👁🗨 Une Palestinienne handicapée brûlée vive par un soldat israélien
“Un soldat s'est approché des tentes, a versé de l'essence & a mis le feu. À la tente où se trouvait ma fille. Je ne pouvais pas crier, à qui parler ? Aux chars qui n'arrêtaient pas de tirer ?”
👁🗨 Une Palestinienne handicapée brûlée vive par un soldat israélien
Par Maha Hussaini à Deir al-Balah, Palestine occupée, le 8 octobre 2024
Un père se souvient du moment où un soldat israélien a incendié les tentes d'une école de Gaza, tuant sa fille qui se trouvait à l'intérieur de l'une d'entre elles.
Muhammed Ismail al-Hweihi s'est figé lorsqu'il a vu un soldat israélien mettre le feu à une tente de fortune où se trouvait sa fille.
Duaa, une handicapée de 34 ans, avait été séparée de son père, seule personne à s'occuper d'elle, quelques minutes auparavant.
M. Hweihi a été contraint de fuir précipitamment la tente que la famille avait installée dans la cour d'une école transformée en refuge dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Gaza.
Les troupes israéliennes ont soudainement commencé à tirer à balles réelles à l'intérieur de l'école avant de la prendre d'assaut lors de l’attaque dévastatrice de trois semaines sur le camp en mai.
Duaa, qui ne pouvait ni parler ni bouger, est restée à l'intérieur de la tente parce que son père ne pouvait pas la porter.
Après que les soldats ont fait irruption dans l'école sous un feu nourri, hommes et femmes ont été séparés.
Quelques instants plus tard, un soldat a versé de l'essence sur des dizaines de tentes installées dans les cours avant d'y mettre le feu.
M. Hweihi, dans le fracas des chars et des tirs d'artillerie lourde, a assisté à la scène, en silence et désespéré.
“Elle a été brûlée vive et nous ne pouvions rien faire”, a-t-il déclaré.
“J'ai senti mon cœur et mon cerveau flamber”.
D’un abri à l'autre
Selon M. Hweihi, Duaa a été brûlée à l'intérieur de sa tente à la mi-mai.
Ce père palestinien a été contraint de passer avec elle d'un abri à l'autre pendant des mois avant sa mort, au milieu des bombardements israéliens incessants.
Duaa est née comme une enfant normale, a-t-il expliqué à Middle East Eye (MEE), mais au fil du temps, son corps s'est affaibli.
Les médecins lui ont dit qu'elle souffrait d'une infirmité motrice cérébrale, et ses muscles ont faibli au fil du temps jusqu'à ce qu'elle perde toute capacité de mouvement ou de communication.
“Elle a été brûlée vive et nous ne pouvions rien faire... J'ai senti mon cœur et mon cerveau flamber”. — Muhammed Ismail al-Hweihi, un père palestinien
Depuis la mort de sa femme il y a huit ans, Duaa dépendait intégralement de M. Hweihi.
“Elle ne pouvait ni bouger ni parler, et était complètement dépendante : il fallait lui donner à manger, à boire et prendre soin d'elle”, a-t-il expliqué à MEE.
“C'était comme s'occuper d'un nourrisson pendant 34 ans”.
Comme des centaines de milliers de Palestiniens de Gaza, M. Hweihi a été déplacé à plusieurs reprises au cours de l'année écoulée en raison des raids et des bombardements aériens israéliens.
À chaque fois, il a dû porter Duaa malgré son âge avancé.
“Nous avons été déplacés à plusieurs reprises et Duaa était avec moi, ainsi qu'avec un de mes fils, sa femme et leurs enfants”, a-t-il raconté.
La première fois, il a reçu sur son téléphone des messages de l'armée israélienne lui demandant de quitter Jabalia pour rejoindre un “abri sûr”.
Le premier refuge était une école dans le camp de réfugiés de Jabalia, mais il s'est vite rendu compte que les écoles n'étaient pas à l'abri des bombardements et des assauts israéliens.
“L'école n'était pas sûre, ils ont tout bombardé, l'ont prise d'assaut, nous ont filmés, interrogés, ont arrêté quelques personnes, puis nous ont chassés”, poursuit M. Hweihi.
Il a finalement déménagé dans un complexe scolaire géré par l'Unrwa, nommé Abu Zeitoun.
“Il y avait constamment des tirs d'artillerie autour de nous [là-bas]”, a-t-il déclaré.
“Ils bombardaient chaque jour un nouvel endroit à proximité, tiraient depuis des quadcoptères ou envahissaient les alentours. Nous avons vécu là certains des jours les plus difficiles de notre vie”.
Depuis le début de la guerre d'Israël contre Gaza, le 7 octobre 2023, l'armée israélienne a ciblé et pris d'assaut des dizaines d'écoles, y compris celles gérées par l'ONU, qui ont servi d'abris aux familles expulsées de leurs domiciles par l'armée israélienne ou à celles dont les maisons ont été détruites lors des attaques.
D'autres écoles ont été transformées en bases pour les opérations militaires israéliennes, après avoir été pillées et vidées de leur occupants.
En raison du manque de place dans les écoles restantes, beaucoup de gens, comme M. Hweihi et sa famille, ont été contraints d'installer des tentes dans les cours d'école ou à l'extérieur des établissements.
La tente de M. Hweihi était faite de nylon avec un toit en zinc dans la cour de l'école, a-t-il expliqué.
“Nous n'avons pas pu trouver de place dans les salles de classe de l'école, où des milliers d'autres habitants de Jabalia étaient hébergés après le bombardement de leurs maisons. Certains sont même venus dans les écoles en pensant qu'elles seraient plus sûres que leurs maisons et leurs quartiers, qui ont été bombardés sans répit”, a ajouté M. Hweihi.
“Nous sommes restés là pendant près de quatre mois, et pendant tout ce temps, nous avons souffert de la faim et avons dû nous manger de la nourriture pour animaux. Les attaques étaient incessantes, et Dieu seul sait ce que nous avons enduré là-bas.”
Nous avons regardé les flammes dévorer la ville.
Début mai, Israël a lancé son deuxième assaut terrestre sur Jabalia, située au nord de la ville de Gaza, depuis le début de la guerre en octobre 2023.
Pendant 20 jours, les bombes se sont abattues sans discontinuer sur ce camp de réfugiés surpeuplé, tandis que les chars et les soldats progressaient sur le terrain pour l'assiéger.
La violence des attaques n'a cessé de se propager jusqu'aux écoles d'Abu Zeitoun, les éclats d'obus et les tirs atteignant par intermittence les locaux mêmes de l'école.
Mais le matin du 15 mai a marqué “un nouveau degré dans l'horreur”, confie M. Hweihi.
“Un soldat s'est approché des tentes, a versé de l'essence sur le bois et le nylon, puis a mis le feu. Il a mis le feu à la tente où se trouvait ma fille Duaa”. — Muhammed Ismail al-Hweihi
“Vers 8 ou 9 heures du matin, nous étions assis ensemble, et je donnais du pain d'orge à Duaa”, se souvient-il.
“Soudain, les tirs sont sortis de nulle part. Un sniper israélien a tiré dans la cour de l'école, tuant une femme de 24 ans, puis un jeune homme de la famille Khalidi. Nous avons couru aussi vite que nous pouvions, en essayant d'échapper aux tirs des snipers, et nous nous sommes réfugiés dans l'une des salles de classe.
“Je n'ai pas pu emmener Duaa avec moi. Je ne pouvais pas la porter en courant, j'étais incapable de la porter”.
L’armée israélienne a rapidement pris d'assaut l'école sous une pluie de tirs, séparant les hommes des femmes, interrogeant certains individus et arrêtant quelques hommes jeunes de l'école.
“Il y avait parmi eux un soldat habillé en civil qui s'est approché des tentes, a versé de l'essence sur le bois et le nylon, puis a mis le feu. Il a mis le feu à la tente où se trouvait ma fille Duaa.
“Nous avons tous regardé les flammes l'engloutir, et les chars et les soldats ont tiré dans tous les sens. Je ne pouvais pas crier, il n'y avait personne à qui parler. À qui aurais-je parlé ? Aux chars qui n'arrêtaient pas de tirer ?”
Les soldats ont ensuite continué à ravager les tentes et les structures encore debout dans l'école.
“Après l'incendie, ils ont rasé le reste des tentes au bulldozer, y compris les cloisons. Tout n'était plus que décombres, puis ils nous ont chassés de l'école”, a déclaré M. Hweihi.
Pendant une dizaine de jours, il n'a pas pu y retourner. Lorsqu'il a finalement pu le faire, c'était pour tenter de retrouver les restes de sa fille.
“J'y suis retourné, mais il ne restait plus rien d'elle”, a-t-il déclaré.
“Pas la moindre trace de son corps. J'ai cherché dans les décombres, mais Duaa n'était plus là.”
Au cours de l'assaut sur Jabalia, les forces israéliennes ont “presque tout saccagé sur leur passage”, ont déclaré des habitants survivants et des journalistes locaux après le retrait de l'armée à la fin du mois de mai.
Des quartiers entiers ont été anéantis, la plupart des maisons ont disparu. Les infrastructures de base - comme les puits, la pompe principale des eaux usées, les poteaux électriques et les lignes téléphoniques - ont été détruites. Le marché central a été rasé, deux hôpitaux ont été attaqués par les troupes israéliennes, une clinique vitale des Nations unies au service de milliers de personnes a été incendiée, et une rue abritant plusieurs écoles a été totalement pulvérisée.
Des témoins ont déclaré que le camp de réfugiés de Jabalia était “méconnaissable”, et ne pouvait plus héberger qui que ce soit.
Jabalia est le plus grand des huit camps de réfugiés de la bande de Gaza. Avant la guerre, plus de 116 000 personnes y étaient officiellement enregistrées auprès de l'Unrwa. Le nombre réel de réfugiés du camp est probablement bien plus élevé.
Les camps de réfugiés palestiniens comme celui de Jabalia ont été créés en 1948 pour héberger temporairement les familles expulsées de leur terre natale par les milices sionistes lors de la guerre qui a donné naissance à Israël, épisode connu par les Palestiniens sous le nom de Nakba - ou “catastrophe”.
Avec une superficie de 1,4 km², Jabalia est l'un des camps de l'Unrwa les plus fortement peuplés.
En début de semaine, les forces israéliennes ont lancé un nouvel assaut terrestre et aérien sur le camp, le bombardant à nouveau sans répit et forçant des dizaines de milliers de personnes à quitter leurs maisons et leurs abris.
https://www.middleeasteye.net/news/gaza-story-disabled-palestinian-woman-burnt-alive-israeli-soldier
Les mots et les superlatifs nous manquent pour exprimer l’horreur, et la rage qui s’empare de nous devant l’imperturbable litanie des crimes perpétrés par des psychopathes assurés de l’impunité par une hiérarchie elle même pervertie par une idéologie malsaine, fondée sur le racisme, la déshumanisation et le mépris de « l’autre ». Notons également, que ces monstres bénéficient également du soutien et de l’adulation d’une population totalement acquise à ce déchaînement de haine et de violence. Ce sont des comportements quasiment institutionnalisés, normalisés….L’Horreur absolue…
Enfin, le silence complice de l’opinion publique internationale contribue pour beaucoup à la pérennisation de cette dépravation …
Souhaitons de vivre assez vieux pour voir les foudres du ciel débarrasser la terre de cette malédiction…
L'horreur....!