👁🗨 Un nombre croissant de rapports accusent les forces israéliennes de la mort de civils et de militaires israéliens à la suite de l'attaque du 7 octobre.
Israël, comme il l'a souvent prouvé par le passé, serait prêt à mettre en danger la vie de ses soldats & citoyens plutôt que d'assister à la joie de la liberté célébrée de part et de la frontière.
👁🗨 Un nombre croissant de rapports accusent les forces israéliennes de la mort de civils et de militaires israéliens à la suite de l'attaque du 7 octobre.
Par un contributeur anonyme / Mondoweiss, le 22 octobre 2023
Note de la rédaction : L'auteur de cet article a demandé que son nom ne soit pas publié, craignant pour sa sécurité personnelle en raison de l'intensification des persécutions fascistes contre les voix critiques en Israël.
De nombreux détails de ce qui s'est passé le 7 octobre restent inexpliqués, notamment la manière dont les 1 400 Israéliens qui ont trouvé la mort ont été tués. De plus en plus de rapports indiquent que l'armée israélienne est responsable des décès de civils et de militaires.
Depuis le 7 octobre, les événements de la journée sont entourés de mystère. On s'interroge non seulement sur l'incapacité colossale de l'appareil de renseignement israélien à anticiper ce qui allait se passer dans la bande de Gaza étroitement assiégée ou sur l'effondrement rapide de sa “ligne Maginot”, qui a coûté des milliards de dollars, mais aussi sur les détails de ce qui s'est réellement passé dans les bases militaires et les colonies situées autour de la bande de Gaza. Nous savons que, selon les estimations les plus courantes, 1 400 Israéliens ont été tués dans les jours qui ont suivi, mais nous ne savons pas encore comment.
Certains rapports commencent à être publiés, y compris des documents sur l'assassinat d'Israéliens par des combattants palestiniens, mais un nombre croissant de rapports indiquent que l'armée israélienne était également responsable de la mort de civils et de militaires israéliens le 7 octobre et les jours suivants.
La directive Hannibal en action ?
Le vendredi 20 octobre, Haaretz a publié un long article de son principal analyste militaire, Amos Harel, décrivant l'incapacité d'Israël à se préparer aux attaques du Hamas du 7 octobre. Il présente à ses lecteurs “le commandant de la division de Gaza, le général de brigade Avi Rosenfeld”, qu'il a rencontré quelques semaines avant la guerre et qui lui a dit que “les choses ne s'amélioreront pas, et qu'à un moment donné, elles vont empirer”.
Il poursuit en décrivant ce qui s'est passé le 7 octobre :
“Le bureau de coordination et de liaison a été attaqué le 7 octobre, ainsi que tous les avant-postes situés le long de la ligne de démarcation de la division. Une importante unité du Hamas s'est emparée du point de passage d'Erez, fermé en raison de la fête de Simhat Torah. De là, en quelques minutes et sans résistance, ils ont avancé dans la base militaire, tuant et enlevant les soldats de l'administration civile, bien que quelques-uns d'entre eux aient réussi à riposter avant d'être touchés... Le général de brigade Rosenfeld s'est retranché dans la salle de crise souterraine de la division avec une poignée de soldats, hommes et femmes, essayant désespérément de secourir et d'organiser le secteur attaqué. De nombreux soldats, dont la plupart n'étaient pas des combattants, ont été tués ou blessés à l'extérieur. La division a été contrainte de solliciter une attaque aérienne contre la base elle-même afin de repousser les terroristes”.
Cette description sèche et flatteuse du haut commandant, caché avec quelques soldats dans un bunker souterrain et ordonnant un bombardement aérien de “la base” où ses soldats se battaient contre des militants du Hamas, peut-être blessés et peut-être faits prisonniers, en dit long sur la psyché israélienne en ces temps sanglants.
Cela me rappelle les événements du 1er août 2014, lors de la campagne israélienne la plus violente contre Gaza jusqu'à aujourd'hui. Le 1er août, un cessez-le-feu a été instauré, mais une unité israélienne a déclenché une action qui s'est soldée par la capture d'un de ses soldats par des militants palestiniens. La réponse israélienne a été dévastatrice, clairement conçue pour s'assurer que le soldat, Hadar Goldin, meure avec le plus grand nombre possible de Palestiniens. Selon les enquêtes d'Amnesty International et des Nations Unies, citées par Wikipedia, “le bombardement massif israélien a tué entre 135 et 200 civils palestiniens, dont 75 enfants, dans les trois heures qui ont suivi la capture présumée d'un soldat israélien”.
Ces événements ne correspondent pas à des débordements locaux accidentels du désir “samsonien” de mourir (ou de laisser mourir ses soldats) avec ses ennemis. Il s'agit d'une politique officielle bien documentée de l'armée israélienne, au moins depuis 1986, connue sous le nom de “directive Hannibal”, “code Hannibal” ou encore “doctrine Hannibal”.
Cette politique ne s'est peut-être pas arrêtée lorsque le général Rosenfeld a ordonné le bombardement de ses soldats. Il faudra des années pour que nous ayons (ou non) une vision complète de ce qui s'est passé le 7 octobre et les jours suivants. Mais outre les morts militaires, certains détails concernant le rôle d'Israël dans la mort de civils israéliens peuvent déjà être relevés dans le flot de propagande qui entoure les événements de cette journée.
Les morts du kibboutz Be'eri
Electronic Intifada a publié une longue interview de Yasmin Porat, décrivant comment elle a été prise en otage par des militants palestiniens dans le kibboutz Be'eri. Selon son récit, les ravisseurs l'ont traitée, ainsi que d'autres otages, “avec humanité”, pensant qu'ils seraient en mesure de se replier en toute sécurité vers Gaza grâce à la protection des captifs israéliens. Cependant les soldats israéliens “ont éliminé tout le monde lors de l’assaut, y compris les otages. Il y a eu des tirs croisés très, très nourris”.
Son témoignage est complété par celui de soldats israéliens qui ont décrit comment l'armée israélienne a tiré des obus de chars sur des bâtiments où se cachaient des militants et leurs otages.
Le 11 octobre, Quique Kierszenbaum a publié dans The Guardian un article sur sa visite du kibboutz Be'eri, organisée par l'unité de propagande de l'armée israélienne. Il relate que
“Un bâtiment après l'autre a été détruit, que ce soit lors de l'assaut du Hamas ou lors des combats qui ont suivi, les arbres alentours ont volé en éclats et les murs ont été réduits à des gravats de béton là où les chars israéliens ont bombardé les militants du Hamas cachés là. Les étages se sont effondrés sur eux-mêmes. Les poutres des toits étaient enchevêtrées et visibles comme des cages thoraciques”.
Dans un autre article publié dans Haaretz en hébreu (il ne semble pas être disponible en anglais) le 11 octobre, probablement à la suite de la même mission effectuée par l'armée, Nir Hasson et Eden Solomon ont interviewé “Erez, commandant adjoint d'un bataillon blindé de réserve”. Il a décrit comment lui et son unité de chars “se sont battus à l'intérieur du kibboutz, de maison en maison, avec les chars. Nous n'avions pas le choix”, conclut-il.
Plus récemment, Nir Hasson est retourné à Be'eri et a interviewé un habitant du village, Tuval, qui a eu la chance d'être loin du kibboutz au moment de l'attaque, mais dont la compagne a été tuée. Dans son article publié le 20 octobre dans le Haaretz, Hasson rapporte ce qui suit :
“Sa voix tremble lorsque sa compagne, assiégée dans son abri à ce moment-là, lui vient à l'esprit. Selon lui, ce n'est que dans la nuit de lundi à mardi, et après que les commandants sur le terrain eurent pris des décisions délicates - notamment le bombardement des maisons avec tous leurs occupants à l'intérieur afin d'éliminer les terroristes et les otages - que les FDI ont achevé la prise de contrôle du kibboutz. Le prix à payer a été terrible : au moins 112 personnes de Be'eri ont été tuées. D'autres ont été kidnappés. Hier, 11 jours après le massacre, les corps d'une mère et de son fils ont été découverts dans l'une des maisons détruites. On pense que d'autres corps gisent encore dans les décombres”.
Cette citation est capitale à plus d'un titre, notamment parce qu'elle permet de mieux comprendre la chronologie des événements. Ce témoignage semble indiquer que de nombreux captifs israéliens étaient encore en vie le lundi 9 octobre, soit deux jours après les événements du samedi 7 octobre. Si l'on peut comprendre que des captifs aient été tués dans les tirs croisés d'une première riposte israélienne à l'attaque du 7 octobre, ce témoignage semble indiquer que la décision d'attaquer le kibboutz et toutes les personnes qui s'y trouvaient a été prise dans le cadre d'un calcul militaire très clair.
Des militants palestiniens se cachaient manifestement dans ces bâtiments avec leurs prisonniers israéliens, tandis que les soldats israéliens se frayaient un chemin à l'aide d'obus de chars d'assaut massifs, dans des zones très denses. Il convient d'enquêter pour savoir qui a causé la plupart des morts et des destructions qui ont eu lieu. C'est d'autant plus important que ces morts sont maintenant utilisées pour justifier la destruction de Gaza et le meurtre de milliers de civils.
Implications pour les prisonniers israéliens à Gaza
Tout cela n'est pas de l'histoire ancienne. Les conséquences sont essentielles pour la phase suivante des hostilités, qui pourrait s'avérer bien plus sanglante. Le sort de plus de deux cents captifs israéliens, soldats et civils, est désormais un élément central du conflit.
Pour les Palestiniens, il s'agit d'une occasion historique de libérer leurs militants de longue date de ce qu'ils appellent “les bastilles de l'occupation”. Même si les Palestiniens savent que le retour à la liberté sur leur terre est encore un rêve très lointain, la libération de leurs prisonniers par le biais d'un échange de prisonniers est la victoire la plus précieuse à laquelle ils peuvent aspirer. Toutefois, Israël, comme il l'a prouvé à maintes reprises dans le passé, et comme les événements récents pourraient l'indiquer, pourrait être prêt à mettre en danger la vie de ses soldats et de ses citoyens plutôt que d'assister à la joie de la liberté célébrée de part et d'autre de la frontière.