đâđš Un tiers des pays du monde est soumis aux sanctions amĂ©ricaines
âLa nouvelle mentalitĂ©, presque un rĂ©flexe bizarre, Ă Washington, veut que si quelque chose de grave se produit, peu importe oĂč dans le monde, les Ătats-Unis sanctionnent. Et cela n'a aucun sensâ.
đâđš Un tiers des pays du monde est soumis aux sanctions amĂ©ricaines
Par la rédaction de The Cradle, le 26 juillet 2024
Quatre gouvernements américains consécutifs ont progressivement accru leur dépendance à l'égard du dollar américain en tant qu'arme de guerre, obligeant les nations du monde entier à créer des systÚmes financiers alternatifs et à poursuivre la dédollarisation.
Le gouvernement américain impose actuellement des sanctions à un tiers des nations de la planÚte, affectant de maniÚre disproportionnée les pays à faible revenu (60 % d'entre eux font l'objet d'une sanction américaine sous une forme ou une autre), selon une analyse de la politique de guerre économique menée de longue date par la Maison-Blanche, réalisée par le Washington Post.
Cette tendance s'est accentuée au cours des quatre derniers gouvernements américains pour atteindre son paroxysme sous la présidence Biden, qui a imposé plus de 6 000 sanctions en l'espace de deux ans seulement.
âC'est lâunique diffĂ©rence entre la diplomatie et la guerre et, en tant que telle, elle est devenue l'outil de politique Ă©trangĂšre le plus important de l'arsenal amĂ©ricainâ, a dĂ©clarĂ© Bill Reinsch, ancien fonctionnaire du ministĂšre du commerce, au journal amĂ©ricain. âEt pourtant, personne au sein du gouvernement n'est sĂ»r que cette stratĂ©gie fonctionneâ.
La dĂ©pendance excessive de Washington Ă l'Ă©gard du dollar amĂ©ricain en tant qu'arme de guerre a pris un tournant dĂ©cisif Ă la suite des attentats du 11 septembre Ă New York. Jusqu'alors, les sanctions Ă©conomiques visaient principalement les âĂtats voyousâ comme Cuba et la Libye, afin de les empĂȘcher de participer au systĂšme financier mondial et de favoriser les changements de rĂ©gime.
Toutefois, à partir de 2001, les sanctions ont été appliquées plus librement par les présidents américains successifs pour isoler des nations du monde entier, en particulier en déplaçant leur stratégie vers l'Asie de l'Ouest et plus à l'Est.
La montĂ©e en flĂšche des sanctions Ă©conomiques amĂ©ricaines dans le monde s'est accompagnĂ©e de la croissance d'une industrie parallĂšle de lobbying et d'influence de plusieurs milliards de dollars dans laquelle les gouvernements Ă©trangers et les sociĂ©tĂ©s transnationales âdĂ©pensent des sommes exorbitantes pour orienter le systĂšmeâ.
âLe CongrĂšs est entrĂ© dans la danse, inondant le dĂ©partement d'Ătat et la Maison-Blanche de demandes de sanctions qui, dans certains cas, semblaient destinĂ©es Ă Ă©liminer la concurrence Ă©trangĂšre des industries de l'Ătat d'origineâ,
dĂ©taille le rapport, ajoutant que, lors d'une fĂȘte de fin d'annĂ©e en 2011, Adam Szubin, alors directeur de l'Office of Foreign Assets Control (OFAC), a entonnĂ© une chanson intitulĂ©e âEverything Little Thing We Do Is Sanctionsâ (Chaque petite chose que nous faisons est une sanction).
âLes sanctions intelligentes Ă©taient censĂ©es ĂȘtre un vĂ©ritable buffet offrant la possibilitĂ© d'adapter la sanction imposĂ©e Ă l'infraction et Ă la vulnĂ©rabilitĂ© du paysâ,
a déclaré George Lopez, spécialiste des sanctions à l'université de Notre Dame, au Washington Post.
Au lieu de cela, les dĂ©cideurs politiques sont allĂ©s au buffet et se sont dit : âJe vais tout empiler dans mon assietteâ.
Cette approche adoptée par une série de fonctionnaires de la Maison Blanche fait fi de l'effet dévastateur des politiques de coercition économique sur les populations civiles, car d'innombrables études ont montré que les sanctions provoquent d'immenses souffrances, voire la mort de centaines de milliers de personnes.
La vĂ©ritĂ© dĂ©rangeante est que ces sanctions affectent indirectement la santĂ© des populations avec des consĂ©quences gĂ©nĂ©ralement dĂ©vastatrices... Peu de temps aprĂšs l'imposition de sanctions Ă©conomiques Ă un pays, de nombreux traitements mĂ©dicaux vitaux deviennent indisponibles. MĂȘme la production de certains mĂ©dicaments fabriquĂ©s dans un pays est diminuĂ©e, voire arrĂȘtĂ©e, en raison d'une pĂ©nurie de composants de base ou de piĂšces de rechange pour les machines, a Ă©crit le chercheur iranien Farrokh Habibzadeh dans une lettre publiĂ©e par The Lancet en 2018.
âLa carence de piĂšces dĂ©tachĂ©es affecte non seulement les appareillages mĂ©dicaux, mais aussi d'autres infrastructures indispensables telles que les gĂ©nĂ©rateurs Ă©lectriques. Les coupures de courant frĂ©quentes entraĂźnent de graves problĂšmes (perte de vaccins, de mĂ©dicaments, de ventilateurs, de moniteurs, etc.) Des centaines de milliers de personnes meurent en silence. Ce meurtre de masse silencieux dans une partie du monde plongĂ©e dans la tourmente est Ă peine remarquĂ©, voire nĂ©gligĂ©â, ajoute M. Habibzadeh.
âLa nouvelle mentalitĂ©, presque un rĂ©flexe bizarre, Ă Washington, veut que si quelque chose de grave se produit, peu importe oĂč dans le monde, les Ătats-Unis sanctionnent. Et cela n'a aucun sens »,
a déclaré au Washington Post Ben Rhodes, ancien conseiller adjoint à la Sécurité nationale dans le gouvernement Obama.
âNous ne pensons pas aux dommages collatĂ©raux des sanctions de la mĂȘme maniĂšre que nous pensons aux dommages collatĂ©raux de la guerreâ, a ajoutĂ© M. Rhodes.
Selon le rapport, des fonctionnaires du dĂ©partement du TrĂ©sor amĂ©ricain ont rĂ©digĂ© une proposition interne en 2021 pour le gouvernement Biden nouvellement Ă©lu afin de restructurer le systĂšme de sanctions dans ce qui aurait pu ĂȘtre âla rĂ©vision la plus substantielle de la politique de sanctions depuis des dĂ©cenniesâ.
Cependant, la Maison Blanche a refusĂ© de mettre en Ćuvre la plupart des modifications, prĂ©fĂ©rant maintenir des milliers de sanctions contre des centaines de pays et continuer d'en imposer davantage.
âLorsque le TrĂ©sor a rendu publique sa âRevue des sanctions 2021â en octobre de cette annĂ©e-lĂ , le projet de 40 pages avait Ă©tĂ© ramenĂ© Ă huit, et contenait les recommandations les plus Ă©dulcorĂ©es du document prĂ©cĂ©dent â, auraient dĂ©clarĂ© des personnes au fait de la proposition interne.
Des discussions similaires sur la refonte des politiques de coercition économique de Washington ont échoué en 2022 aprÚs le début de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
âJusqu'Ă rĂ©cemment, les dĂ©cideurs politiques occidentaux ont maintenu une croyance dogmatique dans l'efficacitĂ© des sanctions bien qu'elles n'aient clairement pas atteint les rĂ©sultats escomptĂ©s dans la plupart des pays... Mais, comme Saint Augustin, qui dĂ©conseillait d'essayer de comprendre le fonctionnement des cieux, les dĂ©cideurs politiques engagĂ©s dans la politique de sanctions ont estimĂ© qu'il n'Ă©tait pas nĂ©cessaire de sonder la nature des chosesâ,
a écrit Esfandyar Batmanghelidj, PDG de la Bourse & Bazaar Foundation, pour Responsible Statecrafte au début de l'année.
Le recours permanent aux sanctions par les Ătats-Unis a poussĂ© de nombreux pays Ă travers le monde Ă envisager la dĂ©dollarisation du commerce bilatĂ©ral, les blocs Ă©conomiques alternatifs tels que les BRICS, le Mercosur et l'Organisation de coopĂ©ration de Shanghai (OCS) suscitant logiquement un regain d'intĂ©rĂȘt.
https://thecradle.co/articles/one-third-of-the-world-under-us-sanctions-report


