đâđš Jour J, compte Ă rebours : Assange risque de mourir s'il est extradĂ© - Part. 9*
M. Assange serait un dĂ©tenu trĂšs mĂ©diatisĂ© & risque donc dâĂȘtre placĂ© Ă l'isolement & devoir survivre Ă des conditions assimilables Ă de la torture pour participer Ă un procĂšs sans prĂ©cĂ©dent.
đâđš Jour J, compte Ă rebours : Assange risque de mourir s'il est extradĂ© - Part. 9*
Par Kevin Gosztola, le 19 février 2024
Bien que le traitement abusif qu'Assange subira probablement en dĂ©tention aux Ătats-Unis ne soit pas au cĆur de l'audience d'appel Ă venir, il n'en demeure pas moins crucial.
Note de la rĂ©daction : Ă l'approche d'un important procĂšs en appel devant la High Court of Justice britannique les 20 et 21 fĂ©vrier, la sĂ©rie "Jour J, compte Ă rebours " met en lumiĂšre les principaux aspects de l'appel du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, contre l'extradition vers les Ătats-Unis.
Le risque de traitement cruel et inhumain auquel le fondateur de WikiLeaks Julian Assange est exposé s'il est incarcéré dans une prison américaine a déjà fait l'objet d'un procÚs et le gouvernement américain a obtenu gain de cause dans le systÚme judiciaire britannique.
En dĂ©cembre 2021, la High Court of Justice britannique - la mĂȘme qui dĂ©cidera maintenant d'accorder ou non Ă Julian Assange une audience d'appel complĂšte - a annulĂ© la dĂ©cision de la juge de district Vanessa Baraitser qui avait bloquĂ© l'extradition. Mme Baraitser avait conclu que l'extradition serait oppressive compte tenu de l'âĂ©tat mentalâ de M. Assange.
La High Court of Justice s'est dite âsatisfaiteâ des prĂ©tendues assurances diplomatiques du gouvernement amĂ©ricain selon lesquelles M. Assange ne serait pas maltraitĂ© en prison. âIl n'y a aucune raison pour que cette Cour n'accepte pas ces garanties et de douter de ce quâelles assurentâ, a ajoutĂ© la High Court.
M. Assange a demandĂ© Ă la Cour suprĂȘme du Royaume-Uni d'autoriser un appel, qui a Ă©tĂ© rejetĂ© le 14 mars 2022. La Cour a maintenu que M. Assange n'avait pas soulevĂ© âde point de droit dĂ©fendableâ.
NĂ©anmoins, Ă©tant donnĂ© la fragilitĂ© de la santĂ© mentale et physique d'Assange et qu'il s'agit peut-ĂȘtre de sa derniĂšre audience publique au Royaume-Uni, il est essentiel de comprendre comment l'issue de cette audience pourrait dĂ©terminer la vie ou la mort d'Assange.
Mme Baraitser a statuĂ© [PDF] que les âconditions de dĂ©tentionâ dans lesquelles M. Assange est susceptible d'ĂȘtre dĂ©tenu comportent un risque de suicide. Elle a dĂ©terminĂ© qu'il y avait âun risque rĂ©elâ qu'il soit soumis Ă des âmesures administratives spĂ©cialesâ (SAMs) restrictives s'il Ă©tait condamnĂ© Ă une prison amĂ©ricaine.
Plus prĂ©cisĂ©ment, Mme Baraitser Ă©tait convaincue que M. Assange serait envoyĂ© Ă ADX Florence, dans le Colorado, un Ă©tablissement âsupermaxâ rĂ©putĂ© pour ses conditions de dĂ©tention et ses effets sur les prisonniers souffrant de maladies mentales.
Un rapport du Corrections Information Council, qui dĂ©crivait les conditions Ă ADX Florence en avril 2017, a incitĂ© Mme Baraitser Ă prendre sa dĂ©cision. Il mentionnait que les services psychologiques Ă©taient limitĂ©s Ă des âun peu d'entraide et des informations fournies par vidĂ©oâ. Seuls cinq crĂ©neaux de thĂ©rapie individuelle Ă©taient disponibles et les participants aux thĂ©rapies de groupe Ă©taient maintenus dans âdes cages individuelles en restant enchaĂźnĂ©s.â
Elle a exprimĂ© son inquiĂ©tude quant au fait que les dĂ©tenus qui s'automutilent ou qui ont tentĂ© de se suicider ont Ă©tĂ© dĂ©crits par le personnel comme âcherchant simplement Ă attirer l'attention Ă plusieurs reprisesâ et que âles dĂ©tenus disciplinĂ©s sont moins susceptibles de s'automutilerâ, a ajoutĂ© M. Baraitser. Les taux de dĂ©tenus ayant menacĂ© de sâauto-mutiler Ă©taient presque neuf fois plus Ă©levĂ©s que le taux moyen dans les prisons amĂ©ricaines.
âLe rapport fait Ă©tat d'un dĂ©tenu qui a dĂ©clarĂ© souffrir de dĂ©pression et de troubles bipolaires, mais qui s'est vu retirer ses mĂ©dicaments en janvier 2017, Ă la suite de quoi il a tentĂ© de se suicider. En avril 2017, il n'avait toujours pas reçu de mĂ©dicaments. Le rapport fait Ă©tat d'un autre dĂ©tenu Ă qui l'on a retirĂ© un traitement psychotrope aprĂšs qu'il ait tentĂ© de se suicider en avalant des cachetsâ, a racontĂ© M. Baraitser.
Malgré les preuves troublantes présentées par l'équipe juridique d'Assange, le procureur adjoint Gordon Kromberg n'a pas expressément assuré à la cour qu'Assange ne serait pas soumis aux SAMs s'il était extradé.
Lorsque le gouvernement amĂ©ricain a eu besoin de sauver leur procĂ©dure suite au refus dâextrader de la part du juge Baraitser, les fonctionnaires ont offert une garantie diplomatique qu'Assange ne serait pas placĂ© dans des zones d'attente spĂ©ciales.
Mais cette assurance comportait une faille flagrante. Si M. Assange devait commettre un âĂ©ventuel acte futur rĂ©pondant Ă la nĂ©cessitĂ©â de la placer sous SAMs, les Ătats-Unis le placeraient sous ces conditions d'enfermement restrictives. Les responsables n'ont pas prĂ©cisĂ© quels types d'actes pourraient justifier l'abandon de cette assurance.
Sur le plan de la procĂ©dure, la CIA, qui aurait complotĂ© pour tuer, empoisonner ou enlever M. Assange alors qu'il vivait dans l'ambassade de l'Ăquateur Ă Londres, pourrait fournir au procureur gĂ©nĂ©ral Merrick Garland des informations susceptibles d'influer sur la dĂ©cision d'imposer ou non des conditions d'assignation Ă rĂ©sidence.
Le gouvernement amĂ©ricain s'est Ă©galement engagĂ© Ă ce qu'Assange ne soit pas placĂ© dans la prison supermax d'ADX Florence. Cependant, comme pour la garantie de ne pas imposer les SAMs, les responsables ont indiquĂ© que si M. Assange commettait un âacte futurâ rĂ©pondant aux âcritĂšres de dĂ©signationâ, il pourrait bien sĂ»r ĂȘtre incarcĂ©rĂ© dans une prison de haute sĂ©curitĂ©.
Ces garanties rendent Ă©galement possible l'emprisonnement dâAssange dans une unitĂ© de gestion des communications (CMU) Ă l'Ă©tablissement correctionnel fĂ©dĂ©ral de Terre Haute dans l'Indiana, ou au pĂ©nitencier amĂ©ricain de Marion dans l'Illinois.
En octobre 2021, le Bureau des prisons des Ătats-Unis a dĂ©signĂ© le lanceur dâalerte des drones Daniel Hale comme relevant de lâincarcĂ©ration en CMU, bien qu'un juge fĂ©dĂ©ral, les procureurs et les avocats de la dĂ©fense aient convenu de l'envoyer au Centre mĂ©dical fĂ©dĂ©ral de Butner en Caroline du Nord, un Ă©tablissement de faible sĂ©curitĂ© oĂč il recevrait des soins pour son stress post-traumatique.
Joel Sickler, directeur d'un cabinet d'avocats spécialisé dans la défense pénale, qui a témoigné en tant qu'expert des prisons fédérales lors du procÚs d'extradition, a déclaré :
âPour tout dĂ©tenu, et pour nombre de mes clients, le niveau de surveillance de leur vie peut entraĂźner - et entraĂźne souvent - une dĂ©tresse menant Ă des niveaux significatifs de dĂ©pression. D'aprĂšs mon expĂ©rience, les dĂ©tenus placĂ©s en CMU en font l'expĂ©rience de maniĂšre exponentielleâ.
La politique en matiĂšre de visites pour les dĂ©tenus placĂ©s en CMU est plus sĂ©vĂšre que celle qui s'applique aux dĂ©tenus condamnĂ©s Ă une peine d'emprisonnement avec sursis. S'il est dĂ©tenu dans une CMU, les visites d'Assange Ă sa femme Stella et Ă ses enfants, Gabriel et Max, seront des visites sans contact oĂč il ne pourra leur parler qu'Ă travers une vitre. Il ne serait pas autorisĂ© Ă les prendre dans ses bras, les embrasser, ou s'asseoir Ă cĂŽtĂ© d'eux pendant toute la durĂ©e de son incarcĂ©ration.
En outre, tous ses appels tĂ©lĂ©phoniques seraient probablement limitĂ©s Ă sa famille proche, et il n'aurait droit qu'Ă deux appels programmĂ©s de 15 minutes par semaine. (Le rĂšglement autorise le personnel pĂ©nitentiaire Ă restreindre les prisonniers Ă trois appels de 15 minutes par mois avec la âfamille proche exclusivementâ).
M. Assange fera l'objet d'un examen semestriel afin de dĂ©terminer si son incarcĂ©ration en CMU doit ĂȘtre maintenue, mais selon l'ancienne directrice de l'USP Marion, Maureen Baird, qui a tĂ©moignĂ© lors du procĂšs d'extradition, il est extrĂȘmement rare qu'un prisonnier soit transfĂ©rĂ© hors d'une CMU.
Dans l'attente de son procĂšs aux Ătats-Unis, M. Assange serait dĂ©tenu Ă la prison municipale d'Alexandria. C'est dans cet Ă©tablissement que la lanceuse dâalerte de l'armĂ©e amĂ©ricaine Chelsea Manning a Ă©tĂ© dĂ©tenue pendant environ un an lorsqu'elle a refusĂ© de tĂ©moigner devant un grand jury, et oĂč juste avant d'ĂȘtre libĂ©rĂ©e, elle a tentĂ© de se suicider. (Mme Manning Ă©tait la source des documents pour lesquels M. Assange est accusĂ© d'avoir âconspirĂ©â pour les obtenir et les publier sur WikiLeaks).
Kromberg n'a pas contestĂ© le fait qu'Assange serait probablement dĂ©tenu dans des conditions proches de l'isolement. Il a Ă©galement affirmĂ© de maniĂšre ridicule que les prisonniers en isolement Ă©taient âcapables de se parler Ă travers les portes et les fenĂȘtres de leurs cellulesâ.
Lors du procĂšs d'extradition, Yancey Ellis, ancien avocat commis d'office Ă Alexandrie, a dĂ©clarĂ© : â[Il est] trĂšs difficile de parler Ă travers ces portesâ. Elles sont faites âd'acier trĂšs Ă©paisâ. Les âfenĂȘtresâ sont en âplexiglas transparent et Ă©pais, sans fentes ni trousâ.
âJ'ai tentĂ© de parler Ă mes clients Ă travers ces portes et c'est trĂšs difficile, mĂȘme en se tenant Ă quelques centimĂštres. Câest invraisemblable que les dĂ©tenus puissent rĂ©ellement communiquer de cette maniĂšre, Ă moins qu'ils ne crient constamment. Je devais rĂ©guliĂšrement demander Ă un shĂ©rif adjoint d'ouvrir la fente du plateau de nourriture de la cellule pour pouvoir parler Ă un clientâ, se souvient M. Ellis.
En d'autres termes, M. Assange ne pourrait pas communiquer avec ses codétenus s'il est placé à l'isolement dans la prison d'Alexandrie.
M. Assange serait un détenu trÚs médiatisé. Il est donc d'autant plus probable qu'il soit placé à l'isolement et non en détention générale. Et comme la phase d'instruction pourrait durer au moins un an, voire bien plus, M. Assange devrait survivre à des conditions assimilables à de la torture pour pouvoir participer à un procÚs sans précédent sur la base des accusations portées au titre de la loi sur l'espionnage.
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https://thedissenter.org/countdown-to-day-x-assange-may-die-if-extradited/