🚩 WSWS: Julian Assange testé positif au Covid-19

"Si Julian Assange succombe au coronavirus en prison, ce ne sera pas un accident. Ce sera le résultat prévisible de torture psychologique prolongée et de négligence médicale délibérée".

Julian Assange à la prison de Belmarsh en 2019

🚩 Julian Assange testé positif au COVID-19

📰 Par Thomas Scripps, le 11 octobre 2022

Julian Assange a contracté le COVID-19. Il a reçu le résultat du test samedi, le jour où plusieurs milliers de personnes ont formé une chaîne humaine autour du Parlement à Londres pour protester contre sa persécution.

Sa femme, Stella, a déclaré à la presse: "Je suis évidemment inquiète pour lui et les prochains jours seront cruciaux pour sa santé générale. Il est maintenant enfermé dans sa cellule 24 heures sur 24." Elle a déclaré qu'Assange s'était senti malade tout au long de la semaine et qu'il avait développé fièvre et toux vendredi.

L'infection d'Assange confirme les avertissements répétés des professionnels de la santé et de son équipe juridique selon lesquels sa santé et sa vie sont menacées par son emprisonnement injustifié. Elle doit conférer une urgence renouvelée à la demande de sa libération immédiate.

Quelques mois seulement avant la pandémie, plus de 100 médecins ont signé une lettre ouverte adressée au gouvernement britannique pour l'avertir que la vie d'Assange était en danger alors qu'il était détenu à HMP Belmarsh, la prison de haute sécurité du Royaume-Uni. Lorsque le COVID-19 a commencé à se répandre rapidement en Grande-Bretagne, l'un des principaux signataires, le Dr Stephen Frost, a déclaré au World Socialist Web Site:

"Compte tenu de ce que nous savons de cette affaire, Mme Assange a raison de s'inquiéter. Julian Assange, parce qu'il est immunodéprimé, après des années de détention arbitraire, d'abord à l'ambassade d'Équateur puis à la prison de Belmarsh, court nécessairement un risque plus élevé de contracter une infection virale ou bactérienne, y compris une infection par coronavirus.

"Il devrait être libéré sous caution immédiatement, afin de pouvoir accéder aux soins de santé nécessaires de toute urgence. Le gouvernement britannique joue effectivement à la roulette russe avec la vie de Julian Assange."

Un autre médecin, Lissa Johnson, a expliqué: "En 2015 déjà, des experts médicaux et des droits de l'homme ont averti que tout ce qui n'était pas une maladie banale pouvait s'avérer fatal pour Julian Assange. Sa santé est encore plus fragile maintenant, et le coronavirus ne fait que rendre ces avertissements plus urgents et plus désastreux."

Elle a ajouté: "Si Julian Assange succombe au coronavirus ou à toute autre maladie catastrophique en prison, ce ne sera pas un accident. Ce sera le résultat prévisible d'une torture psychologique prolongée et d'une négligence médicale délibérée."

Le fondateur de WikiLeaks a demandé à être libéré sous caution en mars 2020, ses avocats invoquant le risque "très réel" et potentiellement "fatal" que représente la pandémie de coronavirus pour sa santé fragile. Son inquiétude était telle qu'il était prêt à accepter des conditions strictes, notamment l'assignation à résidence et le marquage GPS. Sa libération sous caution lui a été refusée au motif absurde, lors d'un confinement mondial, qu'il présentait un "risque de fuite".

Peu de temps après, il a été exclu d'un programme national de libération des prisonniers, en raison de la propagation alarmante du COVID 19 parmi le personnel pénitentiaire et les détenus. La raison invoquée était que, puisqu'il était en détention provisoire (sans inculpation) et ne purgeait pas de peine, il n'était pas éligible.

À la fin du mois d'octobre 2020, les chiffres du ministère de la Justice montraient que 1 529 détenus avaient été infectés, dont 600 au cours du seul mois précédent. Au moins 32 prisonniers avaient été tués par le virus.

En novembre, une vague d'infections a frappé la prison de Belmarsh. Stella Assange révèle: "On m'a dit que le nombre de personnes infectées par le COVID dans le bloc de Julian est de 56, incluant le personnel." Et ce, dans un bloc comptant moins de 200 détenus.

Assange et les autres détenus ont été placés en isolement pour une durée indéterminée et gardés dans leur cellule 24 heures sur 24. Lors de sa demande de libération sous caution, son avocat Edward Fitzgerald avait mis en garde contre le "risque pour sa santé mentale et ses contacts humains" posé par les procédures de confinement. Lors de l'audience d'extradition d'Assange cet automne-là, son équipe de défense a présenté des preuves médicales détaillées des dommages causés à sa santé mentale et du risque de suicide.

Le même mois que le verrouillage COVID de Belmarsh, l'un des amis d'Assange à l'intérieur de la prison s'est suicidé après avoir reçu un ordre d'expulsion vers le Brésil. Stella a tweeté: "J'ai parlé à Julian. Un de ses amis s'est suicidé aux premières heures de ce matin. Son corps est toujours dans la cellule de l'aile de Julian. Julian est dévasté."

La persécution implacable de la Grande-Bretagne contre le journaliste héroïque a continué à faire des ravages au cours de l'année et demie qui s'est écoulée depuis. En octobre 2021, au cours d'un appel devant la Haute Cour qui s'est ensuite retourné contre Assange, il a subi un mini-AVC à Belmarsh. Selon le Daily Mail, il s'est retrouvé "avec une paupière droite tombante, des problèmes de mémoire et des signes de dommages neurologiques".

Décrivant les conditions horribles dans lesquelles s'est déroulé l'AVC, Stella a déclaré:

"Cela a dû être horrible d'entendre un appel devant la Haute Cour auquel vous ne pouvez pas participer, qui discute de votre santé mentale et de votre risque de suicide et dans lequel les États-Unis affirment que vous inventez tout."

Nils Melzer, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, a examiné Assange avec une équipe médicale à l'intérieur de la prison de Belmarsh en mai 2019 et a conclu qu'il présentait des symptômes de torture psychologique. Il a commenté sa maladie en ces termes:

"L'attaque d'Assange n'est pas une surprise. Comme nous l'avons averti après l'avoir examiné, à moins d'être soulagé de la pression constante de l'isolement, de l'arbitraire et de la persécution, sa santé entrerait dans une spirale descendante mettant sa vie en danger. [Le Royaume-Uni le torture littéralement à mort".

Melzer ajoute: "Comme Assange n'était manifestement pas médicalement apte à assister à son propre procès par liaison vidéo, comment peuvent-ils même discuter de son aptitude à être exposé à un procès spectacle aux États-Unis, un pays qui refuse de poursuivre ses tortionnaires et ses criminels de guerre mais persécute les dénonciateurs et les journalistes?"

L'infection d'Assange par le COVID est la dernière de la liste des crimes qui lui ont été infligés par ses ravisseurs du gouvernement britannique, agissant pour le compte de Washington et de Langley. Le World Socialist Web Site a écrit pendant la première année de la pandémie:

"La conclusion inévitable est que les persécuteurs d'Assange espèrent voir la maladie COVID-19 faire leur sale boulot pour eux et tuer le journaliste le plus important du XXIe siècle."

En septembre 2021, une enquête de Yahoo News a prouvé qu'il s'agissait de la poursuite des plans ourdis par la CIA il y a des années, alors qu'Assange demandait encore l'asile à l'ambassade d'Équateur à Londres, pour l'assassiner. L'action en justice visant à obtenir son extradition poursuit le même objectif par des moyens différents, avec l'intention de l'enfermer dans un établissement supermax américain.

La manifestation de samedi était la plus importante organisée à ce jour pour défendre Assange, attirant un plus large éventail d'âges et de milieux sociaux. Elle a montré le potentiel existant pour une campagne mondiale de masse visant à garantir la liberté et la sécurité du fondateur de WikiLeaks. La menace sur la vie d'Assange étant si avancée et la réalité de la guerre impérialiste, que son travail a exposée, si grave, cette campagne doit être construite de toute urgence dans la classe ouvrière internationale.

https://www.wsws.org/en/articles/2022/10/10/picp-o10.html