đâđš Un nouveau documentaire rĂ©vĂšle que les soldats israĂ©liens âTikTokentâ leurs crimes de guerre Ă Gaza
Aljazeera a pu retrouver noms, grades & unitĂ©s de soldats aprĂšs avoir compilĂ© les donnĂ©es de âplus de 2 500 comptes de rĂ©seaux sociaux, avec photos & vidĂ©os mises en ligne par des soldats israĂ©liensâ.
đâđš Un nouveau documentaire rĂ©vĂšle que les soldats israĂ©liens âTikTokentâ leurs crimes de guerre Ă Gaza
Par Peter Oborne, le 3 octobre 2024 Ă 11:30
Depuis qu'ils ont envahi Gaza, les soldats israéliens prennent réguliÚrement des photos et des vidéos d'eux en train de faire exploser des maisons et des écoles, et de violenter des prisonniers.
Les soldats israéliens ont commis des abus généralisés à Gaza, y compris des crimes de guerre potentiels, selon les photos et les vidéos postées, partagées et célébrées sur leurs comptes de réseaux sociaux, révÚle un nouveau documentaire.
Selon le long métrage documentaire Gaza, publié en ligne par l'unité d'investigation d'Al Jazeera ce jeudi, les forces israéliennes ont réguliÚrement partagé les abus commis sur des plateformes telles que TikTok, Instagram, YouTube et Facebook aprÚs avoir envahi l'enclave.
Les crimes vont de la destruction gratuite et du pillage à la démolition de quartiers entiers et à d'éventuelles exécutions illégales.
Al Jazeera a déclaré avoir pu retrouver les noms, les grades et les unités militaires de nombreux soldats aprÚs avoir compilé une base de données de
âplus de deux mille cinq cents comptes de rĂ©seaux sociaux, contenant des photos et des vidĂ©os mises en ligne par des soldats israĂ©liensâ.
L'avocat des droits de l'homme Rodney Dixon, qui a assistĂ© Ă une premiĂšre projection du documentaire, l'a qualifiĂ© de âmine de renseignements rareâ.
M. Dixon a suggĂ©rĂ© que le documentaire pourrait intĂ©resser la Cour pĂ©nale internationale (CPI), affirmant qu'il contient des Ă©lĂ©ments dont âles procureurs se lĂšcheront les babinesâ.
Les dirigeants israéliens et du Hamas font actuellement l'objet d'une série d'accusations devant la CPI pour leur rÎle dans des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés lors de la guerre contre Gaza.
En mai, le procureur de la CPI, Karim Khan, a dĂ©clarĂ© qu'il avait dĂ©posĂ© une demande de mandats d'arrĂȘt Ă l'encontre du Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu et du ministre de la DĂ©fense Yoav Gallant, ainsi que des dirigeants du Hamas Yahya Sinwar, Ismail Haniyeh et Mohammed Deif.
La CPI doit enquĂȘter
Le documentaire d'Al Jazeera soutient Ă©galement les enquĂȘtes prĂ©cĂ©dentes qui ont mis en Ă©vidence la façon dont les civils palestiniens sont rĂ©guliĂšrement abattus par les snipers israĂ©liens.
En janvier, Middle East Eye a rapporté qu'un sniper israélien a abattu une femme palestinienne ùgée dont le petit-fils tenait un drapeau blanc.
Commentant les abus présentés dans le documentaire, M. Dixon a déclaré :
âCe n'est pas parce qu'un civil se trouve dans une zone de combat qu'il doit devenir une proie facile.
âS'ils sont impliquĂ©s dans les hostilitĂ©s Ă un moment donnĂ©, oui, ils perdent leur statut de civil, ils peuvent ĂȘtre pris pour cible. Mais il faut alors apporter la preuve qu'ils reprĂ©sentent une menace pour vousâ, a-t-il dĂ©clarĂ©.
âLa Cour pĂ©nale internationale pourrait vouloir se pencher sur cette questionâ, a ajoutĂ© M. Dixon.
Le documentaire fait également référence à une vidéo téléchargée sur YouTube par un membre du 202e bataillon de parachutistes israéliens, dans laquelle trois Palestiniens non armés sont abattus par des tireurs d'élite israéliens.
Charlie Herbert, gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e britannique Ă la retraite, a dĂ©clarĂ© qu'il Ă©tait âincroyableâ qu'un soldat israĂ©lien ait tĂ©lĂ©chargĂ© cette vidĂ©o sur YouTube.
âC'est dire le degrĂ© d'impunitĂ©â, a-t-il dĂ©clarĂ©. âIl se peut qu'il y ait eu des cibles lĂ©gitimes, mais je n'en ai pas l'impressionâ.
Plus tard, commentant un incident au cours duquel un soldat israélien a fait exploser un bùtiment, M. Herbert a déclaré :
âDans la mesure oĂč ils ont pu truffer ces bĂątiments d'explosifs, je vois mal comment il y aurait eu une menace rĂ©elle provenant de ces bĂątimentsâ.
Nous avons détruit un village entier par vengeance
Le film explique également comment une unité de l'armée israélienne a détruit Khirbet Khaza'a, une petite ville située de l'autre cÎté de la barriÚre séparant Gaza du kibboutz israélien de Nir Oz, attaqué le 7 octobre.
Un soldat a posté sur Facebook une vidéo en musique montrant la destruction de la ville, accompagnée d'une voix off disant :
âNous sommes allĂ©s joyeusement anĂ©antir le village des nazis. Nous avons travaillĂ© dur pendant deux semaines. Nous avons fait sauter tout le villageâ.
à la fin de l'opération, les soldats ont posté des photos d'avant et d'aprÚs la destruction.
Selon une autre vidéo publiée sur Instagram, on peut voir des soldats israéliens en train de partir avec un message qui se lit comme suit :
âMission accomplie. Nous avons... dĂ©truit un village entier pour nous venger de ce qu'ils ont fait au kibboutz Nir Oz.â
Selon M. Dixon, l'avocat spécialiste des droits de l'homme,
âil est strictement interdit d'exercer des reprĂ©sailles contre la population civile de votre ennemiâ.
Bill Van Esveld, directeur associé des droits de l'enfant à Human Rights Watch, a déclaré que la destruction inutile et à grande échelle de biens civils est interdite par les conventions de GenÚve et par le statut de Rome de la CPI.
Le documentaire comprend également le témoignage de Fadi Bakr, un ancien prisonnier du camp de détention de Sde Teiman, dans le sud d'Israël.
AprÚs avoir raconté sa propre détention et les tortures subies, Bakr décrit comment des soldats israéliens ont organisé le viol d'un de ses codétenus par un chien.
âIls [les forces israĂ©liennes] l'ont forcĂ© [le prisonnier palestinien] Ă se coucher sur le ventre. Ils lui ont attachĂ© les mains et les pieds. Il y avait environ huit ou neuf soldats. Ils lui ont retirĂ© son caleçon. Un capitaine est venu et lui a pulvĂ©risĂ© quelque chose sur le derriĂšre. Il y avait un chien. Ils ont lĂąchĂ© le chien sur lui. Le chien a violĂ© le jeune homme. Il l'a violĂ©, littĂ©ralement parlant. Un viol.
âIl est inconcevable que quelqu'un ait jamais entendu parler de cela ou l'ait vu, ou que [cela] ait pu ĂȘtre conçu par un esprit humainâ, a-t-il ajoutĂ©.
Le documentaire souligne également le rÎle joué par le président américain Joe Biden, et suggÚre qu'il est le principal complice de la criminalité israélienne et explore également l'éventuelle complicité britannique dans les abus israéliens, notamment par le biais des vols de surveillance de la RAF au-dessus de Gaza depuis la base d'Akrotiri, à Chypre.
Le film s'ouvre sur une citation de la romanciĂšre palestinienne Susan Abulhawa :
âL'Occident ne peut plus se cacher, il ne peut plus prĂ©tendre Ă l'ignorance. Personne ne peut dire qu'il ne savait pas. Nous vivons Ă l'Ăšre de la technologie et ce gĂ©nocide a Ă©tĂ© identifiĂ© comme le premier gĂ©nocide en direct de l'histoire, une rĂ©alitĂ© incontournableâ.
Ignoble.