👁🗨 Une conférence de l'armée israélienne devait être sponsorisée par Google, mais Tsahal nie aujourd'hui ce partenariat
Google Cloud joue un rôle phare dans le projet Nimbus, un contrat de 1,2 milliard de dollars visant à moderniser les opérations d'informatique dématérialisée du gouvernement israélien, avec Amazon.
👁🗨 Une conférence de l'armée israélienne devait être sponsorisée par Google, mais Tsahal nie aujourd'hui ce partenariat
Par Sam Biddle, le 25 juillet 2024
Des documents internes de Google montrent que l'entreprise avait prévu de sponsoriser une conférence technologique des forces de défense israéliennes, mais que sa mention a été effacée à la dernière minute.
La conférence “IT FOR IDF”, qui s'est tenue à Rishon LeZion, au sud de Tel Aviv, a rassemblé des entreprises technologiques du monde entier pour soutenir les Forces de défense israéliennes à Gaza et au-delà.
Bon nombre des entreprises réunies ne sont pas des noms connus aux États-Unis, mais plusieurs multinationales - comme Nokia, Dell et Canon - étaient présentes à l'événement du 10 juillet.
La mission pour laquelle elles s'étaient rassemblées pour apporter leur soutien était claire. Sur scène, un général de brigade de l'armée israélienne a présenté un exposé faisant le lien entre la Nakba, la guerre israélo-arabe de 1967, l'invasion du Liban en 2006, la guerre actuelle contre Gaza et d'autres guerres dans les décennies à venir. Son appel à l'action a été diffusé sur le grand écran : “Chaque génération y a droit - c'est notre tour de garde !”
Une entreprise a toutefois brillé par son absence : Google.
Au cours des deux dernières années, Google a été l'un des principaux sponsors d'IT For IDF - l'entreprise est un partenaire naturel de l'événement, étant donné le rôle fondamental de Google Cloud dans le projet Nimbus, un contrat de 1,2 milliard de dollars visant à moderniser les opérations d'informatique dématérialisée dans l'ensemble du gouvernement israélien, qu'elle partage avec Amazon.
Cette année ne devait pas être différente et, jusqu'à quelques jours avant le début de la conférence, un logo Google Cloud était affiché aux côtés d'autres sponsors sur le site web d'IT For IDF. Puis Google a brusquement disparu du site sans explication.
Interrogés par un média sur la disparition du logo, les organisateurs de la conférence ont affirmé qu'ils n'étaient pas au courant de la présence de Google sur leur site web et ont suggéré qu'il s'agissait d'une erreur.
“Il est possible que nous ayons utilisé leur logo par erreur, mais ils ne sont pas sponsors”, a déclaré un porte-parole à 404 Media, “pour autant que je sache”.
Le calendrier de Google, examiné par The Intercept, semble contredire cette déclaration. Le document inclut les événements Google à venir en Israël, et IT For IDF 2024 figure sur la liste. Sur ce calendrier interne, Google est explicitement désigné comme co-sponsor de la conférence en partenariat avec CloudEx, une société israélienne de conseil en informatique dématérialisée.
Le PDG de CloudEx, Ariel Munafo, est conseiller au Centre des ordinateurs et des systèmes d'information de Tsahal, connu sous le nom de Mamram, où il aide d'autres unités de Tsahal à développer leurs opérations d'informatique dématérialisée, selon son profil LinkedIn .
Google n'a pas répondu aux nombreuses demandes de commentaires.
L'apparente volte-face de Google concernant le parrainage d’IT For IDF n'est qu'un exemple récent d'entreprises cherchant à se distancier de l'assaut brutal d'Israël sur la bande de Gaza, qui a tué près de 40 000 Palestiniens. Bien que la plupart des affaires se poursuivent normalement au cours des dévastations, certaines entreprises ont, à divers moments et à divers degrés, modifié leurs plans d'affaires en Israël.
Google continue de travailler avec l'armée israélienne, comme il le fait depuis des années dans le cadre du contrat Nimbus.
L'étrange disparition de l'entreprise lors d'une conférence consacrée à une relation client lucrative est l'un des exemples les plus médiatisés de ce qui semble être une inquiétude en matière de relations publiques.
Par le passé, le géant de la technologie s'est montré quelque peu réticent à l'égard de certains des objectifs de Nimbus. Le projet a suscité des critiques internationales et une campagne de protestation parmi les employés de Google, dont plus de 50 ont été licenciés en avril pour avoir protesté contre le contrat. Le gouvernement israélien insiste sur les dimensions militaires de Nimbus, mais Google a toujours tenté de minimiser ou de nier catégoriquement que son contrat avec Israël comprenait des travaux militaires.
Des photos officielles de l'événement publiées dans un album public et examinées par The Intercept suggèrent que le lien entre Google et l'événement de réseautage de Tsahal a été littéralement nettoyé avant même qu'il ne commence. Les photos officielles d'une toile de fond pour la conférence comportent tous les logos des sponsors originaux de l'événement, sans Google - et un carré qui semble avoir été recouvert à la hâte. Ni Google ni People and Computers, l'organisateur de la conférence, n'ont répondu à la question de savoir quel logo se trouvait sous la peinture.
Le logo de Cisco, qui a déclaré à 404 Media qu'il n'était “pas un sponsor de cette conférence”, est lui resté affiché.
Même sans participation à la conférence, Google a dominé un événement consacré à la poursuite d'une guerre dont il s'est efforcé de se démarquer.
L'une des principales attractions de l'événement a été la présentation du colonel Racheli Dembinski, de Mamram, sur l'utilisation par l'armée israélienne de plates-formes dématérialisées pendant la guerre à Gaza, au cours de laquelle elle a souligné le rôle de Google Cloud, selon la presse israélienne.
Un exposé ultérieur présenté par le “responsable technologique de Google Cloud Platform et CloudEx” a déclaré que le partenariat de CloudEx avec Google impliquait de “travailler en étroite collaboration sur plusieurs projets de production hébergés dans le cloud” avec le ministère de la Défense.
Commit, un autre revendeur de cloud computing qui a récemment été nommé “Partenaire commercial Google Cloud d’Israël pour l'année 2024” pour son travail de mise en œuvre du projet Nimbus, est monté sur scène pour vanter les mérites de son logiciel de gestion du champ de bataille.
L'insistance de Google sur le caractère pacifique du projet Nimbus est en contradiction avec les documents publics. Le matériel de formation Nimbus publié par The Intercept en 2022 citait le ministère de la Défense comme client. Un rapport récent de Wired a détaillé lesliens entre le projet et l’armée israélienne depuis sa création. Lorsqu'il a été annoncé en 2021, le projet Nimbus a été présenté par le ministère israélien des Finances comme étant au service de “l'establishment de la Défense”.
En mai, le journaliste Jack Poulson a fait état de la collaboration de longue date de Google avec des unités de technologie de l'information de Tsahal telles que Mamram, notant une intensification de ce travail depuis le 7 octobre.
Malgré tout, Google a toujours refusé de parler du travail de Nimbus ou de ses implications humanitaires avec la presse. L'entreprise répond généralement aux demandes de renseignements sur le projet ou aux critiques concernant sa nature militaire par une déclaration passe-partout selon laquelle Nimbus
“n'est pas destiné à des travaux militaires hautement sensibles ou classifiés concernant les armes ou les services de renseignement”.
The Intercept a révélé en mai que Nimbus exige de deux éminents fabricants d'armes israéliens, Israel Aerospace Industries et Rafael Advanced Défense Systems, qu'ils utilisent les services de cloud computing de Google et d'Amazon dans le cadre de leur travail.
* Sam Biddle sam.biddle@theintercept.com @sambiddle.99 sur Signal@sambiddle.bsky.social sur Bluesky@samfbiddle sur X
https://theintercept.com/2024/07/25/google-it-idf-tech-conference-sponsor/