la population.
Ce n'est pas de la reconstruction, c'est de l'occupation dĂ©guisĂ©e. C'est l'empire amĂ©ricain dĂ©guisĂ© sous des logos d'organisations Ă but non lucratif, oĂč la mĂȘme logique qui a dĂ©truit des rĂ©gions entiĂšres est dĂ©sormais utilisĂ©e pour contrĂŽler la famine.
Et surtout, il ne se contente pas de compromettre la survie des Palestiniens, il dĂ©mantĂšle la rĂ©sistance. Il empoisonne la source de l'entraide communautaire en faisant de âl'aideâ un synonyme de surveillance. Il remplace les organisateurs palestiniens par des entrepreneurs Ă©trangers. Il transforme chaque sac de farine en transaction politique, chaque boĂźte de rationnement en dispositif de suivi, chaque acte de survie en donnĂ©e pour l'empire.
La GHF n'est pas seulement une trahison des valeurs humanitaires, c'est une instrumentalisation de ces valeurs à des fins impérialistes.
Ce n'est pas ainsi que la libération se construit. C'est ainsi que la résistance est étouffée sous l'illusion de l'aide.
L'aide sans consentement n'est pas de l'aide. C'est de la coercition.
Débarrassons-nous de tous les euphémismes, de tous les slogans destinés aux donateurs et de tous les PDF bien ficelés : l'aide sans le consentement, la participation ou le leadership des personnes qu'elle prétend servir n'est pas humanitaire. C'est de la coercition coloniale.
Peu importe l'habiletĂ© du marketing, peu importe le nombre de fois oĂč les mots âneutreâ, âdigneâ ou âefficaceâ apparaissent dans les documents de la GHF, sa rĂ©alitĂ© fondamentale est violente :
Elle exclut les dirigeants palestiniens à tous les niveaux, de la planification à la distribution en passant par la supervision. Pas un seul Palestinien ne détient un pouvoir décisionnel au sein de la GHF. Ce n'est pas un bug, c'est le plan directeur.
Elle collabore directement avec le rĂ©gime de blocus israĂ©lien, coordonnant les dĂ©placements, la logistique et l'accĂšs avec le mĂȘme appareil militaire responsable du bombardement d'hĂŽpitaux, de la famine des enfants et du nettoyage ethnique de quartiers entiers.
Il normalise le contrĂŽle colonial biomĂ©trique, intĂ©grant la surveillance et la traçabilitĂ© des mouvements dans le processus mĂȘme de rĂ©ception de l'aide. Les civils affamĂ©s sont dĂ©sormais scannĂ©s, classĂ©s et contrĂŽlĂ©s pour pouvoir accĂ©der au minimum vital, transformant ainsi la faim en un algorithme de domination.
Il remplace les institutions de l'ONU, les ONG palestiniennes et les réseaux d'entraide locaux, non pas en les soutenant, mais en les contournant complÚtement. La GHF ne renforce pas les capacités, elle supprime la souveraineté.
Et tout cela se dĂ©roule en pleine campagne gĂ©nocidaire dĂ©clarĂ©e et toujours en cours. Un gĂ©nocide par famine infligĂ©e. Un gĂ©nocide oĂč des enfants meurent de dĂ©shydratation. Un gĂ©nocide oĂč les responsables israĂ©liens se vantent de couper l'approvisionnement en nourriture, en carburant et en eau. OĂč la destruction dĂ©libĂ©rĂ©e du secteur agricole de Gaza, des boulangeries, des minoteries, des convois d'aide humanitaire et des soupes populaires n'est pas fortuite, mais stratĂ©gique.
La GHF n'existe pas en dehors de ce génocide. Elle opÚre à l'intérieur. En son sein. à son service.
Soyons clairs : La GHF n'est pas distincte de la machine génocidaire, elle contribue à son maintien. Ce n'est pas un acteur neutre, c'est un collaborateur qui utilise la nourriture pour réguler la vie selon les conditions imposées par l'occupant.
VoilĂ pourquoi l'humanitaire ne peut ĂȘtre neutre face Ă la violence structurelle.
Parce que la neutralité qui refuse de nommer l'oppresseur n'est pas neutre, c'est de la complaisance.
La neutralité qui ne remet pas en cause le blocus le rend possible.
La neutralité qui efface le contexte de l'occupation est la réplique de la logique coloniale.
La neutralitĂ© qui accepte le gĂ©nocide comme toile de fond pour âinnover dans l'aide humanitaireâ est une lĂąchetĂ© morale.
Ce que propose la GHF n'est pas de l'aide humanitaire. C'est la distribution contrÎlée de miettes, sous des portiques biométriques et sous la menace d'armes étrangÚres, à une population délibérément affamée.
Ce n'est pas de la solidarité. C'est l'optimisation du blocus. C'est le capitalisme de crise comme moyen de contrÎle. C'est l'aide humanitaire comme moyen de répression.
Le consentement n'est pas un luxe. C'est le fondement mĂȘme de l'aide humanitaire Ă©thique. Et les Palestiniens n'ont pas donnĂ© leur consentement. Ils ont exigĂ© la fin du blocus, pas une carte de rationnement amĂ©liorĂ©e.
Rejetez le modÚle GHF. Restaurez la souveraineté palestinienne.
Il n'y a pas d'aide neutre sous occupation. Il n'y a aucune lĂ©gitimitĂ© humanitaire dans un modĂšle coordonnĂ© avec le rĂ©gime mĂȘme qui bombarde les convois d'aide, assassine les mĂ©decins et impose la famine en tant que stratĂ©gie. Et il n'y a aucun avenir dans un systĂšme logistique conçu par les artisans de la guerre coloniale.
La Fondation humanitaire pour Gaza doit ĂȘtre rejetĂ©e, pas rĂ©formĂ©e. Elle ne doit pas ĂȘtre financĂ©e. Elle ne doit pas ĂȘtre normalisĂ©e. Elle ne doit pas ĂȘtre acceptĂ©e comme "mieux que rien". Car "mieux que rien" est le langage de la capitulation, et les Palestiniens mĂ©ritent mieux que les miettes filtrĂ©es aux checkpoints. Ils mĂ©ritent leur libĂ©ration.
La GHF n'est pas une solution humanitaire. C'est une entreprise logistique d'occupation enrobée d'un langage compatissant. C'est un systÚme privatisé de gestion du blocus, conçu non pas pour mettre fin à la souffrance, mais pour l'administrer plus efficacement. Elle ne remet pas en cause la structure du génocide, elle la renforce.
Ce dont Gaza a besoin, ce ne sont pas des files d'attente biométriques, des colis alimentaires blindés ou de "tableaux de bord de transparence" occidentaux. Ce dont Gaza a besoin, c'est d'une aide décolonisée :
Une aide ancrée dans le leadership palestinien et le contrÎle communautaire
Une aide distribuée par le biais de réseaux d'entraide, de cliniques locales et d'organisations locales
Une aide qui ne rend pas de comptes Ă des gĂ©nĂ©raux Ă©trangers ou Ă des avocats de Wall Street, mais au peuple lui-mĂȘme
Une aide qui ne suit pas, ne surveille pas et ne divise pas, mais qui restaure la dignité, l'autonomie et le pouvoir collectif.
Ce n'est pas un appel à la charité. C'est une exigence de justice. De solidarité plutÎt que de mercenariat. De libération plutÎt que de logistique.
Tant que le blocus n'aura pas pris fin, aucun âcouloir humanitaireâ ne sera Ă©thique s'il est structurĂ© par l'apartheid, protĂ©gĂ© par des armes privĂ©es et gouvernĂ© par ceux qui ne subissent pas les consĂ©quences de leurs politiques.
Que cela soit bien clair :
La GHF n'est pas une aide. La GHF est une logistique de l'apartheid. La GHF est une occupation par d'autres moyens. Ce n'est pas une bouée de sauvetage. C'est une laisse. Elle n'a rien d'humanitaire. C'est une violence structurelle avec une mission.
Si vous financez la GHF, vous ne nourrissez pas Gaza, vous contribuez Ă la lente strangulation de la bande de Gaza. Si vous soutenez la GHF, vous n'aidez pas la Palestine, vous aidez l'occupant Ă externaliser son gĂ©nocide. Et si vous gardez le silence, vous ĂȘtes complices de la normalisation du blocus comme statu quo.
Rejetez la GHF. Refusez l'illusion. Restaurez le seul principe humanitaire qui compte aujourd'hui : la souveraineté palestinienne.
La libĂ©ration ne peut ĂȘtre externalisĂ©e. Elle ne peut ĂȘtre sous-traitĂ©e. Et elle ne viendra jamais des mains de ceux qui ont construit des murs.
Partagez. Nommez. Rejetez. Donnez la parole aux Palestiniens. Exigez une aide décolonisée. La solidarité ne passe pas par les checkpoints biométriques.
Traduit par Spirit of Free Speech