đâđš Une guerre civile se profile-t-elle Ă lâhorizon ?
Pour Netanyahu, un compromis est inenvisageable car il marquerait le retour Ă l'Ă©quilibre prĂ©caire des annĂ©es 1980. La guerre civile en IsraĂ«l devient une possibilitĂ© rĂ©elle, peut-ĂȘtre mĂȘme imminente.

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Le conflit entre les Juifs ashkénazes et séfarades, et l'avenir d'Israël
Par Ramzy Baroud, le 3 avril 2025
L'expression âguerre civileâ est l'une des plus utilisĂ©es par les hommes politiques israĂ©liens aujourd'hui. Ce qui n'Ă©tait au dĂ©part qu'un simple avertissement lancĂ© par le prĂ©sident israĂ©lien Isaac Herzog est dĂ©sormais une possibilitĂ© admise par une grande partie de la sociĂ©tĂ© politique israĂ©lienne.
â(Le Premier ministre israĂ©lien Benjamin) Netanyahu est prĂȘt Ă tout sacrifier pour survivre, et nous sommes plus proches d'une guerre civile que les gens ne le pensentâ,
a déclaré l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert dans une interview accordée au New York Times le 24 mars.
On part du principe que la guerre civile tant redoutée reflÚte la polarisation politique en Israël : deux groupes divisés par des opinions tranchées sur la guerre, le rÎle du gouvernement, le pouvoir judiciaire, les répartitions budgétaires et d'autres enjeux.
Cependant, cette hypothĂšse n'est pas tout Ă fait exacte. Les nations peuvent ĂȘtre divisĂ©es par des clivages politiques, mais les manifestations de masse et la rĂ©pression sĂ©curitaire n'indiquent pas nĂ©cessairement qu'une guerre civile est imminente.
Dans le cas d'Israël, cependant, les références à la guerre civile découlent de son contexte historique et de sa composition socio-ethnique.
Un rapport de la CIA majeur mais largement passĂ© sous silence, intitulĂ© âIsraĂ«l : la confrontation sĂ©pharade-ashkĂ©naze et ses implicationsâ, est presque prophĂ©tique dans sa capacitĂ© Ă dĂ©tailler les scĂ©narios futurs pour un pays prĂ©sentant de profondes divisions socio-Ă©conomiques et, par consĂ©quent, politiques.
Le rapport a été élaboré en 1982, mais n'a été publié qu'en 2007. Il fait suite aux élections de 1981, lorsque le Likoud, le parti dirigé par Menahem Begin, a remporté 48 siÚges à la Knesset, et le parti travailliste de Shimon Peres, 47.
Pendant des dĂ©cennies, les Juifs ashkĂ©nazes (occidentaux) ont dominĂ© tous les aspects du pouvoir en IsraĂ«l. Cette domination est logique : le sionisme Ă©tait essentiellement une idĂ©ologie occidentale, et tous les organes de l'Ătat (militaire (Haganah), parlementaire (Knesset), colonial (Agence juive) et Ă©conomique (Histadrout)) Ă©taient largement composĂ©s de classes juives d'Europe occidentale.
Les Juifs séfarades et mizrahim, descendants d'Arabes du Moyen-Orient, sont arrivés en Israël pour la plupart aprÚs sa création sur les ruines de la Palestine historique. à cette époque, les Ashkénazes avaient déjà établi leur domination, contrÎlant les institutions politiques et économiques israéliennes, parlant majoritairement les langues locales et prenant les décisions importantes.
La victoire de Begin aux élections de 1977, puis de 1981, fut le résultat d'une lutte difficile et ardue contre la domination ashkénaze. Le Likoud, une coalition de plusieurs factions de droite, s'était formé quatre ans plus tÎt. En faisant appel aux griefs des groupes idéologiques et ethniques marginaux et en les manipulant, le Likoud a réussi à évincer du pouvoir le Parti travailliste dominé par les Ashkénazes.
Les Ă©lections de 1981 ont constituĂ© une tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e du Parti travailliste de reprendre le pouvoir et, par consĂ©quent, d'asseoir sa domination. Cependant, la division idĂ©ologique presqu'idĂ©ale n'a fait que mettre en Ă©vidence la nouvelle rĂšgle qui allait rĂ©gir IsraĂ«l pendant de nombreuses Ă©lections et les dĂ©cennies Ă venir, oĂč la politique israĂ©lienne a Ă©tĂ© dominĂ©e par des divisions ethniques : Est contre Ouest, fanatisme religieux contre extrĂ©misme nationaliste, souvent masquĂ© sous couvert de âlibĂ©ralismeâ, etc.
Depuis, Israël a réussi ou, plus exactement, a orchestré des crises externes pour faire face à ses divisions internes. Par exemple, la guerre de 1982 contre le Liban a contribué, du moins pendant un certain temps, à détourner l'attention de la dynamique sociale en mutation d'Israël.
Bien que Begin et ses soutiens aient remodelé la politique israélienne, la domination profondément enracinée des institutions dirigées par les Ashkénazes a permis aux libéraux occidentaux de continuer à contrÎler l'armée, la police, le Shin Bet et la plupart des autres secteurs. La résurgence politique séfarade s'est principalement concentrée sur le peuplement des colonies illégales d'Israël dans les territoires occupés et sur l'augmentation des privilÚges et du financement des institutions religieuses.
Il a fallu prÚs de deux décennies aprÚs la victoire de Begin en 1977 pour que le groupe sépharade étende son pouvoir et établisse sa domination sur les principales institutions militaires et politiques.
La coalition de Netanyahu en 1996 a marqué le début de son ascension en tant que Premier ministre d'Israël le plus longtemps en fonction, et la formation d'une coalition avec les alliances sépharade et mizrahi.
Pour conserver ce nouveau pouvoir, le noyau politique du Likoud a dû évoluer, la représentation séfarade et mizrahie ayant augmenté de façon exponentielle au sein du parti désormais dominant en Israël.
S'il est juste d'affirmer que Netanyahu a depuis géré la politique israélienne en manipulant les griefs des groupes socio-économiques, religieux et ethniques défavorisés, le changement fondamental en Israël, prédit à juste titre dans le document de la CIA, avait de fortes chances de se produire, compte tenu de la dynamique propre au pays.

Netanyahu et ses alliés ont accéléré la mutation d'Israël. Pour marginaliser définitivement le pouvoir ashkénaze, ils ont dû prendre le contrÎle de toutes les institutions largement dominées par les Juifs européens, en commençant par modifier le systÚme d'équilibre des pouvoirs qui existait en Israël depuis sa création.
Ce combat interne a prĂ©cĂ©dĂ© le gĂ©nocide israĂ©lien Ă Gaza. Il a commencĂ© en grande partie lorsque Netanyahu s'est rebellĂ© contre la Cour suprĂȘme et a tentĂ© de limoger l'ancien ministre de la DĂ©fense Yoav Gallant en mars 2023. Les manifestations de masse qui s'en sont suivies en IsraĂ«l ont mis en Ă©vidence le âgouffreâ grandissant.
La guerre contre Gaza a encore creusé ces divisions, Netanyahu et ses alliés rejetant toute responsabilité et exploitant les événements du 7 octobre et le fiasco militaire qui a suivi pour éliminer leurs rivaux politiques.
Une fois de plus, ils se sont tournés vers le pouvoir judiciaire, réorganisant le systÚme pour s'assurer qu'Israël, tel que le conçoivent les sionistes occidentaux, se transforme en un régime politique complÚtement différent.
Bien que les Ashkénazes aient perdu la majeure partie de leur pouvoir politique, ils continuent de contrÎler la plupart des cartes économiques, une situation qui pourrait donner lieu à des grÚves de grande ampleur et à des actes de désobéissance civile.
Pour Netanyahu et ses soutiens, un compromis n'est pas envisageable, car il ne ferait que marquer le retour de l'Ă©quilibre prĂ©caire du dĂ©but des annĂ©es 1980. Pour la base du pouvoir ashkĂ©naze, se soumettre signifierait la fin d'IsraĂ«l, de David Ben Gourion, de Chaim Weizmann et d'autres, et donc, essentiellement, la fin du sionisme lui-mĂȘme.
Sans aucun compromis en vue, la guerre civile en IsraĂ«l devient une possibilitĂ© rĂ©elle, peut-ĂȘtre mĂȘme imminente.
En juin 1981 Begin a gagné les élections aprÚs le bombardement du centre de recherches nucléaires civiles d'Iraq à Salman Pak, décidé par Begin aprÚs avoir inventé un mensonge pour convaincre l'armée que c'était urgent car plus tard le CEA aurait amené du plutonium, ce qui rendrait l'opération dangereuse pour les civils. Ce projet de livraison fut démenti le lendemain par le CEA et le chef de l'escadrille a refusé de serrer la main du PM sortant venu à la base aérienne de Tel Nov. Mensonge et hypocrisie pour maintenir le Likud au pouvoir. Sans pouvoir le prouver je suis convaincu que le détournement d'avion AF parti d'Alger avant Noël 94 et hait atterrir à Marseille o le GIGN est intervenu avec succÚs à la demande du PM Balladur a été arrangé secrÚtement par les services du Likud pour faire monter la cote de Balladur face à Chirac en vue des élections de mai 95 car Chirac était un risque pour l'Etat Likud, vu sa déclaration du 16 janvier 91 à l'Assemblée, lorsqu'il dit implicitement qu'il faudrait utilise le chapitre VII pour faire cesser l'occupation par Israël comme pour l'Iraq.
IntĂ©ressant. Mais ce rapport de dĂ©but des annĂ©es 80 nâest pas forcĂ©ment prĂ©monitoire. Sans compter que Malikovski est ashkenaze, comme la majoritĂ© de son cabinet (Smotrich aussi, etc...). Si par opportunisme, il fait tout pour s'assurer le soutien et la bienveillance des sĂ©farades, câest un calcul pour rester en place et revenir en homme providentiel si par hasard la justice lâĂ©carte du pouvoir (ou si Trump rĂ©clame son Ă©viction). A lâheure actuelle, la guerre civile nâaura pas lieu tant quâIsraĂ«l nâarrĂȘtera pas son gĂ©nocide et son 'agrandissement' sauvage et illĂ©gal sur ses voisins. On appelait ça la 'Patrie en danger' sous notre RĂ©volution dans un contexte diffĂ©rent bien sĂ»r mais qui fut efficace pour souder une mosaĂŻque de provinces et de langues quâĂ©tait la France de lâĂ©poque. La situation ne concerne pas vraiment lâethnie majoritaire en IsraĂ«l mais plutĂŽt lâorientation religieuse et lâidĂ©e du sionisme qui peuvent devenir antagoniste. En effet lâimmigration russe en plusieurs vagues a dĂ©terminĂ© un courant (Loubavitch) qui a influencĂ© aussi bien les ashkenazes que les autres. Rejoints par les Hassidim et dâautres fondamentalistes. Ils sont en confrontation avec les laĂŻques (voire athĂ©es) et la fracture est plutĂŽt lĂ . Le sionisme nâest plus quâune affaire de milliardaires expatries dĂ©sormais tandis que les 'intĂ©gristes' ont infiltrĂ© la sociĂ©tĂ© israelienne de lâintĂ©rieur (Ă©cole, armĂ©e,...). Il faut ĂȘtre un filou averti comme Nethanyaou pour rester sur le bateau qui tangue en ce moment, mais le goĂ»t du sang de ses compatriotes est un lien puissant...