👁🗨 Un médecin de Gaza évoque la torture et les traumatismes après 45 jours de détention israélienne
“Nous avons été enchaînés 45 jours, les mains liées, les yeux bandés, à dormir sur du gravier, sans matelas ni oreiller, au son d'une musique forte & agressive, comme s'il s'agissait d'une fête”.
👁🗨 Un médecin de Gaza évoque la torture et les traumatismes après 45 jours de détention israélienne
Par Quds News Network, le 5 février 2024
Gaza - Dans un récit glaçant sur la brutalité des traitements subis par les Palestiniens détenus par les forces d'occupation israéliennes au cours de l'assaut actuel sur la bande de Gaza, le docteur Saeed Abdul Rahman Ma'ruf, pédiatre palestinien, a partagé les détails déchirants de sa détention de 45 jours par les forces d'occupation israéliennes dans un hôpital de Gaza.
En décembre dernier, alors que le Dr Ma'ruf était en service à l'hôpital Al-Ahli Arab dans la ville de Gaza, les forces israéliennes ont encerclé l'établissement médical et l'ont arrêté. Tout au long de sa captivité, il a été privé de sommeil, soumis à des contraintes permanentes et a même subi un traumatisme du nerf oculaire avant d'être libéré la semaine dernière.
Les forces israéliennes ont lié les mains et les jambes du Dr Ma'ruf et l'ont soumis à un bandage oculaire permanent pendant près de sept semaines. Il a raconté les tortures et les humiliations incessantes que lui et ses compagnons de détention ont endurées entre les mains de leurs geôliers.
“Dans les prisons israéliennes, la torture était extrêmement sévère. Moi qui suis médecin, j'ai perdu plus de 25 kilos en 45 jours”, a-t-il révélé.
Décrivant les conditions de leur détention, il explique :
“Nous avons été enchaînés pendant 45 jours, les mains liées, les yeux bandés, forcés de dormir sur du gravier, sans matelas ni oreiller, au son d'une musique forte et agressive, comme s'il s'agissait d'une fête”.
D'un ton angoissé, le Dr Ma'ruf a déclaré :
“J'ai perdu l'équilibre, ma concentration, l’ensemble de mes sens. Nous avons été enchaînés 45 jours, nous avec les yeux bandés”,
tentant d'exprimer les conditions désastreuses qui régnaient dans le centre de détention.
Après sa libération, la Croix-Rouge l'a transporté jusqu'au checkpoint de Karm Abu Salem, où il a enfin été libéré de ses entraves. Cependant, en raison du bandage continuel de ses yeux, il n'a pas pu dire s'il avait été détenu à l'intérieur ou à l'extérieur de la bande de Gaza pendant sa captivité.
Depuis son arrestation, le Dr Ma'ruf n'a eu aucune information sur sa famille, ne sachant pas si elle avait survécu aux intenses incursions israéliennes à Gaza. Son dernier contact avec eux a été un appel téléphonique déchirant avec sa fille lorsque les soldats israéliens ont ordonné par haut-parleur à tous les médecins et au personnel médical d'évacuer l'hôpital.
Alors que les soldats annonçaient l'évacuation, sa fille l'a informé des bombardements à proximité. Il se souvient de cette conversation douloureuse :
“Ma fille m'a appelé et m'a dit : ‘Papa, les bombardements se rapprochent. Que devons-nous faire ?’ Ma fille n'est pas seule : ils sont cinq enfants avec leur mère, leur tante et le mari de leur tante, ce qui signifie que la maisonnée compte au moins 20 ou 25 personnes”.
Je lui ai dit : “Ma fille, si je te dis de partir et que, Dieu m'en garde, il se passe quelque chose, j'en souffrirai le martyr. Si je te dis de rester et que le pire arrive, le résultat sera le même. Laissez faire le destin. Si vous voulez partir, ma chérie, partez. Si tu veux rester, reste. Je suis de votre côté. Je dois partir avec ce soldat maintenant, et je ne sais pas ce qu'il adviendra de moi”, a-t-il poursuivi.
Depuis ce jour, le Dr Ma'ruf ne sait pas si sa famille est en sécurité. Les familles de Gaza ont été séparées en raison des destructions et des communication coupées, rendant complexe l'accès à de nombreux secteurs, et empêchant les familles de communiquer.
Le Dr Ma'ruf dit qu'ils étaient des centaines de prisonniers au même endroit, chacun priant pour que la mort lui permette d'échapper au supplice.
“Dans les prisons israéliennes, chacun d'entre nous s’est souhaité la mort, mais elle n'est pas venue. Nous espérions mourir à cause de la tortures qu’on nous y inflige”, a-t-il déclaré.
De retour à Gaza, le Dr Ma'ruf a accroché le stéthoscope autour de son cou pour reprendre son travail après des enfants. Leurs cris et les chuchotements des parents inquiets résonnent à nouveau autour de lui.