đâđš Un juge ordonne au Crown Prosecution Service de faire toute la lumiĂšre sur la destruction de documents clĂ©s concernant Julian Assange
La dĂ©cision doit ĂȘtre exĂ©cutĂ©e dâici le 23 juin sous peine de poursuites pour outrage Ă magistrat. Une avancĂ©e majeure dans l'affaire Assange de libertĂ© d'information contre les autoritĂ©s britanniques
đâđš Un juge ordonne au Crown Prosecution Service de faire toute la lumiĂšre sur la destruction de documents clĂ©s concernant Julian Assange
Par Stefania Maurizi, le 31 mai 2023
La dĂ©cision doit ĂȘtre exĂ©cutĂ©e dâici le 23 juin sous peine de poursuites pour outrage Ă magistrat. Une avancĂ©e majeure dans l'affaire de libertĂ© d'information contre les autoritĂ©s britanniques concernant Assange.
WIKILEAKS - AprĂšs des annĂ©es Ă se heurter Ă un vĂ©ritable mur, la premiĂšre faille est apparue avec la derniĂšre dĂ©cision rendue par le juge O'Connor dans notre affaire FOIA*. En plus de cette dĂ©cision, le dĂ©putĂ© travailliste britannique John McDonnell vient d'obtenir de nouvelles informations de la part du Crown Prosecution Service [Service des poursuites judiciaires de la Couronne]. M. McDonnell demande une enquĂȘte indĂ©pendante sur le rĂŽle du ministĂšre public dans l'affaire Assange.
Au cours des six derniĂšres annĂ©es, toutes nos tentatives de faire la lumiĂšre sur la destruction de documents clĂ©s dans l'affaire Julian Assange ont Ă©tĂ© rejetĂ©es , mĂȘme si des courriels ont Ă©tĂ© supprimĂ©s alors que l'affaire trĂšs mĂ©diatisĂ©e et controversĂ©e Ă©tait encore en cours.
Mais aujourd'hui, les autorités britanniques du Crown Prosecution Service doivent faire toute la lumiÚre : elles doivent déclarer si elles détiennent des informations sur le moment, la maniÚre et les raisons pour lesquelles ces documents ont été supprimés, et si c'est le cas, elles doivent soit nous les communiquer, soit clarifier les motifs de leur refus.
Cette ordonnance vient d'ĂȘtre rendue par le tribunal de premiĂšre instance de Londres, prĂ©sidĂ© par le juge O'Connor, en rĂ©ponse Ă notre action en justice fondĂ©e sur la loi britannique sur la libertĂ© de l'information (FOIA*), dans laquelle nous sommes reprĂ©sentĂ©s par Estelle Dehon, spĂ©cialiste de premier plan de la FOIA, du cabinet Cornerstone Barristers Ă Londres.
LIRE LA DĂCISION DU JUGE O'CONNOR : [derniĂšre phrase de la dĂ©cision: En consĂ©quence, nous Ă©mettons un avis de dĂ©cision substituĂ©e qui exige du CPS qu'il fasse ce qui lui incombait de faire en 2020.]
Le Crown Prosecution Service doit se conformer à cette ordonnance judiciaire d'ici le 23 juin, et tout manquement de sa part pourrait donner lieu à une procédure pour outrage.
Depuis 2017, alors que nous avons découvert pour la premiÚre fois que des documents avaient été détruits, nous nous sommes constamment heurtés à un mur : le Crown Prosecution Service (CPS) a toujours soutenu que la suppression de ces documents était conforme à sa procédure opérationnelle standard. Une précédente décision rendue en 2017 par le London First-tier Tribunal - présidé par un autre juge, Andrew Bartlett - affirmait qu'il n'y avait "rien de répréhensible" dans leur suppression, et l'organisme britannique institué pour faire respecter les droits à l'information, l'Information Commissioner (ICO), s'est toujours félicité de cette décision qui n'avait "rien de répréhensible".
Cette nouvelle décision du juge O'Connor est la premiÚre fissure dans le mur de briques.
Le juge O'Connor a Ă©galement confirmĂ© que "WikiLeaks est une organisation mĂ©diatique", bien qu'il ait rejetĂ© toutes nos demandes d'accĂšs Ă l'intĂ©gralitĂ© de la correspondance entre le Crown Prosecution Service et le DĂ©partement d'Ătat amĂ©ricain, le DĂ©partement de la Justice amĂ©ricain, l'AutoritĂ© suĂ©doise des poursuites, et les autoritĂ©s Ă©quatoriennes sur l'affaire Julian Assange entre 2010 et 2019.
En ce qui concerne la correspondance entre le CPS et l'Ăquateur, le juge a statuĂ© en faveur du Crown Prosecution Service, en maintenant une exemption pour "ne pas confirmer ou infirmer" que les autoritĂ©s britanniques et Ă©quatoriennes ont Ă©changĂ© des courriels sur l'affaire.
En ce qui concerne tous les autres courriers Ă©changĂ©s entre le CPS et les autoritĂ©s suĂ©doises, entre le CPS et le ministĂšre amĂ©ricain de la justice, et entre le CPS et le dĂ©partement d'Ătat amĂ©ricain, le juge O'Connor a estimĂ© que s'ils Ă©taient divulguĂ©s, les documents risqueraient de porter atteinte Ă la relation de confiance qui sous-tend l'Ă©change d'informations entre les autoritĂ©s chargĂ©es des poursuites, et qu'ils auraient probablement un effet dissuasif sur les relations avec les autoritĂ©s suĂ©doises et amĂ©ricaines, ainsi qu'avec d'autres autoritĂ©s Ă©trangĂšres.
La dĂ©cision a Ă©tĂ© rendue sous deux formes : une dĂ©cision accessible au public et une dĂ©cision privĂ©e distincte qui ne peut ĂȘtre consultĂ©e que par les autoritĂ©s britanniques du Crown Prosecution Service et par l'ICO..
La documentation sur laquelle repose la dĂ©cision Ă huis clos comprend, entre autres, plus de 552 pages de correspondance entre le CPS et le ministĂšre amĂ©ricain de la Justice, et entre le CPS et le dĂ©partement d'Ătat entre 2010 et 2019, y compris "la prestation de conseils juridiques et de demandes sur des questions stratĂ©giques plus larges relatives Ă l'extradition de M. Assange vers ce pays".
Cette correspondance fait partie de la documentation que nous demandons en vertu de la FOIA* depuis des années, et qui nous a toujours été refusée. Son accÚs serait pourtant crucial, car les autorités britanniques aident le gouvernement américain à extrader un journaliste pour avoir révélé des crimes de guerre et des actes de torture, comme s'il s'agissait d'un mafieux ou d'un trafiquant de drogue. D'Amnesty International à la Fédération internationale des journalistes (FIJ), toutes les grandes organisations de défense des droits de l'homme et de la liberté de la presse ont appelé à l'abandon de la procédure d'extradition et à la libération d'Assange.
Julian Assange reste cependant en prison, attendant que la justice britannique se prononce sur son recours contre l'extradition vers les Ătats-Unis, oĂč il risque 175 ans de prison pour avoir obtenu et publiĂ© des fichiers classifiĂ©s du gouvernement amĂ©ricain.
Toutes les demandes d'abandon des charges et de libération de Julian Assange ont été ignorées par les gouvernements britannique et américain. Toutes les décisions et tous les avis d'organes trÚs respectés des Nations unies, tels que le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (UNWGAD) ou le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture de 2016 à 2022, Nils Melzer, ont été complÚtement ignorés par le gouvernement britannique, voire ridiculisés, comme cela a été le cas avec la décision de l'UNWGAD.
Maintenant que le juge O'Connor a rejetĂ© notre demande d'accĂšs Ă ces documents, en particulier la correspondance entre les Ătats-Unis et le Royaume-Uni, le rĂŽle de surveillance que devrait jouer le quatriĂšme pouvoir risque Ă©galement d'ĂȘtre gravement compromis. Et pourtant, nous ne sommes pas les seuls Ă rĂ©clamer un contrĂŽle public.
En plus du rapport de Nils Melzer qui fait autorité et de notre bataille FOIA*, un député travailliste britannique, John McDonnell, a récemment soumis une demande FOIA* au CPS, pleine de questions détaillées auxquelles le Crown Prosecution Service vient de répondre.
S'adressant Ă Il Fatto Quotidiano, John McDonnell nous a dit : "Il est clair qu'une enquĂȘte indĂ©pendante doit ĂȘtre menĂ©e sur le rĂŽle du CPS dans l'affaire Julian Assange. Nous avons besoin d'une ouverture et d'une transparence totales".
Le rĂŽle du Crown Prosecution Service dans l'affaire Assange
Le Crown Prosecution Service a jouĂ© un rĂŽle clĂ© dans l'affaire depuis le tout dĂ©but. Depuis 2010, lâannĂ©e oĂč Assange et WikiLeaks ont publiĂ© les documents amĂ©ricains classifiĂ©s pour lesquels il risque la prison Ă vie, et oĂč il a fini par faire l'objet d'une enquĂȘte en SuĂšde pour viol prĂ©sumĂ©.
Depuis 2015, l'auteur de cet article s'est engagĂ© dans une guerre de tranchĂ©es pour dĂ©terrer les faits concernant Julian Assange et les journalistes de WikiLeaks par le biais de procĂ©dures FOIA* au Royaume-Uni, en SuĂšde, aux Ătats-Unis et en Australie. Nous avons essuyĂ© d'Ă©normes refus, et la procĂ©dure a Ă©tĂ© fabuleusement coĂ»teuse. Quatre gouvernements nous ont refusĂ© l'accĂšs Ă la documentation.
NĂ©anmoins, notre travail en matiĂšre de FOIA* a permis de mettre au jour certaines informations cruciales, comme le fait que c'est le Crown Prosecution Service qui a conseillĂ© aux procureurs de la Swedish Prosecution Authority (SPA) de ne pas adopter la seule stratĂ©gie d'enquĂȘte qui aurait pu conduire Ă une rĂ©solution rapide de l'affaire suĂ©doise : interroger Assange Ă Londres, plutĂŽt qu'insister pour ne l'interroger qu'aprĂšs l'avoir extradĂ© vers la SuĂšde.
Ce conseil juridique a Ă©tĂ© donnĂ© par Paul Close, un avocat de la Special Crime Division du CPS - la division responsable des poursuites dans les affaires les plus mĂ©diatisĂ©es - et a contribuĂ© Ă crĂ©er le bourbier juridique et diplomatique qui a maintenu Assange arbitrairement dĂ©tenu Ă Londres Ă partir de 2010, d'abord en rĂ©sidence surveillĂ©e pendant 18 mois, puis confinĂ© dans l'ambassade d'Ăquateur pendant 7 ans.
En 2013, mĂȘme les autoritĂ©s suĂ©doises ont commencĂ© Ă s'interroger sur l'impasse dans laquelle elles s'Ă©taient engagĂ©es sur les conseils des autoritĂ©s britanniques en insistant sur l'extradition. Elles ont envisagĂ© d'abandonner l'affaire d'extradition, Ă©crivant au Crown Prosecution Service (service des poursuites de la Couronne) : "J'espĂšre que je n'ai pas gĂąchĂ© votre week-end".
Pourquoi un procureur suédois abandonnant une tentative d'extradition pour une affaire sexuelle en SuÚde ruinerait-il le week-end des autorités du CPS ?
Trop de questions restent sans réponse dans cette affaire. Certaines des décisions clés ont été prises lorsque le Crown Prosecution Service était dirigé par Keir Starmer, actuel chef du parti travailliste britannique. Quel rÎle, le cas échéant, Keir Starmer a-t-il joué dans l'affaire Julian Assange ?
Le traitement trÚs anormal de l'affaire suédoise par les procureurs suédois et le Crown Prosecution Service n'a rendu justice à personne, a contribué à la dégradation de la santé d'Assange, a coûté aux contribuables britanniques au moins 13,2 millions de livres pour maintenir l'ambassade équatorienne en état de siÚge, a amené le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire à décider que la SuÚde et la Grande-Bretagne détenaient arbitrairement Assange depuis 2010 et, enfin, a conduit le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, à dénoncer 50 violations présumées des droits de la défense.
L'affaire suĂ©doise est dĂ©sormais close, mais non seulement ces questions et les violations prĂ©sumĂ©es signalĂ©es par Nils Melzer restent sans rĂ©ponse, mais le Crown Prosecution Service joue toujours un rĂŽle de premier plan dans l'affaire Assange, puisque les Ătats-Unis agissent par l'intermĂ©diaire du CPS pour tenter d'extrader Assange vers les Ătats-Unis.
C'est pourquoi il est crucial dâĂ©plucher les actions du CPS, d'accĂ©der Ă l'intĂ©gralitĂ© de sa correspondance avec les autoritĂ©s amĂ©ricaines, suĂ©doises et Ă©quatoriennes et, en particulier, d'accĂ©der Ă la correspondance de Paul Close.
Toutes les autorités ont refusé de préciser le nombre de pages qu'elles détiennent sur Assange, mais le Crown Prosecution Service nous a fourni une estimation de sa correspondance avec SPA : de 2010 à 2015, il aurait échangé entre 7 200 et 9 600 pages.
Au cours des 8 derniÚres années de notre bataille FOIA*, nous n'avons obtenu que 551 pages du Crown Prosecution Service, et 1373 pages de la Swedish Prosecution Authority (SPA). Sur ces 1373 pages de documents provenant de la SPA, seules 310 pages représentent la correspondance entre la SPA et le CPS.
Lorsque nous avons essayĂ© d'accĂ©der Ă la correspondance complĂšte de Paul Close, le Crown Prosecution Service nous a rĂ©pondu que son compte avait Ă©tĂ© supprimĂ© aprĂšs son dĂ©part Ă la retraite en 2014, et que "toutes les donnĂ©es associĂ©es au compte de Paul Close ont Ă©tĂ© supprimĂ©es lorsqu'il a pris sa retraite et ne peuvent ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©es".
La SuÚde a également détruit une grande partie de la documentation sur l'affaire, y compris un courriel du FBI daté de mars 2017, lorsque la CIA élaborait des plans pour tuer ou kidnapper Julian Assange.
Nous n'avons découvert ce fait qu'en février dernier, et seulement parce que le Crown Prosecution Service nous a communiqué cette information sur ses collÚgues suédois aprÚs que nous ayons essayé, en vain, d'obtenir ces documents de la SuÚde pendant des années.
à ce jour, les autorités suédoises ne nous ont fourni aucune explication sur les raisons pour lesquelles des documents clés ont été détruits, ni quand et comment, ni sur les instructions de qui. Toutes nos tentatives pour faire la lumiÚre sur cette affaire par le biais d'une procédure judiciaire ont échoué.
Pourquoi le ministÚre public a-t-il détruit des documents clés ?
Le Crown Prosecution Service a toujours affirmé que la suppression du compte de Paul Close n'avait rien d'inhabituel : il a été supprimé trois mois aprÚs son départ à la retraite en 2014. à ce moment-là , Keir Starmer n'était plus directeur des poursuites au CPS.
Il a Ă©galement toujours affirmĂ© que la suppression du compte Ă©tait conforme Ă ses politiques de gestion des dossiers. Or, le manuel de gestion des dossiers du CPS stipule que la correspondance gĂ©nĂ©rale relative Ă un dossier pĂ©nal doit ĂȘtre conservĂ©e pendant "5 ans Ă compter de la date de la correspondance la plus rĂ©cente". Mais ils l'ont quand mĂȘme supprimĂ©e.
AprÚs nous avoir répété pendant des années que les courriels de Paul Close avaient été détruits trois mois aprÚs son départ à la retraite, le CPS a changé sa version des faits en janvier dernier, déclarant qu'"il existe un document décrit comme étant des instructions de bureau relatives à la suppression du matériel dans les 30 jours".
Le compte de Paul Close a-t-il donc Ă©tĂ© supprimĂ© aprĂšs trois mois ou aprĂšs 30 jours ? Et pourquoi a-t-il Ă©tĂ© supprimĂ© ? Le Crown Prosecution Service est-il certain que tous les courriels et documents pertinents ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s du compte de messagerie, et copiĂ©s dans le dossier de l'affaire avant d'ĂȘtre supprimĂ©s?
Une enquĂȘte parlementaire ?
Ces derniers mois, le député travailliste britannique John McDonnell a déposé une demande d'accÚs à l'information auprÚs du CPS pour savoir si Keir Starmer, alors directeur des poursuites, avait été informé du conseil donné par Paul Close aux procureurs suédois de ne pas interroger Assange à Londres, et du fait que les Suédois avaient envisagé d'abandonner l'affaire d'extradition en 2013.
Il a Ă©galement demandĂ© quels documents le CPS avait dĂ©truits, pourquoi, comment et sur les instructions de qui, et si le CPS pouvait lui fournir une liste des affaires juridiques dans lesquelles le Crown Prosecution Service a supprimĂ© des documents clĂ©s au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. Enfin, M. McDonnell a demandĂ© si le compte de messagerie Ă©lectronique de Paul Close pouvait ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ© Ă partir de bandes de sauvegarde ou d'autres mĂ©thodes de sauvegarde.
En ce qui concerne Keir Starmer, le Crown Prosecution Service a répondu au parlementaire britannique qu'une recherche dans la documentation n'a révélé aucune indication que le CPS détient des informations sur la question de savoir si Starmer a été informé de ces décisions clés relatives à Assange. Cependant, le CPS a clarifié la situation : "Nous détenons 59 boßtes d'informations relatives à l'affaire de M. Assange. L'équipe a conclu qu'il ne serait pas proportionné de les examiner toutes en profondeur conformément aux dispositions de la loi sur la liberté de l'information (FOIA*)".
Comme dans le cas de la destruction du compte de messagerie de Paul Close, le CPS a fait valoir qu'il ne pouvait pas "savoir" que tous les courriels pertinents avaient été transférés dans le dossier de l'affaire avant que le compte ne soit supprimé, bien qu'il s'agisse d'une "pratique courante". Enfin, l'autorité publique a répondu que "le CPS ne détient aucune copie de sauvegarde du compte de messagerie supprimé", et qu'au cours des dix derniÚres années, elle n'avait pu identifier qu'un seul cas de destruction prématurée de documents liés à une affaire autre que celle de Julian Assange. Alors que le ministÚre public ne qualifie pas la suppression du compte de Paul Close de "violation de données", il le fait dans l'autre cas.
Quelle malchance pour Julian Assange. Il a Ă©tĂ© maintenu dans l'incertitude pendant prĂšs de dix ans, en partie grĂące aux conseils juridiques que le service des poursuites de la Couronne a donnĂ©s aux procureurs suĂ©dois. La correspondance essentielle relative Ă son dossier a Ă©tĂ© dĂ©truite peut-ĂȘtre trois mois, ou peut-ĂȘtre 30 jours aprĂšs le dĂ©part Ă la retraite de l'avocat qui s'Ă©tait occupĂ© de son dossier depuis le dĂ©but. Il n'y a aucun moyen de savoir ce qui a Ă©tĂ© dĂ©truit et ce qui a Ă©tĂ© conservĂ©. Il n'y a pas de copies de sauvegarde. En dix ans, il n'y a eu qu'un seul cas de destruction prĂ©maturĂ©e de documents.
La "malchance" d'Assange a Ă©tĂ© telle que non seulement le Crown Prosecution Service a dĂ©truit les documents relatifs Ă son affaire, mais que les procureurs suĂ©dois en ont fait de mĂȘme. Quant au reste de la correspondance entre le CPS et les autoritĂ©s amĂ©ricaines, l'obtenir en passant par la justice semble relever de la mission impossible.
John McDonnell estime qu'"il faut maintenant une enquĂȘte indĂ©pendante sur le rĂŽle du CPS dans l'affaire Julian Assange". C'est peut-ĂȘtre la derniĂšre et unique chance. Cela se produira-t-il ?
* Le Freedom of Information Act (FOIA) (loi d'accÚs à l'information) est une loi américaine signée le 4 juillet 1966 par le président Lyndon B. Johnson, et entrée en application l'année suivante. Fondée sur le principe du droit à l'information, elle oblige les agences fédérales à transmettre leurs documents, à quiconque en fait la demande, quelle que soit sa nationalité