đâđš Von der Leyen prĂ©sente la âdollwarâ
Alors que les âdĂ©mocratiesâ prĂŽnent la guerre & les âautocratiesâ la paix, les choix de von der Leyen sont ceux de l'autodestruction de l'UE. Ce qui est loin d'ĂȘtre un drame - et mĂȘme notre salut.
đâđš Von der Leyen prĂ©sente la âdollwarâ
Par Hugo DionĂsio, le 20 novembre 2024
Ă l'heure oĂč les âdĂ©mocratiesâ prĂŽnent la guerre et la fin des programmes sociaux et oĂč les âautocratiesâ semblent prĂ©fĂ©rer la paix et les programmes de dĂ©veloppement, les choix de von der Leyen et d'AntĂłnio Costa reprĂ©sentent avant toutes les options pour l'autodestruction de l'UE.
âDollwarâ : contraction de dollar et de âwarâ [la guerre].
Et la lumiĂšre fut - issue de l'obscuritĂ©. Si vous ne voulez pas voir, vous pouvez dire que les informations qui circulent sont en grande partie biaisĂ©es et trĂšs floues quant aux intentions rĂ©elles derriĂšre les manĆuvres bellicistes. Chaque jour qui passe, de nouveaux Ă©lĂ©ments rĂ©vĂšlent le rĂŽle jouĂ© par le conflit entre l'OTAN et la FĂ©dĂ©ration de Russie dans les domaines de l'armement, du renseignement et des politiques de sĂ©curitĂ© en gĂ©nĂ©ral. Comme en tĂ©moigne le communiquĂ© de presse publiĂ© par l'OTAN elle-mĂȘme en 2003, depuis 2014, il n'y a pas eu une seule annĂ©e oĂč l'Ă©volution des budgets de dĂ©fense nationaux soit nĂ©gative...
De 2021 Ă 2023, les Ătats-Unis ont presque doublĂ© la valeur des armes vendues aux pays de l'OTAN), prĂ©sumant que les pays ont Ă©tĂ© âpaniquĂ©sâ par lââinvasion Ă grande Ă©chelleâ de l'Ukraine par la Russie.
Comme le montrent les visions fantasmagoriques de l'Ă©pisode des soldats nord-corĂ©ens, âvĂ©rifiĂ©esâ uniquement par des sources liĂ©es au RĂ©gime Kiev, un rĂ©gime qui se spĂ©cialise lui-mĂȘme dans la fabrication de âcrypto-Ă©vĂ©nementsâ, utilisĂ©s pour justifier de vĂ©ritables conflits, le commerce des armes est dĂ©sormais constituĂ© d'un processus âclĂ© en mainâ, qui incorpore : la production du motif , la justification de la solution, la livraison de l'Ă©quipement et, en fonction du tarif, l'utilisation de ce dernier. Par consĂ©quent, l'activitĂ© âdollwarâ repose sur des hypothĂšses encore moins fondĂ©es que le vrai bon âpĂ©troleâ, qui justifie l'existence de son âpetit frĂšreâ, le âpĂ©trodollarâ.
L'accord a atteint une telle ampleur et une telle justification que, en raison de la âcrainteâ d'une âinvasionâ de la Russie Ă toute l'Europe et ses environs, le CongrĂšs, composĂ© de droguĂ©s avides de âdollwarsâ, a mĂȘme fini par rĂ©viser le processus lĂ©gal pour les ventes d'armes, et ce dans le cadre de l'AECA (Arms Export Control Act). Selon la nouvelle rĂ©glementation de M. Biden, la notification du prĂ©sident au CongrĂšs pour les ventes d'armes aux pays de l'OTAN et autres vassaux ne nĂ©cessite qu'un prĂ©avis de 15 jours, au lieu des 30 jours normalement requis.
Tout cela est loin d'ĂȘtre un secret, tout est assumĂ© sans dĂ©tour : le commerce des armes est considĂ©rĂ© comme un accĂ©lĂ©rateur de la croissance Ă©conomique amĂ©ricaine, et le conflit ukrainien est vendu comme le carburant qui alimente le mĂ©canisme mis en mouvement, c'est-Ă -dire les programmes europĂ©ens d'achat et de fabrication d'armes.
Pour s'assurer que tout se dĂ©roule sans encombre, la meilleure âdirectrice des ventesâ que l'on puisse s'offrir, Ursula von der Leyen, a Ă©tĂ© nommĂ©e Ă la tĂȘte de la Commission europĂ©enne. Non seulement elle garantit le marchĂ© des armes, mais, en toute impartialitĂ©, est Ă©galement experte en vaccins, depuis le Pfizer, et en gaz naturel liquĂ©fiĂ©, depuis le Henry Hub. Von der Leyen travaille comme un courtier de premiĂšre classe. D'un coup d'un seul, elle garantit l'engagement de l'ensemble de l'Union europĂ©enne en faveur de l'âintĂ©rĂȘt nationalâ des Ătats-Unis.
On peut dire qu'elle n'a aucun scrupule Ă utiliser les plus grands artifices pour attirer les acheteurs vers le produit de son fournisseur favori. C'est ce qu'elle a fait tout rĂ©cemment en Hongrie en proposant d' Ă©changer les importations de GNL russe contre du GNL amĂ©ricain parce que ce dernier est âmoins cherâ et qu'il ârĂ©duit (notre) facture Ă©nergĂ©tiqueâ. Pourquoi acheter du âgaz naturel liquĂ©fiĂ©â au lieu du gaz naturel acheminĂ© par gazoduc et acheter du GNL russe, sur place, au lieu d'acheter par le biais de contrats Ă long terme, comme avant la guerre ? Pas un mot de plus nâa Ă©tĂ© fourni. En tant que meilleur courtier de vente europĂ©en , von der Leyen garantit donc dĂ©jĂ la soumission de toute l'UE Ă la menace de Trump sur les tarifs douaniers. Elle a rĂ©alisĂ© tout cela sans consulter personne, en mentant et en manipulant sans la moindre once de scrupule. Comme dans une vraie âdĂ©mocratieâ libĂ©rale.
La question la plus grave que ce processus soulĂšve est qu'en plus de dĂ©noncer la transposition du rĂŽle de l'OTAN dans celui de l'Union europĂ©enne, cette situation dĂ©montre l'utilitĂ© du conflit ukrainien et l'importance que revĂȘt son maintien, non pas pour satisfaire une quelconque angoisse de souverainetĂ©, mais pour produire le plus de âdollwarsâ possible. Le genre de dollars que seule la guerre peut produire.
Avec tout le circuit en place et leurs courtiers et directeurs commerciaux bien calĂ©s, von der Leyen et AntĂłnio Costa, sĂ»rement missionnĂ©s pour pousser encore plus loin la production europĂ©enne de âdollwarâ, ont fini par garantir tout et son contraire : 1. Ils garantissent la loterie ultime au complexe militaro-industriel amĂ©ricain, en dĂ©cidant que, dorĂ©navant, les fonds liĂ©s Ă la politique de cohĂ©sion de l'UE seront utilisĂ©s pour acheter des armes (EU changes the rules : Member states will now use European funds to strengthen defence and security - CNN Portugal). 2. Ils entament la destruction et le processus d'effondrement de l'Union europĂ©enne, car la politique de cohĂ©sion est l'une des principales nourritures du ârĂȘve europĂ©enâ qui rassemble tous ces piĂšces que nous appelons âĂtats membres de l'UEâ. Dans leur empressement Ă fournir des âpoupĂ©esâ Ă leurs maĂźtres, ils finissent tous deux par devenir les fossoyeurs potentiels de l'UE. DĂ©sormais, il ne nous reste plus qu'Ă attendre. Cela arrivera, mais nous ne savons pas quand, ni sous quelle forme.
Il s'agit en fait de l'Ă©pilogue d'une histoire dont la fin est prĂ©visible. Historiquement, les reprĂ©sentants de la politique hĂ©gĂ©monique amĂ©ricaine ont toujours vu d'un mauvais Ćil que les budgets de âdĂ©fenseâ des pays de l'UE (âWhy Europe's defense industry can't keep upâ - POLITICO) soient trop âbasâ, et crĂ©ent une grande âdĂ©pendanceâ vis-Ă -vis des Ătats-Unis, et une grande vulnĂ©rabilitĂ© par rapport Ă ... la Russie, bien sĂ»r !
Les accusations étaient notoires et ont été formulées au grand jour. Pour les faucons de la Maison Blanche, du CongrÚs ou du Sénat, il n'a jamais été logique que les citoyens de l'UE ne vivent pas constamment dans la crainte de la pauvreté, comme une grande partie des Américains (selon les données du Census Bureau , 58,5 % des Américains vivent au moins une année sous le seuil de pauvreté au cours de leur vie d'adulte entre 20 et 75 ans, et 76 % vivent au moins une situation proche de la pauvreté), au lieu d'investir dans la Défense.
Les prĂ©occupations quant Ă l'investissement dans la sphĂšre sociale et le dĂ©veloppement signifiaient moins de âdollwarsâ pour Wall Street, traditionnellement perçu et vendu Ă Hollywood comme une mauvaise habitude europĂ©enne, responsable du manque de âfermetĂ©â et de âcapacitĂ© d'entreprendreâ des EuropĂ©ens. Il Ă©tait inacceptable de ne prendre que quelques centaines de milliards d'euros, sur un budget de plus de mille milliards, pour le Fonds europĂ©en de dĂ©fense, mĂȘme si cet argent, au moins en thĂ©orie, ne pouvait pas ĂȘtre utilisĂ© pour acheter des armes. Tout comme il Ă©tait inacceptable que, Ă l'exception des Ătats-Unis, de la GrĂšce et du Royaume-Uni, tous les autres Ătats membres soient bien en deçà des 2 % du PIB consacrĂ©s aux investissements de dĂ©fense, comme le prĂ©voit l'objectif de l'OTAN. Cela faisait beaucoup de âdollwarsâ Ă©chappant aux griffes du complexe militaro-industriel amĂ©ricain. Il fallait faire quelque chose, et c'est lĂ que l'Ukraine est intervenue, Ă partir de la rĂ©volution orange.
Ainsi, et sans tenir compte des accusations de âvieille et nouvelleâ Europe de Bush et compagnie, dĂ©jĂ au dĂ©but du XXIe siĂšcle, en mars 2014, le prix âNobelâ de la âpaixâ, Barack Obama, prĂ©sident des Ătats-Unis, s'est inquiĂ©tĂ© des rĂ©ductions des dĂ©penses de dĂ©fense dans les pays europĂ©ens (de fait, en 2014, les investissements des pays de l'OTAN avaient chutĂ©), dĂ©clarant aux membres de l'OTAN Ă Bruxelles que âtout le monde doit contribuerâ Ă la dĂ©fense des frontiĂšres, de la souverainetĂ© et de l'intĂ©gritĂ© territoriale du continent (Obama urges NATO to increase defense spending | News | Al Jazeera ). FidĂšle au scĂ©nario, le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump a de nouveau critiquĂ© en mai 2017 les Ătats membres de l'OTAN, y compris l'UE, pour ne pas avoir dĂ©pensĂ© suffisamment en matiĂšre de dĂ©fense et les a exhortĂ©s Ă augmenter leurs contributions (Trump scolds NATO allies over defense spending | CNN Politics ).
Comme vous pouvez le constater, cette pression est commune aux deux factions de l'âunipartiâ et partagĂ©e trĂšs tĂŽt par Ursula von der Leyen, Allemande de naissance, Ukrainienne de cĆur et Nord-AmĂ©ricaine dans l'Ăąme. Le fait est que la pression a Ă©tĂ© brutale au fil des ans (voici une chronologie du harcĂšlement amĂ©ricain contre l'Ukraine depuis 1991), puisque l'Ukraine, en raison de sa position gĂ©ographique, a toujours Ă©tĂ© l'une des pierres angulaires de la stratĂ©gie de soumission de l'Union europĂ©enne aux exigences de Washington et de Wall Street.
Cette poussĂ©e vers le militarisme, rĂ©sultant d'un vertige anachronique tentant de recrĂ©er les inĂ©galables rĂ©sultats obtenus par les Ătats-Unis dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, a eu pour effet (et pour intention) d'entraĂźner l'Europe dans un conflit indirect entre l'OTAN et la FĂ©dĂ©ration de Russie, qui s'est aggravĂ© au point de persĂ©cuter ceux qui rĂ©clament des nĂ©gociations de paix, un simple cessez-le-feu, ou l'arrĂȘt de la guerre. Au lieu de persĂ©cuter ceux qui veulent la guerre, ils persĂ©cutent ceux qui veulent la paix.
Pour se faire une idĂ©e prĂ©cise de l'importance de ce dossier pour le lobby amĂ©ricain de l'armement, la victoire de Trump Ă©tait encore chaude que Blinken montait dĂ©jĂ dans un avion pour Bruxelles afin de s'assurer que le âsoutien Ă Kievâ serait garanti jusqu'au dernier jour de la prĂ©sidence Biden ( Blinken in Brussels as Trump win raises alarm over Ukraine - The Frontier Post ). L'objectif est clair et garantit que cette fois-ci, contrairement au mandat de Biden, l'Union europĂ©enne devient âindĂ©pendanteâ et augmente son soutien Ă la guerre. L'âindĂ©pendanceâ europĂ©enne en question, dans ce cas, signifie que l'UE et ses Ătats membres doivent se prĂ©parer Ă assumer le âsoutien Ă l'Ukraineâ et, surtout, la continuitĂ©, en qualitĂ© et en quantitĂ©, du flux de âdollwarsâ en route vers Wallstreet.
Dans un pays qui compte 10 millions de personnes dĂ©placĂ©es et tant d'autres qui Ă©migrent, dont le prĂ©sident putatif ( dispensĂ© de procĂ©dures et d'Ă©lections âtransparentes et Ă©quitablesâ) cherche dĂ©jĂ Ă se rĂ©fugier (Ground News - U.S.Analyst Claims Zelensky May Seek Refuge in Florida After War) en Floride, et qui a rĂ©cemment entamĂ© le processus d'abaissement de l'Ăąge de la conscription et de la mobilisation Ă 18 ans ( Ground News - Ukraine will lower the conscription age for mobilization to 18 years ), le soutien promis par les âalliĂ©sâ occidentaux consiste Ă condamner Ă mort non seulement les gĂ©nĂ©rations adultes - qui ont Ă©migrĂ© ou sont mortes - mais aussi les jeunes gĂ©nĂ©rations. Tout cela au nom du maintien du conflit Ă un rythme modĂ©rĂ©, en espĂ©rant que la Russie tombera la premiĂšre. Des informations telles que l'augmentation du taux d'intĂ©rĂȘt Ă 19 % par la Banque centrale de la FĂ©dĂ©ration de Russie peuvent servir de justification pour poursuivre l'entreprise et renouveler les espoirs de succĂšs (Russia Hikes Interest Rate to 19% as War Spending Fuels Inflation - The Rio Times).
La vĂ©ritĂ© est que, comme prĂ©vu, les informations sur la croissance des investissements europĂ©ens en matiĂšre de âDĂ©fenseâ se multiplient, en particulier la pression exercĂ©e sur l'Allemagne, alors que les craintes d'une rĂ©cession Ă©conomique gĂ©nĂ©rale se multiplient. AprĂšs tout, sans l'Allemagne, il n'y a pas d'âinvestissementâ dans l'UE, et encore moins d'âinvestissementâ dans la DĂ©fense.
Les think tanks amĂ©ricains apportent leur contribution Ă cet Ă©gard et, aprĂšs que le New Yorker a accusĂ© l'Allemagne de ne pas tenir la promesse d'investissements plus importants de son budget national (Germany Promised to Step Up Militarily.Its Budget Says Differently. -The New York Times), l'Atlantic Council a averti que âle budget se doit de reflĂ©terâ l'engagement pris par Sholz, Baerbock et compagnie ( âL'Allemagne s'est engagĂ©e Ă amĂ©liorer sa dĂ©fense. Son budget doit en tenir compteâ. -Atlantic Council ). Mais l'avertissement Ă l'Allemagne et Ă l'UE ne s'est pas arrĂȘtĂ© lĂ : par l'intermĂ©diaire de l'un de ses think tanks, le Stimson Center a prĂ©venu que âcette fois-ci, il faudra que ce soit diffĂ©rentâ (EU DĂ©fense : This Time Might Be Different - Stimson Center).
L'Allemagne, pays responsable de deux guerres mondiales, a donc une nouvelle occasion d'en mener une troisiĂšme, avec le mĂȘme adversaire, la Russie, que lors de la seconde. Avec tout cet arsenal au service de la guerre, il n'est pas Ă©tonnant que la Koerber-Stiftung Institute ait pu rĂ©aliser un sondage dans lequel 50 % des personnes interrogĂ©es ont soutenu la proposition du ministre de la DĂ©fense Pistorius d'augmenter le budget allemand de la dĂ©fense de 2 % actuellement Ă 3 Ă 3,5 % du PIB (Un sondage allemand montre l'approbation d'une augmentation des dĂ©penses de dĂ©fense alors que l'OTAN se soutient pour Trump 2.0 | Stars and Stripes). Cependant, mĂȘme en atteignant 50 %, la rĂ©alitĂ© est que 57 % ont dĂ©clarĂ© qu'ils ne veulent pas que ce soit au dĂ©triment de l'investissement dans les questions sociales.
Si, par le passĂ©, j'ai dĂ©jĂ soulignĂ© l'Ă©cart entre les slogans de Kamala Harris et les besoins concrets de la classe ouvriĂšre, qui constitue la majoritĂ©, il en va de mĂȘme dans l'UE. Si pour Kamala le grand argument Ă©tait la âdĂ©mocratieâ, von der Leyen et la majoritĂ© des gouvernements de l'UE, trĂšs majoritairement soutiens de ce centre Ă©largi, oĂč le ânĂ©olibĂ©ralâ est Ă âgaucheâ et le ânĂ©oconservateurâ Ă âdroiteâ, tous deux unis par la relation ombilicale avec Washington et par le fait de ne laisser aucune place aux courants idĂ©ologiques non-dominants, misent sur les fameuses âvaleursâ europĂ©ennes. Personne ne sait vraiment en quoi elles consistent, mais ils ont de plus en plus le sentiment que ces âvaleursâ Ă©nigmatiques ont mis l'Europe sur la voie de la rĂ©cession Ă©conomique, de la hausse de la pauvretĂ© (en dĂ©pit des manipulations arithmĂ©tiques et statistiques) et de la dĂ©gradation de la participation dĂ©mocratique.
Ainsi, pour ceux qui investissent dans les armes, sachant que les peuples prĂ©fĂšrent investir dans la rĂ©solution de leurs problĂšmes sociaux, il n'est pas Ă©tonnant que la Commission europĂ©enne de Mme von der Leyen ait dĂ©terminĂ© que les fonds de la politique de cohĂ©sion peuvent dĂ©sormais ĂȘtre utilisĂ©s pour ârenforcer la dĂ©fenseâ ( âL'UE change les rĂšgles :Member states to use European funds to strengthen defence and securityâ - CNN Portugal ). On peut dire que la stratĂ©gie initiĂ©e par Bush lorsqu'il parlait d'une ânouvelle et d'une vieille Europeâ, a finalement portĂ© ses fruits.
Ainsi, âl'interdiction d'utiliser l'argent pour acheter des munitions et des armesâ est maintenue, mais l'argent peut ĂȘtre utilisĂ© pour âaugmenter la capacitĂ© de production de munitions et d'armesâ. C'est ainsi que fonctionne la politique en Occident aujourd'hui : on dit Ă la fois non et oui, pour que la caste politique puisse faire ce qu'elle veut. L'article dit
âBruxelles a dĂ©cidĂ© de modifier les politiques de dĂ©penses pour rĂ©orienter des milliards d'euros du budget europĂ©en vers la dĂ©fense et la sĂ©curitĂ©, en rĂ©orientant les fonds de cohĂ©sionâ.
L'intention est qu'un tiers des fonds respectifs (plus de 130 milliards d'euros) soit dĂ©pensĂ© pour l'armement au lieu de la politique de cohĂ©sion, conçue pour rĂ©duire l'inĂ©galitĂ© Ă©conomique entre les Ătats membres. Or, si la promesse du ârĂȘve europĂ©enâ voulait dire que les pays renonceraient Ă leur souverainetĂ© en Ă©change d'un soutien Ă leur dĂ©veloppement, convergeant avec les plus riches, ce que ce renversement du rĂŽle des fonds structurels de l'UE signifie, c'est qu'aprĂšs lui, les Ătats membres se retrouveront sans souverainetĂ©, ni soutien au dĂ©veloppement.
Cette confirmation d'une tendance dĂ©jĂ observĂ©e avec le âsocialisteâ AntĂłnio Costa Ă la tĂȘte du Conseil europĂ©en intervient au lendemain des apparitions fantasmagoriques de soldats nord-corĂ©ens en Russie. En l'absence de preuves dĂ©finitives, les Ătats-Unis et l'UE ont promis de rĂ©pondre Ă ce fait supposĂ© et non prouvĂ©.
C'est ainsi que fonctionne la dĂ©mocratie occidentale : des rĂ©cits sont mis en avant pour justifier des revirements politiques et, avec eux, la dĂ©gĂ©nĂ©rescence et la subversion de la dĂ©mocratie mĂȘme qu'ils prĂ©tendent dĂ©fendre. Comment des hommes politiques comme AntĂłnio Costa, qui connaissent l'importance du Fonds de cohĂ©sion pour leur pays, peuvent-ils se lancer dans une telle entreprise sans au moins fournir des preuves sans Ă©quivoque : 1. de la prĂ©sence de ces troupes. 2. de l'importance de ces troupes pour l'effort de guerre russe. 3. de l'importance de la prĂ©sence de ces troupes pour la sĂ©curitĂ© europĂ©enne. Avez-vous oubliĂ© les âarmes de destruction massiveâ de Saddam ? Le prĂ©tendu âmassacreâ de Bucha ?
Dans un article prĂ©cĂ©dent, j'ai dĂ©noncĂ© l'utilisation du Fonds europĂ©en de dĂ©fense pour financer des projets bellicistes dĂ©veloppĂ©s par les plus grandes entreprises europĂ©ennes. Regardez Ă prĂ©sent quel dĂ©licieux gĂąteau les attend. Dans le mĂȘme article, j'ai Ă©galement expliquĂ© pourquoi un tel retournement de situation intĂ©resse tant les Ătats-Unis : le fait est qu'il n'y a pas de projet militaire europĂ©en sans une participation directe ou indirecte de capitaux et d'expertise amĂ©ricains.
Les investissements europĂ©ens dans la dĂ©fense sont une source inĂ©puisable de âdollwarsâ au service de la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale et de l'avide Wall Street. Pour chaque euro investi dans les armes par l'UE, il y a toujours une prime Ă payer Ă Wall Street. Sans l'Ukraine, rien de tout cela n'existerait, sans le croquemitaine russe, rien de tout cela ne serait justifiĂ©, sans le fantĂŽme nord-corĂ©en, tout cela se terminerait dans la dĂ©pression. La prĂ©sence du fantĂŽme nord-corĂ©en est une dose supplĂ©mentaire de combustible jetĂ©e dans un feu censĂ© brĂ»ler.
Cet intĂ©rĂȘt et ce revirement des politiques de l'UE en matiĂšre de financement militaire auront deux consĂ©quences dĂ©vastatrices : 1. Trump, mĂȘme s'il le veut, ne pourra guĂšre mettre fin Ă la guerre, car les Ătats-Unis ont droit Ă du beurre dans les Ă©pinards sur cet investissement. 2. La fin de la politique de cohĂ©sion entraĂźnera la fin de l'Union europĂ©enne elle-mĂȘme. AprĂšs, il n'y aura plus grand-chose pour unir l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est, mĂȘme s'ils brandissent le croquemitaine russe, parce que l'argent allemand est le ciment qui unit les deux parties.
Les Etats-Unis eux-mĂȘmes, qui ont aujourd'hui muselĂ© comme jamais les instances politiques europĂ©ennes, risquent une fois de plus, au prix des contradictions qu'ils ont crĂ©Ă©es, d'ĂȘtre confrontĂ©s Ă une Europe beaucoup plus difficile Ă contrĂŽler. Cette pression constante pour produire de plus en plus de âdollwarsâ signifiera la fin de la politique de cohĂ©sion, qui n'a pas portĂ© ce nom pour rien. Si, au cours de la seconde guerre mondiale, le âprĂȘt-bailâ a pu ĂȘtre l'un des Ă©lĂ©ments constitutifs de la ânouvelle Europeâ, faisant des Ătats-Unis le grand crĂ©ancier du monde (les Ătats-Unis ont gagnĂ© l'Ă©quivalent de 647 milliards de dollars en envoyant des matĂ©riels aux âalliĂ©sâ) avec le pouvoir exclusif dââaiderâ l'Europe, il n'en reste pas moins que les Ătats-Unis ont dĂ©jĂ profitĂ© de la situation pour se lancer dans une politique de cohĂ©sion. Les Ătats-Unis ont dĂ©jĂ profitĂ© de l'Ukraine Ă hauteur de 84,72 milliards d'euros, et ils âgrignotentâ aussi une part du âsoutienâ europĂ©en, puisque leur participation dans le complexe militaro-industriel europĂ©en le leur garantissent. La DĂ©fense ukrainienne est au parti de la guerre amĂ©ricain ce que la Seconde Guerre mondiale a Ă©tĂ© au parti de la guerre amĂ©ricain.
Le rĂ©armement de l'Allemagne, outre les âdollwarsâ qu'il implique, pourrait Ă©galement constituer un obstacle prĂ©ventif au rapprochement entre la FĂ©dĂ©ration de Russie et l'Allemagne, car une Allemagne rĂ©armĂ©e aura tendance, dans une large mesure, Ă vouloir s'approprier les matiĂšres premiĂšres russes, non pas par le dialogue, mais par la force. Une sociĂ©tĂ© militariste et militarisĂ©e, comme celle vers laquelle nous nous dirigeons, ne sera jamais une sociĂ©tĂ© de paix et de dialogue. L'exemple ultime est celui des Ătats-Unis, qui utilisent les conflits pour justifier leurs investissements.
Le principe selon lequel âsi vous voulez la paix, faites la guerreâ n'est qu'une justification de l'escalade. C'est un peu comme l'OTAN qui, Ă la fin de la guerre froide, devait soit s'Ă©teindre, soit se trouver de nouveaux ennemis. AprĂšs tout, les organisations existent tant qu'elles sont utiles et, Ă©tant donnĂ© l'utilitĂ© de l'OTAN dans la promotion de la course aux armements, nous devons nourrir le monstre avec des conflits, chauds ou froids.
Ă l'heure oĂč les âdĂ©mocratiesâ prĂŽnent la guerre et la fin des programmes sociaux et oĂč les âautocratiesâ semblent prĂ©fĂ©rer la paix et les programmes de dĂ©veloppement, les choix de von der Leyen et d'AntĂłnio Costa reprĂ©sentent avant tout les choix de l'autodestruction de l'UE.
Ce qui est loin d'ĂȘtre un drame - et pourrait mĂȘme ĂȘtre notre salut.
https://strategic-culture.su/news/2024/11/20/von-der-leyen-presents-the-dolwar/
L'article est trĂšs pertinent. Mais je n'accroche pas au terme 'dollwar'. Cette contraction n'est pas vraiment intĂ©ressante. Je pense mĂȘme que les anglo-saxons seraient perplexes. Pour moi, La HyĂšne germanique reprĂ©sente la 'poupĂ©e sanglante' de cinĂ©ma dĂ©guisĂ©e en VRP...la War-Doll de 'War-Street' ?