👁🗨 "Une solution est envisageable" : Caroline Kennedy évoque la possibilité d'un accord avec Assange
"Il est impératif qu'Albanese porte le cas d'Assange à l'ordre du jour officiel de la réunion avec Biden & montre bien que cette question est au cœur de l'alliance entre les Etats-Unis & l'Australie".
👁🗨 Une solution est envisageable" : Caroline Kennedy évoque la possibilité d'un accord avec Assange
Par Matthew Knott*, le 14 août 2023
L'ambassadrice des États-Unis, Caroline Kennedy, a évoqué un accord potentiel entre Julian Assange et les autorités américaines qui pourrait mettre fin à la poursuite du fondateur de WikiLeaks par les États-Unis et lui permettre de retourner en Australie.
Alors que les partisans de Julian Assange perdent espoir de voir l'administration Biden renoncer à sa demande d'extradition, un accord de plaidoyer à la David Hicks [Citoyen australien libéré de Guantanamo et rapatrié en Australie après avoir plaidé coupable] apparaît comme le moyen le plus probable pour Julian Assange d'éviter un procès pénal interminable pour espionnage, et une éventuelle longue peine d'emprisonnement dans une prison américaine de haute sécurité.
Les options juridiques dont dispose M. Assange pour éviter d'être extradé du Royaume-Uni vers les États-Unis pourraient être épuisées d'ici deux mois, ce qui coïnciderait avec une visite du Premier ministre Anthony Albanese à Washington D.C. à la fin du mois d'octobre.
Questionnée sur la possibilité pour les États-Unis et l'Australie de parvenir à une solution diplomatique dans l'affaire Assange, Mme Kennedy a répondu qu'il s'agissait d'une "affaire en cours" gérée par le ministère de la Justice.
“Il ne s'agit donc pas vraiment d'une question diplomatique, mais je pense sincèrement qu'une solution pourrait être trouvée”, a-t-elle déclaré lors d'un entretien accordé à sa résidence de Canberra.
Mme Kennedy a rappelé les récents commentaires du secrétaire d'État américain Antony Blinken selon lesquels les accusations portées contre M. Assange étaient graves, et qu'il aurait mis en danger la sécurité nationale des États-Unis en publiant des informations classifiées qui ont fait l'objet d'une fuite.
“Mais il y a un moyen de résoudre ce problème”, a-t-elle souligné, ajoutant : “Vous lisez les [journaux] comme moi”.
Interrogée sur la possibilité pour les autorités américaines de conclure un accord avec M. Assange pour alléger les charges qui pèsent contre lui en échange d'un plaidoyer de culpabilité, elle a déclaré : “C'est au département de la justice de décider”.
Le frère de M. Assange, Gabriel Shipton, a déclaré : “Caroline Kennedy ne tiendrait pas ces propos si elle ne voulait pas trouver une issue.'“
“Les Américains veulent être débarrassés de cette affaire.”
Caroline Kennedy a rencontré les membres du groupe parlementaire des amis de Julian Assange en mai, ce qui a alimenté les espoirs d'une avancée dans son affaire.
Les États-Unis cherchent à extrader Julian Assange de la prison londonienne de Belmarsh pour qu'il réponde de 17 chefs d'accusation d'infraction à la loi américaine sur l'espionnage, et d'un autre chef d'accusation lié au piratage informatique.
Don Rothwell, expert en droit international de l'Australian National University, a déclaré que les commentaires de M. Kennedy indiquaient qu'il était “très peu probable” que l'administration Biden abandonne purement et simplement les charges retenues contre M. Assange.
Selon M. Rothwell, l'option la plus réaliste serait que les autorités américaines allègent les charges retenues contre M. Assange en échange d'un plaidoyer de culpabilité, en tenant compte des quatre années qu'il a déjà passées en prison au Royaume-Uni.
Le reste de la peine pourrait être purgé en Australie en vertu d'un accord de transfert de prisonniers entre les deux pays.
La complication réside dans le fait qu'il faudrait que Julian Assange se rende aux États-Unis pour y reconnaître sa culpabilité, a-t-il ajouté.
“Tout ce que nous savons de Julian Assange laisse penser qu'il s'agit là d'un point de blocage majeur pour lui”, a déclaré M. Rothwell.
Il a ajouté : "Mais il n'est pas possible de conclure un accord de plaidoyer en dehors de la juridiction concernée, sauf dans les circonstances les plus exceptionnelles".
Mais M. Shipton a déclaré que l'idée que son frère se rende aux États-Unis pour conclure un accord n'était pas envisageable en raison du risque qu'il fasse une tentative de suicide.
“Julian ne doit en aucun cas se rendre aux États-Unis”, a-t-il déclaré.
M. Albanese a fait allusion à un accord en début d'année lorsqu'il a déclaré qu'il fallait "trouver une solution pour mettre un terme à cette affaire", ajoutant que "M. Assange devrait bien sûr contribuer à cette solution".
Le député travailliste Julian Hill, éminent partisan de M. Assange, a déclaré :
"Je maintiens ce que j'ai dit précédemment, à savoir que personne ne devrait juger M. Assange s'il conclut un accord pour se tirer d'affaire.
"En attendant, j'exhorte les autorités britanniques et américaines à prendre plus au sérieux les inquiétudes concernant la santé de Julian, et à le faire sortir de la prison de haute sécurité pour montrer leur bonne volonté".
M. Assange a perdu son dernier appel contre l'ordre d'extradition américain en juin, et ses partisans affirment qu'il pourrait avoir épuisé toutes les options d'appel d'ici la visite de M. Albanese aux États-Unis, fin octobre.
L'avocat Greg Barns, conseil de la campagne australienne pour Assange, a déclaré:
“Il est impératif qu'Anthony Albanese inscrive le cas d'Assange à l'ordre du jour officiel de sa rencontre avec Biden, et qu'il fasse clairement comprendre que cette question est au coeur de l'alliance entre les Etats-Unis et l'Australie”.
Lors d'un voyage en Australie le mois dernier, M. Blinken s'est opposé aux requêtes australiennes en faveur de l'abandon des poursuites contre M. Assange.
“M. Assange a été inculpé pour des faits criminels très graves aux États-Unis en lien avec son rôle présumé dans l'une des plus grandes compromissions d'informations classifiées de l'histoire de notre pays”, a déclaré M. Blinken à la presse.
“Les actions qu'il est censé avoir commises risquent de porter gravement atteinte à notre sécurité nationale, au bénéfice de nos adversaires, et d'exposer des sources humaines nommément désignées à un risque grave d'atteinte à leur intégrité physique et à un sérieux danger de détention”.
* Matthew Knott est le correspondant pour les affaires étrangères et la sécurité nationale du Sydney Morning Herald et de The Age.