đâđš Voici le nouveau patron... diffĂ©rent de l'ancien
Vladimir Poutine a Ă©tĂ© la force motrice du renouveau russe, dâune nouvelle Russie plus jamais tributaire de l'Occident & qui vole de ses propres ailes en se protĂ©geant contre tout ennemi potentiel.
đâđš Voici le nouveau patron... diffĂ©rent de l'ancien
Par Scott Ritter, le 10 mai 2024
Vladimir Poutine a prĂȘtĂ© serment pour son cinquiĂšme mandat en tant que prĂ©sident de la Russie. Les âexpertsâ occidentaux de la Russie dĂ©peignent Poutine comme un autocrate corrompu qui gouverne un systĂšme et une nation en faillite. Leur ârĂ©alitĂ©â ne pourrait ĂȘtre plus Ă©loignĂ©e de la vĂ©ritĂ©.
Dans sa critique du livre de Catherine Belton, Putin's People, parue le 27 juillet 2020 dans The Atlantic, Anne Applebaum a conclu qu'aprĂšs sa rĂ©Ă©lection Ă la prĂ©sidence de la Russie au printemps 2018, Vladimir Poutine et ses comparses avaient âune fois de plus crĂ©Ă© un systĂšme politique autoritaire et figĂ© en Russieâ, y compris âune Ă©conomie corrompue qui dĂ©courage l'innovation et l'esprit d'entrepriseâ. Des annĂ©es de prĂ©sidence Poutine, note Applebaum, ont laissĂ© la Russie dĂ©munie. âAu lieu de connaĂźtre la prospĂ©ritĂ© et le dynamisme politique qui semblaient encore possibles dans les annĂ©es 90â, a dĂ©clarĂ© la laurĂ©ate du prix Pulitzer, âen proie au dĂ©nuement et Ă l'apathieâ. Mais, conclut-elle, Poutine et son peuple prospĂšrent - et c'Ă©tait l'objectif le plus important depuis le dĂ©but.
Applebaum est une confĂ©renciĂšre trĂšs demandĂ©e sur la Russie de l'aprĂšs-guerre froide, oĂč elle se spĂ©cialise dans le dĂ©corticage du passĂ© soviĂ©tique de la Russie tout en dĂ©plorant la montĂ©e au pouvoir de Vladimir Poutine, qu'elle qualifie d'autocrate, Ă la fin de la dĂ©cennie des annĂ©es 1990. Ă la dĂ©charge d'Applebaum, elle n'est pas la seule dans ce cas. En effet, elle se trouve en compagnie d'anciens ambassadeurs (Michael McFaul), d'experts en sĂ©curitĂ© nationale (Fiona Hill et Angela Stent) et d'officiers du renseignement (Andrea Kendall-Taylor, Steve Hall et John Sipher), qui ont tous usĂ© de leurs CV truffĂ©s de rĂ©fĂ©rences russes pour s'insinuer dans ce qui passe pour ĂȘtre un dialogue national dans les mĂ©dias grand public sur la vĂ©ritable nature de la Russie et de ses dirigeants, et sur ce que cela signifie pour les Ătats-Unis et leurs alliĂ©s europĂ©ens.
Sans exception, les personnages rassemblĂ©s ci-dessus ont fait Ă©cho Ă la synthĂšse d'Applebaum sur l'hĂ©ritage et l'avenir de Poutine en tant que dirigeant de la Russie. Ă ceci prĂšs que si Applebaum a Ă©tĂ© une observatrice des Ă©vĂ©nements russes, les autres Ă©taient tous des acteurs du jeu, des participants actifs Ă la formulation et Ă la mise en Ćuvre de la politique amĂ©ricaine Ă l'Ă©gard de la Russie dans la pĂ©riode qui a immĂ©diatement suivi l'effondrement de l'Union soviĂ©tique. Ils ont contribuĂ© Ă propager des politiques conçues pour exploiter les faiblesses politiques, Ă©conomiques et sĂ©curitaires de la Russie au seul bĂ©nĂ©fice des Ătats-Unis et, lorsque l'Ă©mergence inattendue de Poutine Ă la prĂ©sidence russe a menacĂ© de rĂ©duire Ă nĂ©ant tout ce qu'ils avaient accompli au cours de la dĂ©cennie de gouvernance ruineuse sous Boris Eltsine, ces mĂȘmes acteurs ont activement ĆuvrĂ© pour affaiblir la Russie dans l'espoir de faire chuter Poutine.
Tout analyste Ă©voquant la dĂ©cennie catastrophique des annĂ©es 1990 en termes de âprospĂ©ritĂ© et de dynamisme politiqueâ ne peut ĂȘtre qualifiĂ© dââexpertâ de la Russie, mais plutĂŽt de propagandiste anti-russe. Il en va de mĂȘme pour tous ceux qui comparent la situation sociale et Ă©conomique de la Russie vers 1999 Ă celle de la Russie en 2020, et qui choisissent de dĂ©crire la situation actuelle en termes d'appauvrissement apathique. Qu'Applebaum et consorts dĂ©crivent la situation Ă©conomique actuelle de la Russie comme Ă©tant corrompue et manquant d'innovation et d'esprit d'entreprise pourrait expliquer pourquoi ils se sont tous trompĂ©s Ă 100 % lorsqu'ils ont prĂ©conisĂ© l'imposition de sanctions Ă©conomiques sĂ©vĂšres contre la Russie Ă la suite de l'invasion russe de l'Ukraine en fĂ©vrier 2022, croyant que l'Ă©conomie russe s'effondrerait, pour finalement assister Ă sa survie, sa renaissance et son expansion fulgurante. Deux mots dĂ©crivent l'environnement Ă©conomique russe d'aujourd'hui : innovation et esprit d'entreprise. Que ces termes ne figurent pas dans le lexique de ces anciens âexpertsâ lorsqu'ils dĂ©crivent la rĂ©alitĂ© Ă©conomique russe d'aujourd'hui en dit long sur l'ignorance de ce collectif.
Applebaum et ses semblables ne comprennent que trop bien les racines de la corruption et de la stagnation politiques russes - ils ont contribuĂ© Ă ce systĂšme sous la direction de l'ancien prĂ©sident Boris Eltsine et l'ont combinĂ© Ă un systĂšme Ă©conomique qui a vu les retraitĂ©s dĂ©pouillĂ©s tandis que les barons du brigandage prospĂ©raient. La classe des oligarques russes a Ă©tĂ© mise au monde par les âexpertsâ russes actuels qui expliquent la Russie Ă un public amĂ©ricain contaminĂ© par la maladie de la russophobie que ces experts contribuent Ă vĂ©hiculer dans le courant dominant. La fusion des oligarques et du pouvoir politique russe s'inscrit dans le cadre d'un plan global mis en place par les Ătats-Unis pour dĂ©truire la nation russe, et non pour la faire renaĂźtre. C'Ă©tait l'incarnation vivante de la stratification sociĂ©tale. Et lorsque l'arrivĂ©e au pouvoir de Vladimir Poutine a menacĂ© de faire Ă©chouer leur grand plan, ces experts se sont retournĂ©s contre lui, projetant leurs pĂ©chĂ©s sur le nouveau prĂ©sident dans le plus pur style orwellien, inversant le scĂ©nario pour que le haut devienne le bas, la gauche la droite, et le droit le mal.
Les anciens âexpertsâ russes du genre dâApplebaum ne pourront jamais dire la vĂ©ritĂ© sur la Russie, car cela les obligerait Ă rĂ©flĂ©chir honnĂȘtement Ă leurs propres mĂ©faits lorsqu'il s'est agi de dĂ©truire la Russie pour commencer, et de chercher Ă la maintenir Ă terre au cours des dĂ©cennies suivantes. Ils ont construit des carriĂšres et des sinĂ©cures basĂ©es sur ces mensonges, et leur existence mĂȘme dĂ©pend de leur capacitĂ© Ă continuer Ă raconter ces mensonges au public amĂ©ricain.
La Russie que Vladimir Poutine a hĂ©ritĂ©e de Boris Eltsine Ă©tait une nation fondamentalement brisĂ©e. La classe des oligarques s'Ă©tait incrustĂ©e dans le corps mĂȘme de la sociĂ©tĂ© Ă©conomique et politique russe, et le peuple russe avait perdu la foi en sa propre histoire et sa propre culture, recherchant plutĂŽt une prospĂ©ritĂ© Ă l'occidentale exigeant qu'il fasse preuve de dĂ©prĂ©ciation sur l'autel de la supposĂ©e supĂ©rioritĂ© culturelle de l'Occident. Une nation Ă ce point Ă©loignĂ©e de sa vĂ©ritable nature est pratiquement impossible Ă gouverner - aucun responsable politique ne pourrait survivre Ă la thĂ©rapie de choc nĂ©cessaire pour inverser le cours des choses. Poutine a dĂ» donner la prioritĂ© aux secteurs de la Russie qui avaient besoin d'ĂȘtre rĂ©parĂ©s, le contraignant Ă ne pas sâoccuper de la corruption dans un premier temps, car il constituait la trame maintenant l'unitĂ© de ce qui passait pour ĂȘtre la Russie.
Au fil des ans, Poutine a pu s'attaquer à la corruption du milieu des oligarques, réparer les dégùts causés par des décennies de négligence et encourager lentement le processus de guérison nécessaire à la renaissance de la nation et du peuple russes. Mais la tare résiduelle des années Eltsine a continué à imprégner le monde russe, trop profondément pour qu'on puisse l'éliminer sans réduire à néant la plupart des progrÚs accomplis en matiÚre de rajeunissement de la société. La réaction de l'Occident à l'invasion de l'Ukraine par la Russie a toutefois donné à Poutine un coup de pouce inattendu à cet égard. Tout d'abord, des centaines de milliers d'opposants politiques, les partisans d'Alexi Navalny, ont fui le pays. Ensuite, l'Occident a sanctionné la classe des oligarques, les paralysant financiÚrement et réduisant leur influence en Russie. Enfin, l'Occident a fait pression en faveur d'un divorce presque total avec la Russie sur le plan économique et, ce faisant, a coupé l'herbe sous le pied à une catégorie d'hommes d'affaires russes politiquement puissants et intimement liés à l'élite des affaires occidentales.
En bref, la réponse occidentale à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, sous l'influence d'Anne Applebaum et de ses pairs, s'est retournée contre elle de maniÚre spectaculaire. Non seulement les sanctions occidentales ont détruit la viabilité politique de la classe des oligarques et des élites économiques russes, mais elles se sont retournées contre l'Occident dans un retour de flamme classique qui a paralysé l'économie européenne. Vladmir Poutine a pu profiter des impératifs de relance de l'économie de défense russe pour poursuivre le type d'innovation et d'esprit d'entreprise qui, selon Applebaum et consorts, n'existait pas en Russie aujourd'hui.
La guerre contre l'Ukraine et l'Occident collectif a Ă©galement permis de rĂ©veiller un sentiment de patriotisme endormi chez le peuple russe. Cet Ă©veil patriotique a poussĂ© les Russes Ă retomber amoureux de leur pays, Ă redĂ©couvrir leur culture, leur histoire, leur religion et leurs valeurs. Vladimir Poutine a Ă©tĂ© la force motrice du renouveau russe, s'appuyant sur ce nouveau sentiment de fiertĂ© nationale pour redĂ©finir le rĂŽle de la Russie sur la scĂšne internationale en tant que grande nation dotĂ©e d'une culture spĂ©cifique, Ă mĂȘme de se suffire Ă elle-mĂȘme, et donc de ne plus jamais dĂ©pendre de l'Occident en quoi que ce soit. Cette nouvelle Russie peut voler de ses propres ailes et se protĂ©ger contre tout ennemi susceptible de se manifester.
Cependant, cette nouvelle donne repose sur la dĂ©pendance de la Russie Ă l'Ă©gard du leadership de Vladimir Poutine. Ce dernier a Ă©tĂ© rĂ©Ă©lu avec 88 % des voix et un taux de participation de 77 %. Il s'agit d'un mandat pour le type de changement que Poutine ne pouvait envisager auparavant, de peur de dĂ©stabiliser les structures de la sociĂ©tĂ© civile et Ă©conomique russe. La classe des oligarques et les Ă©lites Ă©conomiques pro-occidentales ayant Ă©tĂ© neutralisĂ©es par les sanctions, M. Poutine peut mettre en Ćuvre de vastes rĂ©formes Ă©conomiques destinĂ©es Ă revigorer l'Ă©conomie russe en y rĂ©injectant massivement les ressources dont elle avait Ă©tĂ© privĂ©e jusqu'alors.
La guerre contre l'Ukraine a Ă©galement libĂ©rĂ© Poutine d'une autre maniĂšre, probablement bien plus dĂ©terminante encore. La corruption rĂ©siduelle des annĂ©es Eltsine, en particulier celle des hommes politiques locaux plus prĂ©occupĂ©s par leur enrichissement personnel que par la collectivitĂ© russe, Ă©tait toujours en place et constituait, par son ampleur, une puissance redoutable. En faisant de la guerre avec l'Ukraine non plus une guerre entre deux peuples slaves frĂšres, Ă laquelle de nombreux Russes Ă©taient opposĂ©s, mais une lutte existentielle pour la survie contre l'Occident collectif, Poutine a puisĂ© dans un vivier de patriotisme tel qu'on n'en avait pas connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Le patriotisme russe est dĂ©sormais directement liĂ© au soutien et Ă l'engagement dans l'opĂ©ration militaire spĂ©ciale. Vladimir Poutine s'est appuyĂ© sur ce nouveau patriotisme et sur le mandat que lui a confĂ©rĂ© sa victoire Ă©lectorale pour redĂ©finir la classe politique russe moderne et, ce faisant, mettre en Ćuvre le type de changements structurels nĂ©cessaires pour que la Russie continue de croĂźtre et de prospĂ©rer dans l'Ăšre post-Poutine.
âOn dit souvent iciâ, a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident Poutine dans son discours d'investiture, âque le chef de l'Ătat russe rĂ©pond et rĂ©pondra toujours de tout. C'est toujours le cas. Mais aujourd'huiâ, a notĂ© M. Poutine, âbien que je sois profondĂ©ment conscient de ma responsabilitĂ© individuelle, je tiens nĂ©anmoins Ă souligner que le succĂšs et la prospĂ©ritĂ© de la Russie ne peuvent et ne doivent pas dĂ©pendre d'une seule personne, d'un seul parti politique ou d'une seule force politique. Nous avons besoin d'une base solide pour dĂ©velopper la dĂ©mocratie dans notre pays et poursuivre les transformations engagĂ©es. Je suis convaincuâ, a-t-il poursuivi, âqu'une sociĂ©tĂ© civile Ă©voluĂ©e est la meilleure garantie pour poursuivre ce dĂ©veloppement. Seuls des gens libres dans un pays libre peuvent vĂ©ritablement prospĂ©rer. C'est le fondement de la croissance Ă©conomique et de la stabilitĂ© politique en Russie. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que chacun puisse exploiter ses talents et ses capacitĂ©s, pour qu'un systĂšme vĂ©ritablement multipartite se dĂ©veloppe et que les libertĂ©s individuelles se dĂ©veloppentâ.
Le âsystĂšme politique autoritaire et figĂ©â dĂ©criĂ© par Anne Applebaum n'est que le fruit de son imagination et de celle de ceux qui, comme elle, en sont venus Ă haĂŻr tout ce qui est liĂ© Ă la Russie que Vladimir Poutine a reconstruite sur les ruines de la dĂ©cennie Eltsine. Elle et ses homologues âexpertsâ de la Russie se sont trompĂ©s sur la Russie et ses dirigeants, et ne cesseront de le faire Ă l'avenir. Il faut espĂ©rer que ceux qui dĂ©tiennent des postes Ă responsabilitĂ© finiront par comprendre le prix Ă payer pour avoir accordĂ© du crĂ©dit Ă des analyses aussi biaisĂ©es, et par entendre les Ă©valuations de ceux qui cherchent Ă comprendre la rĂ©alitĂ© de la Russie telle qu'elle est, et non la fiction vĂ©hiculĂ©e par les adeptes des politiques du passĂ© ayant Ă©chouĂ©. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra vaincre la russophobie dont souffre l'opinion publique amĂ©ricaine. Et lorsque ce moment viendra - et il viendra - nous pourrons tous admettre la rĂ©alitĂ© des rĂ©alisations de Vladimir Poutine et prendre conscience de celles qu'il est en train d'accomplir.
Voici le nouveau patron. Différent de l'ancien.