đâđš Vivre l'agonie : IsraĂ«l interdit les anesthĂ©siants Ă Gaza
âDepuis octobre, aucun analgĂ©sique puissant n'est autorisĂ© Ă entrer Ă Gaza avec les camions d'aide, comme la morphine, le Tramadol, le Zaldiar, le Lyrica & mĂȘme le cĂ©tamol et le paracĂ©tamolâ.
đâđš Vivre l'agonie : IsraĂ«l interdit les anesthĂ©siants Ă Gaza
Par Youssef Fares, Source : Al Mayadeen Net, le 11 mars 2024
Depuis le dĂ©but de la guerre contre Gaza, l'occupation israĂ©lienne a interdit l'entrĂ©e dans la bande de Gaza de produits anesthĂ©siants, de bĂ©quilles et de dattes. MĂȘme les Ă©quipements mĂ©dicaux tels que les bouteilles d'oxygĂšne, les ventilateurs et les systĂšmes de filtration d'eau ont Ă©tĂ© interdits.
Pour la premiĂšre fois, nous nous sommes retrouvĂ©s Ă essayer des mĂ©thodes dĂ©tournĂ©es pour obtenir un seul comprimĂ© de Zaldiar, un puissant mĂ©dicament antidouleur dĂ©livrĂ© sur ordonnance qui ne peut ĂȘtre obtenu qu'auprĂšs d'Ă©tablissements agrĂ©Ă©s ou d'institutions gouvernementales.
En raison de l'augmentation de la demande, le médicament était introuvable à Gaza, rendant le sommeil presque impossible pour Um Raed, une patiente atteinte d'un cancer à un stade avancé.
Les médecins ont informé son fils que tout ce qu'il pouvait faire pour elle était de lui donner de puissants analgésiques pour soulager sa douleur jusqu'à sa mort. Suleiman raconte à Al Mayadeen Net :
âAvant la guerre, toutes sortes d'analgĂ©siques Ă©taient disponibles. Un mois plus tard, avec la multiplication des blessures, en particulier chez les patients amputĂ©s, la demande s'est accrue et l'obtention d'un seul comprimĂ© est devenue un combat de plusieurs jours. Nous devions regarder notre mĂšre atteinte d'un cancer mourir 100 fois par nuitâ.
Au cours des trois derniers mois, les six frÚres ont déployé des efforts considérables pour fournir à leur mÚre le moindre médicament anti-douleur. Suleiman a décrit leur calvaire en ces termes :
âNous n'avons nĂ©gligĂ© aucune piste. Nous avons essayĂ© toutes les pharmacies privĂ©es et les revendeurs du marchĂ© noir. Nous avons payĂ© 30 dollars pour un seul comprimĂ©, puis 300 dollars pour une plaquette, jusqu'Ă ce que nous ne puissions plus nous le permettre. Ma mĂšre n'est plus lĂ . Nous l'avons enterrĂ©e dans la rue en face du lieu oĂč nous habitons maintenant... Nous ne nous pardonnerons jamais chaque seconde de souffrance qu'elle a dĂ» endurer.â
Une source médicale travaillant à l'hÎpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, a déclaré à Al Mayadeen Net :
âDepuis le dĂ©but de la guerre, aucun analgĂ©sique puissant n'a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă entrer Ă Gaza dans les camions d'aide, comme la morphine, le Tramadol, le Zaldiar, le Lyrica, et mĂȘme le cĂ©tamol et le paracĂ©tamol. Le ministĂšre de la SantĂ© ne dispose plus d'aucun de ces mĂ©dicaments contre la douleur, et on ne peut plus les trouver dans les commerces et les pharmacies privĂ©es. En un mois, la demande a augmentĂ© de 1000%. Des milliers de blessĂ©s en ont besoin pour soulager leur douleur, les stocks n'ont pas Ă©tĂ© reconstituĂ©s, et les familles des blessĂ©s doivent souffrir pour leur procurer ces mĂ©dicaments. En traversant les salles de l'hĂŽpital, on entend constamment les cris et les gĂ©missements des patients. Dans des circonstances normales, on leur aurait donnĂ© des doses d'analgĂ©siques pour apaiser leurs souffrancesâ.
Dans la rue, les Palestiniens de Gaza se sont habitués à voir les amputés portés par leur famille, comme l'explique Abou Imad, que l'on voit se promener en portant son ami Bilal, qui a perdu ses deux jambes.
âIl est sorti de l'hĂŽpital deux mois aprĂšs sa blessure. Nous avons demandĂ© un fauteuil roulant, mais on nous a dit que lâhĂŽpital ne pouvait pas en fournir, il y en a dĂ©jĂ trop peu. Nous nous sommes alors adressĂ©s Ă des associations spĂ©cialisĂ©es dans la distribution de matĂ©riel mĂ©dical pour les blessĂ©s, mais en vain. Toutes ces organisations ont Ă©tĂ© bombardĂ©es ou ne sont plus opĂ©rationnelles pour le momentâ.
Selon un dirigeant d'une entreprise privée de matériel médical, le matériel médical de longue durée, destiné à améliorer la qualité de vie des patients aprÚs leur sortie de l'hÎpital, n'est pas non plus entré dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. La source déclare à Al Mayadeen Net :
âIsraĂ«l a bombardĂ© les entrepĂŽts et les stocks appartenant Ă des sociĂ©tĂ©s de fournitures mĂ©dicales. Nous parlons ici de la destruction de 15 pharmacies et entrepĂŽts appartenant Ă Zant Medical, la plus grande entreprise et le plus grand importateur de ce matĂ©riel. L'entreprise et toutes ses succursales ne sont plus opĂ©rationnelles, et ses entrepĂŽts ont Ă©tĂ© pillĂ©s du fait de l'absence de sĂ©curitĂ©. Il est extrĂȘmement difficile de trouver des bĂ©quilles ou un fauteuil roulant (Ă©lectrique ou normal) en ce moment, surtout avec le grand nombre de blessĂ©s et l'absence d'importationâ.
Il convient de noter que la chaĂźne amĂ©ricaine CNN a publiĂ© une enquĂȘte montrant comment IsraĂ«l a, depuis le dĂ©but de la guerre, bloquĂ© l'entrĂ©e Ă Gaza d'anesthĂ©siques, de bĂ©quilles et de dattes, et a Ă©galement inscrit les bouteilles d'oxygĂšne et les systĂšmes de filtration d'eau dans la catĂ©gorie âinterdit d'entrĂ©eâ pour les camions d'aide humanitaire.
https://english.almayadeen.net/news/health/living-in-agony---israel--forbids-anesthetics-in-gaza