👁🗨 Un héros de notre temps
Pourquoi Assange, journaliste, est-il toujours détenu, compte tenu notamment de la détérioration de son état de santé, alors que les responsables de ces crimes de guerre sont toujours en liberté ?
👁🗨 Un héros de notre temps
Par Maria Duarte, le 14 mars 2024
La critique du Star, Maria Duarte, est impressionnée par la lucidité du récit de l'affaire Assange, qui met en lumière la complaisance du gouvernement australien.
Voilà près de cinq ans que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, est détenu sans condamnation dans la prison britannique de haute sécurité de Belmarsh, où il lutte toujours contre son extradition vers les États-Unis, où il risque jusqu'à 175 ans de prison pour avoir publié des documents classifiés exposant les crimes de guerre des États-Unis en Irak et en Afghanistan.
Sa santé défaillante, la campagne de diffamation menée contre lui et l'impact sur la liberté d'expression s'il est poursuivi aux États-Unis sont tous explorés dans le nouveau documentaire percutant et stimulant de Kym Staton.
Tourné sur deux ans et narré par Susan Sarandon, Roger Waters, M.I.A, Tom Morello et Jonathan Oldham, il présente la vidéo de l'incident “Collateral Murder” qui a mis Assange dans le collimateur de l’administration américaine et est à la base des accusations d'espionnage dont il fait l'objet. On y voit des soldats américains rire en tuant une douzaine de civils, dont deux journalistes de Reuters en 2007 à New Bagdad, en Irak, et en blessant deux enfants. Une vidéo poignante.
Dans une interview inédite et bouleversante, Sajad Mutashar, 10 ans, l'une des victimes, raconte les événements au cours desquels il a vu son père se faire abattre.
Le film présente également des interviews très instructives de John Pilger, dans ce qui pourrait être sa dernière apparition, de l'ancien lanceur d’alerte de la guerre du Viêt Nam Daniel Ellsberg, décédé l'année dernière, de Tariq Ali, militant politique et journaliste, ainsi que d'une série d'experts et de membres de la famille d'Assange, dont sa femme Stella.
Si le film met en cause le rôle du gouvernement britannique qui s'est incliné devant les États-Unis, déterminés à poursuivre Assange à tout prix, il braque également les projecteurs sur le gouvernement australien qui refuse de défendre l'un des siens.
Un psychiatre espagnol qui faisait partie de l'équipe chargée d'évaluer M. Assange en prison révèle qu'il a montré des signes de torture psychologique pendant une longue période.
Aucun responsable britannique ou américain n'apparaît dans le documentaire, qui pose la question de savoir pourquoi Assange, un journaliste, est toujours détenu dans une prison de haute sécurité, compte tenu notamment de la détérioration de son état de santé, alors que les responsables de ces crimes de guerre sont toujours en liberté.
Sortie en salle demain.