👁🗨 Au grand dam d'Israël, le Hamas remet la “solution à deux États” au goût du jour
Non seulement Israël n'a pas pu vaincre le Hamas, mais il est amené à débattre de la création d'un État palestinien, que son génocide à Gaza a remis à l'ordre du jour de la communauté internationale.
👁🗨 Au grand dam d'Israël, le Hamas remet la “solution à deux États” au goût du jour
Par un contributeur de The Cradle, le 2 mai 2024
Après sept mois d'un assaut militaire brutal sur Gaza, il est tout à fait clair qu'Israël n'a pas réussi à éradiquer le Hamas. Au lieu de remporter une victoire militaire décisive, l'État d'occupation se voit contraint d'entamer des négociations sur une solution à deux États.
Malgré la difficulté d'établir un État palestinien véritablement indépendant et souverain en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza, ce scénario devient de plus en plus probable, malgré l'opposition de longue date du gouvernement israélien. Il s'agit d'une évolution extraordinaire, d'autant que la stratégie de Tel-Aviv, telle que formulée par le conseiller en politique étrangère Ophir Falk, consistait principalement à “détruire entièrement le Hamas” et ses capacités militaires et de gouvernance.
Aujourd'hui, l'option des deux États est activement ressuscitée à Washington, entre autres, et par des alliés fidèles de Tel-Aviv.
Martin Indyk, ancien ambassadeur des États-Unis en Israël et fervent partisan de l'État d'occupation, affirme dans le magazine Foreign Affairs que, loin d'être “morte”, la solution à deux États semble aujourd'hui être la seule solution raisonnable envisageable :
“La raison de ce revirement n'est pas compliquée. Il n'y a, après tout, que quelques alternatives possibles à la solution des deux États. Il y a la solution du Hamas, qui consiste à détruire Israël. Il y a la solution de l'ultra-droite israélienne, qui consiste à annexer la Cisjordanie, à démanteler l'Autorité palestinienne (AP) et à expulser les Palestiniens vers d'autres pays. Il y a l'approche de la “gestion du conflit” poursuivie depuis une dizaine d'années par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui vise à maintenir le statu quo indéfiniment - et le monde a vu comment cela a fonctionné. Il y a aussi le concept d'un État binational dans lequel les Juifs deviendraient une minorité, mettant ainsi fin au statut d'Israël en tant qu'État juif. Aucune de ces solutions ne résoudrait le conflit, du moins pas sans provoquer de plus grands désastres encore. Par conséquent, si le conflit doit être résolu pacifiquement, la solution des deux États est la seule idée qui reste en lice.”
Désarmer pour créer un État ?
Dans des commentaires largement diffusés la semaine dernière, Khalil al-Hayya, chef adjoint du Hamas à Gaza, a semblé approuver expressément les frontières de 1967 pour un futur État palestinien.
Dans une récente interview accordée à AP, Hayya a parlé
d'“un État palestinien pleinement souverain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et du retour des réfugiés palestiniens conformément aux résolutions internationales”
le long des frontières israéliennes d'avant 1967.
Mais surtout, il a laissé entendre que l'aile militaire du mouvement de résistance, les Brigades Al-Qassam, pourrait éventuellement se dissoudre et/ou intégrer ses cadres dans une armée nationale palestinienne :
“Lorsque les peuples qui se sont battus contre l'occupant sont devenus indépendants et ont obtenu leurs droits et leur État, que sont devenues ces forces ? Elles se sont transformées en partis politiques et leurs forces de défense se sont transformées en armée nationale.”
Au lieu d'envisager ces possibilités, M. Falk a qualifié M. Hayya de “terroriste notoire” et a cherché à réorienter la conversation vers les exigences inconditionnelles d'Israël :
“Le gouvernement du Premier ministre Netanyahu s'est donné pour mission de détruire les capacités militaires et administratives du Hamas à Gaza, de libérer les otages et de veiller à ce que Gaza ne constitue pas une menace pour Israël et le reste du monde civilisé à l'avenir”, a-t-il déclaré, avant d'ajouter : “Ces objectifs seront atteints”.
La diplomatie à Doha et Istanbul
Bien que M. Hayya ait souligné que ses opinions sont alignées sur les positions historiques du Hamas, telles qu'elles ont été formulées par le chef spirituel du mouvement de résistance, le cheikh Ahmed Yassine, en 1998 et réitérées dans la charte des principes généraux et des politiques de 2017, ses déclarations publiques mettent en évidence les immenses pressions politiques auxquelles le Hamas est confronté, notamment de la part de ses alliés politiques que sont le Qatar et la Turquie.
Ces pressions visent à encourager des pourparlers internationaux et régionaux de premier plan susceptibles de mettre fin au conflit et d'instaurer une “stabilité permanente”. Comme pour toute négociation, des questions essentielles se posent : qui aura autorité pour faire respecter ces conditions ? Quelles seront les limites imposées ? Ces questions sont cruciales pour les Palestiniens assiégés dans la bande de Gaza et pour leur cause au sens large, ainsi que pour Al-Qassam et l'ensemble de la résistance.
En coulisses, le Qatar et la Turquie ont joué un rôle déterminant dans l'élaboration de la nouvelle approche diplomatique du Hamas. Les responsables extérieurs du mouvement, notamment Khaled Meshal et Ismail Haniyeh, ont participé à des discussions organisées par les deux pays à Doha et à Istanbul.
En début de mois, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue qatari, le cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, s'est montré ouvertement optimiste, soulignant également la tendance des pays occidentaux à intensifier les efforts de paix sur la base d'une solution à deux États.
“Lors des débats politiques que nous menons depuis des années avec le Hamas, celui-ci a accepté la création d'un État palestinien à l'intérieur des frontières de 1967”, a déclaré M. Fidan aux journalistes.
“Ils m'ont dit qu'après la création de l'État palestinien, le Hamas n'aurait plus besoin de sa branche armée et qu'il poursuivrait ses activités en tant que parti politique”, a ajouté M. Fidan.
La balle est dans le camp d'Israël
Bien que les alliés occidentaux d'Israël aient longtemps cherché à exclure le Hamas de tous les processus palestiniens, il est devenu tout à fait clair que la direction militaire de Gaza, en particulier les Brigades Al-Qassam, est appelée à jouer un rôle crucial dans tout processus de négociation.
Il s'agit en quelque sorte d'une victoire éclatante pour le Hamas, qui a réussi à se faire entendre dans les délibérations futures, non seulement à propos de Gaza, mais aussi de la Palestine dans son ensemble. La décision tactique du mouvement d'approuver les frontières de 1967 vise non seulement à positionner le Hamas en tant que négociateur crédible, mais aussi à coincer stratégiquement le gouvernement de coalition d'extrême droite de Benjamin Netanyahu.
En signalant sa volonté de démilitariser en échange de la création d'un État, le Hamas cherche à faire peser la responsabilité sur Tel-Aviv, en jouant avec la vulnérabilité inhérente de son gouvernement de coalition et potentiellement en précipitant son effondrement. Cette démarche renforce non seulement l'influence du Hamas dans les négociations à venir mais, ironiquement, elle s'aligne également sur les intérêts des États-Unis, qui souhaitent un changement de régime en Israël.
Il est clair que le Hamas est devenu - par conviction, sous la pression ou comme tactique habile - un partenaire incontournable dans des négociations politiques plus larges et à long terme concernant l'avenir de la Palestine et de la région.
Au fil des ans, le mouvement a lui-même été contraint de s'engager dans plusieurs cycles de négociations indirectes avec Israël, notamment à la fin de la première décennie du millénaire, lorsque le Hamas était encore basé à Damas. Ces négociations s'inscrivaient dans le cadre d'un effort régional plus large, encouragé par Ankara, visant à relancer le processus de paix.
Il y a 26 ans, Khaled Meshaal a rencontré l'ancien président américain Jimmy Carter à Damas, lors de la tournée de neuf jours de ce dernier en Asie occidentale, qui avait pour but de sortir de l'impasse dans laquelle se trouvaient Israël et le Hamas au début de leur gouvernance de Gaza.
Le mouvement de résistance palestinien disposait d'une marge de manœuvre politique considérable en raison du climat géopolitique de l'époque. Selon M. Carter, le Hamas avait exprimé sa volonté d'accepter un État palestinien dans les frontières de 1967 si les Palestiniens y consentaient et reconnaissait le droit d'Israël d'exister pacifiquement en tant qu'État voisin.
Contraindre Israël à se plier à la volonté du Hamas
Mais aujourd'hui, le renforcement des capacités du Hamas est dû à deux facteurs principaux : la riposte militaire implacable et unifiée de l'axe de la résistance de la région, qui a soutenu ses alliés palestiniens, et la condamnation mondiale sans précédent du génocide perpétré par Israël à Gaza - deux facteurs qui ont eu un impact considérable sur les objectifs de guerre initiaux et trop confiants de Tel-Aviv et les ont démentis.
Plutôt que de vaincre le Hamas, Israël se retrouve aujourd'hui au pied du mur, engagé dans des négociations qui tournent autour du seul dénouement auquel il s'attendait le moins, celui d'une solution à deux États.
Ce dilemme inquiétant pour Tel-Aviv met également en évidence l'acuité politique du Hamas et de la résistance palestinienne, qui ont reconnu toute l'utilité de la force pour atteindre des objectifs politiques plutôt que comme une fin en soi, ce qui contraste fortement avec l'approche adoptée par Israël tout au long de ce conflit.
Que le Hamas, sept mois après l'opération “Al-Aqsa Flood”, maintienne l'ensemble de ses capacités témoigne non seulement de l'échec cuisant des objectifs militaires et politiques d'Israël, mais aussi de l'humiliation inattendue subie par Tel-Aviv. Aujourd'hui, Israël est contraint d'entamer des négociations sur la création d'un État palestinien, qu'il a soigneusement évitées pendant 30 longues années.
Cette évolution est sans aucun doute dynamisée par le mouvement de protestation sans précédent des étudiants américains et par d'autres voix anticoloniales dans le monde, ce qui confère une dimension mondiale à la lutte locale. Ces développements constituent un nouvel atout pour le Hamas et un nouveau clou dans le cercueil du pouvoir israélien.
https://thecradle.co/articles/to-israels-horror-hamas-brings-two-state-solution-back-into-focus
Les choses ne m’apparaissent pas aussi simples. Il est incontestable que l’insurrection du ghetto de Gaza du 7 octobre,en plus d’avoir battu en brèche le mythe de l’invincibilité de Tsahal, d’avoir mis en évidence l’ampleur de la shutzpah sioniste, sa capacité de mensonge et de mystification, d’inversion accusatoire, de délire victimaire, du racisme et du suprémacisme ainsi que de la haine aveugle qui ont guidé leurs actions depuis, outre tout cela, il a été mis en évidence que, malgré le traumatisme associé à la prise d’otages massive, la grande majorité de la population est amplement d’accord avec la folie destructrice de son gouvernement d’extrême droite,et soutient pleinement l’orgie de violence qui s’est déchaînée sur l’enclave. Le plus grand mérite de la résistance Palestinienne, outre ses faits d’armes, au fond, limités mais qui demeurent remarquables, est qu’il a brandi, à la face du monde l’urgence de trouver une solution à l’injustice majeure qui frappe le peuple Palestinien problème qui, jusque là ne semble pas avoir interpelé l’opinion publique internationale.
Cette fameuse « solution à deux états » brandie comme une feuille de vigne est un slogan creux, difficilement applicable sur le terrain mais, surtout jugée inacceptable par l’opinion publique Israélienne et ses dirigeants qui voient plutôt une sorte de statut-quo définitif et permanent et la poursuite d’un grignotage et d’une réduction démographique lente , entrecoupée d’exacerbations orgiaques du genre de celle à laquelle nous assistons actuellement.
Compte tenu du fait que, jamais, nos zélés partisans de la solution finale et de l’extermination/expulsion des animaux humains/terroristes/hamas, ne renonceront à leur rêve dystopique, il n’est pas question d’imaginer même, la création d’un état démocratique, égalitaire et multiethnique, où coexisteraient pacifiquement les Palestiniens et les Israéliens sur ces terres martyrisées berceau des trois religions monothéistes.
Que reste t-il alors comme solution?
C’est le lent délitement et la désagrégation de la société Israélienne et un déséquilibre démographique majeur qui obèrera, à terme, la pérennité de l’entité sioniste, et, s’instaurera, à terme et malgré tout, la solution à un état! Et ce ne sera que justice!