👁‍🗨 Une situation politique qui exige une intervention politique.

Stella Assange exhorte le gouvernement norvégien à agir dans l'affaire de l'éditeur emprisonné, Julian Assange.

👁‍🗨 La situation exige une intervention politique.

📰 Par Yngvild Gotaas Torvik, le 29 octobre 2022

Depuis trois ans et demi, Assange attend, détenu dans une prison de haute sécurité l'issue de l'affaire qui déterminera sa vie et celle de sa famille. -

Si Julian survit, c'est parce que l'extradition est abandonnée, dit Stella Assange.

Le documentaire Ithaka, actuellement diffusé dans le monde entier, commence par une scène familière à beaucoup :

Sept hommes vêtus de noir arrachent Julian Assange, très pâle, hors de l'ambassade d'Équateur à Londres, tandis qu'il crie "Le Royaume-Uni doit résister !" Il est embarqué dans un fourgon de police, puis disparaît derrière une vitre teintée, et est emmené en voiture.

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Stella Assange, qui a épousé plus tôt cette année le fondateur de Wikileaks, n'oubliera jamais ce jour : le 11 avril 2019.

Assange n'a pas été condamné pour avoir été impliqué dans une quelconque affaire au pénal. Le jour même où les politiciens britanniques l'ont enlevé de l'ambassade où il était reclus depuis quelques années, il n'avait plus rien à faire dans ce pays.

Nous avons appris que les États-Unis avaient émis un mandat d'arrêt contre lui et voulaient l'extrader. C'est ce que nous avions toujours craint", déclare Stella Assange.

▪️ UNE LONGUE HISTOIRE

Les Etats-Unis ont accusé Assange d'avoir enfreint leurs lois sur l'espionnage, et de collusion avec Chelsea Manning lorsque Wikileaks a publié des fuites sur la guerre américaine contre le terrorisme.

Quelques semaines seulement avant ce jour dramatique d'avril 2019, Stella Assange a eu un bébé - le second fils du couple. Assange a été traduit en justice et reconnu coupable de violation des règles de l'assignement à résidence

Puis il a été transféré à Belmarsh. Et depuis, il n'a plus jamais ri, dit la femme, devenue silencieuse.

▪️ PAS DE "JOURNÉE FAMILIALE"

Cela fait maintenant trois ans et presque sept mois que Julian Assange est détenu à la prison de Belmarsh, la prison de haute sécurité surnommée le "Guantánamo Bay britannique". La condamnation pour violation de la liberté conditionnelle est pour l'instant clôturée. C'est la demande d'extradition des Etats-Unis qui est à l'origine du maintien en détention d'Assange.

L'affaire d'ex*tradition a été portée devant le tribunal en février 2020, et a depuis connu plusieurs rebondissements. On saura bientôt si l'appel sera accordé au représentant de Wikileaks.

En attendant, Stella Assange tente de mener un quotidien ordinaire et à la fois absurde. Le documentaire Ithaka, dont le frère d'Assange est producteur, tourne autour du combat du père pour Assange - mais montre aussi la vie de Stella et des deux fils du couple Assange.

La scène présentant la mère et deux enfants aurait pu se dérouler dans d'autres familles avec de jeunes enfants, un matin d'automne: une mère, avec une poussette double et ses deux jeunes fils, il ne fait pas encore jour, le train est en retard. Sont-ils en route pour la crèche ?

Non, Stella, Gabriel et Max vont à la prison de Belmarsh. Ils passent devant les chiens policiers renifleurs, puis au contrôle de sécurité où leurs sacs, leurs vêtements et leurs bouches sont inspectés avant de pouvoir enfin rencontrer le père et le mari.

- Comment cela se passe-t-il pour vous ?

- On s'adapte, mais c'est loin d'être l'idéal. Je lui rends visite une ou deux fois par semaine. Nous avons des conversations téléphoniques quotidiennes, souvent plusieurs fois par jour. Mais pas toujours, parfois le système téléphonique ne fonctionne pas, parfois d'autres problèmes pratiques échappant à notre contrôle surviennent.

Pendant la pandémie, Assange ne les a pas vus, ni qui que ce soit d'autre, pendant 6 à 7 mois, dit-elle.

"Nos enfants n'ont jamais passé plus d'une heure et demie avec Julian."

"Parfois, il se contente d'écouter les conversations entre moi et les enfants, ou il leur parle, et leur chante des chansons pour s'endormir au téléphone."

Stella Assange se tait.

Belmarsh pratique ce qu'ils appellent une journée familiale, commence-t-elle.

Seuls les prisonniers "privilégiés" ont droit à un jour familial, ce qui n'est pas le cas d'Assange. Pourquoi, ils ne le savent pas. C'est comme ça en prison, tu reçois des ordres, pas des réponses.

Le "journées familiales" durent cinq heures, dit Stella Assange. Vous pouvez regarder des films, passer du temps ailleurs que dans le parloir surpeuplé, et sortir dans la cour.

Mais nous n'avons jamais pu l'obtenir. Nos enfants n'ont donc jamais été avec Julian pendant plus d'une heure et demie à la fois, dit Stella Assange.

▪️ DES PLANS D'ASSASSINAT ET DE SURVEILLANCE

On saura rapidement si Assange va être autorisé à faire appel de la décision d'extradition et, dans l'affirmative, quels sont les 20 points soulevés par Assange, que la High Court britannique examinera.

Dans le recours, Assange soulève des questions essentielles pas encore traitées par les tribunaux, et qui ont été révélées entre-temps: la surveillance américaine de l'ambassade d'Équateur après l'arrivée de Trump à la présidence, et les plans de la C*I/A pour tuer ou enlever Assange de l'ambassade, entre autres.

"Tout mon temps et mes efforts vont dans ce combat"

Stella Assange elle-même ressentait la surveillance et l'atmosphère dans et autour de l'ambassade. En 2017, un agent de sécurité lui a dit qu'elle ne devait plus amener les enfants du couple à l'ambassade.

Cela a vraiment été un signal d'alarme pour moi, dit-elle.

Les complots de meurtre, la surveillance, les jeux de pouvoir, la détention sous haute sécurité et les interminables procédures judiciaires ont eu raison de l'état général de son mari. La santé de Julian Assange est précaire depuis longtemps, et il souffre de dépression.

La survie de Julian dépendra de la levée de l'extradition vers les Etats-Unis, insiste Stella Assange.

Elle dit avoir la foi qu'un jour, sous peu, il sera un homme libre. Comme d'autres membres de sa famille et d'autres militants, elle voyage aussi souvent qu'elle le peut pour recueillir des soutiens, sensibiliser l'opinion publique et convaincre les responsables politiques.

"Parfois, je suis juste une mère célibataire comme une autre qui va chercher les enfants, fait les courses et doit acheter deux paires de chaussettes. La plupart du temps, je travaille en profondeur sur l'affaire, je voyage, j'écris, je découvre des choses survenues 6 ans plus tôt. Tout mon temps et mes efforts sont dans ce combat."

🎙 En même temps, peu de gouvernements prennent la défense d'Assange. Vous n'avez pas l'impression de faire l'autruche ?

Non. Il y a des factions, aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni - et probablement aussi au sein du gouvernement norvégien, je pense - qui soutiennent Julian dans cette affaire.

🎙 Mais le gouvernement norvégien, par exemple, est encore très naïf, si c'est le bon mot ?

Oui, ou réticent. Je n'arrive pas à comprendre. La crédibilité de la Norvège, réputée pour sa défense des droits de l'homme à l'échelle internationale, est mise à mal par le fait qu'elle [la ministre norvégienne des affaires étragères] ferme les yeux sur ce qui est la grande affaire de li*berté de la pr*esse de ce siècle, déclare Stella Assange.

C'est une affaire politique qui nécessite une intervention politique.

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STELLA ASSANGE

est née Sara Gonzalez Devant en Afrique du Sud en 1983, de père suédois et de mère espagnole.

Elle est avocate et militante des droits de l'homme.

Pour des raisons de sécurité, elle a changé son nom en Stella Morris en 2012, après avoir commencé à travailler pour l'équipe de dé*fense de Julian Assange, le fondateur du site web Wikileaks.

Elle a deux enfants avec Julian Assange, nés en 2017 et 2019, alors qu'il était réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres.

Elle a épousé le fondateur de Wikileaks le 23 mars dernier, dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, où il est détenu depuis le 11 avril 2019.

https://klassekampen.no/utgave/2022-10-29/saken-krever-politisk-inngripen/Nm3w