👁🗨 Un message très clair à Israël
Où sont les militants du Conseil de sécurité contre les génocides, ou les partisans d'une réduction du droit de veto quand des atrocités de masse sont commises ? Leur silence fait d'eux des complices.
👁🗨 Un message très clair à Israël
Le 29 novembre 2023
Voici un exemple rare de message particulièrement direct délivré par un gouvernement à un autre aux Nations unies.
Samuel Moncada*, ambassadeur du Venezuela à l'ONU, s'est adressé à l'Assemblée générale mardi 28 novembre.
Monsieur le Président,
la République bolivarienne du Venezuela condamne fermement l'agression israélienne contre la population civile des territoires palestiniens occupés. Il s'agit d'une opération d'expulsion massive d'un peuple tout entier dans le but pour la puissance occupante d'annexer son territoire. Il s'agit d'un nouveau cycle de terreur expansionniste, de tant de souffrances subies par le peuple palestinien au cours de 75 années d'occupation.
Au cours des huit dernières semaines, nous avons assisté à une escalade des crimes perpétrés par le régime israélien contre le peuple palestinien. Au moins 15 000 civils innocents ont été assassinés par les forces d'occupation dans la bande de Gaza, principalement des femmes et des enfants, dans le cadre d'une opération de nettoyage ethnique qui n'a même pas épargné le personnel des Nations unies, massacré lui aussi.
Il est choquant de voir comment, malgré la cruauté des faits exposés au monde entier, le gouvernement des États-Unis d'Amérique et ses satellites tentent de justifier l'injustifiable.
La puissance occupante commet un génocide contre le peuple palestinien, tel que défini dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Nous nous demandons où sont ceux qui, dans d'autres circonstances, s'empressent d'appliquer la responsabilité de protéger mais qui, aujourd'hui, ignorent les droits de l'homme des Palestiniens soumis à l'occupation israélienne ?
Où sont les militants du code de conduite du Conseil de sécurité contre les génocides, ou ceux qui plaident pour réduire le droit de veto au sein du Conseil de sécurité lorsque des atrocités de masse sont commises ? Leur silence les rend complices de ces crimes.
Nous appelons à une condamnation avec la plus grande fermeté des politiques criminelles d'Israël à l'encontre des populations civiles. Les Nations Unies doivent agir avec détermination, y compris le Secrétaire qui détient la mission cruciale de préservation du droit à la vie de millions d'innocents. Nous ne pouvons pas accepter que nos actions et nos omissions nous rendent conjointement responsables de l'anéantissement d'un peuple entier.
Monsieur le Président, Israël n'a pas l'intention de mettre fin à l'occupation. Au contraire, il cherche à prendre le contrôle de l'ensemble du territoire palestinien occupé tout en modifiant la situation démographique, en réprimant les Palestiniens et en privilégiant les colons israéliens. Cette réalité, c'est l'imposition d'un système d'apartheid.
Il faut ajouter la destruction de dizaines de milliers d'habitations, le déplacement forcé de centaines de milliers de Palestiniens, ainsi que les attaques délibérées contre des infrastructures vitales. Monsieur le Président, nous devons aujourd'hui progresser de toute urgence dans au moins trois domaines essentiels.
Premièrement, nous devons mettre fin au cycle de l'impunité. Israël doit être tenu pour responsable par la justice internationale des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre qu'il commet depuis des années, ainsi que du génocide en cours aujourd'hui. L'impunité internationale qui lui est accordée par le gouvernement de l'un de ses principaux partenaires, membre permanent du Conseil de sécurité, encourage les crimes commis chaque jour par Israël.
D'autre part, la puissance occupante poursuit sa politique de “tirer pour tuer”, en bombardant des écoles, des hôpitaux, des logements, des centres de réfugiés ou des dépôts de nourriture, ainsi que la violence systémique des colons israéliens à l'encontre de la population civile innocente. Nous devons appliquer des mesures provisoires en vertu du droit humanitaire international qui garantiront la protection internationale du peuple palestinien.
Troisièmement, la politique de colonisation illégale, les expulsions et les démolitions de maisons, l'expropriation de terres palestiniennes, les détentions arbitraires de civils palestiniens innocents et la persécution des organisations de la société civile palestinienne doivent être stoppées. Nous devons condamner ceux qui appellent à l'utilisation d'armes de destruction massive contre le peuple palestinien, et qui encouragent des groupes fanatiques à commettre des crimes de haine ou à attaquer des sites religieux.
Monsieur le Président, nous insistons par ailleurs sur notre condamnation de la violation des dispositions de la résolution 497 du Conseil de sécurité, qui exige depuis plus de 40 ans le retrait d'Israël du Golan syrien, et nous nous opposons également à toute mesure prise par la puissance occupante pour modifier la situation démographique ou juridique du Golan syrien occupé. Nous rejetons toutes les mesures de recours à la force pour exercer une juridiction et une administration sur ce territoire.
Le moment est venu pour cette Assemblée générale d'exiger des actions concrètes et c'est pourquoi nous demandons instamment un vote en faveur de tous les projets de résolution présentés aujourd'hui au titre des points 39 et 40 du programme de travail.
Enfin, nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple palestinien ainsi que notre soutien à l'autodétermination et à un État palestinien indépendant et souverain dans les frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, en tant que membre à part entière des Nations unies.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
* Samuel Moncada est un homme politique et historien vénézuélien né à Caracas le 13 juin 1959. Ministre de l'Enseignement supérieur de 2004 à 2006, il est l'éphémère ministre des Relations extérieures du Venezuela en 2017.
https://consortiumnews.com/2023/11/29/a-blunt-message-for-israel/